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EAN : 9782259312288
224 pages
Plon (12/01/2023)
3.71/5   14 notes
Résumé :
La vieille femme aux yeux d’ambre a attendu que souffle le vent.
« Approche, que je te conte les aventures d’une reine ».
Elle est venue, ses mots ont dû l’atteindre.
[...] Joe se contint. Le nouveau roi ne pouvait sangloter.

Le jour de l'investiture du Président des États-Unis, alors que la voiture présidentielle remonte Pennsylvania Avenue jusqu'au Capitole, une vieille femme parvient à s'approcher de Joe Biden. C'est une cloch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre est une perle, d'une grande beauté d'écriture malgré la dureté du récit.
Un texte poétique, une lecture exigeante.
Entre oralité africaine et roman contemporain, un mélange de styles réussi.
Des fils se nouent, se dénouent.
Le temps prend la parole, l'araignée tisse la toile d'une histoire
Deux continents reliés par l'esclavage et la misère d'un peuple.
Que de souffrance, de mort, de violence. La fondation de Washington, la traversée des esclaves, Martin Luther King, Kennedy, les quartiers pauvres, les minorités, l'investiture de Biden, une grande page d'histoire.
Arnaud Rozan m'avait fait une très forte impression avec L'unique goutte de sang.
Mémoires de maisons blanches est un excellent roman où l'auteur nous fait entendre la voix de l'Afrique avec ses contes, ses légendes, sa sagesse et de l'autre celle d'une Amérique ambitieuse, inhumaine, prête à tout.
Merci aux éditions Plon
#Mémoiresdemaisonsblanches #NetGalleyFrance
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Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d'Arnaud Rozan est tout à la fois ! du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.

Par touches successives, associées à des oeuvres d'art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l'Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l'esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l'Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.

Brins d'histoire
En remontant Pensylvania Avenue, Joe Biden, bientôt vieux roi fatigué, songe à la promesse faite à son fils, Beau. Alors, il voit apparaître Anansi, invisible aux autres, déesse invoquée pour sauver les âmes en peine, déguisée alors en clocharde, montrant une calebasse fendue avec un crabe bleu en son milieu. Est-ce que le vieux roi saura partager le message de la divinité qui porte le souvenir de tous ceux qui ont souffert pour bâtir le pays ? Lui qui connaît la souffrance de perdre un enfant !

Au fil d'un récit qui s'éclaire peu à peu, Arnaud Rozan présente ses Maisons Blanches, sortes de lieux de mémoire inexploités du pays.

J'en ai retenu quelques-unes. Il y a le Marais de Fort Prinzensyein avec sa citadelle blanche au pied de l'océan où des enfants deviennent esclaves pour démêler les filets et ramener plus de poissons.

Par ailleurs, Biden ne consomme que des filets de tilapia nappés de citron, d'huile d'olive et de cinq grains de sel. Car, il a horreur du poisson ! Néanmoins son cuisinier se doit d'avoir toujours prêt ces filets, pêchés dans des eaux très chaudes, accommodés de cette unique façon. Évidence, et pourtant nul n'y fait référence !

D'autres liens illustrent cette filiation entre le monde nouveau, avec son roi trop âgé, avec les enfants perdus du continent d'en face.

D'autres Maisons blanches apparaissent au fil des pages comme ce port d'Alexandria et son marché, le plus grand des Etats-Unis. Mais il y a aussi la construction de la véritable Maison Blanche, le Phare de Jones Point et même le Lafayette Square où aucune statue ne rappelle le marché qui s'y trouvait au début du XIXe siècle.

Que dire du Willard Hotel, situé sur Pensylvannia Avenue, à deux pas de la vraie Maison Blanche, qui est le lieu où Martin Luther King a rédigé son fameux discours. Il a hébergé nombre de futurs présidents pour leur dernière nuit de citoyen ordinaire. ..
Comme ce conte magnifique le démontre,
Les lieux ont une histoire que l'Histoire de l'Amérique ne retient pas. Pourtant tous les liens s'emmêlent pour former une pelote que plus personne ne file ! Pas assumés, pas revendiqués, ces endroits ne cessent de cogner leurs significations dans les mémoires, demandant reconnaissance pour, enfin, dépasser les traumatismes vécus ! Comme rien n'est dit, ils hantent chacun d'une manière, ou par son contraire, sans que la spirale ne puisse s'arrêter.

La première démocratie du monde peine à assumer son Histoire colonialiste et impérialiste. Et pourtant, cette dernière la constitue pleinement, autant pour les Afro-Américains que pour les Amérindiens. Arnaud Rozan nous le rappelle sous la forme d'un conte des temps modernes où la poésie est omniprésente et recouvre chaque situation décrite.

Arnaud Rozan a l'art des descriptions tricotées avec talent. Lire son texte c'est aussi accepter de se laisser bercer par un univers où les formes littéraires se mélangent, où le sens du récit joue à cache-cache avec le déroulement ordinaire, où la compréhension prend des chemins escarpés.

Il faut accepter de s'y perdre, de lâcher prise, pour se laisser embarquer dans un récit qui n'a rien de linéaire. En recherchant le sens d'un mot, sa portée se déploie. Et, la description d'un lieu, ailleurs, permet de retrouver le lien avec le récit.

Mémoires de Maisons blanches est un récit atypique ! J'y ai appris énormément de choses mais aussi appréhendé la souffrance des esclaves, la terreur des « enfants poissons » ainsi qu'une partie de l'histoire du 46e Président des Etats-Unis. Mais, ce sont les chemins déployés par Arnaud Rozan qui m'ont le plus fascinée dans cette complainte moderne du vieux roi et de la déesse bienveillante. Coup de coeur !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Que de fils tissés , entremêles pour nous conter l'esclavage, l'humiliation et toutes les horreurs subies par les afro-américains. Une écriture qui empreinte à de multiples styles, la fresque, le conte, la pièce de théâtre et la poésie. Lire A. Rozan c'est laisser une part de soi au fil des pages tant son discours est universel et vient percuter nos propres mémoires ancestrales. C'est un plaisir des mots, de la mélodie qu'ils forment ente eux. Les situations décrites sortent des pages pour s'imprimer sur vos rétines de façon aléatoire. Pas besoin de construction, de suivi, il suffit de se laisser prendre au fil des mots et des images suggérées. Alors on voyage loin, en Afrique au bord du Lac Volta au Ghana, on va suivre les caravanes des marchands d'esclaves, le long voyage en bateau mouroir et enfin l'arrivée en enfer sur cette bonne vieille terre d 'Amérique. Il sera question de la colonisation doublée de l'impérialisme, les amérindiens ne seront pas oubliés. Auprès d'Anansi déesse qui vient au secours des plus démunis, accompagnée d'une calebasse brisée contenant un crabe bleu en son centre. Un personnage de taille qui n'est autre que Joe Biden entre dans la danse tel un patriarche usé par les deuils. Celui de sa femme et de sa petite fille, il y a bien longtemps et plus récemment celui de son fils Beau. Il est question d'une promesse faîte et tenue en ce jour d'investiture à la Maison Blanche. La boucle est bouclée lorsque nous voyons se dévoiler les mémoires de ces maisons blanches, lézardées, hantées par des actes, des faits non reconnus et prêt à à sombrer dans l'oubli. Point de réparations, point d'excuses à l'horizon ? Un magnifique second roman qui bien après l'avoir lu, résonne encore dans nos coeurs. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Séduite par L'unique goutte de sang, premier roman de l'auteur, j'avais hâte de découvrir ce nouveau titre de la rentrée littéraire des éditions Plon. Lu fin décembre, Mémoires de maisons blanches est un véritable mystère !
Arnaud Rozan propose une lecture riche et remarquablement écrite. Un énorme travail de recherches se ressent ainsi que la passion de l'auteur. Un peu de musique dans les oreilles et je me lance dans l'univers particulier de l'auteur où plusieurs temporalités et plusieurs intervenants font irruption. Contrairement à L'unique goutte de sang, ce nouveau roman est plus délicats non pas par le contenu, mais sur la construction. Il faut être concentré pour suivre les allées et venues entre les personnes. Ainsi, on y apprendra beaucoup sur l'actuel Président des États-Unis : Joe Biden. Entre sa soif de réussite et sa vie personnelle qui est tragique.Mémoires de maisons blanches aborde l'enfance et les conditions de vie du Ghana pour les enfants réduit à l'esclavage. Il aborde la difficulté d'intégration pour les afro-américain. Arnaud Rozan entremêle des vies et des douleurs qui bouscule les coeurs.


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L'ambre a la couleur du temps. Il ne s'efface pas, il donne aux yeux des souvenirs et des regrets. « Mémoires de maisons blanches » est un livre de questionnement sur la repentance où chaque mot choisi par Arnaud Rozan demande grande attention, et nous entraine dans un tourbillon de sentiments au coeur de l'histoire des Etats-Unis quand ils ne l'étaient pas pleinement…
Le pouvoir des Blancs est donc au coeur de ce livre pas toujours facile à lire dans la forme car il passe par la prière, le psaume, le conte, l'oubli, le silence parfois – comme ceux géniaux du trompettiste Miles Davis - et le récit d'une histoire intime et universelle à la fois. On y croise Martin Luther King, Nina Simone pianiste classique virtuose - mais noire - qui ne pourra jamais jouer le répertoire dont elle rêvait, et Joe Biden en route pour la Maison Blanche. Mais la mémoire du temps revient en noir et blanc par flashes, et leur lumière blanche et crue inonde cette caravane immonde symbole de vol des corps et des âmes qui sillonnait l'Afrique et le Ghana notamment, déversant des moissons humaines dans des navires pavoisés sur des terres inconnues. Il y a dans ce 2e roman, des pages écrites avec la boue ocrée et l'écorce des arbres, des lignes baignées des récits de « la caravane » inhumaine et satanique mise en place pour codifier l'esclavage, chaines aux pieds et au cou… On est mal à l'aise, coeur au bord des lèvres car on chemine dans l'inconcevable, avec ces milliers d'êtres humains devenant sur le champ moins qu'un numéro, moins qu'une pierre sur un chemin, moins qu'une sangsue dans un trou d'eau marécageuse, juste un corps asservi sans lendemains. Marqués au fer rouge ! On s'assimile alors à des pierres qui parlent à la lune dans les champs de coton de Virginie tandis qu'une veille femme noire et fripée se dirige vers la Maison blanche, mains ridées, crevassées par les affres du temps maudit avec des pétales de rose qui s'éteignent un à un… Entre réalité et fiction, la réparation des Afro-Américains interpelle pour l'avenir, car il y a des choses qui ne peuvent s'oublier et qui tordront toujours les tripes pour la nuit des temps.
Jean-Pierre Tissier

Lien : http://blues-et-polar.com
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Le temps : l'empereur Osei Kwadwo affirme que l'or de son trône s'est dispersé comme des grains de sable et qu'il a le devoir de les rassembler pour résister aux Blancs. Il exige des quantités d'or toujours plus grandes. Mais l'empereur le voudrait-t-il qu'il n'en amasserait jamais assez. Le trône authentique est d'une autre substance, l'or afflue des rivières et son trône ne brille pas plus
Le pouvoir des Blancs est sans limites. N'ont-ils pas franchi l'Océan ? Ils viennent de l'au-delà, ils peuvent prendre beaucoup, ils veulent de l'or, ils veulent de tout, mais ce qu'ils recherchent de plus précieux, ce sont nos corps.
Ils possèdent des lances de feu qu'une poudre noire rend toutes-puissantes.
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Depuis le meurtre du Pasteur *, chaque jour, à la tombée de la nuit, les rassemblements virent à l'émeute, les détonations affolent les beaux quartiers de Wilmington. Mais ce soir-là les rues sont éteintes. Les hommes en colère mis à l'épreuve par la mer de neige, aucun ne cherche à braver les lames écrasantes du gel. La rage ne leur tient pas assez chaud.
Le voisin a sonné pour apporter du bois. Il a dit au passage qu'il était ravi du silence revenu. Il remercie le ciel. Il ne supportait plus les explosions, les sirènes hurlant sous son balcon, l'atmosphère de guerre civile. « Cette bonne neige va nous refroidir tout ça. »
Joe n'aime pas l'entendre ainsi jubiler. S'il en avait le pouvoir, ce type rayerait les Noirs de la surface de la terre.
Joe a pris le parti de ne jamais le reprendre, il change de sujet.

* Martin Luther King
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Je suis ailleurs
Je suis d'autres rêves
Je suis une ville blanche
Je suis le temps qui arrondit le ventre
Je suis le temps qui s'accélère
Je suis le vertige
Je suis la glace qui craque
Je suis l'accouchement
Je suis un cri
Et ?
Sous les pierres, les temps se superposent
Je suis entre toutes ces lignes.
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Les herbes envahissaient, elles étreignaient la rue, à ce point où on les dit folles. Elles s'enflaient de la houle. Les fleurs étouffaient, seules les orties survivaient. Les ronces rampaient et donnaient chaque jour un peu plus d'épines. Le petit peuple hantant ces alentours avait d'autres soucis que d'entretenir cette terre et de s'y ouvrir des chemins.
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C'est ainsi qu'il avait commencé lui-même à se défendre de l'eau, en se noyant d'abord, comme son père, comme le père de son père, et comme tous les hommes ici qui tiraient leur substance des fonds.
Sur la lagune, la croûte de sel réverbérait une lumière implacable.
Annan devait apprendre à la traverser.
L'épreuve se renouvela, plusieurs matins.
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Videos de Arnaud Rozan (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arnaud Rozan
30 janv. 2023 Rencontre en ligne Un endroit où aller du 25/01/2023 avec Arnaud Rozan pour son roman "Mémoires de maisons blanches", paru aux éditions Plon.
Il est interviewé par Nathalie Couderc.
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