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EAN : 9782330119348
272 pages
Actes Sud (02/01/2019)
3.61/5   66 notes
Résumé :
Un jour, la mère de Louisa, dix ans, s'est absentée pour une intervention médicale et n'est jamais rentrée à la maison. Quinze ans après, dans le cadre de sa thèse de médecine, Louisa rencontre Marthe Gautier, une vieille dame qui a consacré sa vie à la recherche scientifique et s'est vu dépossédée de son travail? Ce qui nous revient entrecroise une bouleversante fiction familiale aux méandres inattendus et l'authentique controverse liée à la découverte de la trisom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Mais comment ais-je pu passer à côté de cette auteure, de ce roman bouleversant de sincérité ? Il n'est jamais trop tard puisque voilà que je l'ai lu en quelques heures à peine, avec grand enthousiasme dès la première page, happée totalement par l'histoire ici racontée.

Ce sont deux histoires qui se croisent par des destins incroyables entre réalité et fiction. Une rencontre entre Louisa et Marthe.

Louisa, 26 ans, en dernière année de médecine en 2016, sous les recommandations de son professeur, va frapper à la porte de Marthe, pour comme le pense t-elle rapidement en écoutant cette femme, permettre la vérité de se rétablir. En effet, elle va découvrir qui est cette grande dame oubliée.

Croisé à cette histoire romanesque, l'enfance de Louisa que je ne vous dévoilerais pas, menée de main de maître, l'auteure redonne vie et voix à Marthe Gautier.

Cette femme fut celle qui a découvert, entre 1956 et 1958, la différence de chromosome entre les enfants dits normaux et ceux appelés à l'époque, les "mongoliens". C'est elle qui a découvert le chromosome surnuméraire isolé sur la paire 21 des individus porteurs de ce que l'on nommait alors le syndrome de Down. Seulement en réalité ce n'est pas sous son nom que cette découverte à été annoncée, mais sous le nom du professeur Jérôme Lejeune qui a su exploiter malhonnêtement à ses fins cette découverte. Au fil du récit de Marthe nous découvrons comment elle a travaillé, et comment elle s'est fait voler ce titre de découvreuse.

Passionnant témoignage de cette femme de connaissance, trompée, abusée ! J'ai dévoré avec beaucoup d'intérêt toute cette histoire que je ne connaissais absolument pas.

Une fois de plus je remercie la littérature, ces auteur(e)s qui savent brillamment avec une plume juste, élégante et brûlante de vérité, nous ouvrir des pages d'Histoire mal, sinon inconnues.

Ce n'est pas un roman purement biographique, scientifique, oh non, l'auteure a su très habilement nous plonger dans L Histoire en croisant des personnages autant réels que fictifs, c'est cela la magie d'une grande plume ! L'histoire de Louisa et ses parents poétiquement racontée est touchante à souhait et nous surprend jusque la toute fin !

Merci Corinne Royer d'avoir donné voix à une grande dame oubliée, merci de nous avoir fait vibrer en faisant lumière sur une affaire toujours pas "réglée", merci pour votre remarquable talent d'auteur. Merci aux éditions Actes-Sud pour de si belles et nécessaires publications !

Du grand art littéraire.
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[Vendredi 19 novembre 2021 / Librairie –édition des Femmes, 35 rue Jacob. Paris]

Une des très, très belles découvertes de cette année 2021 : la rencontre de cette auteure, Corinne Royer, dont j'ai aimé le lyrisme, la poésie, l'âpreté du style, en accord avec des thématiques variées, éclectiques très denses… fortes, et interpellantes… Après avoir été aussi captivée que bouleversée par « Pleine terre » (Actes Sud, 2021), je suis tombée par hasard sur cet autre texte, venant de paraître en livre de poche, mis en valeur sur une des tables de présentation de la Librairie des Femmes, où je venais récupérer un autre ouvrage « réservé »…

Deux destins de femmes aux deux extrémités de l'échelle des âges : l'une, Louisa [personnage de fiction], à l'aube de sa carrière de médecin, la seconde, Marthe Gautier [Personne réelle], médecin et chercheuse, découvreuse » brillante, mais oubliée, spoliée d'une de ses découvertes : le chromosome 21 de la Trisomie…faussement attribuée à un autre chercheur, qui se l'est appropriée sans la moindre gêne…!!

