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3,63

sur 1716 notes
Deux camions fatigués, quatre hommes, une femme.
Un modeste convoi humanitaire traverse la Bosnie en état de conflit. Un périple qui fait resurgir des images télévisuelles de guerre urbaine et de paysages campagnards vides, gris et inquiétants, où le danger semble tapi, insidieusement prêt à bondir.

Je me réjouissais de lire cette fiction "humanitaire" sur fond de géopolitique. J'en espérais à tort une nouvelle vision éclairante sur la guerre de l'ex Yougoslavie. Ce fut une erreur dont je suis seule responsable.
Car il s'agit d'un thriller, tout bonnement. Efficace mais au réalisme boiteux.
L'action ne prend jamais vraiment de hauteur par rapport au conflit et se résume à une course-poursuite dans des conditions géographiques et climatiques extrêmes, adoucie par une histoire d'amour plutôt improbable et très prévisible.

Bien sur, le roman montre bien un pays en guerre, avec des embuscades, des ruines, des charniers, des tractations inquiétantes aux check-points des différentes enclaves.
Mais il reste surtout centré sur les personnages en une sorte de huit clos, à l'atmosphère délétère. C'est un combat larvé de domination, de séduction, de machisme et de compétition masculine entre individus aux motivations différentes. Chaque protagoniste a été "travaillé", chacun dans son rôle et dans sa psychologie, mais j'ai parfois froncé le nez face à des situations peu crédibles dans les rapports humains et dans l'engagement de chacun.

En revanche, la tension et l'angoisse sont menées tambour battant et Jean-Christophe Rufin fait, comme toujours, un sans-faute par son talent à savoir raconter une histoire.

J'avoue pourtant une certaine déception pour un livre que je trouve assez moyen concernant la facette "aventure". J'en ai donc survolé les dernières pages jusqu'à la postface qui est, à elle seule, beaucoup plus intéressante, plus éclairante concernant la lourde machine mondiale de l'action humanitaire, sa neutralité angélique et son inévitable évolution vers l'engagement au "combat".
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A mon sens, le dernier roman de Jean-Christophe Rufin est plus intéressant pour comprendre la diversité et l'ambivalence des motivations des gens qui s'engagent dans les ONG et le rôle ambigu de ces mêmes ONG dans les conflits que pour l'histoire elle-même, un peu légère au regard de la guerre en Bosnie qui lui sert de toile de fond.

Le « French doctor » sait de quoi il parle pour l'avoir vécu. Son rôle de pionnier de MSF et son expérience de terrain dans les pays en guerre, les Balkans, le Nicaragua, l'Afghanistan, les Philippines ou le Rwanda donnent à son récit (hormis l'histoire d'amour un peu godiche) toute sa valeur et sa crédibilité.

PS : je pense que Gallimard devrait se séparer du stagiaire qui commence la quatrième de couverture par : Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. :-)
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Un livre plein d'authenticité qui retrace l'épopée d'un convoi humanitaire dans la Bosnie en guerre au cours de l'hiver 1995.
Jean-Christophe Rufin, membre de l'Académie française depuis 2008, a su utiliser son expérience de French Doctor de l'Humanitaire pour rendre ce récit très vivant. On est très loin des visions romantiques autour de l'Humanitaire. Dans cette équipe de cinq personnes, une seule femme et quatre hommes. L'entente est loin d'être cordiale entre les différents membres de l'équipe. Très vite des tensions fortes apparaissent, en raison des personnalités très contrastées et des motivations différentes et qui ne sont pas toujours très claires.
Maud est une jeune femme charmante mais qui s'est embarquée dans l'Humanitaire pour mieux fuir ou tenter de fuir un mal-être certain, en raison surtout du climat familial qu'elle a connu.
C'est certainement la plus idéaliste du lot.
Le chef de l'équipe s'enfile joint sur joint. On va voir que un des personnages est agent de renseignement, un autre est un barbouze.
Tout ce petit monde va se tirailler dans les pattes, et encore plus quand on apprend que des explosifs ont été embarqués dans le convoi.

