" C'est Paris qui donnera le coup de pied ou l'accolade " écrivait Baudry de Rome au sujet d'un de ses tableaux. Si le jeune artiste ne fut pas estimé d'abord à sa réelle valeur, il trouva du moins de fermes soutiens et des admirateurs déjà zélés.
Il prélude à son œuvre immense de décorateur en peignant pour le salon de M. Guillemin, rue Laferrière, seize enfants symbolisant les Saisons puis il travaille pour le baron Gustave de Rothschild. Des portraits comme ceux de la comtesse de Manoir, de la baronne de Berckheim, du baron de Vilgruy, ceux de Léon Gérard et de Beulé surtout établissent sa notoriété dans le monde, dans les sociétés les plus riches et les plus élégantes.
PAUL BAUDRY, disciple respectueusement fidèle et attendri de la Renaissance, émule fervent du Corrège et des grands Vénitiens, reste l'une des plus hautes, l'une des plus pures gloires de l'École française au dix-neuvième siècle. Peintre à la fois savant et inspiré, il se créa, au contact des maîtres italiens, sa noble personnalité en mettant au service d'une vision nette, ferme et radieuse du Beau une foi, une persévérance, une opiniâtreté qui furent admirées de tous et demeurent éminement exemplaires.
Baudry réussit à s'astreindre à la plus rude discipline, à puiser aux sources de l'esthétique, en restant lui-même, c'est-à-dire un Français très moderne, épris de toutes les grâces civilisées en même temps que des antiques formes harmonieuses. Nul n'est parvenu, comme le coloriste délicat et le séduisant évocateur de Léda, de Diane surprise, de la Toilette de Vénus à faire resplendir dans les scènes mythologiques et allégoriques toute la sereine magnificence d'un idéal contemporain.
Tout en brossant les portraits achevés de personnages comme Guizot, comme le comte de Balleray ou la comtesse de Labédôyère, ou comme Madeleine Brohan (1860) et Jane Cisler (1862), Baudry décore l'hôtel d'Achille Fould. Il est le peintre des ciels d'azur, des chairs laiteuses, des chevelures dorées, l'évocateur attendri de divinités resplendissantes, de Vénus, de Diane, de Cybèle ou d'Amphitrite.