On se côtoie depuis cinq ans, je connais la moindre parcelle de sa peau et sais comment lui faire perdre la tête. Mais tout ça n’est qu’une relation charnelle. Même si évidemment, nous avons développé une sorte de complicité, il n’y a rien de plus. Je me sens bien quand il est là et me suis habituée à sa présence. Mais il n’y a rien d’autre, juste une putain d’attirance sexuelle. S’il continue à me toucher comme ça, je ne pourrai pas lui résister parce que j’ai envie de lui, parce que je sais ce que je ressentirai lorsqu’il me prendra, parce qu’il sait parfaitement ce qu’il faut faire et quand le faire quand on couche ensemble, parce que tout ça vaut le détour, mais, si je cède maintenant, il interpréterait mal ma faiblesse.
On m’a inculqué la psychologie, ce qui est assez ironique lorsqu’on sait que je ne peux pas voir un de ces putains de psy en peinture ; on m’a appris à décrypter l’autre, dans ses faits, dans ses gestes, dans ses paroles. Je sais évaluer ma cible du regard, ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il souhaite.
Dix-huit mois. Dix-huit putains de mois que j’apprends à être quelqu’un d’autre : un petit être fragile, au passé douloureux, qui essaye de sortir tant bien que mal la tête de l’eau. Dix-huit mois, que l’on me sèvre de sexe, d’alcool et de nicotine. Je n’ai jamais mis mon nez dans la drogue. J’ai vu un nombre incalculable de mes confrères en prendre. Les plus touchés sont ceux qui font partie du service lié aux stup’. Leurs comportements ont changé, leurs visages se sont creusés, leurs regards se sont voilés et leurs esprits se sont fragilisés. Cocaïne, extasie, héroïne : toute cette saloperie les a endommagés. Je n’ai pas besoin de ça. J’ai un objectif à accomplir, et ne permettrai à rien ni personne de m’en empêcher. Il faut que je me rappelle qui je suis, de quoi est fait mon passé, et surtout, de ce que je veux. Je suis d’ailleurs maîtresse de ceci : vouloir.
On dit toujours que les plus jolies choses sont aussi les plus dangereuses.
Ce baiser est doux au premier abord, léger puis il devient plus pressant, plus fiévreux. Mon Dieu, il faut que j’arrête ça, avant que ça ne dégénère.
Honnêtement, ces gens doivent prendre des cours de danse toute l’année juste pour ce genre d’événement ! Qui danse encore sur ce genre de musique ? Comme si, savoir mener une valse ou un tango, prouvait votre supériorité. Mozart pour les riches et Beyoncé pour les pauvres. La société n’est pas régie par ça, mais eux ont l’air d’y croire.
On ne s’est pas embrassé une seule fois. Il me courtise gentiment et moi, je reste en retrait comme si l’amour m’avait déjà fait trop de mal pour vouloir y goûter à nouveau un jour.
- Je t'aime tel que tu es tout entier.
J’ai ferré le poisson, maintenant, il ne reste plus qu’à le remonter.