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EAN : 9782201015663
192 pages
Messidor Scandéditions (21/03/1986)
4.32/5   284 notes
Résumé :
Ce roman, introuvable pendant des années, est un chef d'oeuvre. C'est l'un des livres fondateurs de la littérature haïtienne. Un village pauvre, en proie à la sécheresse, des rivalités entre habitants, des désirs de vengeance, constituent le cadre de ce drame de l'amour et du courage. Une belle leçon de dignité humaine et un chant d'amour pour le peuple de Haïti, écrit dans une langue d'une saveur sans pareille. Jacques Roumain est l'une des grandes voix d'Haïti
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Un livre magnifique, lumineux, débordant d'amour et de vie, une vie pourtant rendue bien amère et misérable par le manque d'eau. Il commence dans le deuil et finit par un deuil annonciateur pourtant du retour à la vie, une vie nouvelle, dans la réconciliation.

A son retour de Cuba, où il a passé 15 ans, Manuel fils de Bien-Aimé et Delira découvre que le village de Fonds Rouge et les habitants de cette terre qu'il avait hâte de retrouver sont plongés dans une profonde misère. La beauté des souvenirs qu'il en avait sont désormais enfouis sous la poussière due à la sécheresse. La source qui donnait la vie est tarie et avec elle la division en deux clans et la haine qui existaient déjà entre les villageois s'est exacerbée, le lien communautaire entre les villageois, pourtant tous cousins, semble irréversiblement rompu.

Manuel ne peut supporter ce qu'il voit et entend, et surtout pas la résignation douloureuse de tous ceux qu'il retrouve, résignation entretenue par l'emprise que veulent garder sur « les pov' nègres » les autorités, le hougan vaudou et le prêtre catholique en les maintenant dans la peur et l'ignorance.

Dialogue entre Laurélien :
« Icitte, il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert ? On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités. le juge de paix, la police rurale, les arpenteurs, les spéculateurs en denrées, ils vivent sur nous comme des puces. »
et Manuel : « ...nous sommes misérables, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? À cause de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force : tous les habitants, tous les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lèverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misère et planter la vie nouvelle. »

Persuader qu'il est possible de trouver une autre source il va partir à sa recherche d'autant plus enthousiaste qu'il a rencontré l'amour en la personne de la sensuelle mulâtresse Annaïsse qui fait partie du clan ennemi.
Elle l'encourage, le soutient : « Oui, tu le feras. Tu es le nègre qui trouvera l'eau, tu seras le maître des sources, tu marcheras dans ta rosée et au milieu de tes plantes. Je sens ta force et ta vérité. »
Il va découvrir cette autre source, guidé par un vol de ramiers vers un lieu où se trouve un vieux figuier, « le gardien de l'eau », et faire tout son possible, malgré la haine et la jalousie que lui voue Gervilen, lui-aussi amoureux d'Annaïsse, pour convaincre les « cousins » ennemis d'unir leur force afin que l'eau de la source nouvelle irrigue et revivifie le village de Fonds Rouge.

Ce livre, qui n'est pas sans rappeler le mythe de Roméo et Juliette, a aussi des accents bibliques et irradie une grande poésie. La langue savoureuse mélange de français et de créole rend les échanges entre les différents protagonistes cocasses et truculents. La nature est magnifiée, personnifiée et sacralisée par les habitants qui vivent en symbiose avec elle.
A mes yeux un livre inoubliable qui fait désormais partie des livres que j'emmènerais sur une île déserte car il redonne force, chante la primauté de la vie et nous dit que malgré l'apparence « l'amour est plus fort que la mort »

« La vie, c'est la vie : tu as beau prendre des chemins de traverse, faire un long détour, la vie c'est un détour continuel. Les morts, dit-on, s'en reviennent en Guinée et même la mort n'est qu'un autre nom pour la vie. le fruit pourrit dans la terre et nourrit l'espoir de l'arbre nouveau. »
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La première fois que j'ai lu ce roman remonte à environ dix ans. de lui, je me rappelais la silhouette fine d'une femme qui remontait un sentier, une jarre sur la tête.
Je me rappelais une histoire d'amour, tendre et simple. Je me rappelle qu'après l'avoir refermé, j'avais soupiré et je m'étais dit "quelle belle histoire"

J'ai ressenti à peu près la même chose à cette deuxième lecture, mais ai été plus sensible à la force et à la poésie de ce récit.

