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EAN : 9782226455734
320 pages
Albin Michel (02/06/2021)
4.34/5   110 notes
Résumé :
À travers le récit d’un amour interdit, François Roux, auteur du Bonheur national brut, livre une fresque poignante. De 1944 à nos jours, deux êtres affrontent l’opprobre familiale, les ravages du conformisme social, le passage douloureux de la clandestinité à la légalité... La vie rêvée des hommes ou la chronique historique et intime de la condition homosexuelle.
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J'ai découvert la plume de Fançois Roux il y a quelques années avec le bonheur national brut.
La vie rêvée des hommes est également une « fresque sociale », axée sur le statut et la place des homosexuels dans notre société occidentale.

1944, fin de la guerre, Paris est en liesse, l'espoir renaît. Paul et Stanley se rencontrent ; le premier est français, le second américain. Une semaine pour s'aimer, avant que Stanley ne reparte aux États-unis.
Ils ne s'oublieront jamais.

À travers les années qui passent, deux trajectoires séparées par un océan mais reliées par la pensée et par un même combat, même si les deux hommes ne font pas les mêmes compromis. L'un est discret, l'autre plus rebelle. L'un se marie, l'autre refuse de se cacher. Les deux souffrent. de l'incompréhension face à ce qu'ils vivent et représentent, du mépris voire du dégoût ou de la haine qu'ils inspirent.

La narration à la troisième personne, qui pose le lecteur en témoin, suit tour à tour Paul en Bretagne, Stanley à New York. Deux trajectoires parallèles dont on se demande, pendant tout le récit, si elles se rejoindront un jour. Deux destins qui illustrent la (lente) évolution de la société

Comme dans le bonheur national brut, l'auteur entremêle la petite et la grande Histoire avec sensibilité et perspicacité. Il aborde les problématiques auxquelles sont confrontés les homosexuels, et retrace avec clarté le chemin parcouru sur plus d'un demi-siècle, et le droit chèrement gagné de pouvoir enfin s'aimer librement.

J'ai été touchée par ce roman qui m'a fait penser à Libre d'aimer, de Robert Merle, qui quant à lui se déroule exclusivement sous l' Occupation et met en lumière la condition des homosexuelles dans la société parisienne et provinciale.
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Parfois, il suffit de quelques pages pour vous faire une idée de votre lecture. Ici, il m'a suffi de quelques lignes pour me rendre compte que ce roman serait un coup de coeur. Je vous raconte pourquoi !

Ce roman est en réalité une grande fresque mêlant le romanesque à la grand Histoire. de 1944 à nos jours, on suit avec envie le récit poignant de Paul et Stanley, un Français et un Américain, deux êtres qui se retrouvent bouleversés par leur rencontre à la fin e la guerre, et de leur séparation qui en découle quelques jours après..

Deux êtres qui s'aiment, deux êtres que tout oppose, deux êtres qui affrontent leur pulsion, leur désir, leur destiné dans une société fermée a leur amour. le temps passe, la société se transforme, les mentalités évoluent, le "cancer gay" fait ses premiers ravages... mais il y a des rencontres qui marquent une vie toute entière même si les années passent sans se voir... Paul et Stanley sont liés à jamais !

Comment ne pas être touché par "La vie rêvée des hommes", un roman où la lutte pour la défense des droits homosexuels est le thème principal avec en fil rouge la rencontre et les vies de deux hommes au coeur réunis mais séparés par les diktats de la société et par un océan.

François Roux arrive à nous confronter en 300 pages au rejet, à la honte, à la solitude, à l'injustice à travers ses personnages mais toujours avec une plume lumineuse. L'auteur signe ici un grand roman d'amour, de liberté, où les deux êtres restent inoubliables.

C'est poignant, c'est grand, c'est magnifique, c'est la vie, c'est un coup de coeur ! Il faut lire ce roman, et se dire que le chemin est encore loin d'être terminé..
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Nous sommes en 1944, la fin de la guerre approche, Paris est en liesse, l'espoir renaît. C'est au milieu des balles, « des vengeances, des règlements de compte entre voisins, des petites bassesses, des beaux discours, des grandes ambitions nationales et individuelles. », que Paul et Stanley se rencontrent. le premier est français, le second américain. Il aura suffi d'un seul regard, puis d'une seule semaine pour bouleverser leurs existences respectives à jamais. Sept jours, sept nuits pour que le moment « où le corps de Stanley était brutalement entré en contact avec le sien »devienne « le moment pivot » de l'existence de Paul, un souvenir impérissable pour Stanley. « La vie rêvée des hommes » raconte les années qui passent, les vies de Paul et Stanley, séparées par un océan, mais dont les âmes resteront à jamais connectées. « Il savait indubitablement qu'il allait devoir organiser le reste de ses jours en l'honneur ou au regret de ces instants, peut-être les seuls moments de vérité auxquels il ne lui serait jamais donné de se confronter. » le temps passe, et avec lui les années. Certaines sont clé, dans la vie de l'un ou de l'autre. Chacun raconte en alternance un pan de sa vie, sous le prisme d'une double vie organisée à dessein, forte d'un « arrangement mou » avec soi-même. Et pourtant, les deux hommes ne font pas les mêmes compromis. L'un est frondeur, l'autre plus discret. L'un refuse le consensus, l'autre se marie. L'un vit à New York, l'autre en Bretagne.

