Il va de soi que les nombreux praticiens du livre installés en Italie tombaient dans un milieu artistique où leur industrie avait tout à gagner. En quelques
années, Ehrard Raldolt avait fait de nombreux élèves qui prirent sur lui une notable avance. Venise, Ferrare, eurent des ateliers où des essais de décoration furent couronnés de succès, et ouvrirent aux anciens miniaturistes des manuscrits une voie inattendue. Presque au môme instant, un nielleur, Maso Finiguerra, trouvait par hasard un procédé nouveau de gravure en appliquant sur le papier les tailles creusées dans le métal et emplies d'une matière colorante.
A partir du VIe siècle de notre ère, l'ornementation des manuscrits se développe encore; il suffit de citer le Virgile du Vatican, si consciencieusement étudié par M. de Nolhac. Les chrysographes mettent en oeuvre tous leurs talents pour la décoration des fonds de lettres et des motifs qui seront complétés par les enlumineurs. Les uns dessineront les contours des ornements, des scènes rustiques et des personnages; les autres couvriront de couleurs épaisses, très opaques mais très vives, les draperies des personnages, les visages, la verdure des champs.
L'illustration du livre remonte presque à son origine; les papyrus étaient ornés de dessins recouverts d'une couche de couleur, les parchemins grecs et romains étaient souvent chargés d'ornements en tête de chapitre, et quelquefois de dessins dans le corps du texte. On croit que certains ouvrages anciens, aujourd'hui disparus, renfermaient des portraits qui auraient été peints en teinte plate et en camaïeu, après avoir été gravés.