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sur 613 notes
Après m'avoir enthousiasmée avec son Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin me ramène à nouveau au pays de la samba avec La Salamandre. Ce court roman offre encore une autre facette du romancier qui, décidément, a l'art et la manière de me surprendre. Même si, en l'occurrence, la surprise laisse un goût d'amertume et de malaise. Non à cause d'un manque de qualité ou d'intérêt mais par la nature de son intrigue.

Tout tourne autour de Catherine, secrétaire anonyme dans l'anonymat parisien. Sur la pente descendante de la quarantaine, elle vit seule au milieu de livres précieux et meubles anciens. Elle s'est sortie de la glèbe parentale et s'est efforcée de construire autour d'elle un cocon matériel, sûr et solide. Pourtant, ces murs si protecteurs l'enferment toujours plus dans une solitude absolue où la perspective du dimanche est devenue terrifiante.
Lors d'un sursaut de conscience, Catherine s'envole pour Recife au Brésil, rejoindre une amie de longue date. Là commence une nouvelle vie pour elle. Si tomber amoureux est sans aucun doute une chose merveilleuse, encore faut-il qu'il s'agisse de la bonne personne.

Rufin emporte son héroïne dans un maelström de sensations, de sentiments nouveaux pour elle et dans lesquels elle se plonge corps et âme. Cette longue descente passe de Charybde en Sylla, apportant dans son sillage un malaise croissant au fil des pages. Car il s'agit ici d'un portrait âpre d'une femme qui se perd et s'abaisse volontairement. La carapace de glace de l'Occidentale psychorigide fond sous le chaud soleil équatorial, sous les pulsions d'une terre où la violence sévit sur tous les plans. Brésil, puissance émergente où la misère enjoint de jouer des épaules ou du couteau pour se faire une place.

L'auteur narre ce douloureux récit dans une langue toute en nuance et d'une belle richesse. J'ai fait provende de mots inconnus tels que cabocle ou immarcescible. Certes pas facile à replacer entre le fromage et le dessert mais j'aime ces mots rares et précieux qui ouvrent autant de perspective dans mon univers lexical.
Pour autant, la beauté des mots n'enlèvent rien à la rudesse de l'histoire où chaque page apporte à Catherine un surcroît d'épreuve et d'humiliation. Il est difficile de pleinement appréhender le caractère de l'héroïne. Pourtant, j'ai ressenti son désarroi, sa profonde détresse, son impression de gigantesque néant, et ce besoin de se sentir vivante. Aimée et aimant.

Sa vie brésilienne apportera certes des réponses à ses questions non posées. Comme souvent pour les choses essentielles, le prix à payer pour apprendre est lourd et source de souffrance. Ainsi résonne la destinée de la salamandre qui doit traverser les flammes pour vivre
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D'abord, on ne critique pas une histoire d'amour, on a déjà du mal à gérer la sienne! Ce n'est pas pour aller la ramener sur celles des autres et notamment sur celle de Catherine, au demeurant une gentille fille qui, dans sa jeunesse s'est dévoué à ses parents et, qui est passée à coté de sa vie affective. Au pire, on peut échanger entre-nous et dire que dès sa rencontre lors de vacances au Brésil, avec Gil, un Apollon des « favelas » on sent venir les gros soucis. Quand elle lui donne tout son argent on se doute que ça va surement se passer bien plus mal. Ce roman se lit en 3 heures et, à ce stade on pense l'oublier en 6 ! C'est sans compter sur la grande et belle expérience romanesque de M.Rufin car effectivement tout bascule... « La liberté, c'est le choix de ce qui va vous asservir » pense Catherine. Elle sera libre. Et vous ne l'oublierez pas de si tôt.
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J'ai d'abord détesté ce livre, il m'a dérangé, et puis finalement
j'y repense très souvent, il m'a profondément marqué.
Le thème en est la solitude, un sentiment de néant immense, qui vous pousse dans une relation vouée à la déchéance pour sentir le sel de la vie.
C'est l'histoire d'une française, à l'existence triste et banale, qui lors d'un voyage au Brésil, fait la connaissance d'un jeune voyou. L'idylle commence, elle y retourne, (comme d'autres femmes de nos jours) y retourne encore, quitte tout, lui donne tout, lui voue sa vie jusqu'à la destruction physique, sans rien regretter de son choix.
Drame terrible, en premier par l'effroi qu'on a à lire le destin accepté de cette femme, et d'autre part , par le sujet qui traite d'un des maux de notre société moderne, la solitude, source d'existences meurtries.
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Parce que j'avais beaucoup aimé « le parfum d'Adam », je m'étais promis de lire dès que l'occasion s'en présenterait, d'autre livres de cet auteur, d'ailleurs j'ai bien en attente « Rouge Brésil » dans mes étagères, mais son poids me fatigue d'avance et je sais que nous nous rencontrerons lui et moi le moment voulu.
Et voilà que, dimanche passé, dans un vide grenier, je « tombe » sur une Salamandre pour 50 centimes…. (bin voui, faut ne pas croire que tous les retraités croulent sur un matelas d'or…).
Quoi qu'il en soit, je ne sais pas comment il s'est débrouillé ensuite celui-là pour ne pas atterrir dans l'étagère « pal » et se trouver ce matin, dès potron-minet sur mon chemin et se faire choper…. Bref, je l'ai englouti.
De prime abord, je n'ai été ni convaincue ni même attristée par cette sordide histoire, vraie semble-t-il. Comment peut-on être aussi stupide, aussi aveugle surtout quand on a su préalablement se sortir de la mouise sociale, quand on sait ce que coûte le prix de la liberté… quelle cruche ! et à 50 ans tout de même, incroyable de sottise !
Et puis quel intérêt pouvait bien présenter cette histoire, l'histoire d'une victime, de plus, qui n'a pas compris que le monde est impitoyable, cruel, que les prédateurs, les nuisibles sont légions, partout à l'affut des faibles ?