Si le roman s'appuie sur les destins de ces deux hommes au vent des années qui défilent, François Roux narre avant tout le combat et les luttes des droits des homosexuels, car il fut un temps où les êtres de même sexe ne pouvaient pas s'aimer librement. Il existait même un terme très pompeux, presque insultant pour les désigner : les invertis. Il était de bon ton de rentrer dans les cases de la bienséance. Les contingences sociales du schéma « classique » homme et femme constituaient la norme et assuraient respectabilité, succès, et honneur. Toute autre forme de choix jetait l'opprobre sur votre famille. Les échanges de Stanley avec ses amis ou sa famille, l'intégrité avec laquelle il tend à vivre sa vie contraste avec le secret et la clandestinité dans laquelle vit Paul.

Outre l'approbation sociale qui constitue une grande partie du roman, l'auteur s'est surtout attaché à entrer dans le coeur de ces hommes, à démontrer avec quel acharnement l'esprit et l'âme se combattent et se déchirent, combien il est difficile d'être en harmonie avec soi-même lorsqu'on est tiraillé entre ses émotions et les conventions sociales, de s'octroyer le droit d'aimer l'autre comme une « légitimité concevable ». En 1950, à travers le personnage de Paul, qui choisit de dissimuler ses bouleversements intimes derrière le mariage, le lecteur prend la mesure de cet insoutenable sacrifice qui consiste en une totale abnégation de son être profond. En 1954, à travers Stanley, il est possible de s'approcher au plus près de la difficulté des relations père-fils. « Toute ma vie j'ai tâché de raffermir la mollesse de votre caractère, de réformer certains de vos comportements qui m'apparaissent inadéquats. Si j'ai pu être dur envers vous, cela a toujours été dans le souci de vous écarter de… vos inclinations naturelles. ». L'incompréhension de l'autre, voire le dégoût, l'indifférence, l'absence de bienveillance déclenchent une haine viscérale partagée, entretenue et tenace. Nous sommes à une époque où s'offrent deux choix pour « les dégénérés récidivistes » : la castration chimique ou la lobotomie.

À travers le temps, au rythme des condamnations sociales, des ragots, des insultes, le lecteur suit l'avancée progressive, difficile, mais nécessaire, des droits en faveur des homosexuels à s'aimer librement. Ces droits sont chèrement acquis. Crimes homophobes, tabassages en règle. C'est aussi le début du Gay Power, des premières actions de Act-Up et bientôt l'arrivée du sida contre lequel on ne fait rien. « La société hétérosexuelle regardait de fait cette maladie, ce “cancer gay” comme elle le désigna, estimant qu'une part de responsabilité indiscutable en incombait aux victimes elles-mêmes. Forcément, baiser de la sorte, à satiété, sans rime ni raison, ne pouvait déboucher que sur quelque cataclysme sanitaire. Certains ressortirent le vieil étendard de la vertu, fustigeant la corruption des grandes villes américaines qu'ils assimilaient aux Sodome et Gomorrhe de la Bible et souhaitaient purger de leurs vices. »

À travers tous ces évènements historiques, le fil rouge des vies de Stanley et Paul se déroule toujours, mais ça, je vous laisse le découvrir…

François Roux m'avait déjà conquise avec « Le Bonheur National Brut » en déroulant 31 années de la vie de Paul, Rodolphe, Tanguy et Benoît parce que sa façon de mêler les petites histoires dans la grande Histoire est sensible, perspicace, lumineuse et intelligente. « La vie rêvée des hommes » procède de la même manière, en sautant des années pour donner du rythme et insister sur les moments marquants, en passant de l'Amérique à la France, en alternant les voix de Paul et Stanley. Il peint les portraits d'hommes aux caractères très différents, aux réactions différentes, aux choix de vie opposés. Il les confronte, les affronte, les met en balance, les malmène au rythme des accrochages de L'Histoire et pose le lecteur en témoin. Et la magie opère… Compassion pour les amants séparés, tolérance pour la cause, révolte devant les injustices, honte face à certaines réactions sont quelques-unes des émotions que vous ressentirez.

Hétérosexuels, bisexuels, homosexuels, l'amour, le vrai, le sincère, le profond n'a ni code, ni loi. À travers cet amour un peu fou, rare, tombé du ciel, ces deux voix soufflent les braises d'un amour qui ne s'éteint pas, malgré la vie qui passe, malgré les choix auxquels ils sont confrontés et dont ils ne sont pas réellement maîtres. L'écrivain raconte cinq-six ans de luttes pour faire cesser la « respectabilité de façade », démontre à quel point « (…) l'affirmation de soi représentait un chantier à plein temps », soutient la liberté de vivre sa sexualité « Mon cul n'a de comptes à rendre à personne. » Si le 17 mai 2013, la loi du mariage pour tous sonne comme un nouvel espoir, le combat n'est pas fini.

