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sur 1463 notes
Un roman dystopique qui se passe dans un futur pas si éloigné que ça et qui explore les thèmes de la liberté, du totalitarisme, de la mondialisation, de la manipulation des masses, des inégalités sociales et de l'illusion du bonheur absolu. Globalia est un monde où la sécurité et la prospérité se construisent au prix d'un système ultra contrôlé et surveillé, fondé sur la peur, où tout est réglementé, y compris les naissances, les relations, et les déplacements ; où le pouvoir est au mains de l'économie et non plus du politique et où une partie de l'humanité reléguée dans les "non zones" est simplement abandonnée à elle-même dans l'insécurité permanente des guerres et des famines. La grande force du récit, c'est que tout se fait en douceur, pas de violence gratuite ni d'effusions de sang chez Rufin, la vraie liberté s'achète par la culture et les livres (introuvables ou presque dans ce monde ultra connecté). Au centre de ce récit, l'action d'un homme et d'une femme cherchant simplement à s'en sortir pour se retrouver, est grandement suffisante pour nous faire entrer dans l'enfer de Globalia maquillé en paradis par ses dirigeants. Magnifique !
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A lire ! A lire ! A lire ! J'ai à la fois adoré et détesté ce livre. Adoré parce que ce livre est d'une part très bien écrit, et d'autre part, parce qu'il fait prendre conscience de ce que pourrait devenir le monde. Je l'ai détesté pour les mêmes raisons ! En le lisant je me suis dit à plus d'une reprise : « mais c'est ce qui est en train de se passer », à savoir une uniformisation de la pensée, un nivellement par le bas, un culture qui va s'appauvrissant inexorablement. Dans Globalia le pouvoir n'est plus aux mains des politiques mais aux mains des grands patrons et si l'on regarde bien autour de nous…
C'est un livre essentiel car il fait réfléchir et prendre conscience que l'on peut encore se battre pour ne pas, à notre tour, être enfermés dans Globalia
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Voilà pourquoi je ne suis pas Charlie, pourquoi je ne l'ai pas été, pour quoi je me garderai le plus possible de l'être jamais ! Et dans ce beau cortège panurgien dont la plupart n'avaient jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo, je n'aurais pas voulu être présent avec un T-shirt affirmant de face JE NE SUIS PAS CHARLIE et arborant de dos, pour rester dans l'esprit du journal, un magnifique pénis tendu à la verticale en guise de doigt d'honneur et en-dessous INTERDIT D' INTERDIRE. Je me serais fait huer, injurier, molester, jeter à la Seine ou dans le meilleur des cas dans un fourgon cellulaire. Au nom de quoi ? Au nom de cette belle liberté ! Dans une totale unanimité démocratique : "SALAUD LE PEUPLE AURA TA PEAU" ! Tout cela parce que j'aurais voulu défendre, adversaire que je suis des dérives du système, à la manière de Charlie Hebdo, la liberté d'expression.

Dans Globalia démocratie mondiale à pleine maturité n'existent ni Hara-Kiri, ni Charlie Hebdo, ni aucun autre journal à tendance satirique, ni presse contestataire, ni ni ! L'Histoire n'existe plus, elle a été abolie, les livres aussi, tout cela n'a plus cours ; des écrans diffusent en permanence et massivement des recommandations, du sport et ... les dernières infos sur les attentats terroristes venus de l'extérieur. Mais ... que l'on vit confortablement surprotégé dans de grands dômes en plastiques sous un contrôle permanent y compris de la température et du climat, et puis longtemps, longtemps, long... avec une fête annuelle différente chaque jour. LOL Participation socialement obligée, sous peine de stage psychologique de réinsertion : la démocratie globalienne c'est la dictature du plus grand nombre ! Du moins le plus grand nombre le croit : c'est donc forcément vrai !

"Vivre vieux, mourir jeune !" moyennant des transplantations d'organes régulières l'allongement de la vie accroît les besoins et la demande sécuritaire mais n'est qu'une phase temporaire. Oui l'objectif ultime, mortalité zéro et son corollaire impitoyable natalité zéro, est en vue, le tout au profit d'un groupe très restreint de super riches qui ont concentré tout le contrôle de l'économie dans leurs mains. Globalia c'est demain, sauf si c'est déjà aujourd'hui ! A lire absolument, à lire car prophétique, à lire même s'il est déjà trop tard (*).

