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Critique de Isacom


Ce gros et beau pavé relate l'histoire d'un réseau de Résistance, le Groupe du Musée de l'Homme, depuis l'inauguration du musée, jusqu'à l'exécution des femmes et hommes qui le constituaient.
Les auteurs ont fait le choix de retracer leur histoire en utilisant uniquement leurs écrits, témoignages, lettres, journaux intimes... "Tous les mots qu'ils prononcent sont les leurs." L'effet obtenu est terriblement émouvant.
On commence par découvrir ce petit monde d'ethnologues, d'anthropologues, qui mènent une réflexion approfondie et progressiste sur le colonialisme, le pillage de l'art étranger, sur toutes les formes de racisme. Progressisme qui s'applique aussi au sens même de musée : c'est un "Musée de l'Homme pour l'homme", qui reste ouvert tard tous les soirs pour être accessible aux travailleurs... (Aujourd'hui, on a une "Nuit des musées" par an.)
Puis arrive la drôle de guerre, on organise la mise à l'abri des précieuses collections, mais les Nazis se rapprochent et c'est l'exode : saisissantes images d'un Paris qui se vide de sa population (Tous les dessins de lieux sont très beaux).
Premier acte de ce qu'on n'appelle pas encore Résistance : le musée ouvre, comme un défi, "à l"heure habituelle le jour de l'arrivée des Allemands. C'est traiter l'invasion par le mépris."
Ce sont ensuite les tracts laissés discrètement dans les cabines téléphoniques, les "Vive de Gaulle" tapés à la machine sur les billets de banque avec lesquels on paie candidement ses légumes... puis enfin (entre autres fabrications de faux papiers et organisations d'évasions) le bulletin "Résistance" imprimé et diffusé en cachette.
Les années d'existence du réseau sont décrites avec en toile de fond les momies, statuettes et masques, qui mettent en lumière la passion et les valeurs qui animaient ce groupe. Puis les arrestations et la prison font l'objet de toutes petites cases sur fond sombre faisant puissamment sentir l'enfermement et la solitude.
Quel bel hommage que ce livre, pour ce réseau qui a payé cher son engagement, et dont Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, rescapées de Ravensbrück, ont été les mémoires.
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