J'ai été profondément touchée par ce récit, car François Roux aborde avec finesse toutes les problématiques auxquelles sont confrontés les homosexuels, les choix cornéliens, les souffrances intimes inguérissables dues à des mots souvent, ou des violences parfois. Et puis… il y a cette rencontre entre deux êtres lumineux, cette histoire d'amour qui demeure dans les coeurs une vie entière… « On vit, on meurt, entre les deux il y a quelques rares moments où tout s'accorde, où les choses s'alignent, mais cela tient de la fulgurance. »

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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De l'après-guerre de 45 à l'instauration du Pacs en 1999, Paul Le français, Stanley l'américain, et beaucoup d'autres, s'engagent dans la longue bataille pour la reconnaissance de l'homosexualité, désignée dans les années 50 comme fléau social.

Par leurs parcours et leurs personnalités différentes, le lecteur s'invite dans la cruelle épreuve de vie des homosexuels confrontés à l'ostracisme social, l'intolérance et les préjugés.

Le très long combat viendra des États Unis, libérant, par le concept de communauté, la pression de la société, insufflant une capacité à s'imposer, à être libres et à être heureux.

Un roman-chronique tout en pudeur pour une histoire d'amour touchante, accompagnant des personnages à l'introspection appuyée, qui nous éclairent sur les épreuves traversées, pour le coup bien réelles, dont la plus cruelle fut l'épidémie de SIDA.

J'ai beaucoup aimé !

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Difficile d'écrire un billet quand on est si profondément touché.
Un récit d'une très grande tolérance, un parcours sur 2 hommes s'étant aimés comme peu de couple pourrait s'en vanter … de 1944 à 2000, un descriptif de ces décennies parfois embellies mais toujours juste. le regard des autres, se cacher, ne pas céder aux insultes, à l'ignorance de la famille gênée par le « quand dira-t'on ». Au mariage fictif au couvert d'une double vie faite de silence et de souffrance. Un magnifique témoignage sur l'évolution et l'acceptation de l'homosexualité dès 1969 où divers mouvements organisent des défilés de fierté et démontrent la différence et l'indifférence. Les années 80 démontrant la grande souffrance du virus du SIDA et touche énormément le milieu gay et pas que … et enfin un texte plein de retenu, sans complexe, avec beaucoup d'amour et de sensibilité. Bravo à cette magnifique histoire d'amour et d'espoir.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Avec les nouvelles dispositions sur la menace de trouble à l'ordre public, il suffisait désormais qu'un inspecteur détecte ou même soupçonne la présence d'un seul homosexuel dans un établissement pour que la direction se retrouve dans l'obligation de fermer ses portes. La durée de vie de tels endroits était de ce fait extrêmement réduite, et le bouche-à-oreille restait pratiquement l'unique manière de se tenir au courant de leur actualité.
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– On ne peut donc jamais être heureux ? hasarda Luca.
– Dans le meilleur des cas on est heureux en pointillé. On vit, on meurt, entre les
deux il y a quelques rares moments où tout s’accorde, où les choses s’alignent, mais
cela tient de la fulgurance. C’est comme pour un calligraphe : alors qu’il met de
longues minutes à concevoir mentalement le résultat du geste qu’il s’apprête à exécuter,
quand le pinceau s’abat sur la toile, c’est une question de millisecondes pour que le miracle
s’accomplisse, pour que le noir de l’encre s’unisse magistralement au blanc de la page.
C’est très exactement ce que j’ai ressenti avec Paul, un moment sublime qu’il
était inopportun de faire durer.
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On aura été peinards pendant un peu plus de dix ans, déclara un jour Harry à Luca qui l'interviewait. De Stonewall à Reagan. Avant c'étaient les flics, maintenant c'est ce putain de virus. Entre les deux, on aura baisé comme des salopes, ça au moins on ne pourra jamais nous l'enlever.
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Luca se pencha vers lui.
– S’il vous l’avait demandé, vous l’auriez suivi ?
– Il ne me l’a pas demandé, Luca.
– Paul, insista le jeune homme.
Les yeux de Paul s’égarèrent sur le paysage qui défilait à travers la vitre puis son regard revint vers Luca.
– Bien sûr que je l’aurais suivi, j’aurais suivi ce type n’importe où.
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C'est ce que des parents devraient faire normalement, donner à leur enfant l'impression qu'ils sont capables de le défendre envers et contre tout, de l'aimer, d'être fiers de lui, de l'élever, tu entends, papa, de l'élever, c'est-à-dire de le porter beaucoup plus haut qu'il ne pourrait le faire tout seul, c'est à ça que servent les parents, à faire grandir leur enfant, au sens le plus beau du terme.
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