En plus c'est bien écrit et je me demande si Jean-Christophe Rufin ne deviendrait soudain un ours mal léché. En tout cas j'ai adoré la plupart de ses coups de griffes bien distribués. Un livre qui demande de prolonger la réflexion et de méditer sur ce sujet grave. Et pourquoi ne pas relire et méditer aussi la fable de la Fontaine : le loup et le chien ? Comme quoi se référer à l' Histoire ...


(*) "Réalité augmentée, big data, nano-technologies, clonage, transgenisme, exo-squelettes, robots androïdes, transhumanisme, émergence de post-humains, transcendance de l'intelligence artificielle, université de la singularité... autant de nouveautés qui vont révolutionner le futur, autant de bonnes raisons, me semble-t-il, pour lire ou relire ce roman sous un autre éclairage." Citation extraite de la critique par Krout de L'enfant des lumières de Françoise Chandernagor.
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Avec Globalia, Jean-Christophe Rufin s'inscrit comme héritier des Orwell, Huxley et compagnie. Globalia consiste en une démocratie universelle à l'échelle mondiale. Elle se targue d'assurer la liberté et la sécurité à tous ses citoyens (sujets?). Ceux-ci vivent dans des zones sécurisées par des dômes de verre qui assurent un climat continu autant que la sûreté.
Globalia représente également la garantie de la démocratie et du bonheur absolus. Ce monde sous verre coule les Globaliens dans une béatitude artificielle. Consommer est l'activité principale. Les écrans omniprésents vantent à tout instant les mérites des produits à acquérir d'urgence. L'espérance de vie a été repoussée à des limites à peine imaginables grâce à la chirurgie esthétique et le remplacement des organes et éléments défectueux par des pièces renouvelables. Ça m'a fait penser au film Immortel, ad vitam d'Enki Bilal en 2004.
Avec ce processus de régénérescence s'est opéré un renversement des préférences. La jeunesse est dénigrée, voire haïe, au profit de la maturité. L'âge moyen pour son premier enfant est d'environ soixante ans. Certains jeunes subissent des opérations pour se vieillir et échapper à l'opprobre anti-jeune.

A côté de ces cités idéales fusionnées en un seul et même État existent des territoires sauvages, à l'air libre, indéfinis. Tant et si bien qu'ils sont appelés "non-zone". Il existe bien évidemment une propagande globalienne à propos de ces espaces. Et qui se met un peu trop en contradiction avec les valeurs de la cité se retrouve exilé dans ces non-zones.

L'histoire de Baïkal le rebelle, Kate sa fiancée et Puig un journaliste remercié avant que d'être permettent au lectorat de lever le voile des réalités de cette planète Terre à la fois si proche et si éloignée de nous. Manigances politiques et militaires parcourent le roman, chassant un terrorisme omniprésent créé par eux-mêmes. Et oui, la peur fédère plus que tout autre chose et c'est le constat cynique sur lequel se base une sorte d'éminence grise plénipotentiaire.

Globalia est une uchronie où se mêle aventures et réflexion. le roman se lit sans ennui et offre du grain à moudre pour penser l'avenir. Tant d'un point de vue politique (cette démocratie absolue produit plus d'effroi que d'envie) que de l'humanité. En le lisant, j'ai songé aux divers articles lus à propos du transhumanisme et de l'humanité améliorée. Ici, on est en plein dedans avec la mort sans cesse repoussée grâce à la technologie médicale. le Globalien, en vieillissant, devient un assemblage de pièces détachées, rivé à ses écrans, à ses achats et aux fêtes qui ponctuent quasi quotidiennement le calendrier de Globalia.

