Un seul chant
monte de tous tes cris
un seul paysage
pour tant de saisons
et la dernière qui t’habite
tu es ce monde qui s’efface
un langage te survit
tu es ce dernier mot
qui n’existe pas sans toi
tu es ce qui te continue
Tu cherches une preuve d’existence
dans le murmure du poème
même les mots sont usés
derrière le miroir sans tain
malgré un certain sourire
de l’amour contre le rien
tu te noies dans une eau noire
où il est question de nœuds
même la tristesse t’abandonne
dans la nuit lente de la mélancolie
Tu ne racontes pas le réel
mais l’invisible sensation
d’appartenir au langage
contre l’usure du monde
ce qui s’avive entre les mots
et toi dans la respiration du rêve
ce qui se révèle sous ton nom
dans l’effort de l’instinct
et tu existes enfin
du côté de ce que tu nommes
l’espoir
Le poème te ramène au présent
tu reprends dans les mots
le temps donné à l’action
ainsi la mémoire s’active
au feu du jour s’éclaire le miroir
ta présence au point de fuite du poème
Ce feu en toi
l’ardent amour
qui te renouvelle
te sauve maintenant
dans le mouvement
contraire de ta précarité