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EAN : 9782081417830
560 pages
Flammarion (27/09/2017)
3.71/5   63 notes
Résumé :
1677. Un groupe d’intellectuels publie à Amsterdam un livre intitulé Œuvres posthumes avec pour nom d’auteur : B.d.S. Qui se cache derrière ces initiales? Bento de Spinoza, certes... mais pas seulement. Son livre est le produit d’échanges palpitants entre les savants de toute l’Europe, de querelles entre les communautés juives et chrétiennes mal unies, d’amitiés éternelles et même d’amours déçues.

Cette fantaisie historique et philosophique, entièreme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Au début du 17ème siècle la famille de Spinoza a quitté le Portugal pour La Hollande afin de pouvoir pratiquer sa religion dans un pays où vit déjà une importante communauté juive. Bento Spinoza est né en 1632 à Amsterdam. Il sera chassé de sa communauté en 1656 pour des raisons plus économiques qu'idéologiques. Il développe en effet assez librement ses idées, bénéficiant du climat de liberté qui règne entre 1650 et 1670 dans les Provinces Unies.

La vie intellectuelle y est très riche, les idées de Descartes sont débattues, la place de la religion dans la connaissance humaine, des découvertes bouleversent les sciences et les mathématiques. Spinoza va s'éloigner de la religion, considérant que Dieu est la Nature et la cause de toute chose, que les choses de la nature sont nécessaires, que seule la raison permet de saisir la vérité et qu'elle peut s'exercer sur tout. Entouré d'amis malgré une vie frugale, il va rédiger son célèbre texte, l'Éthique, à partir d'un raisonnement mathématique et défendre la liberté de philosopher dans son Traité théologico-politique. Bien d'autres figures intellectuelles en relation avec lui sont évoquées, van den Enden, Oldenburg, Leibniz...