La question essentielle, et qui est toujours d'actualité: comment aider les populations de ces zones en guerre?
Faut-il uniquement leur apporter de la nourriture ou des vêtements, ou faut-il leur apporter aussi des armes et de quoi se battre?
La question a toute son importance avec les conflits que nous connaissons maintenant, au Proche Orient par exemple.
Le titre anglais peut surprendre sous la plume d'un académicien, mais ici cela sonne encore plus vrai.
Dans cette Bosnie en guerre, les check-points, points de contrôle, sont des limites entre des zones ethniques mouvantes, obéissant à l'autorité de petits chefs locaux.
Le but du voyage est de rejoindre Kakanj, après l'enclave du Bihac,.
Là des populations se sont réfugiées dans des mines.
C'est un livre prenant, loin des idées reçues et c'est ce qui fait sa force.
Il nous éclaire sur un conflit pas si lointain et qui a déchiré l'Europe, près de chez nous, à à peine deux heures d'avion.
Un grand roman d'un écrivain dont on connaît depuis longtemps le talent.
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Une fois de plus, je suis sous le charme de l'écriture de Jean-Christophe Rufin. Est-ce un hasard que la lecture de ce roman pendant les événements terroristes qui se sont déroulés ce vendredi 13 novembre à Paris ? Plutôt que d'écrire sur le roman lui-même, je choisis de retranscrire des bribes de la Postface de ce livre Check-point.

D'un point de vue métaphorique, le check-point est aussi devenu le symbole du passage d'un univers à un autre, d'un ensemble de valeurs donné à son contraire, de l'entrée dans l'inconnu, le danger peut-être.
Nous vivons aujourd'hui, en particulier depuis les attentats qui ont ensanglanté la France au mois de janvier 2015, un basculement de cet ordre. Nous sentons que nous sommes désormais devant une frontière mentale. La nécessité de sécurité tend à l'emporter sur toute autre considération.
... Car les victimes, désormais, ne sont plus lointaines mais proches. Celui qui souffre, ce n'est plus l'Autre mais nous-mêmes.
... C'est l'Europe qui se déchire, une Europe où tout le monde décide de s'armer pour se protéger contre la menace qu'il a peur de subir. Il y a dans ce passé déjà lointain un peu de notre présent et, je le crains, beaucoup de notre futur.

Ensuite, Jean-Christophe Rufin explique que c'est un de ces voyages humanitaires en Bosnie, au sein de la centrale thermique de Kakanj, qui lui a fourni la trame de son roman que je trouve passionnant.

Un coup de coeur qui parce que je l'ai lu pendant les attentats terroristes à Paris ce 13 novembre 2015 restera dans ma mémoire comme un hommage aux victimes.
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Vous me direz : "elle n'a vraiment peur de rien."..après tant de commentaires sur cet ouvrage... Et vous aurez bien raison !!

Pourquoi une einième chronique, alors qu'au contraire , je tente habituellement de chroniquer des livres qui sont passés au travers des médias ou de trop abondantes critiques... Mais là, j'ai envie de parler de ce roman , car il nous questionne tous, de façon très dérangeante , sur notre sens de charité et de l'aide à autrui !!!

Je n'ai pas pris connaissance des autres critiques avant de rédiger mes propres impressions..; mais je persiste toutefois, car les thèmes engrangés m'interpellent beaucoup trop , pour que j'en reste là, après ma lecture !

Un roman sur les limites de l'action humanitaire, même si les protagonistes décrits, sont engagés volontaires et motivés...Ils portent en eux leurs propres blessures, leurs ambivalences...ainsi que des motivations plus ou moins convaincantes !!

" Mais qui sont-ils, au juste, ces réfugiés ?
Maud se rendait compte qu'elle s'était contentée jusque-là de notions assez vagues. Elle n'était pas la seule.
Dès son entrée dans l'association, elle avait été frappée par le côté abstrait de l'humanitaire. On discutait géopolitique, situation des forces sur le terrain, enjeux stratégiques mais, finalement, les gens qu'il s'agissait d'aider restaient assez virtuels. Ceux qu'on appelait les "victimes" ou, en parlant de l'aide, les "bénéficiaires" étaient des êtres irréels sur lesquels nul ne semblait désireux de mettre un visage. Et le pire, c'était que, jusque là, cela lui convenait assez bien. Elle avait besoin d'aider et elle était satisfaite de savoir qu'il existait quelque part des personnes qui avaient besoin de secours. Mais ce sentiment renvoyait plutôt à elle-même qu'à eux. "(p. 55)

4 hommes, une femme, Maud (21 ans) se trouvent réunis pour une mission humanitaire, en Bosnie. Chacun arrive avec son passé, ses failles, ses engagements mais aussi ses désirs de fuite , pas avoués... Cinq personnalités affirmées. Dès le départ de la mission, les tensions sont des plus tangibles...

