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EAN : 9782868535276
101 pages
Le Temps qu'il fait (22/10/2009)
3.94/5   16 notes
Résumé :
"Combien de fois ne m’a-t-on pas demandé d’éclairer le sens de ce “deux” ! du verbe “se douloir”, fréquemment usité au Moyen-Âge et signifiant souffrir, plus au plan moral que physique. Apollinaire l’a fait revivre dans son Guetteur mélancolique, en optant pour cette belle graphie qui donne 2 aussi. J’ai envie de suggérer aux lectrices, aux lecteurs de commencer par la fin, à savoir par la table, qui se trouve être une sorte de “comptoir” : histoire de dire que j’ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Traductrice de Sylvie Plath et de William Carlos Williams, Valérie Rouzeau est une des grandes figures de la poésie contemporaine française. S'il me fallait emprunter un mot pour parler de sa poésie, ce serait l'étonnement. "Je trouverai le titre après", "L'Arsimplaucoulis, douceur des Carpathes", "Kékszakállú", "Eden, deux, trois émoi", "Gue digue don", "Pas revoir", "Neige rien", "Vrouz" sont quelques uns des titres des recueils d'une oeuvre inventive et généreuse.

Dans son recueil Quand je me deux sous-titré "Quelques poèmes tout relativement longs [id est + qu'un sonnet] dont un en anglais, deux suites et une traduction d'Après Emily Dickinson", on découvre une écriture débridée, arythmique, comme affranchie. Les premiers textes laissent un peu pantois. Dans un texte puis dans un autre, on reconnaît les mots d'un poème, les paroles d'une chanson ou encore le titre d'un film,... Chez Valérie Rouzeau, les références à la littérature, au cinéma, à la musique sont constantes. Les mots empruntés aux autres deviennent les siens. Ils sont des matériaux qu'elle s'approprie, qu'elle recycle (son père la surnommait affectueusement La trafiquante), à qui elle donne un nouveau sens, une portée inédite.

L'écriture de Valérie Rouzeau est avant tout celle de la lecture, celle du regard porté sur tout ce qui l'entoure. Composée de jeux de mots, de néologismes, d'anglicismes, de dédicaces, de marques de produits usuels, etc. c'est une écriture qui se veut libre, ludique, qui ne cesse en parallèle d'explorer la signification des mots, les liens qui les unissent, qui créé de nouvelles interférences, des dislocations, des brisures. Valérie Rouzeau se défait des préjugés de forme et de style, elle imprime un rythme, une énergie au texte qui font toute sa particularité.

" Une file indienne d'Ivoiriens traverse avec chacun sur la
tête un colis
(un colis beau colis brocoli)
La cour où la bourrache a levé d'un parpaing creux
(Pour ses yeux c'est fête juste pour ses yeux)
Je veux dire quelque chose de moi à lui et bouleversement
Cette phrase de fourmis noires avec ses pousses de chou
vertes ou bleues qui se balancent c'est immense aphro-paradisiaque
Il n'aura pas besoin de chausser ses lunettes pour lire
mon amour."*

Le recueil refermé, la poésie de Valérie Rouzeau m'apparaît comme une réelle prouesse, une vraie performance littéraire en soi. Poésie fantasque, généreuse, toute teintée d'humour, de dérision, de gravité aussi, elle semble pourtant comme se refermer sur elle-même, comme une expérience de lecture à part, où le lecteur doit souvent reconstituer la pensée de l'auteure, chercher les références qu'il ne possède pas toujours.
Si « Quand je me deux » me paraît être de valeur un peu inégale, il a éveillé mon intérêt pour une poésie un peu hors-cadre mais qui donne toute sa valeur à la parole, aux mots, qui ouvre à une autre manière de s'ouvrir au monde.

(*) extrait de "Éden, deux, trois émoi".
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Dans la collection la petite vermillon, des textes comme on aime, écologiques, féministes, intimistes et parfois dotés d'une jolie pointe d'humour.

Et découvrir la signification du verbe "se douloir"

Parce que la poésie c'est tous les jours un peu, pour le plaisir
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S'amuser des mots ne suffit pas toujours

