Citations sur Check-point (181)
Il se moquait pas mal de savoir comment vivaient les gens qu'ils allaient secourir. La seule chose qui lui importait, comme aux autres, ceux qui travaillaient au siège devant leur ordinateur, c'était d'avoir trouvé des " bénéficiaires ". Grâce à eux, l'association allait pouvoir recevoir l'argent de l'Union européenne et la machine caritative continuerait de tourner.
- Pomotch! annonça placidement Lionel.
C'était le mot magique, l'un des seuls qu'on leur ait fait apprendre pendant les deux journées de préparation au départ que l'association avait organisées à Lyon. Il signifiait "aide' et constituait l'expression la plus simple et la plus facilement compréhensible pour dire qu'ils étaient des humanitaires.
[...] - C'est ça qui est terrible dans ce pays. Il est moche
Elle le regarda avec étonnement. Avait -il deviné ses pensées ou partageaient-ils les mêmes?
- ça doit être mieux l'été?
- à peine. De toute façon, dans ces montagnes, le paysage est toujours triste.
Ils traversèrent un village. Le bas des murs était taché par la boue grise et des charrettes à foin piquait du nez dans les cours.
- ici, la seule chose qui mette un peu de couleur dans le paysage, c'est le sang.
Ensuite, plus secrètement, il était probable que l'existence d'un danger, fût-il réduit, rendait la transgression encore plus excitante. (p. 97)
Pourquoi les femmes ont-elles ce don de voir toujours l'enfant dans l'homme adulte ?
- La haine, c'est le bonheur, tu ne sais pas ça encore, toi. C'est une passion, une raison de vivre.
C'est un vrai luxe. Le seul peut-être.
[...] - La haine, c'est aussi fort que l'amour. Sauf qu'on n'a pas besoin de demander son avis à l'autre.
L'idéal qui l'avait d'abord amenée là révélait son caractère dérisoire, presque ridicule. Ces caisses défoncées semées sur une route étaient l'image tragique de l'impuissance humanitaire. Face à l'horreur et à la complexité de la guerre, ces ballots de vêtements, ces colis de nourriture et ces boîtes de médicaments étaient tout simplement grotesques.
ils avaient néanmoins en commun une manière volontaire de se déplacer, de se tenir bien doit; de garder la tête haute. Ils avaient beau s'évertuer à adopter le style relâché des ONG, porter des jeans sans forme et des T-shirts délavés, ils détonnaient. La discipline militaire les avait profondément façonnés. On voyait toujours le soldat en eux. (p. 25)
Grâce à elle, il cessait d'être une victime pour devenir le contraire : celui qui tenterait de sauver quelqu'un de plus malheureux encore. Il y avait beaucoup de cela dans son amour pour Bouba. Et ce projet d'aller vivre là-bas avec elle après la guerre, c'était comme la guérison d'un exil par un autre exil. (p. 292)
Ils se souvenaient du combat avec Marc et se disaient que la guerre commence comme cela. Après ce qu'ils venaient de voir, ils avaient envie de se montrer meilleurs, de prendre leurs distances avec la sauvagerie qui était en tout homme et en eux aussi. (p. 183)