AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782710331650
144 pages
La Table ronde (11/02/2010)
3.98/5   25 notes
Résumé :
"Dans le déferlement des messages factices, des bruits de glotte, des rengaines rhétoriques, une voix nouvelle ce n'est pas rien. Une voix vraiment nouvelle qui ne ressemble à aucune autre. Une voix qui se reconnaît d'un signe, d'un souffle, et que l'on capte à jamais, à toujours. Un tel prodige a pris depuis quelque temps le nom de Valérie Rouzeau, et c'est un prodige qui dure". Extrait de la préface d'André Velter.
Que lire après Pas revoir - Neige rienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Très belle découverte de Valérie Rouzeau avec ce recueil en deux parties : Pas revoir et Neige rien.

Dans Pas revoir, Valérie Rouzeau parle de la mort de son papa, depuis l'apparition de la maladie :
« de dans la chambre où j'ai grandi le gel a gelé l'eau de source
Je dors là, craque le plastique – dehors tout une éternité hulotte chante clair.
Avant le coucher mon père et moi chacun à un lavabo lui se trouvant jaune moi mentant que pas tellement.
Mais il était jonquille, forsythia, du tout la bonne heure du printemps.
Les beaux jours vivement (qu'il disait) vivement. »
jusqu'au fauteuil vide, « que veille son chien » et aux visites au cimetière où « mon père ne dit mot nous sommes tous les deux mais je suis la seule à avoir le vent dans les cheveux et lui est le seul à ne pas ouvrir les yeux ».

C'est tendre, drôle (j'aime beaucoup « dans le journal on a parlé de ta disparition. Il y avait ta photo mais pas de récompense ») et nostalgique à la fois.

Dans « Neige rien », elle nous parle de tout de rien, d'actualités et de la vie de tous les jours. Par exemple :
«L'éternité des souliers
C'est dans la colle qu'il pose
Tout dans la bonne pompe qui dure
Il faut pouvoir compter dessus
D'autant que l'hiver serra là
D'ici deux semelles »

Elle donne ici vraiment libre champs à sa voix si particulière, à sa façon très personnelle de construire et de déconstruire les phrases, de jouer avec les mots, leurs sonorités. Homonymie ou proximité de sens parfois, assonances et allitérations, vers embrouillés quand trop plein d'émotions, … Elle bouscule l'ordre (dans tous les sens du terme en fait) et même parfois le jeu se situe au niveau de la syllabe. Je parle de jeu, parce que je me suis beaucoup amusée à tenter de reconstruire ses petites historiettes, à y trouver un sens, j'avais l'impression d'être devant un puzzle, dont les pièces avaient été mélangées.

C'est imagé et visuel, comme ce « main montre l'heure », « la neige a ses rêves qu'elle ignore de tant tomber de ciel sur nous », … Et c'est aussi très sonore, rythmé, chaloupé, syncopé. On a l'impression de lire du jazz ou parfois du boogie-woogie, du hip-hop aussi. Bref on en a plein les oreilles.

C'est une vraie poésie du jeu et de la liberté. Inutile, je pense, d'ajouter que j'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          395
Valérie Rouzeau
Quelle découverte !
Née en 1967 "une voix vraiment nouvelle qui ne ressemble à aucune autre. Une voix qui se reconnaît d'un signe, d'un souffle, et que l'on capte à jamais, à toujours."

"Ces mots bouleversent d'autant plus fort qu'ils inventent la voix de ceux qui ne sont pas nés avec une cuiller d'argent dans la bouche ou dans le dictionnaire.
Valérie Rouzeau recycle par bribes des lambeaux de mélodies, des miettes de souvenirs, des bris d'émotions : elle ferraille dans l'or du temps".

" Il émane de cette écriture à l'oreille un charme subtil, entêtant. Un envoûtement qui tient à un vocabulaire jazzé en douceur. Chaque vers se déploie comme une phrase musicale qui, en plus de ses syllabes, n'en finit pas de compter ses résonances. " (André Velter)

Un grand merci à ma fille de me la faire découvrir.

