Lory Roy nous plonge au coeur d'une banlieue américaine de la classe moyenne blanche, à la fin des années 50. Ses trois héroïnes : Malina, Julia et Grace vont nous raconter leur quotidien. Ces femmes vouent leur vie à être des épouses, des mères, des voisines parfaites. Tenues repassées, coiffures tirées à quatre épingles, petits plats mitonnés, ventes de charité organisées au millimètre près. Pas de place à l'imprévu. Les blancs avec les blancs dans des quartiers réservés aux blancs et les noirs avec les noirs le plus loin possible des blancs. Ainsi s'écoulent les jours dans cette banlieue paisible.
Jusqu'au jour où une jeune fille noire est retrouvée morte. Cet incident ne génère aucune compassion de la part de cette communauté blanche mais une inquiétude égoïste de tous les instants. En revanche, quand Elisabeth Simansky, leur voisine, jeune handicapée mentale disparaît, leur monde s'écroule. Les recherches s'organisent, chacun joue son rôle à la perfection mais toute cette agitation ne parvient pas à maintenir les apparences : les secrets se fissurent, les masques tombent.
Dans un climat de tension psychologique maîtrisé, l'auteure dépeint là une société qui perd ses certitudes, effrayée par une mixité raciale qu'elle rejette, accrochée à une vision du mariage et de la famille complètement rétrograde. le clivage homme-femme et blancs- noirs, est très bien rendu.
Les personnages sont dessinés avec délicatesse, le ton employé est sans concession, les faux-semblants sont légion, l'ambiance rétro est parfaitement restituée. Ce roman noir au suspense étouffant m'a beaucoup plu.
Seule la fin m'a un peu déçue… j'aurais aimé plus de révélations. Je n'en dirai pas plus.
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A lire pour l'atmosphère tendue.
Sous ses allures de roman policier , ce livre aborde pas mal de sujets: condition de la femme, rascisme...
On est en 1958 , à Détroit. L'athmosphére paisible de la ville se dégrade. Les usines ferment, et les jours de paie, les épouses sont fébriles, certaines jeunes filles de la communauté black voisine viennent "distraire" leurs maris.
Derrière les façades lisses des pavillons, les parfaites épouses laissent tomber le masque et s'inquiètent.
Julia ne se remet pas du deuil de sa petite fille.
Malina (la reine de l'organisation des ventes de charité) ,se ronge les sangs: elle n'est jamais assez mince , jamais assez jeune, jamais assez parfaite pour son mari qui rentre de plus en plus souvent de l'usine avec" l'odeur d'une autre", quand il ne lève pas la main sur elle.
Grâce en est à son 8° mois de grossesse et s'alarme des bris de verre qu'elle trouve à coté de sa maison..
.La tension monte entre les différentes communautés
Quand une jeune fille noire est retrouvée morte, ça ne fait pas beaucoup de bruit . Mais ,quand Elisabeth , leur voisine, jeune handicapée mentale disparaît , c'est toute la communauté blanche qui se mobilise. Patrouilles , ravitaillement alimentaire, ,logistique : tout le monde s'active ; homme, femme, chacun joue son rôle...
Un à un les masques tombent , mais dans l'intimité des maisons ...
C'est un polar implacable, subtil , économe, nerveux et psychologique au charme délicieusement rétro et suranné.
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