En fait, c'est la fin du livre, qui, aussi parce qu'elle m'a agacée, m'a fait comprendre où Rufin avait voulu nous mener en nous racontant ce « fait divers » atroce. Car en m'insurgeant contre son entêtement à aimer toujours ce voyou, j'ai pu comprendre qu'elle avait découvert une part essentielle d'elle-même et de la vie, qu'elle se découvrait capable de donner, d'aimer, sans quête d'un retour, et accepté de payer cette victoire un prix exorbitant !
D'ailleurs, il est beaucoup question d'argent finalement dans cette histoire, à commencer par la rencontre et l'affrontement de deux pôles l'un riche, l'autre pauvre, et chacun des deux protagonistes représentent ces mondes et incarnent les déchirements de notre monde d'aujourd'hui. Chacun est riche de quelque chose mais va chercher ailleurs ce qu'il n'a pas, lui est pétrit de sa culture, sa musique, mais en quête d'un mieux-être matériel, elle, comme beaucoup, est en quête de ce que notre monde a perdu de richesse intérieure et de racines culturelles, tribales presque…
Et puis il y a cette relation de l'argent au sexe, si elle peut paraître plus familière aux hommes en général, au moins culturellement, elle n'est pas quelque chose d'évident pour une femme. Pour toutes ces raisons, il semble que cette Catherine, en donnant tout semble désorientée, et semble aussi vouloir réparer une dette d'injustice.
Si tout cela la mène à la ruine, n'est-ce pas aussi pour nous dire que finalement la richesse, l'amour, n'est peut-être pas où on l'imagine, d'ailleurs ne l'a-t-elle pas trouvé in fine, ailleurs, en elle-même, même si elle a dû le payer le prix fort.
Car le bonheur et l'amour existe en soi indépendamment de toute possession « On aime la mer, pensa-t-elle, pourtant la mer ne nous aime pas »
…et c'est peut-être le plus joli message de cette histoire, retrouver en nous la capacité d'aimer…cadeau de Catherine.

Et puis bien sûr, l'auteur nous amène au passage à réfléchir sur l'image que l'on peut avoir de l'autre habitant du bout du monde et pourquoi pas au passage à se regarder soi-même, ne sommes-nous pas capable en effet, nous aussi de nous enfermer dans des relations tragiques ou autodestructrices….
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Avec ce roman, inspiré malheureusement d'un fait réel, je vous propose de partir pour le Brésil, un peu avant que toutes les caméras du monde ne soient braquées sur ce pays pour raison footballistique. Vous allez peut-être y retrouver la chaleur et le carnaval mais vous allez très vite en oublier le côté paradisiaque souvent décrit par ailleurs, car comme l'héroïne, vous allez vous perdre corps et âme dans les ruelles des favelas.
Catherine, célibataire, 46 ans, n'a pas vraiment trouvé d'autre sens à sa vie que le travail. Décidant de faire un break, la voilà partie en voyage au Brésil, chez un couple d'amis. La rencontre de Gil, sur une plage, va bouleverser son destin. Consciente que le jeune homme est un gigolo, elle apprécie malgré tout d'attirer l'attention de quelqu'un et tant pis si c'est grâce au peu d'argent qu'elle possède. Catherine va rapidement être prise dans un engrenage et pour s'accomplir enfin, elle va aller jusqu'à se détruire.