Jean-Christophe Rufin a créé un monde plausible et bien orchestré. Il reste des zones d'ombre sur lesquelles il a vite passé (les voyages d'une zone sécurisées à l'autre notamment et d'autres plus importantes). En même temps, il se devait de coller à son intrigue sans se perdre dans les explications didactiques. On suit avec intérêt ses personnages principaux, bien qu'ils souffrent parfois d'aspect caricatural. J'ai beaucoup apprécié l'association Walden et le personnage de Monsieur Wise (un nom qui lui va comme un gant).
Un petit bémol pour l'écriture, comme pour Katiba. Je n'ai pas trouvé son style extraordinaire. Efficace et agréable à lire mais sans plus. le fond rattrape sans problème la forme et Globalia restera, je crois, longuement fixé dans ma mémoire.
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Je l'ai lu juste après "Chronique des ombres" de Pierre Bordage que j'ai adoré. Même thème, même construction, même monde avec d'un côté les protégés, de l'autre les abandonnés, sauvages et pourtant deux livres très différents, l'un privilégie l'aventure, le suspense, l'épopée, on est dans l'émotionel, l'épique. Celui-ci est plus cynique, et cache derrière cette structure futuriste un monde qui nous est assez familier, il mêle habilement la notion d'utopie à celle de dystopie. Ce Globalia ressemble aux projections d'avenir radieux que notre propre société semble nous promettre, l'allongement de la vie, les loisirs à volonté, une société ludique, fraternelle. L'aspect futuriste n'a rien de très anticipé, et parfois même il existe déjà (l'obsolescence programmée - https://www.babelio.com/auteur/Jean-Christophe-Rufin/2592/citations/1485339 - la chirurgie esthétique, une société pour les seniors…). Jean-Christophe Rufin emprunte aux classiques de la dystopie, “1984”, “Fahrenheit 451”, “Le meilleurs des mondes”… sans pour autant se contenter d'une enième variation sur le sujet. Il se concentre sur certains points bien précis. Je me souviens de cette guerre dans 1984, elle reste en arrière plan, sa raison et son objectif ne sont jamais vraiment précisés, elle semble n'être qu'un prétexte pour maintenir une peur, une cohésion… C'est un sujet que Jean-Christophe Rufin approfondit ici. D'ailleurs, le thème principal c'est “pourquoi les démocraties ont besoin d'un ennemi ?”. D'autre sujets sont évoqués, c'est une critique de la société de consommation, du capitalisme... Jean-Christophe Rufin nous écorche nous et notre universalisme bienveillant, notre économie factice, nos plaisirs sans consistance, notre gestion des conflits extérieurs, notre vision du terrorisme, du sport, et même la démocratie en prend pour son grade, il égratigne tout ce qui est lisse. Il nous livre plusieurs thématiques à découvrir entre les lignes, l'histoire, l'information, la mémoire, la culture, les livres, l'identité, la démocratie... Personnellement, j'aime quand derrière la science-fiction surgit une critique de notre société, c'est même un aspect que j'aime y trouver. Mais il ne néglige pas pour autant le côté épique de l'aventure, le résultat est même cohérent, solide, rythmé, la lecture est très agréable, les personnages intéressants C'est un livre complet, consistant et assez marquant.
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Imaginez (dans quelques siècles ?) un monde où il n'y a plus d'Etats, mais seulement une société unique, civilisée, enfermée sous d'immenses cloches de verre protégeant de la pollution et du Grand Ennemi. En dehors de ces bulles, ce sont les non-zones, qui font figure de taudis moyenâgeux dans un paysage post-apocalyptique façon « la route » de Cormac McCarthy.
Imaginez (dans quelques décennies ?) une société mondialisée, démocratie auto-proclamée, dont la devise serait « Liberté, sécurité, prospérité ». Où la « liberté » est telle qu'on est libre d'être obèse si ça nous chante, mais où les cartes géographiques et les livres ont disparu, et où la liberté des médias est une vaste blague (façon Berlusconi). Où la seule culture est celle de l'ignorance. Où la « sécurité » est devenue « sécuritarisme » paranoïaque et où la cohésion sociale n'est maintenue que grâce à la peur d'un « Ennemi » désigné voire créé de toutes pièces par la Protection Sociale (façon G.W. Bush). Où la « prospérité » se traduit par un hyper consumérisme renforcé par l'obsolescence programmée, par des trafics douteux avec ceux qui règnent sur les non-zones (façon mafia russe), par un contrôle de la démographie où les femmes enceintes sont mises à l'index (façon chinoise), où la jeunesse est une tare et où il faut « vivre vieux et mourir jeune ».
Imaginez (dans quelques années ?) des couloirs aspirants, des vêtements thermoréglables, des canons à beau temps, des aliments synthétiques et des déplacements Los Angeles – Shanghai instantanés.
Imaginez…Ca y est, vous visualisez ? Vous êtes en Globalia, monde idéal qui évoque furieusement les Etats-Unis.
Idéale, cette société aseptisée, sans âme et sans espaces ? Baïkal n'est pas de cet avis. Rebelle, ce jeune homme rêve de s'échapper pour découvrir les non-zones. Parvenu à ses fins en étant manipulé à son insu par la Protection Sociale, il fera connaissance avec les populations locales et se verra contraint à mener la révolte contre Globalia.