L'intérêt du roman de Maxime Rovere, c'est de nous peindre cette époque où nait la notion de liberté, où le développement du commerce, des sciences, de la philosophie affranchissent l'homme du discours religieux dogmatique, où les aspirations politiques commencent à vouloir s'éloigner des monarchies absolues, contexte historique de la naissance d'une oeuvre fondatrice de la modernité. Loin des clichés et des pensées figées, il nous offre un tableau vivant de cette époque autour de la figure d'un philosophe attachant car resté fidèle à lui-même, modeste bien que génial, humble dans sa contribution à l'histoire de la pensée. Un roman qui puise directement aux sources de l'histoire et de la philosophie, donc d'une lecture parfois un peu ardue mais passionnante.
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Essai philosophique qui se présente « non comme une fiction d'après une histoire vraie (ce qu'il est en première approximation), mais comme une recherche pour approcher par tous les moyens littéraires la “vérité“ d'un univers disparu. »
Dans l'Espagne puis le Portugal d'après la Reconquista, les Juifs, “convertis“ ou “marranes“, toujours persécutés, ne se sentent pas à l'aise et beaucoup émigrent. À la toute fin du XVIe siècle la famille de Spinoza part en France, à Nantes, puis, après y avoir commercé une vingtaine d'années, rejoint Amsterdam où est déjà installée une importante communauté juive. Laquelle est l'objet de querelles en partie animées par un certain Uriel da Costa qui se rebelle contre des fidélités au Livre et aux traditions qu'il juge dogmatiques et fallacieuses. le Rabbi Menasseh, qualifié de philochrétien, prendra une certaine relève dans la contestation, tandis que le Rabbi en chef Morteira se chargera de la continuité des traditions et réorganisera la Synagogue d'Amsterdam en créant le Mahamad, sorte de Conseil supérieur centralisant la Justice et les sanctions dans la communauté.
Bento Spinoza naît en 1632. Éduqué dans une institution hébraïque, une Yeshiva, il manifeste assez tôt une nette indépendance d'esprit. Celle-ci sera nourrie plus tard par des amitiés avec des personnalités comme Pieter Balling, Isaac et Simon de Vries, Jarig Jellesz, etc. Il fera la connaissance de Franciscus van den Enden, professeur de latin qui anime une école et se révèlera bien plus tard un ardent révolutionnaire décidé à fonder une république en Bretagne. Il se liera également avec Sténon, un éminent anatomiste qui reniera sa foi protestante pour devenir un ardent pèlerin catholique, ainsi qu'avec Adriaen Koerbagh, encyclopédiste et l'anglais Oldenburg avec qui il entretiendra une correspondance passionnée, enfin avec l'allemand Leibnitz.
Le XVIIe siècle découvre ou approfondit les sciences, fondamentales ou appliquées, les mathématiques, la géométrie, l'astronomie, les lois de la pesanteur, l'optique, etc. Tout cela, qui exige rigueur et méthode, devient vite incontournable, faisant de la Raison le credo de l'époque. Descartes acquiert le statut de référence absolue. Bien d'autres penseurs foisonnent en Europe.
Armés de la Raison cartésienne, Spinoza et ses amis en font le soutien de la Foi et de la Sagesse, plaçant Dieu dans leur Panthéon, mais un Dieu dont ils redéfinissent les contours. Accusé d'athéisme, Spinoza s'en défendra vigoureusement. Seulement son Dieu à lui n'est pas de chair, à l'image de l'homme, et omnipotent, mais assimilé en fait à la Nature, au monde, intégré à soi. C'est le principe absolu de l'existence.
L'ambition de l'auteur, Maxime Rovere, spécialiste de Spinoza, était de mêler des faits réels, établis, des citations - matière pour les historiens -, avec des extensions fictives, romanesques, de manière à montrer « comment la pensée trouve son chemin dans le concret d'une vie ». le résultat est animé, mouvementé même et tourne non seulement autour de Spinoza, mais aussi de ses proches, de son milieu intellectuel, de la communauté juive (qui l'a excommunié), des mouvements politiques et militaires de l'époque. Les passages “romancés“ alternent avec des considérations philosophiques continues, relevées par l'auteur dans des écrits ou des archives, ou élaborées par Rovere lui-même, comme une série de pensums, de concepts, de synthèses. Mon sentiment au terme de cette lecture est tout de même et avant tout, d'avoir lu un manuel de philosophie… masqué, et pourtant de n'avoir pas vraiment été imprégné par le spinosisme, pensée complexe appréhendée sommairement ou par bribes, et qu'il me reste à approfondir.
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Relu dernièrement et avec le même plaisir.
Ce faux roman historique est une petite merveille, il peut se rapprocher de l'écriture et l'immense culture d'un Rabelais, d'un Jean d'Ormesson.
Ce n'est pas un sot qui a écrit ce livre, mais un agrégé de philosophie, qui pousse jusqu'au doctorat, et qui continue son rêve, affine sa passion, l'incarne tout entière, grâce aux nombreux personnages du récit.
Je comprends tout à fait ce besoin de faire perdurer, voire d'éterniser un héros qui a occupé pendant de longues années son temps.
Maxime Rovere aime trop Spinoza pour le laisser dans des oubliettes, ou figé dans ses habits de philosophe amidonnés, aseptisés, tel que les exégètes l'ont sans grande imagination toujours commenté et présenté.

Alors quelle magique idée que celle-là qui permet d'aborder sous divers angles ce philosophe et son époque, ses amis et ennemis, grâce au récit émaillé de dialogues savoureux et didactiques, qui sont comme un film, une fresque, un moment digne de passer dans une émission télévisée comme Secrets d'Histoire.

Voila un pied de nez aux vieux universitaires grincheux qui ne supportent pas ce genre d'ouvrage.
Voici qui récompensera toutes ces années de travail, pour un jeune universitaire qui a cherché par tous les moyens, de poursuivre son étude, son amour pour la Philosophie, la reflexions, la vérité.
Pour tous les amoureux de la belle langue, du roman, de Spinoza, du XVIIeme siècle, de tout ce qui rend savant et heureux.
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Voilà un roman qui se démarque des autres et à plusieurs titres.

L'auteur y fait preuve d'une érudition encyclopédique étonnante. Il semble avoir tout lu sur le sujet qui l'intéresse, d'où l'abondance de titres et de dates, avec indication de la langue dans laquelle les oeuvres ont été rédigées. Il pousse sa fidélité si loin qu'il signale par des guillemets les citations et extraits de ces ouvrages, qu'il s'agisse d'un ou deux mots ou de phrases plus longues avec respect des tournures employées alors. Il en profite pour mettre à mal les clichés qui encombrent les biographies sur Spinoza, prouvant qu'ils ne reposent sur rien.