L'histoire se passe en Haïti.
Dans la commune de Fonds-rouge, les temps sont durs. La sécheresse fait rage, et d'elle découle la pauvreté, les habitants étant dépendants des fruits de la terre pour subsister.
Manuel revient de Cuba, après des années d'exil, pour retrouver une terre qu'il ne reconnaît plus. L'eau y a disparu, et l'unité d'antan avec elle. Des rivalités entre familles et une haine dont on a oublié la raison font rage.
Sur son chemin, Manuel rencontre Annaïse. A deux ils décident d'entreprendre un projet : ramener l'eau à Fonds Rouge et rassembler un peuple désuni.

Plus qu'un roman, c'est un poème. C'est un chant qui raconte une histoire d'amour entre la terre et l'homme, entre l'homme et les siens, une histoire d'amour entre un homme et une femme.
L'écriture de Roumain enchante, tout en images et en métaphores.

Ce livre regorge de leçons de force, de courage et de solidarité.
Il parle de la condition de nègre à l'époque, mais ses messages ont encore place aujourd'hui et s'appliquent à tous, surtout dans un monde où l'homme cause tant de dommages à la terre, où l'eau devient une ressource rare, et où la division règne au sein des peuples.

Roumain était politiquement engagé dans le parti communiste quand il a écrit ce livre, et certains trouveront les messages politico / philosophiques trop évidents, mais ce livre se lit plus comme une fable qu'un roman.

Je le recommande à tous, pour ses messages forts, et pour la beauté du langage, surtout.
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« L'eau. Son sillage ensoleillé dans la plaine ; son clapotis dans le canal du jardin, son bruissement lorsque dans sa course, elle rencontre des chevelures d'herbes ; le reflet délayé du ciel mêlé à l'image fuyante des roseaux ; les négresses remplissant à la source leurs calebasses ruisselantes et leurs cruches d'argile rouge ; le chant des lessiveuses ; les terres gorgées, les hautes récoltes mûrissantes ».

Fable poétique, paysanne, écologique et militante, « Gouverneurs de la rosée » de Jacques Roumain a été publié en 1944 quelques mois avant la mort de son auteur, et constitue l'un des textes fondateurs de la littérature haïtienne. Elle narre dans une langue magnifique empreinte de poésie locale l'union des paysans contre l'adversité à savoir la grande sécheresse. le parler est celui de ce territoire, celui de cette époque, la poésie qui en jaillit tels des geysers est atemporelle, l'histoire d'amour narrée est universelle.

La sécheresse fait rage dans la commune de Fonds-rouge en Haïti. Les habitants dont la subsistance dépend essentiellement des récoltes sombrent dans une grande pauvreté. Superstitions, rites vaudou, prières sont les seuls moyens d'apporter un peu d'espoir à la misère. Manuel, fils de Délira et de Bienaimé, rentre de Cuba après quinze d'exil en tant qu'ouvrier agricole dans les plantations de sucre. Il retrouve une terre qu'il ne reconnait plus : en quinze la vallée luxuriante a laissé place à une terre craquelée, poussiéreuse, où « la colline arrondie est semblable à une tête de négresse aux cheveux en grains de poivre : de maigres broussailles en touffes espacées à ras du sol ». Avec la disparition de l'eau c'est également l'entente qui a volé en éclats, des rivalités farouches entre familles ont sapé la paix. Avec la belle Annaïse, d'une famille du camp adverse, ils décident d'entreprendre un projet fou : ramener l'eau à Fonds-rouge et rassembler de nouveau ce peuple éclaté. La conscience socio-politique acquise à Cuba chez les prolétaires de la plus grande île caraïbe va indéniablement servir à Manuel pour mener à bien ce projet, mobiliser et réunir les foules, et réussir. Malgré le malheur qui va s'abattre.

« Tu vois la couleur de la plaine, dit-il, on dirait de la paille dans la bouche d'un four tout flambant. La récolte a péri, il n'y a plus d'espoir. Comment vivez-vous ? Ce serait un miracle si vous viviez, mais c'est mourir que vous mourrez lentement. Et qu'est-ce que vous avez fait contre ? Une seule chose : crier votre misère aux loa, offrir des cérémonies pour qu'ils fassent tomber la pluie. Mais tout ça, c'est des bêtises et des macaqueries. Ce ne compte pas, c'est inutile et c'est un gaspillage ».