Dans ce nouveau recueil de poésie, V. Rouzeau a pris la parti de s'amuser des mots et des références littéraires. Qu'elle s'amuse avec “mignonne allons voir si la rose”, qu'elle détourne des expressions toutes faites comme Dites trente trois ou des titres de films comme le bonheur est dans le pré, qu'elle joue avec les mots tel que le prince qu'on sort ou qu'elle mette à bouillir l'eau qui coule sous les ponts, la poétesse compose des poèmes fins et enlevés mais finalement alambiqués. L'excès de références et de contraintes nuisent à la spontanéité et à la fraicheur des textes produits. Première petite déception avec une poetesse que j'apprécie et suit depuis longtemps.
Lien : http://xg-melanges.tumblr.co..
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De la poésie mordante, décalée qui croque notre vie de tous les jours et c'est un vrai bonheur.
Je l'ai découverte avec « Éphéméride » et de nouveau je suis tombée sous le charme de ces vers.
Vif et coloré, ce recueil de poèmes est une illustration de nos souffrances morales et physiques avec une pointe d'optimisme et d'humour.
Un extrait du poème « Trente-six chandelles » ‘
« de quoi donc les rêves sont-ils faits
Quelqu'un m'a-t-il toujours aimée
Ai-je aimé bien quelqu'un
Une fois deux fois trois fois moins quatre rien. »
À lire et relire.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Trouvé dans une flaque d'eau…



Trouvé dans une flaque d'eau de quoi infiniment
Passio passionnément longuement spéculer
Rien de spectaculaire une feuille rongée au fond
Rouge dessus la boue noire et ma tête telle une trogne
Réfléchie tel un arbre découpé sur le ciel
A la surface de l'eau de la flache spéculaire

Ma tête qui comprenait le vent les cumulus
L' œil coulant au soleil suspendu sans rayons
Pareil qu'une lune toute rouge qu'une peine très ancienne
fonde
Et encore autre chose depuis cette morte feuille
Une vieille main sur mon front rayé une main d'aïeule
Cette vieille sempiternelle main-là par temps de chien

L'asile est lunatique comme la pluie et l'amour
Tout passe par la fenêtre un chat un philosophe
Un unidentified flying object un jour
Un jour une nuit un jour que le téléphone sonne
Par la fenêtre sonne par la fenêtre dégage
Assez légèrement pour cueillir ce nuage.
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Convoquais…



Convoquais la grenouille la tortue la laitue
L’escargot l’escarpin
Volé vermeil talon pas mal
À ma mère elle aussi trafiquée par mes soins
Aiguilles et pommes de pin
Cachous crachats crachin.

Trafiquais encore napperons et mouchoirs
Je brodais me faisais mousser
D’un blaireau singulier sanglier
Mystère pater aux rideaux je grimpais
Là-haut terreur perchée en catastrrophe
Et ciré rose avec tête de minouche.

Je trafiquais idem la soupe c’était trrop louche
Toute cette tignasse d’ange qui y baignait
Avec les cubes en or en soit jeté le sort :
Cours à toutes jambes bouillon
Ou brûle mon pantalon !

Je trafiquais itou les yeux de l’ours ronds ronds
Le chiffon de poupée la passoire l’écumoire
La digitale poison nommée gant-de-renard
Dans l’Angleterre profonde comme les bottes de
     pluie
Où sautais à pieds joints les bons matins trrempés
Attraper la merveille des nuages de passage
Et changer moi pareil.

Trafiquante solitaire tout au fond du jardin ou le
     nez dans l’armoire
Les parents faisaient “ trr… trr… trr…”


p.16
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Mécanicienne en bleu parmi les digitales…



Mécanicienne en bleu parmi les digitales
Je ferai ça plus tard pas comédienne
Pas maîtresse pas danseuse même étoile
Pas voyageuse-représentante-placière ou femme fatale
Boulangère pâtissière couturière roturière
Serveuse bonne notairesse cuisinière frigidaire
Infirmière laverie lingère même si légère
Pas comme comme commerçante pas femme savante
misère
Et ni con ni concierge ni blonde ni grande asperge
Ni mother ni maman ni nourrice agrégée
Ni sœur nonne ou sainte mère prostituée
Fille à marier mariée divorcée veuve défunte
Caissière crémière banquière chameau ni dromadaire
Pas chauffeuse de taxi je réparrai ferai
Que ça roule je ferai sous l'azur déjanté
Dans le rouge des coccinelles coquelicots vibrants
Évaporés au bord des routes mécanicienne.
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LOCO GIORNO
(rail mouvi)

               À Jean le Jour, of course, et à Michel
               Fréard, Jérôme Prévost, Jean-Pascal
               Dubost, Arlette Albert-Birot, ainsi que
               l’anonyme cheminot qui se reconnaîtront



D’octobre fou jour John in Paris en gare de l’Est
     rendez-vous nous
Allons dans la Pouilleuse Champagne en haut de
     la rémoise montagne
Fucking bubbles nous nous lançons dans une
     conversation qui grise
We gave a party for the gods Zeus Apollon Diane
     Dionysos
Y étaient tous the gods all came. Comme au loto les
     numéros
Sortent un à un voici celui de notre train pour
     Charlestown
Via Épernay Reims et Rethel nous embarquons
     dans le corail
To Charleville c’est indiqué en lettres bleues
     hublots voitures
C’est toi qui ouvres la saison avec la sagesse des
     sorcières.

