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Critique de DODONONO



Mes impression sur ce livre, mais aussi mon ressenti face à l'affaire Patrice Alègre et bien au-delà……
Michel Roussel est de ces gendarmes profondément honnête, tenace et obstiné, pour qui dans une affaire de meurtre, il est essentiel de trouver la vérité eu égard aux victimes et à leurs famille.
C'est pourquoi, après les cinq viols suivis de meurtre et un autre viol (ou la victime s'en est miraculeusement sortie grâce à un sang-froid exceptionnel), attribué au tueur en série Patrice Allègre, le gendarme Miche Roussel a souhaité créer la Cellule « Homicide 31 ».
Mais commençons par brosser le portrait de Patrice Alègre. Né à Toulouse en 1968, c'est en 1989 qu'il commet son premier meurtre sur la personne de Valérie Tariote, alors que la même année, il devient le papa d'une petite fille. La photographie de Patrice Alègre n'est pas reproduite dans le livre de Michel Roussel. Cependant qui n'a pas vu dans les médias le visage de ce tueur. Il suffit de le voir une fois pour constater qu'il n'a pas vraiment la « Gueule de l'emploi », ce type-là, plutôt beau gosse, avec de jolis yeux verts et une petite mèche à la tintin, un look de jeune homme, qui n'avait certainement aucun mal à séduire les filles. Pas la tronche inquiétante de certains autres tueurs célèbres et pourtant….
du 21 Février 1989 au 5 Septembre 1997 date de son arrestation, il aurait donc tué 5 fois et violé une autre femme. Alors 6 victimes en 12 ans cela peut paraître bizarre, et assez peu, compte tenu que Patrice Alègre est bien un tueur psychopathe, cruel, tortionnaire, qui aime faire souffrir ces victimes, et les faire mourir à petit feu, et plus tard, d'aucun pourront constater qu'il est absolument dénué de toute compassion et de tout remord.
12 ans, 6 crimes, le calcul est simple, et le gendarme Roussel n'y croit pas, d'autant que dans la région de Toulouse, beaucoup d'autres crimes demeurent non élucidés et certaines disparitions de femmes non résolues. de plus, chose particulièrement aberrantes, certains crimes ont été requalifiés en suicide. Par exemple, cette scène de crime effroyable, une jeune femme retrouvée assassinée chez elle, allongée sur le dos dans son lit, une casserole posée sous la tête, une boule de tissu enfoncée dans la gorge, une autre dans la bouche et un bâillon sur les lèvres, les deux mains liées dans le dos. N'importe quel amateur aurait pu constater qu'il s'agissait d'un meurtre et d'une mise en scène macabre, eh bien non ! Les premiers policiers ont conclus à un suicide, fort, très fort, et ils ont tenté de faire gober cette thèse à la famille, cela se passe de commentaires.
Trop de crimes, de disparitions de dossiers refermés à la hâte, alors Michel Roussel obtient bien difficilement la création de la Cellule « Homicide 31 ». Cependant, rien ne va se passer comme il le souhaite, sa hiérarchie lui mettra bien des bâtons dans les roues. Manque d'enquêteurs sur le terrain, réunions de déstabilisation, et même un déménagement au plus mauvais moment, feront de cette cellule un outil bien compliqué à piloter. Mais ce gendarme tenace devient directeur d'enquête et trouve une aide précieuse auprès de collègues fidèles et passionnés par la recherche de la vérité.
Alors, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi, autant d'obstacles se sont dressés sur la route de Michel Roussel ? D'aucun avait-il peur que les cadavres qu'il allait trouver dans ces dossiers parlent. Eh ! Oui, cela peut parler un cadavre. Même si en 1989 la police technique et scientifique ne possédait pas tous les instruments de recherche actuels, l'autopsie d'un cadavre pouvait révélée beaucoup de chose et notamment écartée l'éventualité d'un suicide. Mais bien évidemment, un suicide c'est simple et tellement moins ennuyeux pour un enquêteur. Pas de problème, pas de recherche de meurtrier, pas d'investigations longues et difficiles, pas besoin d'enquêter pendant des années, et surtout, surtout de mettre le nez dans des affaires glauques et qui pourraient se révéler extrêmement gênantes.