Les idées politiques de Jacques Roumain transparaissent clairement dans ce récit. Bien que mort prématurément à l'âge de 37 ans, ce fut un activiste, en particulier contre l'occupation américaine d'Haïti de 1915 à 1934 et un militant communiste (Il a même fondé le Parti Communiste haïtien en 1934 et sa vision communiste se retrouve dans ce texte de façon évidente, voire simpliste par moment, mais plus qu'un roman, se livre doit se voir comme une fable).

Mais avant toute chose, ce livre est un poème, un magnifique cri d'amour entre l'homme et la terre, entre les hommes, entre une mère et son fils et entre un homme et une femme, entre Manuel et Annaïse. Certaines descriptions sont à couper le souffle, certains sentiments sont troublants de beauté. le tout dans un langage caribéen, au moyen de métaphores délicieusement exotiques qui dépaysent complètement et apporte une poésie des éléments salvatrice.

« Sous les lataniers, il y avait un semblant de fraîcheur ; un soupir de vent à peine exhalé glissait sur les feuilles dans un long murmure froissé et un peu de lumière argentée les lissait avec un léger frémissement, comme une chevelure dénouée ».

De très beaux livres ont été écrits sur le thème de la sécheresse. Des fables qui racontent chacune à leur manière ce combat inégal et titanesque de l'homme contre les éléments. Ce fut le cas également avec le beau « Les jours, les mois, les années » de Lianke Yan. C'est le cas avec ce troublant « Gouverneurs de la rosée » d'une beauté créole inoubliable. J'aime beaucoup ce genre de livres marqués par leur époque, marqués par leur territorialité, et en même temps universels de par leur poésie et leur beauté...C'est coloré, vivant, dépaysant et permet de découvrir une réalité non pas en observateur avec notre langage mais avec des lunettes locales...Nous comprenons mieux pourquoi les écrivains haïtiens contemporains ont une plume si belle (Jean d'Amérique, Lyonel Trouillot, sa soeur Evelyne Trouillot, Makenzy d'Orcel, etc...) : ils sont les héritiers de grands auteurs à l'image de Jacques Roumain.

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Magnifique roman haïtien de l'union des paysans pauvres contre l'adversité et l'oppression.

Publié en 1944 dans une relative indifférence, quelques mois avant la mort de son auteur, à 37 ans, "Gouverneurs de la rosée", le troisième roman de l'activiste infatigable (en particulier contre la féroce occupation américaine des années 1915-1934) Jacques Roumain, est devenu depuis un grand classique de la littérature haïtienne moderne.

Sous la plume du fondateur du Parti Communiste haïtien, en 1934, des personnages et une histoire prennent rapidement forme et se donnent rapidement les moyens d'accéder à un statut quasi-mythique.

Lorsque le jeune Manuel revient de Cuba, où il a passé quinze ans comme ouvrier agricole dans les plantations de sucre, et participé de près à l'éveil d'une conscience socio-politique chez les prolétaires de la plus grande île caraïbe, il découvre son village natal haïtien au bord du gouffre, terrassé à la fois par une terrible sécheresse qui, ruinant les cultures vivrières des paysans pauvres, les met à la merci des riches marchands, qui rachètent leurs lopins à vil prix, et de leurs cohortes d'intermédiaires et fonctionnaires corrompus, qui les saignent de prêts usuraires et de tracasseries arbitraires, et par une sombre vendetta qui divise les forces vives des travailleurs de la terre, déjà amoindries, en deux clans apparement irréconciliables.

Il faudra toute l'abnégation de Manuel, arpentant inalssablement les mornes et les ravines à la recheche d'une source, et tout son amour partagé pour Annaïse, belle jeune fille du clan d'en face et complice de son rêve d'unité et de liberté, pour que, peut-être, les choses changent...

En forme de fable, dans une langue magnifique où les dialogues font mouche et tapent fort, où les personnages ne sont jamais caricaturaux, où les descriptions, pourtant tout en retenue, font vivre la beauté, où transparaît comme le souffle d'un Giono qui aurait disposé d'une conscience socio-politique, un très grand roman.