Bon roman d'anticipation, fort différent des autres écrits de Rufin. L'auteur crée ici une sorte de « démocratie totalitaire », montrant les dérives et effets pervers de la démocratie actuelle si elle était poussée à l'extrême. Je ne suis pas d'accord avec l'éditeur, qui parle, d'un « grand roman d'amour et d'aventures ». J'ai trouvé le récit des péripéties de Baïkal plutôt ennuyeux, et l'histoire d'amour peu convaincante, j'ai eu l'impression qu'elle ne servait qu'à justifier l'étiquette « roman » plutôt que « essai ». L'humour tombe un peu à plat, et les références aux objets du passé censées drolatiques sont trop pédagogiques pour être vraiment amusantes. La fin du roman n'est pas non plus des plus brillantes et est bien trop gentille à mon goût.
Reste que ce monde nouveau est très bien imaginé et décrit, on pense à Orwell et à Huxley, on s'effraie de constater que les multifonctions et la société de consommation existent déjà, et que donc on n'est peut-être pas si loin de Globalia
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"La plus grande menace sur la liberté, c'est la liberté elle-même.
Comment défendre la liberté contre elle-même ?
En garantissant à tous la sécurité. La sécurité, c'est la liberté. La sécurité c'est la protection. La protection c'est la surveillance. La surveillance, c'est la liberté.
La protection ce sont les limites. Les limites, c'est la liberté."

C'est en partant de ce sophisme dérangeant, que J.-C. Rufin décrit une société future imaginaire dont il s'agit du credo : Globalia, .
Un monde dans lequel la démocratie mondialisée est portée jusqu'à un paroxysme tel, qu'elle paraît bien plus effrayante que la plus sournoise des dictatures communistes. Un monde où toutes les libertés sont accordées, à l'exception de celle de réfléchir par soi-même. Un monde où l'hypocrisie est un mode de vie, menée à grand renfort d'euphémismes. Un monde où le passé de l'humanité est censuré, car jugé trop subversif. Un monde constitué d'un ensemble de cités construites sous d'immenses coupoles de verre, totalement coupées du monde extérieur, nié : les non-zones.
Les non-zones dans lesquelles s'entassent un tiers-monde refoulé et diabolisé par Globalia.

Dans ce monde, J.-C. Rufin conte l'histoire d'un jeune Globalien qui cherche à en savoir davantage et qui tente sa chance de l'autre côté des grandes verrières.

Ce que j'ai trouvé intéressant ici, c'est son écho avec notre monde. Il y dénonce les dérives de la mondialisation et l'abondante production de lois et règles destinées à combattre l'insécurité sans jamais traiter le problème à la racine.

J'ai évidemment beaucoup aimé ce roman, et qui conforte mon grand intérêt pour la production de cet auteur, qui appréhende des questions complexes dans des décors variés, le tout avec un style simple et élégant.

Allez, pour terminer une petite citation, tellement vraie ! :

"Les démocraties cultivent leurs ennemis, elles liquident leurs adversaires. Car...
Les ennemis sont ceux qui vous haïssent et qui veulent nous détruire. Alors que...
Les adversaires sont ceux qui nous aiment et qui aimeraient nous transformer."
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"Tout ce qu'il avait découvert dans les non-zones révélait Globalia sous un jour qui rendait cette société haïssable et digne d'être combattue. Quand il avait voulu s'en échapper, c'était avec le désir vague de retrouver une liberté qu'il avait imaginée lui-même. Désormais, il voyait dans Globalia un ennemi, une construction humaine retournée contre les hommes, un édifice fondé sur la liberté mais qui écrasait toute liberté, un monstre politique à détruire. (p375)"

Jean-Christophe Rufin se fait le créateur d'un monde futur, Globalia, dans lequel l'uniformisation règne, où chacun et chacune n'a à s'inquiéter de rien et coule des jours heureux et uniformes. Mais dans tout monde, il y a des êtres qui se rebellent, qui n'acceptent pas les règles établies et qui cherchent à comprendre les limites de ce monde et à trouver la faille et ceux qui gouvernent, dirigent, influencent en un mot détiennent le pouvoir.