Alors remercions abondamment la plume et les recherches de Corinne Royer pour réhabiliter cette « Découvreuse oubliée », et scientifique des plus brillantes, Marthe Gautier, qu'elle nous fait connaître en détails ; cette dernière, par le biais de la fiction, va aider une jeune doctorante, Louisa Gorki, pour sa thèse, en lien avec ses propres recherches et travaux. Ces deux femmes aux deux extrémités des âges de la vie, ont un grand nombre de points communs déterminants : des deuils fulgurants, des dépossessions, ruptures, aussi fracassantes, et cette passion de la médecine et de la Recherche… ainsi qu'une complicité tant intellectuelle qu'affective, qui vont leur apporter , à l'une comme à l'autre, un espace de liberté , de réconfort et reconstruction mutuels…

A cette alternance des récits de Louisa et Marthe, se greffent de nombreuses remises en question, réflexions, bilans des rôles humanitaires ou abusifs des médecins fidèles ou non au Serment d'Hippocrate , d'autres observations, analyses affinées sur la résilience, l'amour fou destructeur, la mort, les révoltes du corps après des chocs émotionnels, etc.!

« J'ignore si cela tient à ma longue fréquentation de l'espèce humaine et au discernement acerbe de mon grand âge, mais plus rien ne me surprend dans l'empressement que manifeste la majorité souveraine à étiqueter ceux qui n'entrent pas dans sa norme (...)
D'ailleurs les médecins ont souvent été les alliés compliants voire les subalternes zélés de ces grandes théories, le plus souvent raciales, qui ont alimenté eugénisme étatique, conflits et colonisations. (p. 211)”

Sans omettre évidemment, les difficultés et injustices faites si longtemps aux femmes dans certains domaines réservés aux seuls hommes…La parité ayant trop longtemps déserté ces domaines de la Recherche scientifique…

Toujours le même éblouissement quant au style très lyrique et puissant de Corinne Royer, nous faisant découvrir avec bonheur la figure courageuse et précurseuse de Marthe Gautier…

De cette autrice,une autre curiosité à satisfaire très vite ; une sorte de thriller avec : « Et leurs baisers au loin les suivent » (Actes Sud, 2016)

****Voir lien suivant, en complément d'informations, sans oublier à la fin du roman, les « Notes, sources et précisions » ajoutées qui finissent de nous éclairer sur le parcours incroyable de cette chercheuse- médecin extraordinaire :
https://www.franceculture.fr/sciences/marthe-gautier-decouvreuse-de-la-trisomie-21

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Dans le cadre de sa thèse en médecine, Louisa est amenée à rencontrer Marthe Gautier.
Louisa est la fille de parents plutôt originaux, ils habitent illégalement des maisons à vendre, Nicolaï le père est un peintre faussaire, Elena la mère une soprano. Quand Louisa a 10 ans, sa mère est partie trois jours parce qu'ils ont ensemble décidé de ne pas garder ce foetus porteur d'un chromosome surnuméraire logé dans son ventre. Elena ne reviendra pas et Nicolaï va sombrer.
Marthe Gautier est une femme fleur, elle a quatre-vingt-douze ans. Après avoir entrepris des études de médecine, décidée à gravir un sommet qui n'est pas destiné à une fille d'agriculteurs, elle travaille dans un laboratoire sans aucun crédit de fonctionnement, c'est à ses frais avec un emprunt personnel qu'elle financera l'achat du matériel nécessaire à ses expériences. En 1958, elle isole l'anomalie surnuméraire de la trisomie 2, mais sa découverte sera attribuée à un professeur ambitieux. Marthe demeure celle qu'il convient de nommer la Découvreuse oubliée.
Louisa va s'attacher à rétablir la vérité, faire savoir que le chromosome surnuméraire a été découvert par une femme.
J'ai apprécié la qualité de l'écriture et la richesse des mots. Dans ce roman, Corinne Royer réussit à mêler fiction et réalité, si le personnage de Louisa est inventé, Marthe Gautier a bel et bien existé. Et ce livre a le mérite de la réhabiliter. Corinne Royer réunit d'une façon habile le destin de ces deux femmes, deux beaux portraits, deux caractères forts. Ce récit nous fait pénétrer aussi dans le monde obscur et parfois sans pitié de la recherche, et nous interroge sur la richesse de ces enfants qui ont beaucoup plus qu'un chromosome supplémentaire et qui ont énormément à nous apprendre.



