Je veux rendre hommage à ce beau recueil de poèmes de
Claude Roy, je veux rendre hommage à ce poète magnifique, qui, selon moi, n'est pas assez mis en valeur, pas assez lu ni reconnu.Un homme érudit, brillant, mais simple, mais passeur de mots délicat et sensible, attaché aux petits moments magiques du jour, aux étincelles du matin, à l'amour pour sa femme Loleh, à la fugacité du temps...
Ce temps qui devient fragile , à l'épreuve de la souffrance et de la maladie.Car les poèmes publiés dans ce recueil , de 1978 à 1986, ont été pour beaucoup écrits lors de ses séjours à l'hôpital ou en convalescence.On comprend alors que la course du temps, l'insomnie de ses nuits blanches et angoissantes soient fort présentes à travers ses vers.Mais le poète, grâce aux mots, essaie de transcender ce temps suspendu et précaire, même si certains mots témoignent de son désarroi: " Il faut marcher avec précaution dans ces images
éviter dans le noir l'envie soudaine de pleurer"
Les thèmes chers à
Claude Roy se retrouvent ici, plus gravement , plus profondément.La nature , en particulier l'eau et le vent, les amis, la femme aimée sont au coeur de tout et aident l'homme blessé à retrouver des forces.
" Je suis simplement content d'être là avec toi
de marcher près de toi dans l'herbe entre les arbres
Plus je me sens rétrécir de l'écorce et du temps
plus la vie est vaste plus le monde est grand"
"
A la lisière du temps", quel joli titre ! La lisière, cet espace ténu, indéfinissable entre la vie et la mort, entre hier et aujourd'hui, entre ombre et lumière...
"Quand on marche le soir,
à la lisière du temps
il monte soudain une bouffée d'enfance..."
En lisant ces poèmes, c'est une pleine bouffée d'émotion qui jaillit et me berce, indéfiniment...