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EAN : 9782868533616
120 pages
Le Temps qu'il fait (07/03/2002)
4/5   32 notes
Résumé :
À tracer de quoi tenir droite je penche
C'est de coucher sur le papier drôle d'expression
Et je songe au vieux sage qui disait qu'on n'a même pas à soi un nom
Et je signe ce que j'éprouve sans trop en faire une montagne de mes ognons
Que lire après Va oùVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Valérie Rouzeau, je l'ai découverte dans la revue de poésie « Décharge » et, immédiatement, j'ai été happée par son style singulier plein de fantaisie.

Le chemin de Valérie Rouzeau passe par ces poètes qui l'ont précédée et consolée, comme Robert Desnos et Guillaume Apollinaire, sans oublier le clin d'oeil à James Sacré.
« Je ne peux pas me perdre puisque graine leurs paroles tout du long et l'air du temps les renouvelle tout le temps et me pousse et me met au parfum. »
J'ai aimé cette langue inventive qui nous cueille au débotté
« Un crépuscule que je méchante à cause du matin comme du soir. »
J'ai aimé ce rythme, cet emportement vers la vie, même si elle évoque la mort à sa façon désinvolte
« …le moment n'est pas venu d'aller s'allonger sous les fleurs… »

Il y a une urgence à dire et une énergie communicative dans ces vers qu'on a envire de déclamer. le titre, laconique, « Va où » nous l'annonçait sans fioritures. Elle va où, Valérie, et surtout, elle nous emmène où ?
Dans la vie qui bruisse, et nous parle d'amour, heureux ou malheureux, et de mort,
Les mots chahutent, ça se pousse, se bouscule jusqu'à la confusion parfois, mais qu'importe puisque nous sommes bien vivants
« Et si j'ai la pensée confuse est-ce qu'elle n'est pas une preuve de notre existence à nous tous vous et moi très confusément. »
Valérie Rouzeau est une saltimbanque de la langue, elle la plie à ses désirs, la jette en l'air et la rattrape à l'endroit, à l''envers, c'est virevoltant, on ne s'en lasse pas.
« Dis-moi quel nuage cache-cache gros comme une maison ».

On n'entre pas si facilement dans la poésie de cette poète singulière, non, on doit parfois laisser infuser, ou y revenir plus tard, quand c'est l'heure pour tel poème plutôt que tel autre, sans qu'il y ait d'explication à cela (mais a-t-on besoin d'explications lorsqu'on lit de la poésie ?) Il faut faire soi-même un bout de chemin pour aller au-devant de cette poésie surprenante, quelques pas que certains ne font pas, préférant en rire ou écrire une chronique affligeante et stérile.
Pour moi, la poésie se partage et j'avais envie de partager celle de Valérie Rouzeau. Voilà qui est fait.


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Découverte de cette poétesse-traductrice , il y a quelques mois, grâce à une amie... qui à son tour m'a sollicitée pour rechercher un texte de Valérie Rouzeau... ainsi j'ai emprunté plusieurs recueils de cette artiste atypique...


Au début, poésie déroutante à souhait... des cassures constantes dans la phrase, absence totale de ponctuation...
A nous, lecteurs... de "bosser" ensuite, de lire ces poèmes à notre libre rythme... Nous retrouvons dans les différents opus plusieurs thèmes récurrents: la solitude humaine, le deuil du père, le temps qui passe, hommages constants à la poésie, à l'écriture, aux poètes admirés [Apollinaire, Robert Desnos, etc.)

"Je songe à Guillaume à Robert à leurs rimes réelles autant que d'avoir vécu d'avoir en dix-huit en quarante-cinq Leurs rimes qui consolent un peu d'amour de pas toujours
Leurs rimes leurs mots qui se croisent et s'embrassent et
se font du plat
C'est plus vrai à ma bouche que le rouge des baisers à
mes yeux que bleu ciel à mon oreille qu'une boucle
Je ne peux pas me perdre puisque graine leurs paroles
tout du long et l'air du temps les renouvelle tout le
temps et me pousse et me met au parfum
Je sens leur solitude parmi les pigeons qui ne volent plus
jamais et mes coups de pied
Je sens ma solitude jusqu'aux ailes de mon nez (p. 18)"
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Valérie Rouzeau est une exploratrice insatiable du langage poétique. Dans son univers, les mots se précipitent, affluent, se heurtent. Ils déconcertent, certes, mais attirent aussi et retiennent l'attention.

