A l'Ombre des Érables . . .
Ce que nous avons étudié à l'ombre des érables, c'est surtout la pensée de nos écrivains, c'est la vie ardente qui s'exprime dans leurs discours, dans leurs poèmes, dans leurs oeuvres, et qui fait ainsi paraître les énergies neuves, vigoureuses, parfois puissantes, quelquefois inexpérimentées, de l'âme canadienne.
Mais à l'ombre des érables, il nous a semblé plus d'une fois que nos écrivains, nos poètes, nos orateurs, nos historiens, nos romanciers étaient eux-mêmes la forêt nouvelle qui chaque année se multiplie, s'accroît, grandit sur les sommets de notre vie nationale ; et c'est, en vérité, à l'ombre immatérielle de cette forêt, par la multiple voix de ses ramures, que nous avons entendu parler, chanter, s'exprimer l'âme de notre race.
Le 11 juin 1918 décédait, à Saint-Jean-Deschaillons, le plus sympathique et le dernier survivant des poètes de l'école de 1860, Pamphile Le May. Trois jours après le 14 juin, au cours d'une matinée de printemps fleuri, l'on déposait au cimetière du village les restes du vieux barde. A quatre-vingt-un ans et cinq mois, le poète reposait enfin dans cette terre de Lotbinière qu'il avait si fidèlement aimée, dans ce coin de province dont il avait chanté la douceur et les rustiques plaisirs.
Je regardais au ciel, dans les longs soirs d'automne,
Ces aspects merveilleux qu'un soleil couchant donne
Aux œuvres sublimes de Dieu.
Je regardais la nue avec sa longue frange
Flotter, comme un navire à la structure étrange,
Dans un vaste océan de feu.