Et, à ce propos, il me faut en venir aux dessous pour le moins nébuleux de l'affaire Allègre. Alors que Michel Roussel commençait à avancer réellement dans ces dossiers et que Patrice Alègre avait été arrêté et se trouvait en détention, un énorme Boum, vient secouer la France par médias interposés. Dans le cadre de son enquête, Michel Roussel avait été amené à auditionner des prostituées Toulousaines. Il souhaitait les amener à lui en dire d'avantage suite au meurtre de Line Galbardi l'une d'entre elle, tuée dans la nuit du 2 au 3 janvier 1992 à l'hôtel l'Europe de Toulouse, et, ce, semble-t-il devant plusieurs témoins. le directeur d'enquête Roussel a ainsi tenté d'établir dans la plus grande discrétion, un rapport de confiance avec ces anciennes prostituées, dans le but de savoir qui était présent le soir du meurtre de Line. Hors, alors qu'il avait toutes les peines du monde à obtenir de précieuses informations par celles qui avaient bien connues Line Galbardi, deux des ex- prostituées en question lance une véritable bombe devant la presse. Elles auraient été victimes de violences physiques et sévices sexuels aux cours de soirées Sadomasochistes auxquelles auraient participés un magistrat qu'elles citent nommément comme étant Marc Bourragué et aussi, l'ex maire de Toulouse et à l'époque des faits, Président du conseil supérieur de l'audiovisuel, Dominique Baudis. Si ce n'est pas une bombe ça !
Dès lors, par médias interposés, les Français assistent à un véritable lynchage orchestré par ces dames. Dominique Baudis crie au complot et intervient en direct au JT de 20 heures pour tenter de se défendre.
Je me souviens très bien de cette intervention télévisée ou l'ancien maire de Toulouse apparait à l'écran avec un visage presque ruisselant. Je me suis toujours demandé si ces gouttelettes étaient des perles d'innocence ou si elles dissimulaient au contraire une culpabilité. Il était tout naturellement permis de douter. Dans son livre, Michel Roussel nous indique avoir entendu certains parler de: je cite: « Paroles de putes ». En quoi, la parole d'un notable serait-elle plus crédible que celle d'une fille de la rue ? Naturellement, cela relève du sempiternel combat du pot de terre contre le pot de fer. Plus tard, les deux prostituée accusatrices se sont rétractées et elles ont fait volte-face en accusant Michel Roussel de leur avoir suggéré le nom de Dominique Baudis, et même son surnom « Nénette » lors de ces soirées masos. le patron du CSA a donc été blanchi par la justice. Alors, oui, ces filles ont mentis, mais quand ? En accusant, ou en se rétractant ? Ont-elles fait l'objet de pression, les a-t-on menacées, ont-elles eu peur pour leur vie ? Elles seules détiennent la vérité…
En marge de cette affaire, et bien plus récemment, je ne peux m'empêcher de penser au samedi 15 mai 2011. Ce jour-là en effet, les Français se réveillaient éberlués par une nouvelle annoncée dans les médias. Dominique Strauss-Kann, patron du FMI et bien placé sur le podium des futures élections présidentielles françaises venait d'être arrêté à New York alors qu'il s'apprêtait à prendre l'avion pour rentrer en France. Monsieur Strauss-Khan venait tout simplement de se voir accusé de viol par une femme de chambre de l'Hôtel Sofitel où il venait de séjourner. Je ne vais pas entrer dans les détails de cette affaire. Simplement dire qu'aux Etats Unis, on ne badine pas avec les moeurs et que sans cette affaire notre cher Dominique aurait pu continuer longtemps à se livrer à ces pratiques sexuelles pour le moins douteuses. D'autant que par la suite, une autre affaire, celle du Carlton de Lilles éclate, laissant apparaître un DSK amateur de soirées très spéciales sur fond de proxénétisme. Si je reparle de cette affaire, c'est pour bien souligner que nos hommes politiques sont parfois bien loin d'être des enfants de coeur selon l'expression consacrée.
