"Ainsi, un jour que m'amenait sur cette route une étrange curiosité — mais plutôt une tristesse de l'esprit, ce goût qui assez souvent m'a prise de découvrir et de partager la plus totale solitude — j'ai vu devant moi, sous le ciel énorme, contre le vent hostile et parmi les herbes hautes, ce petit jardin qui débordait de fleurs."
J'ai découvert
Gabrielle Roy, auteure canadienne francophone, grâce au merveilleux livre de
Denis Grozdanovitch "
Dandys et excentriques". Il y confessait son admiration pour son oeuvre, et particulièrement pour la longue nouvelle qui donne son titre à ce livre, qui en réunit quatre : "Un vagabond frappe à notre porte", "Où iras-tu Sam Lee Wong ?", "La vallée Houdou" et, donc, "
Un jardin au bout du monde".
Le point commun de ces textes c'est l'immense plaine de l'ouest du Canada, ses solitudes et sa nature omniprésente et fatale dans ses excès (froid, sécheresses...). Les personnages principaux de ces nouvelles sont toujours très solitaires, par circonstances plus que par goût, Et le plus souvent immigrés, de Chine, ou bien d'Europe de l'est.
Le fond n'est pas à l'optimisme, mais effectivement le style de
Gabrielle Roy transcende totalement ce que pourraient avoir de pathétique ces existences. Il n'y a pas à attendre de ces textes une "couleur locale", des retournements de situation... Un univers par si éloigné de celui de la grande
Alice Munro, elle aussi canadienne mais anglophone.