L'auteur décrit parfaitement la confrontation de ces deux mondes même si parfois il se laisse emporter dans des envolées lyriques qui tournent à la réflexion psychologique assez ampoulée. Mais peut-on assister à cette ascension de violences que l'héroïne va accepter de subir, sans éprouver un certain malaise ? Certainement pas moi. Ce drame de la solitude, cette longue descente aux enfers, m'a dérangée. J'espère que, du même auteur, "Rouge Brésil" qui m'attend dans ma PAL me présentera une autre facette de ce pays ou une vue plus optimiste du sentiment amoureux. 8/20
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Jean-Christophe Rufin nous offre ici un roman que j'ai trouvé très bon.
Il nous livre une histoire d'amour; mais pour une belle histoire il faut être deux et malheureusement pour Catherine, le personnage principal, celle-ci sera à sens unique. Malgré tout, elle essaiera de la faire vivre passionnément, intensément, s'y livrant corps et âme jusqu'au bout. Est-ce un beau portrait de femme ? Je ne le pense pas, elle sera aveuglée, partant bien loin de ce qu'elle voulait à l'origine.
C'est également un livre sur la quête de soi, de sa liberté, tout quitter pour recommencer ailleurs, mieux, au bout du monde, tout lâcher pour se renouveler, devenir autre, se sentir enfin vivre.
Et quoi de mieux pour cela que de planter le décor au Brésil, pays si contrasté où les hôtels de luxe côtoient les bidonvilles ?
L'auteur nous immerge dans la réalité de cette terre dure pour ses habitants mais où les gens semblent vivre plus intensément chaque instant, où les couleurs, les odeurs éclatent face à nos sociétés qui nous paraissent alors bien aseptisées.
Envie d'évasion, embarquez avec Catherine mais n'allez pas aussi loin qu'elle où il vous en cuira.
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Difficile de parler de ce livre tant le sujet est bouleversant: Catherine, une jeune femme dont la vie de comptable est bien réglée, pour ne pas dire ennuyeuse, tombe amoureuse d'un jeune Brésilien sulfureux lors d'un séjour passé chez des amis français installés à Rio. Prise au piège de cette passion pour un être intéressé, elle va tout abandonner et céder toutes ses possessions matérielles à son redoutable ami qui va l'entraîner dans un monde de violences, de brutalité où ne compte que la survie et l'appât du gain.
Le récit d'une femme qui se perd par amour et au delà de cette histoire tiré d'un fait réel, un thème fort qui se dessine: celui de l'Occident englué dans un certain ennui face aux pays émergeants livrés à la faim et à la lutte pour la survie..Un livre âpre que vous n'êtes pas prêts d'oublier...
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Catherine a une quarantaine d'années lorsqu'elle fait son premier grand voyage. Elle part retrouver une amie de longue date au Brésil. Elle découvre d'abord l'image d'Épinal : la chaleur, la plage, le luxe des européens moyens en leur pays mais riches en Amérique du Sud. Puis, elle rencontre Gilberto, un beau jeune homme qui lui rappelle les plaisirs de la chair. Sans tomber amoureuse, elle lui voue une sorte de vénération toxique. Catherine prolonge son séjour, revient sur ses pas pour se rapprocher de Gil et la situation se dégrade, jusqu'à la déchéance de l'esprit et du corps...

