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Critique de Annette55


«  Ce pays est le partage des hommes noirs et toutes les fois qu'on a essayé de nous l'enlever, nous avons sarclé l'injustice à coups de machette. »
«  Oui, mais à Cuba, il y a plus de richesses , on vit plus à l'aise .Icitte , il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert? »
On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités ».

Extrait du dialogue de Manuel, haïtien, fils de Bien-aimé et Délira avec son ami Laurelien, Manuel ,revenu de Cuba, dans son village natal : Fonds - Rouge, après quinze années passées en tant qu'ouvrier agricole, dans les plantations de sucre , auréolé de mystères et de légendes, lui un des « négres- pied - à terre ,, méprisés et maltraités ».
Bien-aimé et Délira vivent une vie difficile , la sécheresse les a envahis, tout dépérit : les bêtes, les plantes , du levant au couchant le vent ne pousse pas les nuages, c'est plutôt un vent maudit qui traîne la savate , il n'y a pas un seul grain de pluie dans tout le ciel..la terre est toute nue,,sans protection.

Manuel se rend compte que les eaux de pluie bienfaisantes n'arrivant pas, au sein de son cher village, règnent désormais la misère ,la sécheresse et la désolation...
Manuel est un homme généreux, face à la terrible sécheresse qui s'était abattue sur la campagne il s'aventure en cherchant une nouvelle source ,taille , coupe dégage à coups de machette l'enchevêtrement des plantes et des lianes , fouille avec rage l'ombre vénérable des malangas , trouve un trou dans la terre blanche comme craie ,soudain un bouillonnement jaillit ,l'eau ,la fraîche ,la bonne , il baise la terre ...
N'en disons pas plus.

Ce livre lumineux , enchanteur , débordant de vie, d'amour entre la belle négresse Annaïse et Manuel, l'amour filial exemplaire, des personnages hauts en couleur ,quasi symboliques ——les ronchonnements de Bienaimé ,la compassion pour la fatigue de la vieille Désira,——,le culte de l'amitié parfaite mais aussi le pardon sans réserve aux ennemis de Samuel et à ses assassins,—-les évocations généreuses , emblématiques du paysage haïtien ,—- publié en 1944 —-tient du grand poème populaire , sorte de fable attachante , touchante , mélangeant le français au créole,à l'écriture magnifique qui révèle la vie paysanne haïtienne , le mysticisme ,les coutumes ancestrales ,mais aussi l'union des paysans contre l'oppression et l'adversité sans oublier les haines, les jalousies féroces, et les moeurs tribales pas complètement liquidées .
Du début à la fin le lecteur est emporté par la force du message délivré , le réalisme symbolique et artistique de cette oeuvre inoubliable, rééditée dans la collection de poche des éditions Zulma .
Jacques Roumain est décédé à l'âge de trente - sept ans .
Le titre est magnifique comme le livre.
—— «  Oh sûr, qu'un jour tout homme s'en va en terre, mais la vie elle même ,c'est un fil qui ne se casse pas, qui ne se perd pas et tu sais pourquoi ?

Parce que chaque nègre pendant son existence y fait un noeud: c'est le travail qu'il a accompli et c'est ça qui rend la vie vivante dans les siècles des siècles : l'utilité de l'homme sur cette terre » ...
«  —- L'expérience est le bâton des aveugles et j'ai appris que ce qui compte ,puisque tu me le demandes , c'est la rébellion ,et la connaissance que l'homme est le boulanger de la vie » ....



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