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EAN : 9782373554939
50 pages
Unicite (02/10/2020)
4.12/5   4 notes
Résumé :
...Mais l’important, plus qu’à ces sensations de cauchemars banals, tient à l’opération d’écriture. Laquelle présente un double trait. Il faut noter, en premier lieu, la précision du lexique, ou, plus exactement, sa littéralité. Étienne Ruhaud écarte la facilité métaphorique (laquelle, de surcroît, mène au vague, à l’indécision), et choisit les termes exacts : « leur corps mesure environ un mètre cinquante », « des oeufs bruns de la taille d’un ballon de basket », «... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un éblouissement saisit le visiteur d'un immense zoo fantastique dans le monde aux dimensions gigantesque d'un futur postindustriel. Par le biais du bestiaire imaginaire, nous retournons aux secrets de la coexistence entre l'homme et l'animal, à ses dangers comme à ses utilités révélées sans doute par des siècles d'apprentissage et d'expérience. Bestiaire visionnaire mêlant animaux connus et inconnus, entre charme et frisson, toujours en poésie à l'image de ces dangereux ouranis à l'apparence si belle, attirant hommes et animaux pour les digérer. Clin d'oeil aux exercices de style moderniste comme aux premières tentatives encyclopédiques (on peut penser à Aristote ou à Pline l'Ancien relatant les noms d'animaux fabuleux), le recueil atteint par-delà ses modèles et le mélange de réalité et de difformité, un monde primordial, où se trouve restituée une unité entre l'homme et un monde qu'il ne maitrise plus, sauf dans certains sombres tableaux tels celui des Scorpions géants que l'Etat utilise pour éliminer les gêneurs. Encore que même là, la puissance de l'animal est première et objet essentiel de fascination. Malgré la poésie des formes et des couleurs, la lenteur des vies et mouvements de beaucoup des êtres inventés, la cruauté n'est jamais loin en effet. Cependant le danger couru par le lecteur reste éphémère, lui assurant un plaisir subtil, lui qui regarde les animaux comme le visiteur d'un parc sous-marin contemple les requins, émerveillé, sans pouvoir se défaire tout à fait de la pensée qu'il pourrait se trouver de l'autre côté de la vitre.
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Animaux est un bestiaire qui peut évoquer les cabinets de curiosité. Ce sont des animaux surnaturels mais qui semblent vraisemblables tant l'auteur les décrit avec précision. En effet l'écriture n'est pas celle des contes mais plutôt celle des sciences naturelles. Il y a des animaux forestiers et d'autres sont aquatiques.

Cela me fait penser un peu à un grimoire de sorcier. L'auteur parle de certaines pratiques un peu païennes car certains animaux mi-végétaux, mi-minéraux ont des propriétés ou des vertus. Les animaux décris par Etienne Ruhaud sont le monde « des petites bêtes » grossies au microscope (ils sont de taille monstrueuse à hauteur humaine), c'est un monde assez cruel et morbide, les animaux sont assez répugnants et malsains. La nature y est extrêmement hostile. Cela me fait penser au dégout de Baudelaire pour la nature. Ce recueil pourrait être une sorte d'abécédaire, où chaque espèce est décrite en quelques mots, une espèce par page, les noms sont assez poétiques : Les Bôlces, Les Braïans, Les Kabutos…D'autres noms sont connus, plus familiers comme Les Dragons, Les Cèpes, Les Centaures, Les Scorpions, Les Lunes, Les Baignoires, mais la plume d'Etienne Ruhaud les a réinventés. Ils nous sont faussement familiers. Les dragons ne sont pas ceux de nos livres d'enfants, ils sont moins merveilleux, le monde d'Etienne est désenchanté. Nous sommes téléportés dans un étrange monde qui semble si proche du notre. Nous ne savons pas de quel côté du miroir nous sommes. Est-ce l'univers d'un rêve Lovecraftien ? Ou bien la métamorphose de Kafka ? Quelles sont les angoisses qui se cachent derrière les métamorphoses? Tous les animaux apparaissent écoeurants mais ce sont aussi des formes très diverses de « Vampires », ils sont vampirisant.

Les humains sont en arrière-plan. Des peuples qui semblent primitifs avec certaines pratiques magiques qui ne sont pas sans évoquer le chamanisme. La nature fait loi même si l'homme s'en défend ou cohabite tant bien que mal et en tire parfois profit. Si les animaux sont décrits avec une extrême précision, l'univers fantastique (ou de science fiction) qu'ils entrouvrent est assez flou. Etienne a su préserver le mystère. On peut songer à un monde du futur, quelques décennies après une catastrophe nucléaire où des animaux auraient pu muter et où la civilisation humaine est redevenue sauvage et s'est adaptée.

