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Citations sur Les énigmes d'Aurel le Consul, tome 1 : Le suspendu de .. (128)

Alors, je me suis mis à jouer dans des bars.

— Des bars ?

Aurel avait perçu l'expression de Jocelyne : il vit qu'elle avait décelé son petit mensonge.

— Enfin, des bars, vous me comprenez. Des établissements de nuit avec des filles, du champagne et des clients qui ne viennent pas vraiment pour écouter de la musique.

— Je vois.

— Alors, quand je me suis présenté un jour dans un commissariat pour dire que je voulais travailler dans la police, il n’a pas fallu un long interrogatoire pour que le type qui m'avait reçu comprenne à qui il avait affaire. Un réfugié roumain qui joue la nuit dans des...

— ... bordels.
Aurel était sincèrement désolé d'avoir fait déchoir Jocelyne, sa Dame, jusqu'à de telles trivialités.

— Bref. Ce n’est pas une conversation pour une femme comme vous.

Jocelyne sourit en regardant ce petit personnage se troubler et se tortiller sur sa chaise en cherchant un autre sujet. Elle décida de le taquiner.

— Si je vous comprends bien, on ne peut pas être flic quand on est pianiste de bastringue ; en revanche on peut devenir Consul de France.
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Il se sentait comme un gladiateur qui va entrer dans l'arène pour une lutte à mort. Ce qu'il allait faire était si déraisonnable que cela pouvait s'apparenter sinon à un suicide, du moins à un sabordage. En même temps, il avait la perspective de bien s’amuser et d’accomplir un acte de justice. Tout ce qu'il aimait dans la vie, en somme.
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La ville à l'aube était encombrée de piétons car les pauvres, selon une loi universelle à laquelle Conakry ne fait pas exception, sont contraints de se lever plus tôt que les autres. Des groupes entiers de femmes et d'hommes marchaient, portant sur la tête des sacs ou des bassines en plastique. Au milieu d'eux, on apercevait des écoliers en uniforme coloré et des employés en costume européen, les chaussures pleines de poussière mais la chemise blanche impeccable. La chaleur était déjà là mais elle tournait dans l'air comme un oiseau de proie.
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Les relations de famille en Afrique forment un tissu invisible sous le décor en trompe-l'oeil des institutions officielles. Un directeur d'administration et un coursier peuvent être très proches en raison de leur parenté et se rendre des services que leur position hiérarchique visible ne permettrait pas de soupçonner. A l'inverse, deux dignitaires en apparence égaux peuvent se révéler séparés par des antagonismes ancestraux, l'un persistant à considérer l'autre comme un ancien vassal, voire un descendant d'esclaves. (p. 197)
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A la fin, l'esprit gonflé par toutes ces existences, il se mettait au piano. Il jouait des heures pour épancher cet oedème affectif qui, sinon, se serait écoulé en larmes. (p. 78)
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Mais, tout à coup, tel Adam interpellé par le Créateur, il prit conscience de sa nudité. Il se rua sur son placard et en sortit ce qui littéralement lui tombait sous la main. Il enfila un vieux pantalon en velours qu'il réservait d'ordinaire pour des promenades le dimanche sur le terrain du club de golf. Il passa un pull à col roulé bleu et, par-dessus, une veste de smoking. Machinalement, il noua une cravate autour du col roulé. Puis il fouilla dans le bas du placard pour trouver une paire de chaussures. Il prit la première venue, des mocassins bordeaux à glands, et l'enfila sans se donner la peine d'ajouter des chaussettes. Il attrapa sur un meuble près de la porte son portefeuille et ses clefs et sortit dans la ruelle.
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La foule regardait le corps suspendu. Une ligne continue d'Africains, hommes, femmes, enfants, occupait le quai et toute la digue jusqu'à la bouée rouge qui marquait l'entrée de la marina de Conakry.
Les regards se portaient vers le sommet du mât. Comme la marée était haute, la coque du voilier était presque au niveau des bords du bassin. Le corps se découpait sur le fond uniformément bleu du ciel tropical. On le voyait de très loin. Au balcon des villas du front de mer, de nombreux résidents tout juste éveillés fixaient cette image d'horreur. Certains avaient eu le temps de sortir des jumelles. Ils avaient reconnu dans la victime un homme blanc, attaché par un pied. Il avait les mains gonflés et sur son visage écarlate avaient ruisselé quelques filets de sang.
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Les voiliers au mouillage se balançaient à peine. Sur les ponts, des toiles tendues entre les mâts donnaient une pénombre colorée. Quatre personnes, sous l'une d'elles, achevaient de déjeuner. Un homme en maillot de bain, la poitrine couverte de poils noirs, fumait, appuyé contre le hauban. L'endroit sentait les vacances, mais des vacances particulières, sans l'impatience qui les accompagne souvent, des vacances qui n'auraient jamais de fin.
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Ce qu'elle semblait affectionner le plus, c'étaient les cercles de bienfaisance. Pas ceux qui demandent un militantisme de terrain. Elle n'avait aucun goût pour les hôpitaux, les centres de distribution de nourriture, les foyers. Ce qu'elle aimait, c'était la bienfaisance mondaine, les dîners de charité où l'on parle des pauvres mais en exhibant ses toilettes les plus chères. (p. 137)
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Dupertuis aimait sincèrement l'Afrique et il entretenait de véritables amitiés avec ses collègues guinéens. On l'aurait beaucoup étonné en lui faisant remarquer qu'il parlait d'eux avec une condescendance qui n'était pas tout à fait sans évoquer la mentalité coloniale. (p. 38)
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