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sur 907 notes
Les livres d'Histoire retiendront la date du 11 septembre 2001 comme le commencement d'une longue guerre d'un genre nouveau, opposant les forces obscurantistes se réclamant de l'islam radical et les pays occidentaux.
Depuis lors la pieuvre extrémiste dirige ponctuellement ses attaques suicidaires contre les pays qu'elle considère mécréants. Dotée de moyens financiers considérables provenant de trafics en tout genre, elle s'est implantée dans les endroits du monde où les conditions de vie sont les plus extrêmes, l'Afrique notamment.

Une grande partie du roman “Katiba” se situe dans la partie occidentale du Sahel : de la capitale mauritanienne Nouakchott au désert du Ténéré dans le nord du Niger en passant par le centre du Mali et l'extrême sud de l'Algérie.
Cette vaste étendue semi-aride se confond avec le monde des Touaregs au nomadisme déclinant. Du fait de son relief, propice au camouflage de petits groupes mobiles, cette zone géographique est devenue ces dernières années le terrain de prédilection des cellules terroristes d'Al-Qaïda au Maghreg islamique (Aqmi), ces petites unités combattantes aussi appelées katibas.

Alternativement le lecteur est convié dans un lieu infiniment moins poussiéreux, à l'ambiance nettement plus feutrée : le Quai d'Orsay. Ce haut lieu de la diplomatie française est la cible d'une opération djihadiste minutieusement planifiée par le chef d'une katiba sahélienne au charisme irrésistible : Kader Bel Kader.

Le projet d'attentat vise un ministre arabe de passage à Paris et nécessite pour sa réalisation le concours de Jasmine, une fonctionnaire du Quai d'Orsay de nationalité franco-algérienne.
Au tout début de l'intrigue, alors que cette jolie trentenaire atterrit à Nouakchott, elle sait pertinemment que ses moindres faits et gestes sont observés scrupuleusement par les services secrets d'horizons les plus divers, et pourtant elle n'en a cure…

Ce roman de Jean-Christophe Rufin, paru en 2010, est un thriller parfaitement orchestré, d'une incroyable intensité dramatique.
Un puzzle diabolique, fait de pièces éparses réparties dans différents pays, petit à petit se met en place tout en gardant suffisamment de zones d'ombre pour captiver le lecteur jusqu'à l'épilogue haletant au possible.

La prose de l'écrivain est un régal ; voici un petit aperçu de son style, de son aisance à introduire un personnage :
“C'était un de ces grands vieillards du désert qui forcent le respect. Les marques de ce qu'ils ont enduré, le miracle de leur longévité, la sagesse que leur ont conférée des années de privation et de solitude, tout contribue à faire d'eux des reliques vénérables. Il est impossible de leur prêter la moindre intention hostile. Les épreuves paraissent les avoir délivrés de toute énergie pour commettre le mal.”

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Jean-Christophe Rufin signe avec Katiba un roman prenant et aux intérêts certains et variés.

Il montre en effet l'organisation des cellules islamistes au Maghreb et dans l'Afrique saharienne. J'ai ainsi découvert la signification du titre, qui représente ces camps d'entraînement au jihad disséminés et nomades dans un territoire grand comme l'Europe environ. Il est difficile de se figurer ces immensités désertiques, ces vastes mers de sable émaillées ici et là par des rocs ou quelque vestige d'une occupation humaine à semi enfoui sous les dunes.
Le roman date de 2010 et c'est alors toujours al-Qaïda qui prédomine comme autorité jihadiste au niveau global. Si aujourd'hui AQMI reste d'actualité, l'influence d'al-Qaïda est fortement concurrencée par le groupe État islamique.
En dressant le portrait au quotidien de l'organisation islamiste, l'auteur dépeint également les divergences rencontrées entre les katibas, la multiplicité des personnalités attirées par cet islam radical, etc. La fascination pour l'idéologie mortifère et la phraséologie grandiloquente véhiculées par ce mouvement est correctement dépeint. Et à de quoi faire froid dans le dos au vu de l'actualité de ces dernières années entre attentats et départs pour faire le jihad en Syrie. Difficile de lire la prise de Rufin d'un oeil indifférent.

L'intérêt du contexte finit presque par l'emporter sur celui de l'intrigue elle-même. Ça n'empêche pas le roman d'être captivant. L'auteur mène son histoire tambour battant et multiplie les points de vue, passant du désert saharien aux ors du Quai d'Orsay, de la cellule bruxelloise de l'organisation Providence aux intrications politiques à Washington, en passant par le travail des ONG en Mauritanie. Aucun répit et aucun temps mort pour le lecteur. le tempo est donné dès les premières pages et dure jusqu'à la dernière.

