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EAN : 9782753542013
500 pages
PUR, Presses universitaires de Rennes (20/11/2015)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Ce livre étudie pourquoi, à partir des années soixante, les espaces désertifiés du territoire français voient arriver par vagues successives des populations urbaines désireuses de retourner à la terre. Quels sont les ressorts de cette démarche empreinte d’utopie et qu’expriment-ils à l’égard de la société globale ? Comment s’effectuent la rencontre forcée puis l’acculturation entre anciens et nouveaux paysans ? Quels en sont les résultats aux échelles locale et nati... >Voir plus
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L'exode rural a traditionnellement été plus étudié que le mouvement inverse d'exode urbain. L'acuité des problèmes environnementaux et la recherche de solutions face à un système à bout de souffle ont cependant entraîné une médiatisation et un regain d'intérêt récents pour les écovillages, l'éco-habitat, le « retour à la terre »... À partir de l'exemple « métonymique » de l'Ardèche, la publication de Catherine Rouvière resitue ce retour à la terre dans un contexte économique et social, analyse finement ses modalités et surtout montre que, bien loin d'avoir été anecdotique, ce phénomène a eu une influence considérable aussi bien sur les espaces ruraux et leurs habitants que sur l'émergence de modes de vie et de consommation alternatifs. Dans une perspective historique, l'auteure s'appuie sur de nombreuses sources (archives officielles, études universitaires et d'organismes agricoles, documents audio-visuels...) et sur 40 entretiens semi-directifs, menés entre 2003 et 2004, qui lui permettent de décrire et d'analyser « l'utopie néo-rurale » en Ardèche des années 1960 à nos jours.

L'ouvrage est organisé en quatre parties. Dans la première, Catherine Rouvière présente les terres d'élection et la diversité des acteurs du « retour à la terre », phénomène fluide et hétérogène qui peut être sommairement défini comme « une migration vers la campagne accomplie par des personnes d'origine urbaine ou rurale [...] dans le but de vivre totalement ou partiellement d'une activité agricole » (p. 22). L'auteure expose de manière approfondie les multiples facteurs (géographiques, politiques, démographiques...) qui ont fait de l'Ardèche une terre pionnière et emblématique. Après une seconde partie au titre significatif (« La rencontre : un choc de civilisations et de cultures »), consacrée à la rencontre entre les néo-ruraux et la population autochtone, la troisième partie s'attache à décrire le lent processus d'intégration des premiers, qui s'explique à la fois par des changements de contexte et par des vecteurs d'intégration variés (la participation aux structures professionnelles et associatives et à la politique locale notamment). Enfin, la dernière partie rend compte des apports multiples – et souvent insoupçonnés – du phénomène néo-rural et de ses acteurs aussi bien sur les populations locales que sur les territoires et sur la transformation de l'agriculture.

Prenant le contre-pied de la représentation des néo-ruraux comme une masse homogène de citadins soixante-huitards utopiques, Catherine Rouvière analyse minutieusement leur profil sociologique, leurs valeurs et les modalités concrètes de leur entreprise, ainsi que l'évolution temporelle de ces caractéristiques. À partir de là, elle dresse une typologie : des communautés recherchant l'autarcie au début des années 1970 aux familles mues par des préoccupations plus économiques qu'idéologiques en passant par les personnes en situation de précarité qui cherchent à se réinsérer, on découvre que les vagues successives d'arrivants néo-ruraux présentent des caractéristiques sociologiques et des projets distincts, fortement liés à l'évolution du contexte global. Après avoir mis en lumière cette diversité, l'auteure montre également comment les néo-ruraux contribuent à réactiver le mythe agrarien en présentant le monde rural comme un refuge, un espace de bien-être et de liberté par opposition à un espace urbain trop normé. Catherine Rouvière souligne ici une ambivalence : né au XIXe siècle, le mythe agraire a d'abord été un instrument des conservateurs (jusqu'à atteindre son apogée sous le régime de Vichy) avant d'être réactivé à la fin des années 1960 par des acteurs « à l'autre extrémité du spectre idéologique » – en l'occurrence les néo-ruraux.

L'étude minutieuse de la rencontre – complexe et conflictuelle – entre les néo-ruraux et les populations ardéchoises et sa mise en perspective constante avec les éléments de contexte historique (désertification des campagnes, avènement de la société urbaine et de consommation...) permettent de voir à quel point le retour à la terre est un révélateur de « la confrontation entre des forces en gestation et des forces en voie d'effacement » (p. 17). Face au déclin rural et agricole et à la difficulté des populations autochtones d'enrayer ce processus, les néo-ruraux ont permis une revitalisation démographique, une diffusion de valeurs et de cultures urbaines et une adaptation des systèmes économique et agricole locaux grâce à des innovations et à l'insufflation d'une dynamique. En présentant le retour à la terre comme un miroir des évolutions sociétales et en reconnaissant ses multiples conséquences, l'étude menée par Catherine Rouvière parvient à donner à ce phénomène la place qu'il mérite et constitue en cela un véritable apport pour la sociologie rurale. Richement illustré d'exemples et articulé de manière logique, cet ouvrage pourra intéresser aussi bien les curieux de l'histoire de l'Ardèche que ceux qui s'interrogent sur l'évolution des ruralités ou sur l'impact que peuvent avoir « les marges » sur « le centre »
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