AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 867 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour où commencer ? Tout est tellement intriqué, la chronologie explosée... Elle suit le fil des souvenirs de Rahel, Indienne revenue au pays, dans son village d'enfance après avoir appris que son jumeau, Estha, était revenu sur les lieux du drame. du drame de leur enfance, qui a tué leur vie d'adulte. du drame qui leur fit perdre leur mère et un homme qu'ils ont profondément aimé, comme un père. Par jalousie et arriération.
Le roman de Roy met en évidence une certaine Inde : castes, saleté, condition des femmes. Mais aussi certaines constantes universelles : enfance, amour impossible (mais...), retour de bâton de l'Histoire (ou de l'homme ?), intimidation et chantage des adultes envers les enfants, racisme... C'est souvent triste, à la limite du désespéré, mais jamais larmoyant : des traits d'humour discrets et désespérés viennent sauver temporairement les jumeaux qui tentent de survivre entre les aspirations contraires des adultes qui les entourent. Mais le Saccage, annoncé depuis le début adviendra, violemment, truqué.
Cependant le roman se termine sur une belle scène, un petit message d'espoir. Demain est toujours possible.
Commenter  J’apprécie          462
L'histoire se passe au Kerala, partie assez riche de l'Inde, chez des chrétiens "touchables". Deux jumeaux, un garçon et une fille (de faux jumeaux en conséquence) vivent une enfance à peu près heureuse auprès de leur famille maternelle jusqu'à ce qu'ils soient séparés par une tragédie : le garçon retourne chez son père et la fille demeure auprès de sa mère. La jeune femme, de retour dans son pays, retrouve son frère et évoque le passé.
Ce terrible roman nous donne un aperçu de la société indienne de la fin des années soixante et de son évolution toute relative. La condition féminine est déplorable, les femmes divorcées ou séparées sont ostracisées, les enfants soumis à un autoritarisme parfois absurde, les préjugés sont omniprésents. Je ne savais d'ailleurs pas qu'il existait des chrétiens intouchables.
L'autrice nous décrit avec pittoresque les divers membres de cette lignée de petits entrepreneurs, l'amour inconditionnel de leur malheureuse mère, l'affectueuse grand-mère "confitures", l'oncle amoureux éconduit, la vieille tante aigrie,... Les personnages sont prisonniers des conventions et de leur désir d'imiter à tout prix le mode de vie des anglais, ainsi que de leur servilité envers eux.
La mythologie hindoue tient une large place dans ce récit (d'où le titre).
J'ai aussi apprécié les belles descriptions des différentes sortes de vêtements des femmes et des hommes de ce pays.
J'ai trouvé ce livre un peu moins complet que "L'équilibre du monde" sur le même sujet que j'ai lu après (cf. ma critique) - d'où le demi-point en moins - et légèrement embrouillé mais il reste intéressant pour la connaissance de l'Inde et de ses habitants. de plus il est bien écrit et bien traduit, autant que je puisse en juger.
Par ailleurs, la fin du roman m'a choquée (l'ai-je vraiment comprise ?)
Commenter  J’apprécie          311
C'est un roman dans lequel il n'est pas facile d'entrer.
Tout au début semble confus.
Pas de repères temporels.
Des noms indiens difficilement mémorisables.
Une famille assez compliquée dont on peine un bon moment à se rappeler qui est qui.
Bref, un flou artistique qui fait travailler les méninges.
Heureusement, le fil conducteur, ce sont deux enfants, deux jumeaux dizygotes.
Rahel, la fille et Estha, le garçon.
Tout au long de la lecture on sent qu'un drame a frappé la famille.

Plus on tourne les pages et plus on se prend de passion pour cette histoire.
Les phrases se succèdent comme des vagues qui déroulent les souvenirs.
Le langage de jumeaux, les rituels de certains personnages forment parfois une mélopée poétique, parfois une ritournelle réjouissante.

C'est un roman d'ambiance.
Ambiance de l'Inde, de son climat, de ses traditions, de ses castes, de ses religions.....
C'est un roman familial qui montre antre autre l'importance des paroles et des actes des adultes sur le développement d'un enfant.
C'est un roman d'amour
C'est un roman d'une grande poésie.
C'est un roman unique à l'écriture envoûtante.

