2.1.4.
pourquoi recueillir o [GO 61]
pourquoi recueillir la fraîcheur dans ce café
on voit le tilleul, l’oreille porte-cerises
joie, seulement ; les draps d’une encre rose ou grise
reviens, le bourdon freine vers l’arbre parfait
voici le manteau de louve le vent le sabot
la mousse sombre du verre : ton secret fade
ô neige brune rougeoyante cassonade
coude nu sur le vernis vert et chien corbeau
les gouttes rusent dans la tendresse des paumes
par tout l’espace de vin noir adieu rue jaune
à gauche !
voici le mutisme de l’orage ;
le soir place ; le terreau rouge éclaboussé ;
adieu matière des rumeurs à verte Image
garrot du vent et chaise vide repoussée
nuit [GO 15]
les raisins s’écrasaient sur la route bleue
grappes guêpes et froissées sous les pieds nus
contre le soir de groseille qui venue
qui ? la nuit jaillissant et son bec de freux
m’attendait sous les cyprès de la colline
éclaboussée de sang violet aux genoux
qui ? la nuit de côté rouge dans le cou
la nuit salivait à la hanche des vignes
elle me couchait sur son cœur battant noir
moi la bouche emportée du piment des courses
elle m’allongeait jonc sur ses reins de nard
et me griffait de ses givres de ses ourses
les lumières montaient avec mille points
rouges dans mes yeux vert insoluble loin !
Solitude
Solitude, cavalier seul sur le damier
jour pour jour corridors noirs et belettes blanches
et l'orgueil d'être invisible nerf ou cimier
corail creux, des hautbois sans bouche séchait l'anche
puis elles rangeaient les perles dans les larmiers
au bout d'un dé de semaine où manque dimanche
la cathédrale vertueuse des ramiers
s'effondrait ! là ! départ de la septième branche
je voyais de la neige sur un pavillon
et l'auvent où glissaient les tranches de nuit bleue
l'horloge, grattement des secondes grillons
chuchote le linge, plonge une aurore, deux…
solitude comme au bruissement des mûriers
soie tenace, qui faisait la douce, souriait
p.113
église des pins, … [GO 39]
église des pins des grillons blancs de l’anis
quand je dormais coulait bas la lune attenante
je vois toutes les buées où j’écrivis du doigt
au carreau, je veux que ce soit janvier, jaunissent
des yeux rosés de la lumière lancinante
les murs de craie et les jardins cillant de froid
je saluais les tempes minces de la montagne
une crête de neige tendait ses antennes
fraîcheur invisibles remuée en fontaines
j’étais en Paradis, ah, j’étais en Cocagne
seule, l’eau, incertaine…
bris sonore !... [ [GO 109]
bris sonore ! fragments mésange !
que du Nord pourpoint œillet diode
nous viennent ces violons candi
depuis l'humide qu'un visa ge
soupçonnant le sel taise un autre
le mil les menthes dans la bouche
(toit de la terre et que c'est douc e
demeure de cris) que de l'eau
remue contre le limon cil
au pouls de la pente que tourne
la respirante lande mûr e
rien n'est et nous perdons sous l'inc 1
émence du temps étranger
l'espoir des arbres retourner
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Avec douze écrivains de l'Anthologie
Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle)
Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps
La fenêtre qui donne sur les quais
n'arrête pas le cours de l'eau
pas plus que la lumière n'arrête
la main qui ferme les rideaux
Tout juste si parfois du mur
un peu de plâtre se détache
un pétale touche le guéridon
Il arrive aussi qu'un homme
laisse tomber son corps
sans réveiller personne
Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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