Dès lors le roman est un roman sans être un roman. Les nombreuses interventions de l'auteur dans ses pages, ses fréquentes adresses au lecteur se démarquent de la production habituelle. de même, le choix d'y inclure poèmes, chansons, pièces de théâtre, décisions judiciaires en fait un patchwork qui reflète la vie de toute une époque. Roman ambitieux donc, où figures populaires côtoient les grands noms de l'Histoire tels que Guillaume d'Orange, Louis XIV et des intellectuels tels que Descartes, Spinoza, Hobbes, Leibnitz et tant d'autres. le roman comme résurrection du passé.

Dernière originalité : l'auteur ne craint pas la difficulté et fait oeuvre de vulgarisation. Il résume en effet les différents textes qui jalonnent la vie de Spinoza et nous en donne un aperçu clair et succinct. de la sorte il met en relief tant les clivages religieux et philosophiques des Pays-Bas à leur âge d'or que l'effort de certains pour penser par eux-mêmes et se libérer du carcan des confessions religieuses (catholicisme, calvinisme, judaïsme), toutes conservatrices et répressives. C'est donc un éloge indirect de la philosophie et de la raison auquel il nous convie.

Est-ce pour autant un chef-d'oeuvre ? Non. Pour plusieurs raisons. D'abord, l'auteur a beau enseigner la philosophie, il ne maîtrise pas la langue française comme on le voudrait. Il confond ainsi refouler avec refluer, est fâché à plus d'une reprise avec l'accord du participe passé. L'unité de ton n'est pas son fort, lui qui mêle style noble et relevé avec mots crus et orduriers, ce qui a de quoi choquer esthétiquement. Enfin le drame vécu par Spinoza dans sa lutte contre l'obscurantisme n'est pas rendu de façon assez intense et saisissante.
Un très bon livre quand même, au-dessus de la médiocrité habituelle.


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« le clan Spinoza » de Maxime Rovere est un roman historique et philosophique.
C'est un roman historique qui nous raconte dans quel contexte a vécu Spinoza. Il nous plonge dans les turpitudes de la communauté juive portugaise réfugiée au Pays Bas. Il nous entraîne dans les recherches scientifiques et techniques de quelques hommes de l'époque. Il nous fait sentir le poids des religions du moment. Il nous décrit l'invasion des Pays Bas par la France avec toutes les exactions qui en ont résulté.
Tous les faits sont avérés, issus d'archives consultées par l'auteur. Mais la manière de nous les faire partager est bien celle d'un roman, avec des dialogues, de l'action, des chapitres courts, rapides. On y rencontre de nombreux personnages qui ont côtoyé Spinoza.
C'est aussi un roman philosophique dans lequel nous assistons aux échanges d'idées entre philosophes, scientifiques et théologiens. On découvre que les échanges sont parfois violents, que les personnes ne sont pas toujours très rationnelles.
Progressivement on approche des idées philosophiques de Spinoza. En vérité on comprend qu'elles sont complexes, difficiles à saisir. Spinoza procède par un raisonnement mathématique avec au départ des définitions puis de la logique. Si vous avez ouvert son « Ethique » vous verrez qu'on est dans un grand niveau d'abstraction.
Un des intérêts c'est que l'auteur nous montre un Spinoza bien différent de l'image qu'on nous en donne.
Ce n'est pas un homme seul, il est entouré d'amis, il échange avec de nombreuses personnes.
C'est à travers tous ces échanges, que Spinoza provoque parfois, demandant des critiques sur son travail, qu'il construit progressivement sa philosophie.
Sa philosophie n'est pas une simple philosophie de la joie comme on pourrait le croire à lire certains auteurs de développement personnel. Non c'est plus complexe, je ne saurai le dire très clairement, je préfère renvoyer aux deux citations que j'ai données.