Un roman dérangeant, qui montre à quel point "l'enfer est pavé de bonnes intentions !!.... "
Comme l'annonce fort justement le 4éme de couverture, il s'agit un vrai "thriller psychologique" !!

Une fiction qui dit le meilleur et le pire des hommes et de l'action dite "humanitaire"... rien n'est tout blanc ou tout noir... et l'altruisme, le souci d'autrui peut être à la fois, source de générosité, d'empathie réelle, ou de fuites, camouflages de motivations plus ambiguëes, personnelles !

Les humanitaires ne sont pas des "Saints", ils trimballent comme chacun de nous, leurs "casseroles", mais nous avons trop fréquemment le réflexe élémentaire de les imaginer comme des "sur-hommes"...Ce roman a le mérite, en dehors du suspens intense , de faire des mises au point et de bousculer tout manichéisme , dans ce domaine délicat de "L'humanitaire" et de toute action caritative !!







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J'aime beaucoup Jean-Christophe Rufin, les bons moments de lecteur qu'il m'a fait passer m'incitent à le suivre et à acheter ses livres. Ce Check-point m'aura un peu déçu, sûrement parce que j'en attendais plus. J'ai retrouvé son style et son talent de raconteur d'histoires, celle-ci entraîne à bonne allure malgré la vétusté des camions vers le village terme de la mission humanitaire sous-jacente, mais le scénario à mi-chemin entre "Le salaire de la peur" et d'autres road-movies plus récents ne m'a que partiellement convaincu. le décor du conflit et les paysages sentent bons la précision et la justesse de celui qui a traîné ses bottes dans le coin, cependant les personnages m'ont semblé un brin caricaturaux. Je ne doute pas que son parcours humanitaire l'ait mis sur la route du correspondant des officines françaises, de l'ancien militaire qui embrasse la cause d'un des belligérants, du volontaire à la recherche de lui-même ou qui ne possède d'humanitaire que l'adjectif et l'écusson, mais leur réunion au sein de ces cabines de camions et leur trajectoire dans le roman me sont apparus par instants tenir plus du procédé que du déroulement naturel du fil de son récit. Voilà pour le bémol. Malgré cela, je ne regrette pas cette lecture...
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Check-point, un mot anglais qui claque aux oreilles comme une menace, compréhensible dans le monde entier…
Durant l'hiver 1995, quatre hommes et une femme transportent quinze tonnes de matériel vers la Bosnie en guerre pour une association caritative, cinq personnes aux motivations et parcours multiples (barbouze, anciens casques bleus) qui s'affrontent très vite. Maud est le personnage pivot de ce roman, archétype de la jeune femme mal dans sa peau qui cache sa féminité et s'engage bien innocemment dans un conflit qui la dépasse.
Check-point est un huis clos en mouvement, à l'atmosphère tendue. Dans le froid glacial, les montagnes de Bosnie enneigées offrent un décor inquiétant tandis que les masques tombent au fur et à mesure, le suspense est soutenu jusqu'à la fin et voit naître de belles histoires d'amour, parfois un peu tristes.
Ce n'est pas un roman historique sur la guerre en Bosnie mais plutôt un thriller psychologique bien mené qui porte un regard lucide et plein d'interrogations sur l'aide humanitaire dans les pays en guerre. Jean-Christophe Rufin ouvre le débat, est-il préférable d'apporter une aide humanitaire matérielle (vivres, vêtements, médicaments) ou de fournir des armes pour aider un pays à sortir d'un conflit ? Désormais, la guerre se déroule à nos portes, Check-point est un roman efficace et agréable à lire qui porte à réfléchir


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Avec Check-point, Jean-Christophe Rufin nous emmène en Bosnie, au coeur du chaos et du morcellement d'un pays soumis à une guerre civile où dominent les changements imprévisibles et permanents.