Bien qu'il soit long, j'aurais aimer continuer encore avec Rahel et Estha.
Commenter  J’apprécie          263
Quel grand roman... que je viens de relire (suite à une formation en littéraire indienne) après... 25 ans ! Je me souviens l'avoir beaucoup aimé à l'époque, mais mes souvenirs s'arrêtaient là. Je le découvre donc avec un regard neuf et suis subjuguée. le style fulgurant, les descriptions ciselées, le vocabulaire chatoyant, l'humour subtil, la sensibilité lumineuse et l'infinie tendresse pour les personnages, si petits et insignifiants soient-ils... les Petits Riens, deux enfants et un intouchable unis par une amitié limpide et merveilleuse, dont le destin bascule à jamais parce qu'il y a des lois, et que celles-ci décident qui on peut aimer et qui on ne peut pas aimer. Les personnages du roman sont prisonniers d'un ensemble de règles comportementales et sociales particulières, propres à l'Inde et confinés dans des rôles et des liens imposés par une société hiérarchisée. Les Petits Riens, pour échapper à la violence du monde adulte qui les menace sans qu'ils en comprennent la complexité, provoquent un drame qui bouleversera définitivement leur vie et celle de leur entourage. Vingt ans plus tard, marqués au fer rouge, ils se retrouvent là où l'innocence de leur enfance s'est fracassée. Un portrait de l'Inde tout en contrastes, lumineux et sombre, doux et cruel, drôle et violent. Un roman grouillant de personnages secondaires, souvent drôles, qui se débrouillent comme ils peuvent pour vivre ou survivre dans ce pays flamboyant. Un roman tissé des petits riens qui font une vie, mais aussi traversé par de grandes questions sur l'amour, l'identité, la liberté, la famille, la place des femmes, les castes. Un tout tout grand roman.
Commenter  J’apprécie          182
J'avais lu ce roman à sa sortie en 1997 et il m'en était resté un fort sentiment de malaise ... Relecture aujourd'hui et toujours la même impression : c'est dur.
Ce roman décrit la vie des membres de la famille Ipe, riche famille anglophile vivant dans la ville d'Ayemenem, dans l'état du Kérala, situé le long de la côte ouest dans le sud de l'Inde. le roman se déroule dans deux dimensions temporelles : une première série d'événements tragiques pour la plupart se déroulent en 1969.
Vingt-trois ans plus tard, on retrouve Rahel, la jumelle d'Esthappen devenue adulte, qui revient à Ayemenem, sur les lieux des drames de leur enfance, pour retrouver ce frère inséparable qui avait été « Retourné à l'Envoyeur » après les circonstances tragiques de 1969.
L'intrigue est finement construite, sous la forme d'un puzzle à reconstituer.
Transgressions, les castes, l'archaïsme d'une société, mysogynie, féminisme, écologie, ... Beaucoup de thèmes sont brillamment évoqués dans ce roman qui est à savourer.

