Vestine, une légende noire

Vestine, 27 ans, (re)vient de loin, dans tous les sens du terme : émigrée du Rwanda pour fuir le génocide, équipée d'une prothèse pour remplacer sa jambe amputée, et remise sur pied à la fois par un thérapeute et par l'amour de sa mère adoptive et celui d'une amie.
En 1994, elle n'avait que 11 ans, et elle a tout perdu : sa vie en Afrique, sa mère, ses frères et soeurs, massacrés et/ou agonisant sous ses yeux. Mais elle a voulu "effacer", repartir de zéro, au point de changer de nom en arrivant en France et de développer une phobie contre les hommes noirs ou métis.

Sous forme d'un témoignage fictif, Virgine Jouannet Roussel signe un ouvrage poignant sur la guerre civile au Rwanda, la lâcheté et/ou la peur humaines (comme dans toute crise, chacun cherche avant tout à sauver sa peau), et la capacité de se reconstruire après un drame, en se le réappropriant par la parole.

"La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression." (wikipedia)
Pour en savoir plus sur la résilience, lire les ouvrages de Boris Cyrulnik.

Roman bouleversant et important, dès 14-15 ans.

Vestine a vécu le pire, et se bat pour aller vers le meilleur ; rescapée du génocide rwandais, qui fit des centaines de milliers de morts au Rwanda en 1994, elle vit désormais en Alsace et se reconstruit grâce à l'aide du docteur Bernstein. Mais les souvenirs, comme un poison pernicieux, hantent ses rêves des atrocités et des rires des soldats qui ont massacré sa famille. Pour les exorciser, Vestine croit au pouvoir des mots ; des mots qui claquent aussi violement que le bruit des mitraillettes résonnant encore dans sa mémoire.

L'avis de Marie, 13 ans : Ce roman est parfois difficile à lire, à cause de la manière d'écrire et aussi de l'histoire. Mais je l'ai trouvé émouvant.

L'avis de la rédaction : Forte et évocatrice, parfois à la limite du soutenable, la parole de Vestine se déploie comme un flot, délivrant peu à peu l'émotion prisonnière de la fierté de la jeune fille, pour libérer une histoire comme il dut y en avoir des milliers en 1994, sur cette terre tragique du Rwanda.

Vestine, 25 ans, vit en Alsace. Il y a une quinzaine d'années, elle se prénommait Mukagatare et vivait au Rwanda... Au fil de ses consultations avec son psychologue, Vestine sortira de l'horreur. Mêlant sa vie d'aujourd'hui en Alsace et son enfance au Rwanda, elle nous raconte, par bribes et à la première personne, telle une confidence, ce qu'elle a vécu et comment elle a trouvé la force d'y survivre. Comme souvent dans cette collection, un texte fort et émouvant dans lequel ressort, malgré le sujet très dur, l'amour de la vie et l'incroyable capacité de l'être humain à se relever pour continuer.

Vestine a une jambe de bois. Trace d'un passé. Dont il faut parler. Mais qu'il faut oublier ? Ou bien surtout pas ?
La thérapie est dure, les mots écorchent, l'avancée est difficile. Comment trouver les mots pour dire l'indicible ? Comment y lier le présent ? Déconstruit, le texte avance, à petits pas, boitillant, et intensément juste, forcément. Et nous, lecteurs, on peine à reprendre notre souffle. On découvre, on s'émeut, on s'identifie. Arrive alors le dénouement, une grande claque dont on gardera la trace longtemps.
Un court texte, fort, à lire nécessairement.
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