En ce qui concerne les personnages, en dehors de Jasmine et de Kader, j'ai trouvé qu'ils manquaient un peu de profondeur. Peut-être était-ce pour rester concentré sur le suspense; pourtant ça manque un peu de relief. Tout comme l'écriture. J'ignore si Rufin se montre plus littéraire dans ses ouvrages historiques. Ici, sans être plat, le style ne brille pas particulièrement par ses qualités. Quoique... un bémol à mon bémol: certaines descriptions du désert sont très réussies et rendent le caractère spirituel de cette immensité où les forces de la nature écrasent l'homme.

Je n'ai pas lu les enquêtes de Providence dans l'ordre puisque le parfum d'Adam se déroule avant Katiba. Qu'a cela ne tienne, ça ne semble pas un facteur important. Il me tarde également de découvrir la plume historique de Jean-Christophe Rufin. L'Abyssin et Rouge Brésil me font de l'oeil depuis ma bibliothèque.
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Voilà un livre qu'il est sympa !
Du suspens , des rebondissements, une bonne étude géopolitique , et une écriture certes sobre mais non dénuée de beauté. Bienvenue dans la littérature qui ne se la pète pas, qui distrait tout en restant de qualité.
Dans le Sahara, les Katiba , regroupement de Djihadistes, se multiplient et occupent l'espace sans se faire repérer. Kader, une des leader a d'autres ambitions que le racket local. Il compte user de ses relations avec Jasmine, employée au Quai d'Orsay, qu'il a connue en Mauritanie et aidée par le passé. Parallèlement une agence privée est mise sur le coup et Dimitri , beau gosse qui a la particularité d'être médecin , est chargé de surveiller la ténébreuse Jasmine.

Voilà pour la trame. Vu comme ça , cela ne vend pas du rêve, cela semble un peu convenu. mais ça , c'est juste parce que c'est moi qui vous le raconte.
Monsieur Ruffin fait cela avec talent, exposant sa science sans nous en abrutir . Il nous livre un roman foisonnant, expliquant relativement bien le fonctionnements des groupes armés du Sahara et nous livrant une vision attachante de la Mauritanie.
Un très bon moment de détente.

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En passant par Nouakchott, un roman de terrorisme et d'agences de renseignements internationales.

Dans le désert de Mauritanie, une « katiba », un camp d'entraînement pour un groupe d'islamistes, des luttes de pouvoirs entre différentes factions du mouvement terroriste.

Une Française qui a séjourné à Nouadhibou en Mauritanie avec son mari diplomate, et qui travaille maintenant à Paris, au service du protocole qui accueille des dirigeants étrangers.

Une agence de renseignements privée a reçu une information au sujet d'un attentat en préparation et envoie des enquêteurs sur le terrain.

Ce sont les ingrédients principaux d'un roman qui tient du thriller et du commentaire social, avec le dépaysement de paysages lointains.

Je n'irai probablement jamais à Nouakchott, mais grâce à la magie de la littérature, un peu de la Mauritanie est entré dans ma carte mentale.
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Un bon moment de lecture ,dans la même veine que le parfum d'Adam sauf que cette fois ce n'est pas un thriller écologique mais un thriller sur les groupes islamistes.
Une fois de plus c'est très bien ficelé ,prenant et les personnages assez complexes pour qu'on ne devine pas leurs intentions .
J'ai aussi apprécié que l'on soit immergé dans l'une des katibas ,qui sont les campements islamistes du Sahara car ce sont des choses dont je ne connaissais rien .
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Pas vraiment passionnée par les romans d'espionnage, j'ai dû fournir un sacré effort pour m'atteler à cette lecture ! J'ai fait confiance à l'auteur...

J.C. Rufin navigue à vue au milieu d'un imbroglio d'actions terroristes un peu partout sur la planète, dans les déserts, au milieu d'une foultitude de personnages : terroristes, agents doubles, informateurs etc...
Et, bien sûr,l'histoire serait plus fade sans intrigue sentimentale !
Mais, je l'ai souvent trouvée empêtrée dans les clichés . Cependant, Jasmine ,personnage principal empreint d'ambiguïté, donne à l'histoire bien du piquant : franco-algérienne, elle se débat entre ses deux cultures et jusqu'à la fin, toute l'ambiguïté qui la caractérise donnera du corps au récit et maintiendra le suspense.

Et, comme toujours, l'écriture est belle.
Un style limpide qui n'oublie pas de temps en temps une touche de poésie .