Commenter  J’apprécie          182
"Le vide d'un jumeau n'était que le pendant du silence de l'autre".
Le Dieu des Petits Riens évoque le drame qui a touché deux jumeaux "dotés d'une identité commune" et les a séparés enfants, à savoir les évènements qui ont entouré la noyade accidentelle de leur cousine Sophie Mol.
Rahel et Estha (fille et garçon à moitié hindous) se retrouvent vers la trentaine, très perturbés l'un et l'autre, et les souvenirs (ces petits riens ressentis par l'un et vécus par l'autre) remontent à la surface. Leur mère, divorcée de leur père alcoolique, obligée (dans le passé) de revenir habiter chez ses parents aristocrates indiens anglophiles (et abusifs) et sa tante (la perfide Baby Kochamma), a vécu une passion interdite avec un "intouchable" Vélutha.Les circonstances vont s'enclencher pour précipiter plusieurs destins vers la mort, la violence, le rejet, le mensonge ou la folie.
L'auteur Arundathi Roy aborde (avec brio) dans ce (premier) roman bouleversant le thème des castes en Inde, du protectorat anglais elle situe le Dieu des Petits Riens sur une page d'histoire (la révolution indienne) et de la gémellité.Elle dénonce la pédophilie.
Elle manie l'ésotérisme pour évoquer "l'âme commune" de ces jumeaux et leurs perturbations psychiques.Leur complémentarité est évidente et l'un se "retire du monde" alors que l'autre "part à la dérive".Leurs caractères sont bien rendus ainsi que le déchirement de leur séparation.
L'écriture,très poétique par endroits, imagée (le fleuve a des "crocs") dépayse et nous entraine très loin là où "les corneilles se gorgent de mangues sucrées" mais où l'homme et l'enfant restent souvent assoiffés d'amour.
Le Dieu des Petits Riens a obtenu le Booker Prize en 1997. Ce roman m'a évoqué Les montagnes bleues de Yanne Dimay (pour sa belle histoire d'amour située en Inde) et Jumeaux (bien qu'il s'agisse de jumeaux japonais) d'Anne Thiollier (qui montre leur relation ambivalente)
Commenter  J’apprécie          180
Connaissez-vous les Kathakali? Ce sont des danseurs indiens qui incarnent par leur mouvements et costumes de longues histoires qu'ils portent en eux leur vie durant pour les offrir aux Dieux et aux hommes. En lisant le Dieu des petits riens vous connaîtrez leur funeste destin, sacrifié sur l'autel du tourisme, vous connaîtrez un peu mieux l'Inde et son rapport aux castes, au statut de la femme,... mais vous connaîtrez aussi un peu mieux Estha et Rahel. Des jumeaux séparés trop tôt par une tragédie que l'on ne comprend que par bribes. Car, telle les Kathakali, l'autrice est en totale maîtrise de sa danse, elle virevolte entre les âges, se pose négligemment sur l'épaule d'un de ses personnages pour mieux bondir sur les genoux d'un autre. Elle s'attarde sur de menus détails ; ici un dé à coudre, là-bas un papillon. Sa danse devient un tableau que l'on ne voit que par fragments avant de s'éloigner pour en contempler l'ensemble. Saisissant, poignant, incarné, ce roman exigeant par sa construction, porte en lui l'innocence et l'injustice, l'amour et la violence et l'art de les mettre en forme.
Commenter  J’apprécie          132
Ce livre est un puzzle, mais un puzzle extrêmement bien construit. On voit évoluer les personnages à diverses époques de leurs vies, sans jamais être perdu. J'aime le procédé de l'auteure qui distille très adroitement tout au long du roman, les informations, quelquefois de vagues sous-entendus, puis parfois les allusions se font plus précises allant jusqu'à nous révèler un fait essentiel des drames qui vont se jouer. Cela ajoute au mystère et aiguise notre curiosité. J'ai trouvé poignant de voir dévoiler à un moment le destin des personnages, puis de revenir à une époque de leur vie où bien sûr ils ne se doutent de rien...Cela ajoute à l'émotion et à l'attachement qu'on éprouve pour eux.

J'ai aimé le regard ironique et le ton sarcastique de l'auteure. C'est un roman passionnant, fort, émouvant, foisonnant (tout ce que j'aime !). Il y a de beaux portraits de personnages principaux et secondaires, des anecdotes sur leurs parcours etc. Chez les jumeaux, qu'on sent à part dans cette famille dès le début, il y a une fraîcheur et une naïveté qui sont très touchantes, ils sont singulièrs et attachants.

Commenter  J’apprécie          120
Comme dans les tragédies grecques, on sait déjà tout dès le début : les jumeaux Estha et Rahel, la trentaine, se retrouvent, encore traumatisés par un drame vécu à l'âge de 8 ans : la mort de leur cousine Sophie, l'ostracisation de leur mère et leur séparation. La lecture va nous permettre de découvrir comment tout cela s'est déroulé et d'obtenir des détails et explications.

