Citations sur Le musée des avenirs possibles (33)
Oh, désolé au fait pour ta chienne bâtarde. Laissant juste assez d'espace entre chienne et bâtarde.
C'est qu'il y a ce sentiment, cette intuition. Qu'il y a peut-être des endroits dans ce monde qui n'ont pas l'intention de vous aplatir, de vous écraser entre le ciel et la terre. Le monde devient plus petit ; même Lani s'en rend compte, même d'ici. Ou ce sont les espaces entre les gens qui s'amenuisent, les distances. Qui se resserrent.
C'est le livre d'or officieux de la ville, tout gribouillé de tags, de codes postaux, de qui était là en 74, 78, 83, et de qui susse ta bitte, avec son numéro, peut-être plus en service.
Elle avait vu Trina la porter une fois, la robe, vu ce que ça lui faisait. En qui ça la transformait. Il avait fallu une bouteille de bourbon volée et un devoir d'anglais pour la lui soutirer ce soir. Ça les valait, estime Lani, se regardant dans l'étroit miroir fixé à la porte de sa chambre, se tortillant un peu, comme quand on danse sans vraiment y mettre du sien.
Bombes et mortiers, comètes, fusées. Comme le tambourinement de la pluie sur le toit de la voiture, toutes ces choses perdues à jamais, toutes ces choses qui n'auront plus jamais rien de bon. Regarder le ciel virer au jaune cendré, retenir la lumière et l'étaler au-dessus de la plage comme une vieille couverture. Suffocant.
Tant qu'elles gardent certaines distances de sécurité, elles sont bonnes amies. Lorsqu'il y a deux cents kilomètres d'autoroute et un bon morceau d Melbourne entre elles, sa sœur est la meilleure personne qu'elle connaisse.
Ces verrous de merde ; [...]. Ils n'empêchent jamais personne d'entrer, ils vous ralentissent juste assez pour laisser le temps à ceux qui sont de l'autre côté de remonter leur culotte.
Ça ne change strictement rien, de te détourner de la sorte, ça ne te fait pas taire ce hurlement qui parfois monte en toi. Cet écho sourd dans ton sang, provenant d'un lieu inconnaissable. Ce bruit de grandes ailes, de roues en fer grinçant sur une route d'argile.
Il y a quelque chose que ton cerveau ne veut pas que tu regardes, qu'il a tout intérêt à ne pas voir. La queue de quelque chose de terrible qui disparaît au coin d'un mur. Qu'est-ce qui se cache là-dedans ? Qu'as-tu donc si peur de regarder ? Mais tes ongles s'enfoncent dans tes paumes avant que tu ne puisses le suivre. Dès que l'ombre d'un souvenir pointe le bout de ses moustaches, tu te carapates dans le coin de ta cage.
Ça demeure un mystère pour moi, ta douceur et sa férocité. A l'époque. Mais à un moment, durant l'intervalle, elle a dû dépenser toute sa colère, aller l'épuisement. La consumer intégralement comme un produit à combustion rapide, brûlant, qui lance de hautes flammes aveuglantes puis s'éteint, sans fumée.
Tu te demandes quand ta vraie vie va commencer. Tu te demandes à quoi toute cette aménité t'a menée.