" Un vrai oiseau une authentique joie ça va où " .Elle ajoute ensuite:

" et cette question de ma peine et des plaines pleines de ma peine et de vent je la laisse en suspens" . On retrouve ici sa prédilection pour les jeux de sonorité. Les néologismes stimulants également, comme " J'avant-dirai" ou les nombreuses associations de mots insolites: " Poèmes à la chaîne j'avance bien".

Il manque pour moi cependant de l'émotion, une vibration immédiate dans les textes en prose qui constituent ce recueil, sauf dans le magnifique poème convoquant Guillaume Apollinaire et Robert Desnos:

" Leurs rimes qui consolent un peu d'amour de pas toujours
Leurs rimes leurs mots qui se croisent et s'embrassent et se font du plat".

Ce qui est sûr, c'est que Valerie Rouzeau renouvelle la poésie et nous fait entendre une voix originale, enthousiasmante. Elle dit" vivre en poésie ". Elle y réussit pleinement.
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Au début, c'est déconcertant à lire et puis on y prend goût assez vite. Déconcertant parce que ce n'est pas une prose classique sujet-verbe-complément, il faut aller chercher le sens, quêter les images, s'arrêter, relire. Et le plaisir vient à s'arrêter sur ces rébus, sur ces formules à déchiffrer. On est dans l'innatendu verbal, dans la surprise sémantique permanente. C'est raffraîchissant de lire du Nouveau !
Lire une ligne, relire plus lentement, laisser s'opérer l'alchimie des mots les mots collés mariés, jamais de virgule et attendre que se fasse une légère fusion dans le cerveau; une insoupçonnable secousse électrique sur le tracé du synapse, voyez comme ça m'inspire le Rouzeau. Les mots se répondent se répandent en sonorités, se gémellisent, il faut s'attarder, bien lire le rébus les images gueule de loup dos d'âne et peau de lapin syllabes de chagrin yeux de pluie poussière orpheline.
Le corps, les parties du corps se mélangent aux objets du monde réel. Cela évoque souvent une gamine joueuse avec les mots joyeuse d'avoir des amis, une adulte au langage encore enfant qui cultive ses impressions, le temps qui passe, le temps vécu la vie passée et même l'heures de sa mort sous son tumulus...
Bref, cette poésie qui réveille le verbe réveille la vie on a vraiment une sensation de fraîcheur, de vitesse, comme le vent dans le visage à la lecture. Les réseaux de mots mariés réveillent réaniment des champs de neurones, pulsation de l'infini dans le crâne cerveau.
Publié en 2002, ce recueil a connu un succès critique et public (10 000 exemplaires vendus, énorme pour de la poésie contemporaine). Ça m'a fait du bien de lire de la poésie, j'ai redécouvert le jeu avec les mots, elle a assoupli le langage comme une gymnastique, j'ai l'impression d'être moins raide. Un plaisir littéraire et cognitif.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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J'ai dû lire ce recueil en première, il s'agissait de l'oeuvre cursive qui accompagnait le parcours "Modernité poétique" et l'oeuvre au programme Alcools d'Apollinaire.
Certains le decrivent comme unique et original, puisque les poèmes demandent à être relus plusieurs fois pour comprendre leur sens...