Un plus , elle a aussi écrit des chansons pour le groupe de rock Indochine que j'apprécie particulièrement.
Commenter  J’apprécie          240
Poésie surprenante, dérangeante, curieuse... quoi qu'il en soit, interpellante.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Mon père mon père mon père en terre
au vent d'été au vent d'hiver.
Oh mon père terra terraqué je te répète
perroquet mon père mon père.
Au vent d'hiver au vent d'été en terre
entier au vent chanté.
Enfant dans les grands sapins verts
c'était toi qui sifflais soufflais enfant
dans les grands sapins blancs.
Mon père je te répète en l'air
c'est une fleur lancée assez haut.
Les deux pieds dans tes graviers clairs.
Les deux mains pour la fleur ou l'oiseau.
Commenter  J’apprécie          404
Je ne porte pas spécialement d'habits noirs parce que tu n'es plus visible.
Je peux penser à toi en bleu des jours entiers.
Te trouver des fleurs qui sortent de l'ordinaire des vases assez beaux assez lourds.
C'est difficile de t'offrir quelque chose, ç'a toujours été.
L'autre fois j'ai mis mes deux pieds dans tes grandes bottes vides et ton chien est venu avec moi.
Il pleuvait et je nageais dedans, tu avais dû garder les cailloux dans tes poches.
Et l'autre fois encore je ne t'ai pas porté spécialement de bouquet.
Commenter  J’apprécie          331
Froid le ciment froid coulé en trois dalles égales.
Trois comme infirmières pâles disant "Vous ne savez pas ? Monsieur Rouzeau est ..."
On avait traversé des prairies pluvieuses croassantes vite venir te saluer "...décédé..." toi c'est Dédé ton nom d'ami de paternel papa Dédé.
Les trois syllabes dans le désordre des infirmières toutes en choeur et bouleversées que c'est Dédé lui si gentiment si malade.
" Mais il ne s'est pas vu partir il dormait ... bercé par la pluie il s'est endormi ... a mouri ..."
Commenter  J’apprécie          120
Toi pendant ta balade main donnée
à maman chèvres belles au loin toi malade.
Toi sur ta terre natale à très petits pas qui font tout drôle.
Toi ta petite voix que couvre celle des chèvres en balaaade toi malaaade disant à maman mots secrets mots infimes de tendresse grande et comme elle belle.
Commenter  J’apprécie          160
Ce que devient ton cœur
sous les pois de senteur.
Tes mains dures et dorées
par les saisons elles changent.
Ton cœur est sous tes mains
et toi tout sous les fleurs.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Valérie Rouzeau (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Rouzeau
Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 26 février 2022. Un documentaire de Pauline Chanu, réalisé par Annabelle Brouard. Prise de son : Marc Garvenes et Tahar Boukhlifa. Mixage : Philip Merscher. Archives Ina : Sophie Henocq. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Photographie : Sylvia Plath en 1954. Granger-Bridgeman Images. Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston, et morte le 11 février 1963 à Primrose Hill (Londres), est une écrivaine et poétesse américaine, autrice de poèmes, d'un roman, de nouvelles, de livres pour enfants et d'essais. Si elle est surtout connue de façon internationale pour sa poésie, elle tire également sa notoriété de "The Bell Jar" (en français, "La Cloche de détresse"), roman d'inspiration autobiographique qui décrit en détail les circonstances de sa première dépression, au début de sa vie d'adulte. Sa vie, son œuvre et son esthétique poétique et littéraire sont le sujet de milliers d'études dans le monde entier. Elle publie son premier recueil de poèmes, "The Colossus", en Angleterre en 1960. Depuis son suicide en 1963, Sylvia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglophones, les féministes voyant dans son œuvre l'archétype du « génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes », les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d'un suicide annoncé.
Invitées :
Valérie Rouzeau, traductrice et poétesse, autrice de "Sylvia Plath, un galop infatigable" (Jean-Marc Place, 2003). Traductrice pour les ouvrages de Sylvia Plath "La Traversée" dans "Arbres d'hiver" (Poésie/Gallimard, 1999), "Ariel" (Gallimard, 2009). Traductrice de Ted Hughes, "Poèmes (1957-1994)" avec Jacques Darras (Gallimard, 2009) Sylvie Doizelet, romancière, autrice notamment de "La Terre des morts est lointaine" (collection "L’un et l’autre", Gallimard, 1996). Elle a traduit le recueil de Ted Hugues, "Birthday Letters" (Gallimard, coll. Poésie, 2015) adressé à Sylvia Plath. Elle a également préfacé "Sylvia Plath, Arbres d'hiver précédé de La traversée", traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau (Gallimard, coll. Poésie, 1999) Claire Fercak, romancière, autrice notamment de "Rideau de verre" (Verticales, 2007) et plus récemment "Ce qui est nommé reste en vie" (Verticales, 2020) et "Après la foudre" (Arthaud, 2021) Gwenaëlle Aubry, romancière, philosophe, autrice notamment de "Lazare mon amour" (L’iconoclaste, 2016), "Perséphone 2014" (Mercure de France, 2016) et plus récemment "Saint-Phalle : monter en enfance" (Stock, 2021) Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste. Elle a notamment conçu le spectacle "Danses nocturnes", avec Charlotte Rampling, où se rencontrent les œuvres de Benjamin Britten et de Sylvia Plath
Un très grand merci au Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir (28 place St Georges, Paris 9ème) pour nous avoir permis d’utiliser des extraits de Letters home, film réalisé par Chantal Akerman en 1984, à Sonia Wieder-Atherton et Charlotte Rampling pour l’extrait de "Danses nocturnes", spectacle conçu en 2013.
Lecture des textes et poèmes (extraits) par Odja Llorca.
Archives :
Extraits de "Sylvia Plath – The Spoken Word" (Label British Library, 2010) Interview de Sylvia Plath par Peter Orr pour la BBC (1962) Interview de Sylvia Plath et Ted Hughes pour la BBC dans l’émission "Poets in partnership" (18.01.1961) Lecture des poèmes du recueil "Ariel" par Sylvia Plath "Danses nocturnes", Sonia Wieder-Atherton et Chalotte Rampling, poèmes de Sylvia Plath et musique de Benjamin Britten
Musique : "Overturn" d'Alexandra Stréliski (album "Inscape")
Sources : France Culture et Wikipédia
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (53) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1210 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}