1995, dans un convoi composé de deux camions, quatre hommes et une femme partent en mission humanitaire pour porter des vivres, des médicaments et des vêtements aux civils, victimes de la guerre. Alors que le convoi progresse lentement sur les routes de Bosnie, les personnages se découvrent et on apprend assez vite que le chargement des camions n'est pas exactement celui prévu au départ. La mission devient beaucoup plus dangereuse et l'incertitude et le doute s'installent, générant une angoisse à chaque point de contrôle qui sépare les régions ; la frontière et le danger sont partout car chacun devient le gardien de son propre territoire. L'histoire se déroule comme un huis-clos, avec une tension de plus en plus présente, chacun se méfiant des autres.

Jean-Christophe Rufin, pionnier du mouvement humanitaire, connaît bien son sujet et, grâce à son talent de conteur, le lecteur est vite captivé. Les motivations de ceux qui partent risquer leur vie dans des missions humanitaires sont quelquefois passionnelles et ambiguës, les démarches les plus altruistes peuvent cacher des motivations très diverses et malheureusement déboucher finalement sur un sentiment d'illusion, d'impuissance et de frustration.

La réflexion que pose Jean-Christophe Rufin sur l'humanitaire aujourd'hui est hélas toujours d'actualité et les questions soulevées par le roman valent de nos jours dans plusieurs pays (Syrie, Libye, Mali…). Les héros de ce livre vivent en quelque sorte une répétition générale des dilemmes actuels ; de quoi les réfugiés ont-ils vraiment besoin ? L'espoir peut-il encore exister ? Quelles sont les marges de manoeuvre dont disposent les ONG ? L'aide doit-elle se limiter à la nourriture, aux vêtements et aux médicaments ? Jean-Christophe Rufin nous donne sa réponse : ne jamais abandonner et continuer la lutte contre l'injustice envers des populations sans défenses et prises au piège de la guerre.
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Hiver 1995.
Un convoi humanitaire part de Lyon en direction de l'ex-Yougoslavie.
Cinq convoyeurs, deux camions, et une ambiance en chape de plomb.
Comme s'ils étaient peu à peu contaminés par les villes dévastées et par ces contrées morcelées qu'ils traversent, les cinq personnages de Check-point perdent peu à peu leur vernis social pour laisser filtrer leurs secrets et leurs blessures.
Curieuse sensation de lire un huis-clos, oppressant, souvent pénible, alors qu'il s'agit d'un récit de voyage.


Sur les dessous de la grande machine humanitaire, Jean-Christophe Ruffin livre une vision désenchantée qui laisse peu de place à la lumière.

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Avec ces deux camions qui roulent dans un environnement périlleux, Check-point fait parfois penser au Salaire de la peur. Dans un autre contexte, avec quatre personnages qui doivent se supporter (dans tous les sens du terme mais surtout celui de ne pas céder à la haine). Avant tout, le dernier Rufin est un roman d'aventures haletant, gorgé de suspense et de péripéties, même s'il présente des individus que l'on pourrait juger archétypiques mais dont l'auteur sait révéler les failles et nuancer les portraits pas aussi orthodoxes qu'il y parait de prime abord. La Bosnie est une toile de fond idéale : non seulement Rufin connait le terrain comme sa poche mais elle sonne aussi d'une certaine façon le glas de l'idéalisme humanitaire. Rufin y a cru comme beaucoup, avec la naïveté de ceux qui à défaut de changer le monde voulaient panser ses plaies en toute sincérité. Mais l'engagement a changé de forme, ce qu'explique l'auteur dans sa post-face. Ceci dit, il ne prêche pas, ce n'est pas son genre et le lecteur et, plus globalement, les êtres doués de raison et de convictions que nous sommes, n'ont aucune obligation de le suivre totalement dans son analyse. Mais on peut y réfléchir, bien sûr que oui. Comme dans la plupart de ses livres, il y a deux aspects dans Check-point : le romanesque, allègrement et brillamment illustré ; le philosophique (ce n'est pas un gros mot) suggéré, argumenté mais non point asséné. C'est pour ce respect de l'avis des autres et l'absence de prosélytisme que l'on aime l'écrivain et l'homme Rufin.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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