Georges Roux nous dresse un portrait complaisant de l'un des plus haïs des Césars. Après des années de recherche et d'études des auteurs classiques, Roux s'est rendu compte que l'histoire était injuste envers un souverain dont le règne a pourtant été marqué par un grand libéralisme et une certaine bienfaisance envers le peuple.
C'est ce côté très méconnu de l'empereur que Roux nous présente.
J'ai d'abord cru que cet ouvrage était une biographie romancée, mais en fait il s'agit bien d'une biographie de
Néron. Et très intéressante de surcroît.
Néron est né le 15 décembre 37, les pieds en avant, ce qui est un mauvais présage chez les anciens Romains. Au départ, rien ne le prédestine à devenir empereur. Ce sont les intrigues de sa mère, Agrippine, qui le feront accéder au trône.
L'intrigante et ambitieuse Agrippine parvient à épouser l'empereur Claude et à lui faire adopter
Néron. de cette façon, son fils devient l'héritier de Claude, en lieu et place de Britannicus, le fils légitime de l'empereur.
En 54, Agrippine empoisonne Claude et
Néron devient empereur.
Le début de son règne est marqué par des réformes favorables au peuple romain.
Néron est un prince libéral et il prend des mesures en faveur des plus humbles. C'est ainsi, par exemple, qu'il augmente les distributions gratuites de céréales. de plus, contrairement à l'image habituelle que l'on a du personnage,
Néron ne persécute pas les chrétiens; d'aprsè Roux, l'empereur étant lui-même athée, il ne s'inquiète pas des différents cultes qui coexistent dans Rome.
Ce qui a perdu
Néron, d'après l'auteur, c'est sa couardise.
Néron est un peureux et divers événements, se produisant à la fin de son règne, vont exacerber ce sentiment: l'incendie de Rome en juillet 64, la conspiration de Pison en 65, et la mort de sa bien-aimée Popéee, son épouse, toujours en 65. Après tous ces coups durs,
Néron se lance dans une frénésie d'orgies qui vont assombrir la fin de son règne.
A propos du grand incendie qui ravage la ville en 64, Roux développe une théorie aussi intéressante que vraisemblable, qui disculpe
Néron. Alors que l'empereur a toujours été accusé d'avoir lui-même incendié sa ville, Roux défend la théorie d'un feu accidentel. Il base son argumentation sur de nombreux éléments pertinents:
- l'empereur se trouvait à 50 km de Rome lorque le feu s'est déclenché;
- l'incendie a lieu fin juillet et la température caniculaire de Rome à ce moment peut avoir joué un rôle important dans le drame. Tacite rapporte en outre des rafales de vent, ce qui peut avoir étendu l'incendie;
- après le drame,
Néron ouvre les portes de ses jardins aux sinistrés et leur distribue des produits de première nécessité, comme des vivres, de l'eau ou encore des vêtements;
- le palais impérial a été l'un des bâtiments les plus touchés.
Néron, particulièrement attaché aux oeuvres d'art qu'il renfermait et qui ont été détruites, n'aurait jamais pris ce risque.
Et
Georges Roux développe encore beaucoup de théories pro-
néroniennes, à propos d'autres incidents ou problèmes attribués à
Néron. On finit par se demander, à la lecture de cet ouvrage, si
Néron n'a pas été victime des plus grandes calomnies de l'histoire. Car, une fois cette biographie refermée, on éprouve une certaine sympathie pour ce "pauvre type" qui aurait peut-être du devenir chanteur ou comédien (comme il le souhaitait) plutôt qu'empereur. Peut-être alors, l'histoire aurait-elle gardé un bon souvenir de
Néron...