Hônnetement, j'ai plus l'impression d'être face à un texte composé de mots choisis aléatoirement plutôt qu'à une nouvelle forme de poésie. Les phrases n'ont aucun sens, il faudrait d'abord avoir la présence d'un sujet, d'un verbe et d'un complément pour les comprendre. Ça en devient amusant tellement ça n'a aucun sens. J'ai essayé de faire lire ce recueil à d'autres personnes mais ils n'ont rien compris non plus. "Mais bon dieu d'yeux bon dieu d'yeux muets Bon dieu d'yeux pour toi j'avais" Essayez un peu de comprendre ça... Comment voulez-vous faire croire à un jury au bac que vous avez "adoré" ce recueil ? En tout cas j'ai conservé cette oeuvre bien précieusement dans ma bibliothèque ; nous le ressortons régulièrement pour rire un bon coup.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je pense aux personnes merveilleuses de ma vie je pense à vous mes amis vous mes inconnus innombrables je pense à Robert Desnos dont les yeux étaient des perles je pense à Rimbaud le jeune homme vert qui rougissait jusqu'aux oreilles je pense à d'Aubigné couché avec ses pistolets
Je pense aux personnes à merveille dans ma vie mes frères loin mes potes en allés mes jamais rencontrés je pense au cœur de ma mère solitaire je pense sur la tête de mon père je pense à mes aïeux en rangs d'oignons dessous la terre je pense à ma grand-mère sempiternelle qui avait le blues toujours dans sa vieille blouse
Je pense aux personnes de merveilleuse à vie je pense à leurs coups de mains je pense à leurs coups de pieds au soleil cou coupé et à baise m'encore je pense à leurs coups de reins je pense à leurs coups de dés
Je pense aux personnes qui me merveillent la vie d'hier à aujourd'hui et jusqu'au lendemain la merveille de leurs voix de leurs rires et chagrins je pense à eux longtemps je pense à eux très vite je pense à elles aussi je pense partout à lui
Je pense aux personnes dans ma vie merveilleusement je pense merveilleusement aux personnes de ma vie car je n'oublie personne personne et pas même moi je pense à tout le monde et m'y trouve comprise je pense à moi qui pense à vous et à merveille
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Je songe à Guillaume à Robert à leurs rimes réelles
autant que d'avoir vécu d'avoir en dix-huit en
quarante-cinq
Leurs rimes qui consolent un peu d'amour de pas
toujours
Leurs rimes leurs mots qui se croisent et s'embrassent et
se font du plat
C'est plus vrai à ma bouche que le rouge des baisers à
mes yeux que bleu ciel à mon oreille qu'une boucle
Je ne peux pas me perdre puisque graine leurs paroles
tout du long et l'air du temps les renouvelle tout le
temps et me pousse et me met au parfum
Je sens leur solitude parmi les pigeons qui ne volent plus
jamais et mes coups de pied
Je sens ma solitude jusqu'aux ailes de mon nez (p. 18)
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Des pages pour ne pas vivre idiote pour m'entraîner
au testament et en même temps purger ma peine
Pour aimer frères et soeurs humains réparer toute ma
méchanceté
Trouver si le silence est d'or avant qu'il devienne de
la boue
La mort ne fait pas mal qu'à l'âme si vous restez assis
longtemps sur le marbre d'un disparu cher
Autant de pensées de jetées dans le vague d'un rêve
éveillé
Un songe à répéter encore ni folle ni sage et ni françoise
Voilà pour m'apprendre à la fin pour m'exercer au jour
le jour au soleil et au jour sans jour
(p. 73)
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Nous sommes sur la même longueur d'ondes
la plupart du temps tous les deux
sous le même coin de parapluie
De plume en plume je radoucis
Le ciel a parfois la couleur d'un sucre trempé dans l'eau-de-vie
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Je vais me raccorder au tempo d'alexandre et plutôt deux
fois qu'une je vais me retaper
Journalière tous les jours je vais me rassembler ici même
en des lignes de vie d'amour de chance
Le coeur toquant réglo c'est pour tout voir en beau contre
mauvaise fortune en bodoni corps douze
Et pour les pieds dactyles et les doigts dactylos et pour
les rues courues la campagne giflée
Je vais tout ramasser comme des morceaux choisis je vais
raccommoder mes hauts avec mes bas je vais me
revenir je vais me revenir

