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Citations sur Check-point (181)

- Mais qui sont-ils, au juste, ces réfugiés ?
Maud se rendait compte qu'elle s'était contentée jusque-là de notions assez vagues. Elle n'était pas la seule. Dès son entrée dans l'association, elle avait été frappée par le côté abstrait de l'humanitaire. On discutait géopolitique, situation des forces sur le terrain, enjeux stratégiques mais, finalement, les gens qu'il s'agissait d'aider restaient assez virtuels. Ceux qu'on appelait les "victimes" ou, en parlant de l'aide, les "bénéficiaires" étaient des êtres irréels sur lesquels nul ne semblait désireux de mettre un visage. Et le pire, c'était que, jusque là, cela lui convenait assez bien. Elle avait besoin d'aider et elle était satisfaite de savoir qu'il existait quelque part des personnes qui avaient besoin de secours. Mais ce sentiment renvoyait plutôt à elle-même qu'à eux. (p. 55)
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-... D'un côté, il y a les réfugiés et de l'autre, à quelques mètres parfois, il y a ceux qui les ont chassés et qui attendent qu'on s'en aille pour leur faire la peau.
- Ambiance...
- C'est la haine à l'état pur. Le pire, c'est que ces gens-là étaient des voisins avant la guerre. Ils vivaient ensemble depuis des siècles.
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Des flaques écarlates s'étalaient sur les poitrines, coulaient des membres, étoilaient les têtes et formaient, sur la grisaille du décor et du ciel bas, comme autant de taches somptueuses.
... Dans ce paysage en deuil, la seule chose vivante était ce sang, qui sortait des morts.
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La haine, c'est le bonheur, tu ne sais pas ça encore, toi. C'est une passion, une raison de vivre. C'est un vrai luxe. Le seul, peut-être.
...
La haine, c'est aussi fort que l'amour. Sauf que l'on n'a pas besoin de demander son avis à l'autre.
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Maud était accablée. Elle n'aurait jamais pensé qu'ils en arriveraient là. Il y avait une chose chez les hommes qu'elle ne comprenait pas ou plutôt, elle la comprenait mais ne l'admettait pas : cette complète absence de civilisation, cette acceptation innée de la violence. Elle s'attendait à y être confrontée, en se rendant dans un territoire en guerre. Mais elle n'aurait jamais cru que cela viendrait précisément de ceux qui étaient censés incarner l'humanité et la paix. C'était aussi choquant que de voir des policiers dépouiller les citoyens qui les avaient appelés au secours.
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Maud resta seule à la table. Elle prit sa tête dans ses mains, pour atténuer le bruit des assiettes et le cri des dîneurs qui se réverbéraient sur les murs couverts de faïence. Elle se sentait profondément accablée. Elle n'aurait jamais imaginé se retrouver dans une situation pareille. L'humanitaire, pour elle, c'était le docteur Schweitzer, saint Vincent de Paul, Raoul Follereau, des victimes implorantes et des gens courageux et désintéressés qui venaient les secourir. Au fond, elle n'en savait rien. Elle se doutait bien que ces grands ancêtres avaient disparu et que leurs héritiers ne leur arrivaient pas à la cheville. Mais il devait bien leur rester quelque chose de leurs qualités.
Au lieu de ça, elle trouvait des êtres faibles, veules, murés dans leurs haines. Et cette guerre était un imbroglio de criminels qui se ressemblaient tous.
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L'amertume de cette piquette lui faisait du bien. Elle ne voulait rien de rond, rien de doux. Tout ce qui irritait son corps renforçait la conscience qu'elle avait d'elle- même et la poussait à se préserver. (p. 329)
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Les soldats qui sortaient du QG avaient revêtu d'étroits cirés marron qui leur descendaient jusqu'aux chevilles. Le gros casque bleu leur faisait des têtes énormes et ils avaient des airs de champignons vénéneux, qui prêtaient à rire.
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Le paysage vallonné était de plus en plus pauvre, à mesure qu'ils approchaient de la Krajina. Ils traversaient des villages sans âme, des chapelets de maisons en briques et en parpaings alignées le long de la route. Des tas de fumier et des machines agricoles rouillaient encombraient les cours. De temps en temps, une église blanche à clocher pointu, au milieu des fermes, donnait à ces hameaux l'aspect de villages autrichiens, mais en plus triste. Il n'y avait encore aucune trace de combats, à part celui que les hommes menaient de toute éternité contre la nature pour en tirer leur subsistance. Pourtant, ils avaient conscience depuis la veille de s'approcher de la guerre.
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(Maud) Elle se demandait si les humanitaires, Lionel par exemple, aimaient vraiment les victimes. Ou si, à travers elles, ils n'aimaient pas simplement l'idée de pouvoir aider quelqu'un, c'est-à-dire de lui être supérieur.
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