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Critique de Zephirine


Conquise par son premier roman « Une immense sensation de calme » c'est tout naturellement que je me suis plongée dans la lecture du « Sanctuaire » et je n'ai pas été déçue.

Des raisons qui ont poussé cette famille de quatre personnes à vivre en autarcie dans une nature sauvage et retirée, on ne saura pas grand-chose si ce n'est qu'une catastrophe les a contraints de s'éloigner des villes et de se réinventer une nouvelle vie. le père, figure autoritaire et violente, régente ce petit monde, son épouse fragile et ses deux filles. C'est la plus jeune, Gemma, qui nous fait le récit de son existence dans une nature parfois hostile où elle a appris à se méfier des oiseaux et à les tuer pour éviter une possible contagion. Elle n'a connu que le Sanctuaire, ne sait rien du passé :
« Ni Papa ni Maman n'ont jamais voulu me raconter... Des bribes, rien que des bribes, à rafistoler.
Je suis née dans le sanctuaire
Pure, me dit Papa. Tu dois le rester »
Gemme vit en sauvageonne cruelle selon le désir de son père. Elle n'a que neuf ans mais sait chasser le gibier grâce à son arc.
« J'ai visé les poumons. La bête doit mourir sur le champ. C'est ce que papa m'a appris ; Sa leçon reste cuisante »
Peu à peu, on va découvrir l'intransigeance du père, sa tyrannie qu'il exerce sur sa famille. Lui seul a le droit de sortir du Sanctuaire pour des virée lointaines et secrètes, des rapines, tandis que sa femme et ses filles restent enfermées dans un périmètre défini.
« Depuis notre plus tendre enfance, Papa nous a enseigné les frontières du Sanctuaires ; leur tracé est inscrit dans notre rétine. »
Mais ce refuge érigé par le père va devenir une prison pour ces trois femmes soumises aux volontés du père. Surtout lorsque les filles découvriront les failles dans la doctrine du père et que Gemma fera une rencontre dangereuse et pourtant révélatrice d'un autre monde où on ne chasse pas les oiseaux.
Très vite, on ressent la dualité entre les personnages. A la tyrannie du père inflexible, la mère oppose la nostalgie d'un monde révolu et transmet à ses filles les souvenirs d'une époque heureuse et insouciante vécue en bord de mer ainsi que les livres rescapés de cette époque. Les filles sont très différentes, tandis que June se souvient d'avant, Gemma, elle, est vierge de ce passé, ce qui en fait la préférée de son père qui l'éduque selon ses nouveaux principes.
En grandissant, les filles deviennent conscientes d'un autre monde et la forêt devient vite une prison derrière les fûts de ses arbres.
L'oiseau, sauvage et libre, est un personnage à part entière dans ce roman noir.
Je me suis attachée aux pas de Gemma, suivant avec intérêt son apprentissage de la survie dans un monde fermé dominé par le seul homme de la famille. Nous sommes plongés dans une nature originelle, loin de toute civilisation et le talent de Laurine Roux, c'est de nous immerger dans un monde de sensations primaires, de nous faire ressentir les émotions de ces trois femmes enfermées qui vont réagir chacune à sa manière.
Ce court roman, porté par une écriture poétique, d'une puissance évocatrice, nous emporte et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Une lecture haletante qui donne à réfléchir et dont on se souvient longtemps.

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