Enfin, je ne peux m'empêcher de repenser aussi au livre de Karl Zéro « Disparues ». J'ai lu ce livre il y a peu de temps et j'en ai eu froid dans le dos. A la fin de cet ouvrage, j'ai découvert stupéfaite l'existence du fichier de « Zandvoort », surnommé le fichier de la honte, un CD rom contenant des images insoutenables. Plusieurs centaines d'enfants parfois très jeunes apparaissent dans des scènes de violences et de tortures particulièrement abjectes. Hors, 472 photographies ont été extraites de ce fichier par une association de lutte contre la pédophilie, et des journalistes ont portés l‘affaire dans les médias en 2000, mais aucune enquête sérieuse à ce jour n'a été diligentée par les autorités pour faire la lumière sur cette affaire. Personnes n'a jugé opportun de tenter de retrouver ces enfants. Qui sont-ils, sont-ils encore en vie et ou sont-ils ?
Si j'en reviens à cette horreur, c'est parce que la justice avait les moyens d'enquêter sur cette affaire, hors, personne n'a bougé. Pourtant, 81 familles ont reconnus leurs enfants sur ces photos, mais ont leur a dit que c'était des sosies, qu'il s'agissait d'étrangers. Circulez, il n'y a rien à voir, la justice a rendu une ordonnance de « non-lieu ». Alors, je me pose la question, pourquoi ? Une fois de plus, j'ai vraiment le sentiment que lorsque l'on veut étouffer une affaire on l'étouffe. Aurait-on eu peur en haut lieu de mettre en danger des personnes de haut rang ?
Alors, dans l'affaire Allègre, d'aucun ont-ils eu peur de mettre le nez d'un peu trop près dans un réseau qui mettrait en cause des notables ? Plus tard, même question pour l'affaire Dutroux en Belgique et Emile Louis en France, d'ailleurs, deux des victimes de ce dernier auraient été reconnues sur le fichier Zandvoort. Ces 2 pédophiles notoires ont-ils fait partie d'un réseau ou ont-il enlever et tuer des mineurs pour assouvir leur propre déviance ?
Patrice Allègre ne peut pas être rangé dans la case de la pédophilie, mais c'est un psychopathe particulièrement perverse et qui a certainement participé à des soirées sadomasochistes violentes. L'une des prostituées avait affirmée avoir reconnues lors d'une de ces soirées l'une des fillettes enlevée en France. Mais là, la prudence s'impose, eu égard à la famille, il faut bien se garder de dire des choses sans aucune preuve. Cependant, comment ne pas penser que ces soirées pouvaient attirer des personnalités connues du grand public. Comment ne pas penser que dans toutes ses affaires, et bizarrement, un seul coupable se retrouve derrière les barreaux. Combien de dossiers sont-ils ainsi refermés très vite, trop vite, combien d'enquêtes avortées, de non-lieu prononcés, de pièces à conviction disparues, de scellés étrangement perdues et même, même, un gendarme, ce pauvre Jambert qui investiguait dans l'affaire Emile Louis, retrouvé suicidé de deux balles, dans son garage, sans commentaire.
Je me devais de reparler de toutes ses affaires, car j'ai l'impression que tout n'a pas été mis à la disposition de Michel Roussel pour faire tout la lumière sur l'affaire Allègre et tout ce qui l'entoure.
Je suis quand même rassurée de penser que s'il y a des perverses et des tordus parmi nos institutions, il y a aussi des gens honnêtes à l'image du gendarme Roussel pour qui la recherche de la vérité est primordial pour les familles de victimes. Cependant, Michel Roussel à quand même pris sa retraite anticipée suite au déchainement politico-médiatique dont il a été victime après les révélations et les revirements des affirmations des prostituées. Qui aurait eu intérêt à déstabiliser cet enquêteur honnête et obstiné ?
Au fil de ces pages, le gendarme Roussel nous livre sa vérité, mais il faut aussi parfois lire entre les lignes pour comprendre, car il y a ce qu'il écrit mais aussi ce qu'il semble suggérer. Cet ouvrage m'a beaucoup intéressé, il m'a éclairé sur l'affaire Allègre et tout ce qui l'a entouré et renforcé mon intime conviction.

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