"Il touchait le sol, il en caressait le grain :
- Je suis ça : cette terre-là, et je l'ai dans le sang. Regarde ma couleur : on dirait que la terre a déteint sur moi et sur toi aussi. Ce pays est le partage des hommes noirs et toutes les fois qu'on a essayé de nous l'enlever, nous avons sarclé l'injustice à coups de machette.
- Oui, mais à Cuba, il y a plus de richesse, on vit plus à l'aise. Icitte, il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert ? On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités. le juge de paix, la police rurale, les arpenteurs, les spéculateurs en denrées, ils vivent sur nous comme des puces. J'ai passé un mois de prison, avec toute la bande des voleurs et des assassins, parce que j'étais descendu en ville sans souliers. Et où est-ce que j'aurais pris l'argent, je te demande, mon compère ? Alors qu'est-ce que nous sommes, nous autres, les habitants, les nègres-pieds-à-terre, méprisés et maltraités ?
- Ce que nous sommes ? Si c'est une question, je vais te répondre : eh bien, nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est-ce qui plante, qui est-ce qui arrose, qui est-ce qui récolte ? le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le maïs, les bananes, les vivres, et tous les fruits, si ce n'est pas nous, qui les fera pousser ? Et avec ça nous sommes pauvres, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frère ? A cause de notre ignorance : nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force, tous les habitants, les nègres des plaines et des mornes réunis. Un jour, quand nous aurons compris cette vérité, nous nous lèverons d'un point à l'autre du pays et nous ferons l'assemblée générale des gouverneurs de la rosée, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour défricher la misère et planter la vie nouvelle."
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«  Ce pays est le partage des hommes noirs et toutes les fois qu'on a essayé de nous l'enlever, nous avons sarclé l'injustice à coups de machette. »
«  Oui, mais à Cuba, il y a plus de richesses , on vit plus à l'aise .Icitte , il faut se gourmer dur avec l'existence et à quoi ça sert? »
On n'a même pas de quoi remplir son ventre et on est sans droit contre la malfaisance des autorités ».

Extrait du dialogue de Manuel, haïtien, fils de Bien-aimé et Délira avec son ami Laurelien, Manuel ,revenu de Cuba, dans son village natal : Fonds - Rouge, après quinze années passées en tant qu'ouvrier agricole, dans les plantations de sucre , auréolé de mystères et de légendes, lui un des « négres- pied - à terre ,, méprisés et maltraités ».
Bien-aimé et Délira vivent une vie difficile , la sécheresse les a envahis, tout dépérit : les bêtes, les plantes , du levant au couchant le vent ne pousse pas les nuages, c'est plutôt un vent maudit qui traîne la savate , il n'y a pas un seul grain de pluie dans tout le ciel..la terre est toute nue,,sans protection.

Manuel se rend compte que les eaux de pluie bienfaisantes n'arrivant pas, au sein de son cher village, règnent désormais la misère ,la sécheresse et la désolation...
Manuel est un homme généreux, face à la terrible sécheresse qui s'était abattue sur la campagne il s'aventure en cherchant une nouvelle source ,taille , coupe dégage à coups de machette l'enchevêtrement des plantes et des lianes , fouille avec rage l'ombre vénérable des malangas , trouve un trou dans la terre blanche comme craie ,soudain un bouillonnement jaillit ,l'eau ,la fraîche ,la bonne , il baise la terre ...
N'en disons pas plus.

Ce livre lumineux , enchanteur , débordant de vie, d'amour entre la belle négresse Annaïse et Manuel, l'amour filial exemplaire, des personnages hauts en couleur ,quasi symboliques ——les ronchonnements de Bienaimé ,la compassion pour la fatigue de la vieille Désira,——,le culte de l'amitié parfaite mais aussi le pardon sans réserve aux ennemis de Samuel et à ses assassins,—-les évocations généreuses , emblématiques du paysage haïtien ,—- publié en 1944 —-tient du grand poème populaire , sorte de fable attachante , touchante , mélangeant le français au créole,à l'écriture magnifique qui révèle la vie paysanne haïtienne , le mysticisme ,les coutumes ancestrales ,mais aussi l'union des paysans contre l'oppression et l'adversité sans oublier les haines, les jalousies féroces, et les moeurs tribales pas complètement liquidées .
Du début à la fin le lecteur est emporté par la force du message délivré , le réalisme symbolique et artistique de cette oeuvre inoubliable, rééditée dans la collection de poche des éditions Zulma .
Jacques Roumain est décédé à l'âge de trente - sept ans .
Le titre est magnifique comme le livre.
—— «  Oh sûr, qu'un jour tout homme s'en va en terre, mais la vie elle même ,c'est un fil qui ne se casse pas, qui ne se perd pas et tu sais pourquoi ?