Sans tarder nous voici partis It’s early John watch
     à sa montre


p.20
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Ses miettes de biscuit lu…



Ses miettes de biscuit lu ses cols roulés troués ses
foulards ses fichus
Corniche quelle proue s’y l’on si juche émue
Il n’y a plus d’oiseau pour siffler dans ce bois.

Chavire en mémoire courte chêne massif lourde
     armoire
Étagères chositude
Penderie hébétude
Miroir exactitude
Dans sa plus jolie robe elle danse elle a seize ans.

C’était il y a longtemps qu’un ange passe
     maintenant
(Le meuble de mariée servit à faire du feu sitôt
     feue tata claire
Fouie sans corsets ni yeux).

p.14
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Videos de Valérie Rouzeau (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Rouzeau
Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 26 février 2022. Un documentaire de Pauline Chanu, réalisé par Annabelle Brouard. Prise de son : Marc Garvenes et Tahar Boukhlifa. Mixage : Philip Merscher. Archives Ina : Sophie Henocq. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Photographie : Sylvia Plath en 1954. Granger-Bridgeman Images. Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston, et morte le 11 février 1963 à Primrose Hill (Londres), est une écrivaine et poétesse américaine, autrice de poèmes, d'un roman, de nouvelles, de livres pour enfants et d'essais. Si elle est surtout connue de façon internationale pour sa poésie, elle tire également sa notoriété de "The Bell Jar" (en français, "La Cloche de détresse"), roman d'inspiration autobiographique qui décrit en détail les circonstances de sa première dépression, au début de sa vie d'adulte. Sa vie, son œuvre et son esthétique poétique et littéraire sont le sujet de milliers d'études dans le monde entier. Elle publie son premier recueil de poèmes, "The Colossus", en Angleterre en 1960. Depuis son suicide en 1963, Sylvia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglophones, les féministes voyant dans son œuvre l'archétype du « génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes », les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d'un suicide annoncé.
Invitées :
Valérie Rouzeau, traductrice et poétesse, autrice de "Sylvia Plath, un galop infatigable" (Jean-Marc Place, 2003). Traductrice pour les ouvrages de Sylvia Plath "La Traversée" dans "Arbres d'hiver" (Poésie/Gallimard, 1999), "Ariel" (Gallimard, 2009). Traductrice de Ted Hughes, "Poèmes (1957-1994)" avec Jacques Darras (Gallimard, 2009) Sylvie Doizelet, romancière, autrice notamment de "La Terre des morts est lointaine" (collection "L’un et l’autre", Gallimard, 1996). Elle a traduit le recueil de Ted Hugues, "Birthday Letters" (Gallimard, coll. Poésie, 2015) adressé à Sylvia Plath. Elle a également préfacé "Sylvia Plath, Arbres d'hiver précédé de La traversée", traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau (Gallimard, coll. Poésie, 1999) Claire Fercak, romancière, autrice notamment de "Rideau de verre" (Verticales, 2007) et plus récemment "Ce qui est nommé reste en vie" (Verticales, 2020) et "Après la foudre" (Arthaud, 2021) Gwenaëlle Aubry, romancière, philosophe, autrice notamment de "Lazare mon amour" (L’iconoclaste, 2016), "Perséphone 2014" (Mercure de France, 2016) et plus récemment "Saint-Phalle : monter en enfance" (Stock, 2021) Sonia Wieder-Atherton, violoncelliste. Elle a notamment conçu le spectacle "Danses nocturnes", avec Charlotte Rampling, où se rencontrent les œuvres de Benjamin Britten et de Sylvia Plath
Un très grand merci au Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir (28 place St Georges, Paris 9ème) pour nous avoir permis d’utiliser des extraits de Letters home, film réalisé par Chantal Akerman en 1984, à Sonia Wieder-Atherton et Charlotte Rampling pour l’extrait de "Danses nocturnes", spectacle conçu en 2013.
Lecture des textes et poèmes (extraits) par Odja Llorca.
Archives :
Extraits de "Sylvia Plath – The Spoken Word" (Label British Library, 2010) Interview de Sylvia Plath par Peter Orr pour la BBC (1962) Interview de Sylvia Plath et Ted Hughes pour la BBC dans l’émission "Poets in partnership" (18.01.1961) Lecture des poèmes du recueil "Ariel" par Sylvia Plath "Danses nocturnes", Sonia Wieder-Atherton et Chalotte Rampling, poèmes de Sylvia Plath et musique de Benjamin Britten
Musique : "Overturn" d'Alexandra Stréliski (album "Inscape")
Sources : France Culture et Wikipédia
+ Lire la suite
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