Pour Laurence

(p. 56)
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Videos de Valérie Rouzeau (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Rouzeau
Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 26 février 2022. Un documentaire de Pauline Chanu, réalisé par Annabelle Brouard. Prise de son : Marc Garvenes et Tahar Boukhlifa. Mixage : Philip Merscher. Archives Ina : Sophie Henocq. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Photographie : Sylvia Plath en 1954. Granger-Bridgeman Images. Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston, et morte le 11 février 1963 à Primrose Hill (Londres), est une écrivaine et poétesse américaine, autrice de poèmes, d'un roman, de nouvelles, de livres pour enfants et d'essais. Si elle est surtout connue de façon internationale pour sa poésie, elle tire également sa notoriété de "The Bell Jar" (en français, "La Cloche de détresse"), roman d'inspiration autobiographique qui décrit en détail les circonstances de sa première dépression, au début de sa vie d'adulte. Sa vie, son œuvre et son esthétique poétique et littéraire sont le sujet de milliers d'études dans le monde entier. Elle publie son premier recueil de poèmes, "The Colossus", en Angleterre en 1960. Depuis son suicide en 1963, Sylvia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglophones, les féministes voyant dans son œuvre l'archétype du « génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes », les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d'un suicide annoncé.
Invitées :
Valérie Rouzeau, traductrice et poétesse, autrice de "Sylvia Plath, un galop infatigable" (Jean-Marc Place, 2003). Traductrice pour les ouvrages de Sylvia Plath "La Traversée" dans "Arbres d'hiver" (Poésie/Gallimard, 1999), "Ariel" (Gallimard, 2009). Traductrice de Ted Hughes, "Poèmes (1957-1994)" avec Jacques Darras (Gallimard, 2009) Sylvie Doizelet, romancière, autrice notamment de "La Terre des morts est lointaine" (collection "L’un et l’autre", Gallimard, 1996). Elle a traduit le recueil de Ted Hugues, "Birthday Letters" (Gallimard, coll. Poésie, 2015) adressé à Sylvia Plath. Elle a également préfacé "Sylvia Plath, Arbres d'hiver précédé de La traversée", traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau (Gallimard, coll. Poésie, 1999) Claire Fercak, romancière, autrice notamment de "Rideau de verre" (Verticales, 2007) et plus récemment "Ce qui est nommé reste en vie" (Verticales, 2020) et "Après la foudre" (Arthaud, 2021) Gwenaëlle Aubry, romancière, philosophe, autrice notamment de "Lazare mon amour" (L’iconoclaste, 2016), "Perséphone 2014" (Mercure de France, 2016) et plus récemment "Saint-Phalle : monter en enfance" (Stock, 2021) Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste. Elle a notamment conçu le spectacle "Danses nocturnes", avec Charlotte Rampling, où se rencontrent les œuvres de Benjamin Britten et de Sylvia Plath
Un très grand merci au Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir (28 place St Georges, Paris 9ème) pour nous avoir permis d’utiliser des extraits de Letters home, film réalisé par Chantal Akerman en 1984, à Sonia Wieder-Atherton et Charlotte Rampling pour l’extrait de "Danses nocturnes", spectacle conçu en 2013.
Lecture des textes et poèmes (extraits) par Odja Llorca.
Archives :
Extraits de "Sylvia Plath – The Spoken Word" (Label British Library, 2010) Interview de Sylvia Plath par Peter Orr pour la BBC (1962) Interview de Sylvia Plath et Ted Hughes pour la BBC dans l’émission "Poets in partnership" (18.01.1961) Lecture des poèmes du recueil "Ariel" par Sylvia Plath "Danses nocturnes", Sonia Wieder-Atherton et Chalotte Rampling, poèmes de Sylvia Plath et musique de Benjamin Britten
Musique : "Overturn" d'Alexandra Stréliski (album "Inscape")
Sources : France Culture et Wikipédia
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