Parce que chaque nègre pendant son existence y fait un noeud: c'est le travail qu'il a accompli et c'est ça qui rend la vie vivante dans les siècles des siècles : l'utilité de l'homme sur cette terre » ...
«  —- L'expérience est le bâton des aveugles et j'ai appris que ce qui compte ,puisque tu me le demandes , c'est la rébellion ,et la connaissance que l'homme est le boulanger de la vie » ....



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Si l'on est d'un pays, si l'on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l'a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes : c'est une présence dans le cœur, ineffaçable, comme une fille qu'on aime : on connaît la source de son regard, le fruit de sa bouche, les collines de ses seins, ses mains qui se défendent et se rendent, ses genoux sans mystère, sa force et sa faiblesse, sa voix et son silence.
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Ce que nous sommes? Si c'est une question, je vais te repondre: eh bien, nous sommes ce pays et il n'est rien sans nous, rien du tout. Qui est ce qui plante, qui est ce qui arrose, qui est ce qui recolte? Le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le mais, les bananes, les vivres et tous les fruits, si ce n'est pas nous, qui les fera pousser? Et avec ca nous sommes pauvres, c'est vrai, nous sommes malheureux, c'est vrai, nous sommes miserable, c'est vrai. Mais sais-tu pourquoi, frere? A cause de notre ignorance: nous ne savons pas encore que nous sommes une force, une seule force: tous les habitants, tous les negres des plaines et des mornes reunis. Un jour quand nous aurons compris cette verite, nous nous leverons d'un point a l'autre du pays et nous ferons l'assemblee generale des gouverneurs de la rosee, le grand coumbite des travailleurs de la terre pour defricher la misère et planter la vie nouvelle.
( Collection du Centenaire, Page 77)
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à l’Angélus les pintades sauvages venaient boire frileusement le long des flaques à la lisière du chemin, et si on les effarouchait, s’envolaient lourdement tout engourdies et engluées de pluie.
Puis le temps commençait à changer : vers midi une chaleur grasse enveloppait les champs et les arbres accablés ; une fine vapeur dansait et vibrait comme un essaim dans le silence que seul troublait le stridulement acide des criquets. Le ciel se décomposait en boursouflures livides qui fonçaient vers le plus tard et se mouvaient pesamment au-dessus des mornes, parcourus d’éclairs et de grondements sourdement répercutés. Le soleil ne paraissait dans les rares décousures des nuages que comme un rayonement lointain, d’une pâleur plombée et qui blessait le regard.
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Non, mon Dieu, tu n'es pas bon, non, c'est pas vrai que tu es bon, c'est une menterie. Nous te hélons à notre secours et tu n'entends pas. Regarde notre douleur, regarde notre grande peine, regarde notre tribulation.
Est-ce que tu dors, mon Dieu, est-ce que tu es sourd, mon Dieu, est-ce que tu es aveugle, mon Dieu, est-ce que tu es sans entrailles, mon Dieu ? Où est ta justice, où est ta pitié, où est ta miséricorde ?
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La vie c'est un fil qui ne se casse, qui ne se perd jamais. Tu sais pourquoi? Parce que chaque nègre pendant son existence y fait un noeud: c'est le travail qu'il a accompli et c'est ça qui rend la vie vivante dans les siècles des siècles : l'utilité de l'homme sur cette terre.
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Vidéo de  Jacques Roumain
Extrait du recueil BOIS D'ÉBÈNE suivi de MADRID de Jacques Roumain
Un grand chant de l'auteur des «Gouverneurs de la rosée». Jacques Roumain, poète, est le plus sur moyen de comprendre le combat pour l'avènement d'une éthique en poésie. Dit de solidarité, de fraternité, «Bois-d'ébène» est un des premiers manifestes nègres. le poète prend parti pour le peuple haïtien, pour le nègre exploité; il se mit au côté du paysan courbé… nous dit le poète cubain Nicolas Guillén.
Jacques Roumain est né à Port-au-Prince le 4 juin 1907. Il est sans doute l'écrivain haïtien le plus lu et le plus connu. Poète, journaliste, militant marxiste, romancier, polémiste, ethnologue, Jacques Roumain est décédé le 18 août 1944 à Port-au-Prince.
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