Salamandra

Me voilà plongée dans la partie anticipation de ma bibliothèque, mais avec Kurt Steiner... il y a pire comme compagnie, surtout que le coquin s'était éclipsé pendant de longues années après Brebis galeuses.
Mais le voilà revenu, et en pleine forme, puisqu'il nous propose une histoire qu'on mange sans faim.
Simon, détective privé, débarque à Paris au XXIe siècle, pour enquêter sur un trafic de drogue aux vertus aphrodisiaques. le plus bizarre est que la France est sous le joug de l'église, qui gouverne tout. Mais notre détective n'est pas démuni, puisqu'il dispose d'une machine à voyager dans le temps... et nous balade avec lui dans ses expéditions spacio-temporelles.
Un roman qui décoiffe, puisque les quelques individus ayant résisté au grand lavage de cerveau se démènent de leur côté pour rétablir un semblant d'ordre dans toute cette folie.
Kurt Steiner dénonce encore une fois la manipulation des masses, mais amène aussi à nouveau le lecteur à se poser la fameuse question : la fin justifie-t-elle tous les moyens ?
Les victimes doivent-elles devenir bourreaux pour remettre le monde dans le sens oú il est censé être à leurs yeux ? Doit-on utiliser les mêmes armes qu'on reproche aux autres d'exploiter ?
Un roman qu'on lit et relit avec plaisir, bien plus profond qu'il n'y paraît.

Kurt Steiner est le pseudo d'André Ruellan, auteur à qui l'on doit l'excellent Mémo et qui a également travaillé comme scénariste pour le cinéma, notamment pour Jean-Pierre Mocky.

Ror Upnell passe ses journées à travailler pour les technocrates, immondes tortionnaires tyranniques capitalistes.
Enfin, travailler, c'est un bien grand mot puisqu'il est en fait décérébré (comprendre: on lui a chatouillé les neurones d'un peu trop près), comme tous les autres esclaves.
Un jour, avec cinq autres captifs, il reprend soudainement conscience et retrouve son libre arbitre. le petit groupe va alors se rebeller et chercher à s'enfuir, ce qui permet à l'auteur de poser quelques réflexions sur la révolte ou la fin et les moyens, le groupe utilisant les mêmes armes que leurs ennemis au risque de devenir encore pire qu'eux.
Réflexions malheureusement rapidement laissées en suspend puisque le roman se transforme alors en récit d'aventure mêlant Space-Opera et univers parallèles, avec un twist final ne brillant certes pas par son originalité mais apportant un nouveau regard plutôt sympa sur l'ensemble.

Quant à Salamandra, mercurienne donnant son titre au bouquin, elle fait malheureusement office de demoiselle en détresse pendant la majeure partie du récit et ne semble pas vraiment avoir son mot à dire sur ce qui se passe, dommage.