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Un biopic sans épic. Corinne Royer, surfant sur l'onde de la féminisation (enfin !) de la société que les décisions récentes de l'Académie Française illustrent si bien, veut réhabiliter celles qui ont fait l'histoire et que leurs collègues masculins ont privé de reconnaissance. L'ambassadrice de cette spoliation est Marthe Gautier, la découvreuse de la trisomie 21. Elle a isolé le gène en plus, avec la gloire en moins. La trajectoire de cette femme est singulière, on la suit avec plaisir mais, malheureusement, l'auteure choisit de croiser son destin avec celui d'une jeune chercheuse dont l'histoire familiale a tout pour émouvoir. Outre son manque de crédibilité (des coïncidences et des péripéties invraisemblables pour forcer les symboles), cette histoire familiale apporte plus de confusion que d'intérêt au récit, même si, à partir de la page 137, les deux femmes se rencontrent et poursuivent une quête commune. Il manque du souffle à ce roman, et surtout, une cohérence, car les deux histoires s'entrechoquent. D'ailleurs, à la fin du livre, l'auteur nous accable de documents officiels sur cette controverse, comme pour s'excuser de nous avoir distraits avec un drame familial. C'est dommage parce que le style de Corinne Royer est élégant, précis (parfois trop précieux ; ex : une même passion pour la forêt devient une « accointance boisée »), et que son sujet méritait un traitement plus ambitieux. La plume de Royer s'envole (lyrisme de certains passages) ou s'égare dans des explications laborieuses. Pour moi, « Ce qui nous revient » (très beau titre à double sens) pouvait même s'appeler « Ce qui nous manque ». Pour finir sur une note positive, à souligner les magnifiques lettres que les protagonistes du roman s'adressent. Une splendeur.
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L'effet Matilda, vous connaissez ?

On doit cette expression à Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, qui a choisi le prénom d'une militante féministe du XIXème siècle, Matilda Joslyn Gage. Il s'agit de la dépossession dont sont parfois victimes les femmes scientifiques lorsque le bénéfice de leurs découvertes est attribué à leurs collègues masculins.

Dans Ce qui nous revient, Corinne Royer s'empare de l'effet Matilda comme ressort narratif principal puisqu'elle tisse son roman autour de la controverse liée à la découverte du chromosome surnuméraire de la trisomie 21, découverte française de la fin des années 50 dont le mérite a été attribué à Jérôme Lejeune et Raymond Turpin, reléguant à une part auxiliaire Marthe Gautier.

Corinne Royer dont je découvre la très belle plume avec ce roman tisse deux histoires, l'une réelle, autour de cette controverse scientifique donc et l'autre, fictionnelle où elle invente une famille fantasque et baroque avec un père, Nikolaï Gorki, slave à souhait, obnubilé par Cocteau et faussaire à ses heures, une mère, Elena Paredes, soprano, solaire, forcément fascinante et une petite fille, Louisa, à la curiosité scientifique débordante. La joyeuse tribu vit de maisons en maisons (souvent "de maître" tant qu'à faire...), avec un sens tout personnel de l'occupation, c'est-à-dire illégal mais respectueux voire poétique. Mais un jour, Elena qui devait s'absenter pour un récital de trois jours ne revient pas et Nikolaï est bien obligé d'expliquer à Luisa que sa mère est en réalité partie pour subir une IVG, décidée en couple, pour cause de chromosome surnuméraire.