Je parle de populations humaines mais ce sont peut-être d'autres peuples plus lointains. On peut s'imaginer sur une autre planète, dans une autre galaxie, semblable à la notre.

La couverture est joliment illustrée par une encre en couleur de Jacques Cauda, un animal étrange légèrement flouté, dilué. Cela m'a rappelé les estampes (qui sont moins connues du grand public que d'autres oeuvres) de Salvador Dali : des animaux un peu enfantins, aux couleurs pastelles, les contours estompés d'eaux. Il y a deux autres encres en noir et blanc dans ce bestiaire.



Note de lecture par Prisca Poiraudeau écrite 21 novembre 2020.
Lien : http://fee-noire.over-blog.c..
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Une monographie rassemble et classe avec force application les matériaux recueillis et un tel traité manquait, se dit-on lorsqu'on lit toutes ces fiches ; il est une boussole, empirique certes – et c'est là sa beauté –, mais une boussole et une carte pour se diriger et revenir assurément sidéré, mais vivant, peut-être, de Terres inconnues que l'on se piquerait de visiter, soi-même.
On pense, en lisant les fiches, au bestiaire en son sens médiéval, mais aussi en son sens par métonymie, où l'on imagine voir renversé le mouvement : l'ensemble de ces animaux viendrait irriguer le roman ou le récit à écrire, au lieu d'en être de façon fictionnelle extrait.
Une bien belle expérience de lecture.
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C'est excellent, du début jusqu'à la fin. Étienne Ruhaud est un digne héritier d'Henri Michaux, un épigone De Lautréamont et de Swift. Ses récits descriptifs surréalistes d'animaux presque réels ou fictifs font preuve d'une imagination précise et débridée, pimentée d'humour et de dérision.
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Les « animaux » d'Étienne Ruhaud (déjà l'auteur d'un premier roman remarquable, Disparaître, chez Unicité) existent presque. Et ce « presque » nous plonge tour à tour dans l'amusement inquiet, la déstabilisation, la répulsion, l'étrange inconfortable, la crainte nimbée d'un rire pour se rassurer … Une profusion d'images improbables surgit de la description précise de ces micro-portraits, dont la froideur clinique mimant le scientifique égale la beauté de la formulation du poète. Rencontrez ces étranges créatures, symboliquement fortes, rappelant que la nature demeure tout sauf un cadre romantique posé pour notre seul plaisir. Certaines sont illustrées par l'artiste Jacques Cauda, mais pour les autres, il vous faudra les imaginer, non sans un certain frisson dans le dos…
Lien : https://www.unepageaecrire.f..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
LES LUNES

   Vastes méduses volantes, descendues des plateaux du ciel.
  La forme est presque ronde. La surface tachée de cratères, de crevasses, de varices, balafres sur une peau grise et rugueuse, éléphantesque.
   Énormes ballons à moitié dégonflés, flottant par-dessus la ville, les champs, apparus après le mois de pluie, comme des saletés à l’horizon, un point noir, une fièvre ou une rancune. Fausses planètes de charbon.
   D’aucuns voient bon, ou mauvais présage, dans leurs ondulations, leurs mouvements. Les lunes échouent avec un bruit mat, tel bulle qui éclate, eau et boue répandues sur le bitume en une flaque noire, un cloaque. Des gaz s’échappent encore quelques jours, comme après une éruption, feux follets de terre et de cendre, puis tout s’éteint.
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Comme des nénuphars colorés, de Comme des nénuphars colorés, de petites îles circulaires éclairent la nuit océane.
(....)
Du corps ne restent qu’os noircis, échoués sur la grève, débris d’un songe cruel.
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LES BRAÏNS


Des poissons dans la tête.
Ça vous rentre par la bouche, le nez, les oreilles, pendant le bain dans la rivière. Des œufs microscopiques qui éclosent entre les méninges en grouillement millimétrique d’alevins rouges, nourris du liquide céphalo-rachidien qui les baigne.
Pas de migraine, mais une perte de la mémoire, avec parfois de bizarres changements d’humeur, de thymie. Les braïns piquettent la pie-mère de multiples scléroses vertes, petites souillures, varicelle du cerveau.
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LES GRAVES


Drôles d’arbres, plantés sur une île nue, chez un peuple mystérieux, habitant les cavernes calcaires.
Plus large qu’un baobab, le tronc est entièrement creux, couvert d’une écorce blanche semblable à celle du bouleau, tachée de trous, d’éclats, blessures d’où s’écoule un sang noir et amer. Quelques feuilles coupantes et mesquines couronnent le tout.
Vieux et malades se couchent à l’intérieur pour attendre la mort. La sève du grave dissout le corps, et s’en nourrit.
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