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Critique de Cancie


Cancie
30 décembre 2020
Après la Guinée et le Mozambique, Jean-Christophe Rufin nous entraîne cette fois en Azerbaïdjan, sur les pas de Aurel Timescu, cet attachant personnage, qui vient prendre son poste de Consul-adjoint pour trois ans, dans la capitale Bakou, au bord de la mer Caspienne. Ce pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie a gagné son indépendance au moment de l'éclatement de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1991.
Aurel, si vous avez lu les deux précédents tomes, déteste la chaleur, n'est pas réputé pour son abstinence et n'apprécie pas les régimes totalitaires. N'oublions pas qu'il a fui sa Roumanie natale pour échapper à Ceausescu. Or le dénommé Prache, son persécuteur au service des ressources humaines l'avait convoqué pour lui annoncer méchamment cette nouvelle "Vous allez apprécier, j'en suis sûr. Écoutez ça : islam religion d'état, latitude tropicale, climat désertique. le pays est coincé entre la Russie et l'Iran, des voisins charmants. Au fait, j'oubliais un détail : il est en guerre, hé ! hé ! Avec l'Arménie, leur troisième voisin."
Et voilà qu'arrivé à Bakou, Aurel n'en revient pas, la ville lui rappelle à la fois Paris et Bucarest, les deux villes qu'il aimait le plus au monde, celle où il avait grandi et celle où il avait trouvé refuge.
Lorsqu'il se rend à l'Ambassade pour prendre son poste, l'ambiance est bonne. Il est accueilli par Amélie Laugier. Elle lui expose en quelques mots la mission du service consulaire dont elle est la cheffe et où il aura à l'assister comme adjoint et lui présente l'équipe. L'Ambassadeur, quant à lui étant en déplacement, elle lui dit d'en profiter pour s'installer. Il apprend cependant que Mme de Carteyron, la femme de l'Ambassadeur, est décédée il y a un mois, dans un accident, en visitant un monument en ruine. Elle avait quarante-cinq ans.
Quand Aurel retourne à la chancellerie pour rencontrer l'Ambassadeur, l'ambiance a changé du tout au tout et celui-ci le reçoit avec un regard dur, une expression de pitié méprisante et lui assène qu'il partira. Aurel, dans un premier temps désemparé, réagit, se disant qu'il ne va pas se laisser faire. Il s'aperçoit, en fait qu'il ne connaît pas les circonstances de la mort de Mme de Carteyron et le comportement de cet homme lui inspire des soupçons, une intuition en quelque sorte et Aurel s'est toujours fié à ses intuitions. Il va donc mener l'enquête, une enquête, entre mafias locales et grands contrats internationaux, qui prendra l'ampleur d'une affaire d'Etat, une enquête où il se retrouve, cette fois, à faire équipe et qui va être rondement menée.
Le flambeur de la Caspienne est un polar superbement écrit, dans lequel cet anti-héros qu'est Aurel nous est particulièrement sympathique. Ses fringues et son accoutrement, d'une autre époque, sa fausse maladresse légendaire apportent beaucoup d'humour au récit et m'ont parfois fait penser à Colombo. Impossible de résister à la scène où, à la réunion de service à laquelle sont présents tous les membres de l'Ambassade, lui compris, il s'est déchaussé et s'étant un peu assoupi, doit fébrilement retrouver ses chaussures, la séance étant levée ! Il préfère également de beaucoup son vieux piano, une partie d'échecs et une bouteille de Tokay bien frais aux dossiers trop ennuyeux du bureau.
L'auteur, ayant été lui-même ambassadeur à Dakar (Sénégal) connaît particulièrement le milieu diplomatique et en restitue l'atmosphère au plus juste. Très intéressante et très instructive aussi, l'analyse politique et historique de ce pays assez méconnu que l'Azerbaïdjan. Si, pour le deuxième tome, j'avais émis un avis un peu mitigé, j'ai à nouveau été conquise par celui-ci.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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