Mais, ce livre a avant tout une fonction documentaire. Son intérêt est d'apporter au lecteur tout un panel d'informations sur le terrorisme islamique ,son fonctionnement et sur les modes d'action des renseignements généraux ainsi qu'une ébauche de quelques unes des causes de ces actions terroristes.

Même si la forme romancée allège un peu la gravité du sujet ,la fiction nous ramène sans cesse à l'actualité .
Une lecture informelle donc, bien utile hélas.

Et,encore une fois, j'ai surtout envie de saluer la culture et le talent de Monsieur Rufin .
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Plus encore qu'un roman d'espionnage et d'amour, Katiba est un document intéressant sur les cellules terroristes intégristes, le fonctionnement de la nébuleuse al Qaida, et surtout sur cette immense zone désertique comprise entre la Mauritanie, l'Algérie, le Niger et le Soudan, propre à tous les traffics.
Ce roman rappelle également que le terrorisme islamiste est le propre de mouvements indépendants des états et que l'état Algérien, en l'occurrence, et ses services secrets luttent fermement contre l'islamisme... L'intrigue, elle aussi, ne manque pas d'intérêt, quant aux personnages, j'ai trouvé qu'ils leur manquaient un peu d'épaisseur, dommage, il m'a manqué un peu d'empathie envers eux pour que je sois complètement passionnée...
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Rufin auteur de fresques historiques ou contemporaines était loué pour son écriture et sa vision du monde jusqu'à … la sortie du parfum d'Adam et de Katiba. Rufin, pourtant bien informé sur les phénomènes de djihadisme fondamentaliste au Sahel, car ayant été en poste à Dakar, a alors vu la critique se faire plus sévère, voire méchante.
Pourtant Katiba est un roman – thriller encore d'actualité, bien conçu, pas manichéen. Bizarre comme ce genre de littérature lorsqu'elle vient d'Amérique est considéré comme la preuve que les auteurs US savent mener des ouvrages d'espionnage ou d'action (sous entendu « eux »), et quand c'est écrit sous la plume d'un français cela devient vulgaire.
J'ai trouvé ce Katiba très lisible, vivant et utile pour ceux qui veulent en savoir plus sur les troubles que connaît cette région.
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Un roman intéressant qui nous retrace les modes de fonctionnement des ''Katiba'' pour ne pas dire le lieu de refuge ou de commandement des réseaux terroristes opérant au Maroc et dans les pays du Maghreb. On croirait lire un dossier spécial classé top secret ou encore lire un rapport spécial bien ficelé sur la terreur que sème le terrorisme dans le Sahara. L'écriture est magistrale, je veux dire par là très académique, les lecteurs sont des étudiants et l'écrivain est un grand voyageur, ce qui implique un grand connaisseur du monde et des choses, et il vous toutes ses connaissance. L'intrigue est très alléchante, l'écriture est agréable à lire mais le seul bémol est que j'avais voulu m'éloigner à un moment du style journalistique où l'information est plus importante que le trouble littéraire. Sentir l'auteur dans chacun des personnages, sentir un peu d'ivresse, un peu de frisson!
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Dans Katiba, comme dans Globalia ou le parfum d'Adam, Jean-Christophe Rufin sacrifie délibérément le style pour la narration. L'efficacité immédiate est l'objectif recherché dans ces thrillers dans l'air du temps (le fondamentalisme religieux après l'écologie), très documentés et astucieusement fragmentés, pour y suivre de façon concomitante une action qui se déroule sur plusieurs fronts (une mise en place très cinématographique). Katiba est un roman dont les personnages ressemblent à des clichés sauf que, bien entendu, ils ne sont pas en réalité ce qu'ils paraissent être. le livre suit les lois du genre mais Rufin y introduit son propre regard, la distance ironique de celui qui n'est pas dupe de ce qu'il écrit et qui s'autorise quelques clins d'oeil malicieux au lecteur. Ce dernier est ravi de s'introduire, façon petite souris, dans les arcanes du Quai d'Orsay ou, plus intéressant, au coeur des campements du Sahara où s'ourdissent de sombres complots. On sait gré à Rufin de se situer hors de tout manichéisme, dans un monde gris où innocence et culpabilité sont des notions qui se discutent. Jasmine, la figure centrale de Katiba, est à cet égard plus qu'un symbole : franco-algérienne, elle est un personnage ambigu et énigmatique qui donne du piment à ce livre dense et rythmé. Et dont la crédibilité, par son aspect documentaire, n'est pas la moindre des qualités.
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