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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La ville blanche écrasée de soleil
Ou un jour, je suis né
Les rues en pente, le pont sur le Rhummel
Les jardins d'orangers"
Khémaïs, ouvrier spécialisé chez Renault cite Victor Hugo: "Dieu, ouvrez moi les portes des ténèbres, pour que je puisse rencontrer la lumière." C'est comme ça que je voyais la France...
En débarquant, j'ai rencontré l'indifférence (puis le racisme!) Et j'ai pensé que ça allait être dur... très dur!


"Non, je n'ai pas oublié
Bien que ma Vie ait changé
Mais le silence est une façon d'aimer"
Avec le choc pétrolier en 1970, le chômage apparaît... Les Algériens ou Français d'origine algérienne sont les premiers touchés ! Ils subissent l'hostilité de l'opinion.Le gouvernement Messmer décide le "gel" de l'immigration et en 1974, Giscard officialise le regroupement familial.


"Non, non, non
Non, je n'ai pas oublié
Tous ces voyages attristés
Mais, on n'a pas le droit de sacrifier
Le Présent au Passé"
Beaucoup de retraités maghrébins n'arrivent pas à dire : " Je veux mourir dans ce pays...Tu veilleras à ce que mon corps repose en direction de la Mecque ?"


"Mais aujourd'hui vous et moi
Ne pouvons rien changer
Non, non, non
Non, je n'ai pas oublié".
Enrico Macias.


A la recherche de cette difficile identité pour les Maghrébins, certains ont été tentés par l'Islam, d'autres ont été happés par la délinquance, beaucoup d'entre eux ont réussi leur intégration, déclare l'auteure Yamina Benguigui, fille d'immigrée dans les documentaires, tirés de son livre "Mémoires d'immigrés."
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Cette mise en dessin des témoignages d'immigrés maghrébins recueillis par l'auteure Yamina Benguigui il y a plus de 20 ans, que je ne connaissais pas, m'a littéralement bouleversée.

La représentation des personnes avec des visages de chat (ou seraient-ce des souris?!) fait immanquablement penser à la B.D Maus et accentue le propos, je trouve.