Une dystopie dans laquelle on s'installe, trouvant le précepte à la fois bien sympathique quoique terrifiant. Tout est aboli, tout ce qui pourrait être source d'inquiétude et de stress, la Protection Sociale a tout prévu, organisé, planifié, ne laissant aucune place à l'imagination ou à la moindre vague. Une histoire qui démarre sur la fuite d'un homme, le héros, Baïkal, celui qui va devenir le Nouvel Ennemi, devenant le gibier d'une chasse à l'homme programmée et consentie, un homme dont le visage va inonder les écrans, pour lequel des alliances, comme souvent, entre racailles et pouvoir, vont se faire car chacun, que ce soit sous le dôme où dans les non zones, y trouvera son intérêt.

L'auteur va, en homme de lettres qu'il est, créer un autre pouvoir, une force silencieuse,  au sein de Globalia faisant de l'écrit et des mots (voire des livres) une arme car n'est-ce-pas les livres que toute dictature évince dès sa prise de pouvoir ?

Alors s'engage une course où la manipulation et les intérêts ne se révéleront qu'en fin de récit, où les figures des zones hostiles font preuve d'humanité et ouvriront les yeux de Baïkal et Kate sur un monde non aseptisé où l'homme est responsable de son destin et doit survivre dans un monde hostile, sans la main mise d'un gouvernement omniprésent mais où la valeur des sentiments et des actions ne répondent pas à l'ordre établi.

Si j'ai pris du plaisir dans la première partie du récit avec la découverte de Globalia et par la même occasion de l'imagination de Jean-Christophe Rufin se faisant visionnaire d'un avenir dans lequel nous pouvons déjà entrevoir certains signes présents, au fil des pages mon plaisir s'est un peu émoussé. Peu à peu les personnages secondaires et pourtant primordiaux dans le récit, me sont apparus un peu caricaturaux de ce type d'histoire, où il y aura des sacrifices, où les puissants se révèlent manipulateurs et ayant bien d'autres objectifs en tête, l'histoire d'amour passant en second plan et n'est qu'un alibi (mais cela ne me dérange pas plus que cela).

C'était une lecture agréable, un peu longue à se conclure et de façon assez conventionnelle, mais qui ne me marquera pas durablement. Les thèmes du bonheur pour tous, de la longévité, de l'uniformisation, de la prise en charge des masses y sont traités mais comme ils l'ont été déjà dans de nombreux romans, de façon parfois plus forte et plus originale ou novatrice et comme parfois elles apparaissent dans certains pays ou dans nos modes de vie.
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Peut-on renouveler un coup de coeur quinze ans après ? Malgré le temps qui transforme, les découvertes littéraires qui affadissent parfois les lectures plus anciennes, malgré les goûts qui évoluent ? Eh bien oui, c'est ce qui m'est arrivé avec Globalia, roman dévoré en 2004 au moment de sa parution (j'étais déjà accro à la plume de Jean-Christophe Rufin) et relu il y a quelques jours, chose rare chez moi. Mais c'est le dernier roman d'Aude le Corff, La mer monte qui m'a donné envie de me replonger dans celui-ci. Et puis une discussion avec l'auteur, lors de la soirée organisée par Gallimard pour la parution de son nouveau roman, Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla, lui qui se demandait s'il n'avait pas écrit Globalia trop tôt. Alors ça, je ne pense pas. Par contre, il pourrait sortir aujourd'hui, on le trouverait tout aussi impressionnant. Savoir qu'il a été écrit il y a quinze ans le rend d'autant plus brillant.