C'est le premier livre de Jean-Christophe Rufin que je lis et je l'ai trouvé bien écrit. le vocabulaire est bien choisi et les descriptions de la situation géographique et sociale du Brésil m'ont plu. Il dépeint aussi bien les couleurs et les sons que l'on prête au Brésil, que la laideur des bas-fonds, du trafic, de la roublardise autour de touristes naïfs et les pauvres moyens des moins favorisés pour se sortir de la misère. Ce très court roman se lit en une ou deux sessions : preuve de la qualité de l'écriture.
Malheureusement j'ai trouvé la mise en place et peu longue et je m'y suis un peu ennuyée. Je suis restée "à distance". Je ne me suis pas attachée au personnage de Catherine, et Gil est rapidement devenu vraiment très antipathique. Je n'ai pas compris la psychologie de Catherine, et les faiblesses qui la poussent toujours plus bas. J'ai quand même voulu savoir comment cette femme perdue d'avance allait bien pouvoir se sortir de ce traquenard malsain.
Ce curieux couple antinomique donne lieu à quelques réflexions sur la vie, l'amour, l'attachement aux différences de l'autres. Ce qui m'a aussi laissée de marbre, pas vraiment émue. Au mieux surprise voire choquée par les comportements nocifs ou lascif, je n'ai pas ressenti d'émotion au delà de cet inconfort et d'un peu d'étonnement. Peut-être ce roman est-il trop court pour s'y impliquer et s'immerger ?
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Jean-Christophe Rufin fait partie de mes auteurs préférés.
Je trouve qu'il a une capacité incroyable à raconter le.monde.
Dans ce roman, je pense qu'il a voulu,d'une certaine façon, mettre en garde le touriste occidental des risques de se laisser "abuser" par le chant des sirènes des pays lointains.
Mais, j'ai rarement lu un roman d'une telle violence et d'une telle intensité.
J'en ai été toute perturbée.
Je ne vais pas résumer l'histoire, ce n'est, je pense, pas l'objectif d'une critique.
Je vais donc, uniquement, parler du style.

Ce roman est écrit avec les mots justes pour décrire les sentiments, le contexte.
Il y a beaucoup de descriptions et de métaphores. C'est ce qui m'a le plus dérangé.
Et l'histoire....mon Dieu l'histoire ! Elle est traumatisante.

Ce n'est pas un roman qui se lit "sur la plage", ni à mettre entre toutes les mains.
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La Salamandre, c'est cette quarantenaire prénommée Catherine qui, à force de travail et d'abnégation, s'est créé un univers sécurisant mais totalement vide de sens. Lorsqu'elle part au Brésil pour ses premières vacances, elle va tomber sous le charme de la torpeur équatoriale, appréhender la misère et la flamboyance d'un pays immense aux mille paradoxes.
Dans cet environnement déstabilisant, elle va tomber amoureuse d'un jeune voyou des favelas trop beau pour être honnête, Gilberto. A force de se heurter à ses contradictions et de s'évertuer à vivre une relation amoureuse plus fantasmée que réelle, Catherine va sombrer doucement dans un mirage trop présent où, telle la salamandre de la croyance populaire, elle ira se lover dans le feu ardent qui va la consumer.
Ce court roman est comme une gifle assénée au lecteur. le début paraît banal, cette Catherine, parisienne en mal de liberté, peine à accrocher l'intérêt. Sa solitude accaparante et sa condition de femme assez passive reléguée à sa seule féminité saccagée sous le joug d'un amant impitoyable semblent dessiner les contours d'un roman qui décline sans imagination une relation amoureuse sous le soleil brésilien.
Puis, au fil des pages, sa lente descente aux enfers parvient à émouvoir, d'autant que la langue de Rufin est belle, ciselée et délicate. Il égrène une petite musique douce et lancinante, parfois tonitruante avec les effets de samba tantôt limpide comme une cascade virevoltante, mais toujours rythmée par le ressac de ce grand océan qui vient mourir sur les plages paradisiaques.
Le paroxysme de cette chute est comme un point d'orgue diabolique et touchant qui nous laisse pantois et révolté. Pantois parce qu'on ne comprend pas que Catherine se condamne par amour d'un bellâtre ridicule et révolté parce qu'on se dit qu'il n'est pas possible qu'une telle situation sois réelle dans un Brésil certes impitoyable mais au demeurant si beau et attirant.
Ce roman dormait depuis quelques années dans ma bibliothèque, et c'est après avoir lu et apprécié le dernier Rufin (Le tour du monde du roi Zibeline) que j'ai exhumé cet ouvrage. Quelle belle rencontre se fut ! Qu'il est réjouissant de trouver, au bénéfice d'un hasard (un livre qui vous attire irrésistiblement sur un présentoir), un auteur aussi talentueux alors que, peut-être un peu blasé après quelques décennies de lectures gourmandes jusqu'à l'indigestion, on imaginait une telle découverte impossible ! Seule la lecture peut procurer de tels bonheurs égoïstes parce que tellement personnels…

Michelangelo 9/01/2019

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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