L'écriture et le style simple rendent le livre facile à lire. Pour autant il faut du temps pour en venir à bout. Il est long, foisonnant, mais je l'ai trouvé passionnant.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
25 janvier 2018
Sur la vie de Spinoza, on a beaucoup écrit et spéculé — particulièrement pour expliquer son exclusion de la communauté juive. M. Rovère rouvre le dossier et en propose une version à la fois originale et romancée.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Exister, c'est précisément s'arranger avec le désordre et les contradictions. Il s'agit là d'un exercice d'équilibriste que nous faisons pour ainsi dire en permanence... Et que nous réussissons tous, avec plus ou moins de succès.
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Au cours des quinze dernières années (2001-2016), des dizaines de chercheurs et de chercheuses travaillant partout dans le monde ont tiré de l'oubli des figures jusqu'alors peu connues. Les archives, les correspondances, les manuscrits, les livres imprimés, ayant acquis sur Internet une disponibilité jusqu'alors inédite, ont permis aux historiens d'étudier ce que les précédentes biographies de Spinoza laissaient seulement deviner : la présence a ses côtés d'hommes et de femmes exceptionnel s, dont les élans sont inséparables des siens.

Préambule
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Sur ces fondements, la posture d'un sage ne peut plus être l'immunité affective, encore moins le retrait, car un être humain exempt de passions est une contradiction dans les termes. Il serait donc souhaitable que les philosophes et les historiens renoncent au fétiche coloré d'un Spinoza solaire, souriant, apôtre de la joie et du désir, car cette représentation du sage est précisément celle que l'"Ethique" veut détruire. Un sage, selon cette philosophie, est un humain qui tache maladroitement (c'est à dire avec des méthodes qu'il doit bricoler et adapter aux terrains) de transformer rationnellement les passions en des forces actives, capable de perfectionner leur efficacité.
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Conformément à la Loi, le Mahamad a frappé Menses de hérem pour bigamie caractérisée, et le dévergondé a accepté la repentance. Aj mais, mon coquin les conditions sont sévères : malcut e casadinho, autrement dit flagellation avec prosternation. Abraham Menses est contraint de lire en public un texte de rétraction; puis il reçoit trente-neuf coups de fouet, attaché à un pilier de la synagogue; puis il doit s'allonger sur le parvis donnant sur l'un des canaux les plus fréquentés d'Amsterdam, pour que les membres de la congrégation l'enjambent les uns après les autres, manière de le fouler aux pieds symboliquement.

Les Enfants de l'Histoire
*Mort d'un Marrane
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Pourtant, la mort n’emporte pas si facilement un philosophe. Spinoza a soutenu que l’on meurt seulement au sens où l’on s’imagine vivre – au sens où nous croyons que vivre consiste à se mouvoir, à respirer, à avoir conscience de soi, à opérer certaines fonctions organiques, etc. Mais ce n’est pas seulement cela, vivre. C’est aussi, c’est même, essentiellement, participer d’un enchaînement éternel de causes et d’effets qui font varier à l’infini une seule et même substance. Vivre, c’est précisément s’inscrire comme une variation singulière dans cette réalité mobile et immuable, dont les articulations dépendent de règles si complexes qu’on peut les dire à la fois ordonnées et désordonnées, constantes et chaotiques.

p. 516
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Videos de Maxime Rovere (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maxime Rovere
"Le livre de l'amour infini" de Maxime Rovère émerge comme une oeuvre singulière et se fait remarquer parmi les nouvelles sorties. Au coeur de ce roman philosophique se trouve la vie d'Apollonios de Tyane, un éminent penseur grec du premier siècle de notre ère.  L'ouvrage met en lumière les défis de la vie intérieure, notamment à travers le personnage de Damis, disciple d'Apollonios, aux prises avec les tourments de l'amour pour Psyché. Dans un monde où les passions et les attachements entravent souvent le chemin vers la sagesse, la notion de détachement se révèle cruciale. Cependant, cette quête est constamment mise à l'épreuve par des forces extérieures, telles que la politique tyrannique de Néron, qui entrave la transmission de la sagesse.
La mort, omniprésente dans la philosophie d'Apollonios, est également explorée avec profondeur. Pour cet héritier de la tradition pythagoricienne, la mort n'est pas une fin en soi, mais plutôt une étape nécessaire à la perfection de l'existence.
Le roman nous emmène également dans un voyage à travers l'histoire et la géographie, à la découverte des sagesses de l'Inde, de la Grèce et de l'Afrique noire.  Pourtant, malgré son titre évocateur, "Le livre de l'amour infini" n'est pas un manuel de développement personnel ordinaire. Il ne promet pas une quête facile vers un amour infini accessible à tous. Au contraire, il souligne l'exigence et le caractère collectif de cette quête, où l'amour infini est synonyme d'un exercice constant visant à atteindre la sagesse.
+ Lire la suite
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