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Ah le filou, le méchant gentilhomme! Il nous promettait - par le titre déjà - tout un ouvrage de révélation de sa poétique si brillante, si géniale, si avant-gardiste par rapport au surréalisme (bien qu'il se peut que ni lui ni Breton n'eussent apprécié ce rapprochement). Fi donc! après les 35 premières p. qui tiennent la promesse, tout le reste n'est que réédition de certaines de ses oeuvres. Bien sûr, celles-ci ne manquent pas d'intérêt, de génie. Mais, pour ma part, c'est pour une autre fois: pas envie de lire de la fiction pour l'instant. Si de l'au-delà il peux et veux bien se pencher sur ce que je viens d'écrire, l'auteur sera déjà satisfait de retrouver parmi les halles de ces paroles, le fil ou la mèche allant vers lui et sa gent... |
Jean Echenoz (quelques pages de) La Vue, de Raymond Roussel : où Jean Echenoz lit quelques pages de "La Vue", de Raymond Roussel le 5 juin 2009 au couvent des Recollets, à Paris, à l'occasion du festival "Paris en toutes lettres", à l'invitation de Frédéric Boyer, en compagnie de Florence Delay, Jacques Roubaud et Olivier Cadiot.
"La Vue", de Raymond Roussel est publié aux éditions Pauvert
"Quelquefois un reflet momentané s'allume
Dans la vue enchâssée au fond du porte-plume
Contre lequel mon oeil bien ouvert est collé
À très peu de distance, à peine reculé ;
La vue est mise dans une boule de verre
Petite et cependant visible qui s'enserre
Dans le haut, presque au bout du porte-plume blanc
Où l'encre rouge a fait des taches, comme en sang.
La vue est une très fine photographie
Imperceptible, sans doute, si l'on se fie
À la grosseur de son verre dont le morceau
Est dépoli sur un des côtés, au verso ;
Mais tout enfle quand l'oeil plus curieux s'approche
Suffisamment pour qu'un cil par moments s'accroche.
Je tiens le porte-plume assez horizontal
Avec trois doigts par son armature en métal (...)"