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Critique de Cancie


Nous sommes en 2354, et Lucie, une jeune femme de 24 ans, de retour d'un stage sur la Lune, à la recherche d'un projet avec plus d'avenir que le tourisme spatial, se rend chez le professeur Bocquet, spécialiste de philosophie anthropologique, en quête de conseils.
Elle lui avoue qu'elle est venue pour postuler pour la mission Columbus. Celui-ci tente bien de la dissuader, lui demandant si elle a bien compris qu'il s'agissait d'un aller-simple, mais Lucie n'en démord pas. Il va donc faire son possible pour la mettre en relation avec la personne à l'origine du projet, le major Newman auprès de qui il lui obtient une audience et ce dernier lui explique alors l'historique et le projet lui-même.
La croissance est à l'arrêt et les scientifiques ont identifié une planète habitable, la première planète vraiment crédible pour devenir une deuxième Terre. Cette planète, Kanuta, n'est située qu'à douze années-lumière, ces douze années-lumière qui donneront leur titre à l'ouvrage, ce qui rend le voyage tout à fait envisageable. Une petite sonde, Hope, a été envoyée en 2120 qui est arrivée à destination en 2320 et les premières retransmissions de Hope sont parvenues en 2332. Depuis la sonde Hope, beaucoup de progrès ont été faits pour les moteurs de fusée, mais néanmoins, cela fait plus d'un siècle qu'on plafonne à 8,5 % de la vitesse de la lumière.
Le voyage pour Kanuta va donc prendre cent quarante ans ! Donc, si Lucie est choisie pour le programme, ce n'est pas elle qui posera le pied sur cette nouvelle Terre, mais plus vraisemblablement son arrière-petit-fils ! Douche froide, même glacée, mais, motivée comme elle l'est, elle a décidé de le faire et le fera.
On la retrouve en 2359, trois ans après qu'elle ait été officiellement intégrée au programme Columbus, prête à atterrir à l'aéroport international de Phoenix en Arizona où une bulle fermée de six kilomètres carrés reproduisant de manière aussi fidèle que possible l'écosystème de la planète Kanuta a été construite. Elle rencontre alors, à moins d'un an du grand départ, Qian, 45 ans, la future capitaine du vaisseau et Jenna qui a trois ans de plus que Lucie.
Ce sont donc ces trois volontaires astronautes qui seront l'équipage initial de la mission. Des embryons conçus à l'avance et congelés et une couveuse embarquée assurent une prédiction de seize personnes pour fonder le peuple chargé d'offrir aux humains une seconde Terre…
Quelle aventure, les amis que celle-ci, aventure spatiale dans laquelle je me suis embarquée, il faut le dire avec beaucoup de scepticisme. Eh bien, croyez-le ou pas, je me suis retrouvée propulsée dans un récit haletant, un récit impossible à lâcher tant j'avais envie de savoir comment ces femmes et leurs premiers descendants allaient pouvoir endurer cette vie confinée se sachant condamnées à ne vivre que dans ce vaisseau sans jamais connaître autre chose, même si la Full Life leur permettait des expériences ultra-réalistes et que Qian, Jenna et Lucie, elles, avaient choisi ce destin !
Ana, la fille de Lucie, Ana titre de la deuxième partie, au caractère rebelle sera celle qui, déjà petite, mais surtout à l'adolescence, et encore plus tard, souffrira le plus de cette situation. Elle voudrait tant pouvoir sortir et choisir sa vie. C'est elle qui sera à l'origine de la découverte d'un certain carnet…
La troisième et dernière partie intitulée Opale, fille d'Ana et arrière-petite-fille de Lucie nous conduit à l'ultime étape de cette mission, sans doute la plus cruciale : un début de peuplement interstellaire est-il envisageable ? Il est toujours possible de rêver et n'est-ce pas un des buts de la littérature ?
Roman d'anticipation, certes, qui explore les conséquences du réchauffement climatique, mais également roman philosophique, Douze années lumière nous interroge sur de nombreux points, nous amène à de non moins nombreuses considérations sur les possibilités du progrès technique et à cette question simple mais troublante : jusqu'où ira l'humanité ? Sous-titre du roman.
Dans cet ouvrage, l'auteur nous invite à retrouver les sens du temps long, très long, dans lequel l'homme s'investit sans voir l'aboutissement de son engagement durant son vivant. Et c'est peut-être dans ce temps long qu'il faut aller...
La préface de Claudie Haigneré, astronaute, scientifique, médecin et femme politique, première Française dans l'espace et première Européenne dans la Station spatiale internationale, est à elle seule très intéressante.
Comme je l'indique au début, je n'étais pas vraiment certaine d'apprécier ce roman, car dans son avant-propos, Jean-Baptiste Rudelle, pionnier de la French Tech, dont la fondation Zenon Research finance des travaux scientifiques sur le futur de l'humanité, annonce qu'à la fin de chaque chapitre, un encart a été ajouté pour donner davantage de profondeur au scénario présenté. Il ajoute que ces analyses ne sont en rien indispensables à l'histoire et que le lecteur captivé par la narration peut, s'il le souhaite le mettre de côté. D'autre part, en quatrième de couverture, il est noté : à la fois roman d'anticipation et essai. Anticipation et essai, qu'allais- je comprendre à ma lecture ?
En fait, mes craintes se sont envolées dès les premières pages, et c'est avec un extrême plaisir que j'ai lu ce superbe roman, l'écriture du romancier étant à la fois claire et rythmée et les explications de cet expert, simples et extrêmement fines et pertinentes. Je rajoute qu'elles ont été pour moi, fort instructives, même si parfois, je ne partageais pas tout à fait les mêmes opinions.
J'ai apprécié, également, que, pour une fois, ce soit trois femmes qui soient des héroïnes. Ce n'est pas si souvent que les femmes sont ainsi mises en avant.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Diateino pour cette découverte originale.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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