Jusqu'à peu près la moitié du roman, j'ai eu l'impression qu'il me manquait un petit quelque chose pour que j'accroche vraiment. Il m'a semblé qu'on restait un peu à la périphérie des deux histoires. Il me tardait de connaître le ressenti psychologique d'Elena et celui de Marthe, de savoir ce que la cantatrice était devenue et de comprendre comment le crédit de sa découverte avait autant pu échapper à Marthe.
Les choses finissent par se mettre en place progressivement avec quelques improbabilités pour lier les deux histoires qui ne m'ont pas dérangée plus que ça (tout doit-il être probable dans un roman ?). le style est remarquable de maîtrise dans des registres divers, narratif, scientifique et même onirique. le vocabulaire assume sa rareté voire son érudition. Comme je viens de lire des livres "très écrits" (pour reprendre une expression de mon libraire), ce choix m'a parfaitement convenu.

Je ne voudrais pas dévoiler plus avant le roman mais soulignons aussi qu'il invite à découvrir avec un autre regard la trisomie 21, à la considérer comme quelque chose en plus et non quelque chose en moins et moi qui suis la tata d'un ado avec un chromosome un peu spécial, j'en ai été très très émue.

Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Nicolaï
Marseille- Rue des Convalescents

Sitôt que les Gorki quittent la Maison du Poète et s'installent rue des Convalescents, les facultés de Nicolaï à appréhender le présent et toute incursion dans l'avenir se dissolvent dans une addiction cinéphile. (...)
Les histoires jouées sur l'écran l'inféodent désormais à une sorte de déni de réalité, vivant toutes les existences de ces personnages joyeusement fantasques ou furieusement déboussolés, héros titanesques ou déshérités esseulés au milieu du néant. Vivant toutes les existences mais se tenant obstinément en dehors de la sienne. (p. 103)
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Elle se remémore ces mots de Victor Hugo, "Prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête."
Louisa tient bon
Louisa tient tête. (p. 204)
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Voilà pourquoi je retournerai à Ocquere. Pourquoi j'irai questionner les forêts dans les collines, les arbres dans les forêts, les branches dans les arbres, les oiseaux dans les branches, les plumes dans les oiseaux, la douceur dans les plumes, et sans doute quelque chose que j' ignore encore dans la douceur.
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L'enfance est le lieu de tous les possibles. Ensuite on ne fait que refermer des portes, verrouiller des cadenas. Toute notre vie, il nous faut hanter ces lieux-là, les lieux des années premières que, selon les circonstances, nous avons lâchement ou courageusement désertés.
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Il faut vous remémorer cette phrase que je vous ai dite et que vous avez dû noter quelque part au sujet des enfants porteurs de trisomie 21 : ces enfants ont quelque chose en plus, cessons de croire qu'ils ont quelque chose en moins ou même quelque chose en trop.
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Videos de Corinne Royer (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Royer
Quitter le monde rural, n'est-ce pas à la fois démissionner de nos racines et de notre avenir? Que fait-on de l'héritage que nos ancêtres ont protégé tant de siècles au prix de leurs vies? Éric Fottorino "Mohican" (Gallimard), Corinne Royer "Pleine terre" (Actes Sud) et Guillaume Sire "Les Contreforts" (Calmann-Lévy). Animée par Karine Papillaud, journaliste
Site internet du Livre sur la Place : https://lelivresurlaplace.nancy.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/livresurlaplace Twitter : https://twitter.com/livresurlaplace Instagram : https://www.instagram.com/lelivresurlaplace
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