A l'image du chaos des souvenirs qui affluent dans le désordre dans les esprits des jumeaux et des souvenirs, des scènes de différentes époques se succèdent de manière en apparence aléatoire, mais bien sûr en réalité savamment ordonnée pour nous dévoiler les ressorts de l'intrigue au fur et à mesure. S'il est au départ difficile de se repérer parmi tous ces personnages et ces différents stades de leur vie, de comprendre quand et où on est, tout s'éclaire assez vite et on finit par s'y repérer, le procédé de l'autrice réussissant parfaitement dans son objectif de nous donner encore davantage envie de tourner les pages pour comprendre ce qu'il s'est passé.

Le style inimitable d'Arundhati Roy est à mes yeux la principale qualité de ce roman. Tout en nous dépeignant une tragédie (un drame familial dans un contexte politique et social tout autant dramatique), l'autrice parvient à nous arracher sans cesse un sourire grâce à son talent pour se glisser dans la peau et dans les pensées de ces enfants un peu originaux et à son style sans cesse humoristique et ironique. Les incompréhensions de Rahel et Estha de certains éléments du monde des adultes, le ridicule des conventions sociales auxquelles se heurtent les velléités d'indépendance de leur mère Ammu, l'oncle Chacko, un « bobo » ancien Oxfordien qui se croit proche du peuple, la grand-tante vieille fille soucieuse des on-dit… personne n'est épargné, et tous sont ridiculisés tout en ayant (pour la plupart) un côté attachant.

L'histoire de cette famille bourgeoise se mêle à celle de l'Inde de la seconde moitié du XXe siècle, dans un contexte de révolte sociale et surtout de système de castes. Et c'est aussi cela qui fait toute la richesse du livre d'Arundhati Roy : nous faire découvrir et nous sensibiliser à l'horreur vécue pendant des années par les « Intouchables », dont un des membres, Velutha, est un des protagonistes principaux de la tragédie du roman.
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre m'a paru extraordinaire à plusieurs titres. Il se déroule en Inde, dans l 'État du Bihar (Kerala), dans la ville d'Ayemenem. La mousson est là, noyant le paysage, grossissant les eaux du fleuve, frappant de ses bourrasques les volets de la villa décatie de la famille Kochamma. Dans la maison presque assoupie, que la vie a déserté, il n'y a que la propriétaire, la vieille et obèse Baby Kochamma, sa servante, et les deux petits-neveux de Baby, les jumeaux Rahel et Estha. Ce dernier a été renvoyé auprès de sa famille maternelle car son père s'apprête à émigrer en Australie et il ne saurait que faire d'un jeune homme mutique et absent. Rahel a quitté les États-Unis et un mariage raté pour retrouver un frère dont elle a été séparée depuis vingt-trois ans.
Tout d'abord, il y a le récit étrange, envoûtant de la vie des jumeaux Rahel et Estha, dans la maison de leur grand-mère, Mammachi, au moment de l'arrivée, à Noël, de leur cousine Sophie Mol, en décembre 1969. Ils sont âgés de huit ans et attendent l'arrivée de la fille de leur oncle Chacko, qui vient d'Angleterre avec sa mère. Mais ce récit est entrecoupé par une autre narration, celle du retour des jumeaux dans cette même maison que le malheur a frappé.
On entre dans ce livre par les sensations, la pluie qui s'abat sur le jardin, la chaleur moite de la mousson, la lumière qui joue dans les feuillages, le crépuscule et ses ombres. Puis, le sentiment d'étrangeté nous suit avec la fréquentation des différents personnages, dans ce qu'ils ont de fragile, d'excentrique, d'impétueux. L'écriture d'Arundhati Roy est un fil scintillant tendu entre le merveilleux et la présence parfois triviale du quotidien. Dans son univers touffu, parfois étouffant, où la nature joue un rôle à part entière, l'absurdité comique surgit quand on s'y attend le moins, comme un signe de l'incapacité humaine à maîtriser son destin. Pourtant, si l'auteur dénonce le poids des interdits sociaux, la haine prompte à se libérer dès que l'individu s'écarte des codes imposés par les traditions, elle montre aussi qu'il existe une voie de réparation aux saccages opérés par la violence sous toutes ses formes.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (2267) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
149 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *}