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Critique de vibrelivre


Terminus Schengen, Emmanuel Ruben, éd. le Réalgar, Poésie


Pour qui ne connaît pas Emmanuel Ruben (comme moi qui ne l'avais écouté qu'à la radio, mais l'émission avait suscité le désir de lire l'ouvrage dont il est question) ce recueil de neuf poèmes avec en plus quelques photos de bouleaux prises d'un train par l'auteur, donne envie de le connaître davantage, d'autant plus qu'il aime le vélo et Julien Gracq. C'est un poète qui se soucie de l'humanité et de ce que c'est qu'être homme, à savoir quelqu'un que ne dirige pas l'appétit de l'argent et du pouvoir, et qui revendique ses origines non-conformes, une arrière grand-mère paternelle Allemande et fille-mère, le scandale. Le livre lui est dédié, à elle qui prit l'habitude et Ruben à sa suite de vivre entre deux villes et deuxpays.
Ruben donne à penser à deux types d'hommes, celui qui peut mourir à tout bout de champ comme un chien/ et qui sait pour cela qu'il est un homme et celui qui rêve d' être ramifié et veut l'être . C'est un errant de l'Est (cet Est qui attire S. Tesson et C. Gras, mais aussi l'écrivain polonais Stasiuk) qui s'indigne des barbelés hongrois. On pense également à Blaise Cendrars et à sa Prose du Transsibérien, même si ce poème fait entendre une exaltation positive.
Terminus Schengen peut aussi se dire Kaputt Schengen, Kaputt pour reprendre le titre du livre de Malaparte qui disait la destruction de l'âme de l'Europe, précise Ruben, c'est dire que l'espace Schengen n'existe plus, que l'époque des frontières est revenue, ainsi que celle du chacun chez soi et de la mesquinerie d'esprit. Les migrants ne sont pas les bienvenus, et l'on ne pense pas plus loin que le bout de son nez, les migrants climatiques, on ne veut pas en entendre parler, et ressurgissent quasi mécaniquement les idées mal pensées des nationalistes.
le bouleau a une valeur symbolique, dont l'écorce servait de papier aux prisonniers politiques. Ruben écrit et dessine sur des écorces de bouleaux. Le Ruben dessinateur a assuré la couverture du livre.
Pour ce qui est de la forme, je parlerais de versets, au rythme irrégulier, accordé au cri de la colère et à la vitesse du train. Ce qui est en italique est la reproduction des dires de l'autorité policière, et des pensées du narrateur qui ressent, à qui répond un double, la raison ? qui s'adresse à lui en disant tu et formalise le réel et le vécu.
Ruben ne parle pas de poésie engagée. Comme Camus, il est embarqué dans la galère du temps, et il se veut « le géopoliticien des lieux tus ».


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