Globalia est une dystopie qui brouille les repères temporels. C'est quelque part dans le futur, des années après les guerres civiles qui ont mis le monde à feu et à sang. Une civilisation aseptisée, sous cloche, littéralement puisque protégée par des dômes et des parois de verre. Au-delà des parois ? Ce qu'on appelle les non-zones. D'un côté l'ordre et une devise : "Liberté, sécurité, prospérité". de l'autre, le chaos, la misère, la violence, le néant d'où viennent régulièrement des actions terroristes. Baïkal est un jeune homme de vingt ans, une rareté dans cette société où la vieillesse est portée aux nues, débarrassée des scories qui en faisaient naguère un calvaire (santé, dégradation physique...) et où les naissances sont régulées par l'Harmonie sociale pour maintenir un parfait équilibre. Depuis son plus jeune âge, Baïkal s'interroge sur ce qu'il y a réellement au-delà de ces murs de verre, persuadé qu'il y a un ailleurs. Il entraine Kate, la jeune fille dont il est amoureux dans une escapade interdite, qui sera le début pour eux, et pour le lecteur d'une plongée dans les entrailles de la réalité de ce Globalia et des motivations de ses dirigeants.

Présentée comme la démocratie idéale, prônant la liberté, Globalia va se révéler bien plus complexe et perverse dans sa conception, son organisation et, finalement son idéologie. Au fur et à mesure que l'on avance, tous les concepts sont remis en cause et bousculés. Quelles contreparties pour la sécurité ? Qu'est ce que vraiment la liberté ? D'ailleurs, peut-on parler de liberté lorsque les historiens sont sous contrôle au prétexte que "le passé est un immense territoire d'idées nuisibles" ? Peut-on parler de liberté lorsque les citoyens sont soumis à une information contrôlée et à une pression commerciale permanente ? Jean-Christophe Rufin projette son lecteur dans une société telle que nous pourrions en bâtir à partir des concepts prônés actuellement par une majorité d'individus : une société mondialisée (homogénéisée, standardisée), une société dominée par les intérêts commerciaux et l'argent, une société sécuritaire guidée par la peur de l'autre. Tout ceci par l'intermédiaire d'un formidable roman d'aventures avec Baïkal dans le rôle de l'explorateur des territoires interdits, dans des décors qui font voyager le lecteur entre l'univers aseptisé de Globalia et le far west des non-zones. Franchement, un régal, fait de trouvailles passionnantes pour ce qui est de donner un aperçu du futur, que ce soit en matière sociétale avec par exemple une croustillante inversion des valeurs liées à la famille, ou en matière scientifique (chacun possède plusieurs clones permettant d'échanger les organes défectueux... entre autres). Mais je ne voudrais pas spoiler les chanceux qui vont découvrir Globalia pour la première fois.

Je crois que le lire maintenant fut encore plus savoureux, parce que l'anticipation apparait toujours plus vertigineuse à l'aune de notre société et de ce qu'il s'est passé au cours des quinze dernières années. Non seulement le roman n'a pas vieilli mais il s'est bonifié avec les années. C'est peut-être ça, la bonne littérature. L'occasion de conclure avec ce clin d'oeil (pas de roman de Rufin sans un mot sur les livres), petit extrait qui donne à méditer sur l'évolution de la production littéraire : "Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants. (...) Surtout dans les dernières époques, vous ne pouvez pas savoir la nullité de ce qui a été publié".

Un dernier mot : lisez ou relisez Globalia !
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la société que nous décrit Rufin est un monde affichant être une démocratie absolue ou tout est fait pour uniformiser la pensée . Dans un futur non déterminé , dans un état mondial où il est devenu rarissime qu'un individu s'oppose à la pensée unique , ce texte se ressent comme une alerte de ce qui nous guette . Ce système est-il si différent que cela du nôtre ? Oui car la mondialisation y est bien plus aboutie , l'écrit y a presque disparu , remplacé par des écrans ressassant la propagande d'une classe dirigeante constituée d'une poignée de capitalistes . Nous ne sommes pas trop loin de l'univers cauchemardesque du " 1984 " d'Orwell , mais la trame est plus romancée et les personnages bien plus nombreux .
Moins abouti politiquement que le livre d'Orwell , c'est tout de même un bon moment de lecture mais l'on déplore quelques incohérences , certaines longueurs et des broderies inutiles à la démonstration qui complexifient l'histoire .
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