Les témoignages sont bouleversants, un ouvrage qui devrait faire partie du programme scolaire. Lisez-le!
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Après avoir lu le roman de Yamina Benguigui, Jérôme Ruillier a décidé de l'illustrer. Son oeuvre se déploie sur trois parties qui donnent successivement la parole aux pères, aux mères et aux enfants.
Les pères – Ils sont les premiers à avoir quitté le Maghreb et franchi la Méditerranée. Célibataires ou séparés de leurs familles, ils s'entassent dans des foyers Sonacotra. Ils ont pour nom Khémaïs, Abdel ou Ahmed, mais en France, tout le monde les appellent Mohamed. Ils ont répondu à l'appel de la France qui a besoin de main-d'oeuvre pour ses usines. Ces hommes sont devenus O.S. dans les usines de Renault-Billancourt ou de Peugeot ou ouvriers dans les mines. Les perspectives d'évolution professionnelles sont faibles voire inexistantes. Et pourtant l'espoir était grand : « Je suis venu en France et j'ai aimé Renault comme on aime une maîtresse. » (p. 28) En dépit de la misère et de conditions de vie déplorables, les hommes veulent croire au rêve français. Les droits des ouvriers immigrés sont bafoués et l'aide au retour de Stoleru est un scandale. Certains hommes ne travaillent en France que pour faire vivre la famille restée au pays. Quand les familles sont enfin réunies, les pères hésitent entre différentes positions pour leurs enfants. Certains les élèvent dans la nostalgie et dans l'espoir du retour au pays. D'autres encouragent leurs enfants à s'intégrer, à devenir de vrais Français. Mais l'intégration n'est pas facile : « Attention, il faut que tu sois meilleur que les autres, parce qu'en cas d'égalité tu ne passeras pas. » (p. 57) Ces hommes sont à la fois victimes et héros de la France d'après 1950.
Les mères – Avec le regroupement familial autorisé par Valéry Giscard d'Estaing, les épouses et les enfants ont rejoint les hommes en France. Yamina, Zorah, Fatma ou encore Djamila découvrent un pays moins beau que celui dont elles rêvaient. « Une cité composée de baraques toutes pareilles où il n'y avait que des Maghrébins. Elles ressemblaient à un village d'Algérien dont on aurait ôté le soleil, les palmiers et le jasmin. » (p. 93) Ces femmes qui ont traversé la Méditerranée refusent de se laisser enfermer. Elles apprennent à lire, elles osent sortir, elles s'entraident et veulent réaliser le rêve des hommes. Alors que la guerre d'Algérie fait rage, que les Maghrébins ne sont pas vus d'un bon oeil en France et que les F.L.N. et au M.N.A. terrorisent à tout va, elles élèvent leurs enfants dans des campements sordides ou des cités ghettos, attentives à donner à leurs familles tous les soins possibles.
Les enfants – Nombre d'entre eux ont été élevé dans la « permanence du provisoire » (p. 175) Ils ont grandi à dix dans des chambres minuscules. Leurs pères se sont vus proposer le retour au pays avec la prime de 10 000 francs. Ces enfants ont très vite compris que la France, sous son nom de terre d'accueil, avait un double visage. Entre les promesses et le quotidien, le fossé est grand. Ces mômes-là savent qu'ils ont fort à faire pour honorer la mémoire de leurs pères. « Dans l'Oedipe, il faut tuer le père, mais nous, au contraire, il nous faut le déterrer, il nous faut le faire revivre. Il a été tué socialement par le colonialisme, par les guerres, puis par l'immigration. Au lieu de le tuer, il nous appartient à nous, les enfants, de le faire revivre, de lui faire redresser la tête, qu'il se tienne fier et droit comme quand il se faisait prendre en photo dans son beau costume, pur l'envoyer et rassurer la famille restée au pays. » (p. 209) Ces enfants ont conscience que l'école et l'éducation « à la française » est leur seule chance de réussir leur intégration. Mais contrairement à certains de leurs parents, ils ne veulent pas devoir choisir entre la France et l'Algérie/Maroc/Tunisie. La double nationalité est un trésor, un sésame qui leur ouvre les portes d'un monde double qu'ils tentent de réconcilier. Certaines femmes font le choix volontaire de porter le hidjab, en signe patent de leur foi et de leur ouverture de coeur. C'est parce qu'elles sont musulmanes qu'elles veulent s'intégrer, parce qu'un Français n'est pas nécessairement chrétien. Tous les enfants d'immigrés peuvent prétendre à la reconnaissance. Ils sont les acteurs de la réconciliation et du dialogue.
L'image est crayonnée, on voit la trace et la marque de la mise. Tout n'est que noir et blanc, mais l'image n'est pas étouffante. Parfois, en pleine page, le dessin fait tout paraître gigantesque ou minuscule. On est en présence d'un monde inconnu. le texte est écrit à la main, d'une graphie très scolaire mais appliquée et régulière. le dessin lui-même a quelque chose d'enfantin dans sa simplicité. Les personnages sont de petits animaux, mélange de souris, d'ours et de peluche. On ne peut que penser à Maus d'Art Spiegelman, mais ici le récit n'est pas celui d'une personne. Jérôme Ruillier, comme Yamina Benguigui, donne la parole à des immigrés dont les expériences se complètent, se répondent et se dépassent.
Les portraits et les récits sont touchants et les récits poignants. Jérôme Ruillier a su faire ressentir toute la tendresse et le respect qu'il éprouve pour les immigrés qu'il a rencontrés et, plus largement, pour tous les exclus et ceux que l'on considère différents. Il a transcrit les dialogues en respectant les fautes de langage et les expressions idiomatiques de ses interlocuteurs. Sans cliché ni mauvais esprit, il fait entendre la voix et l'accent des immigrés.
Jérôme Ruillier se dessine lisant le roman de Yamina Benguigui, discutant avec son père de cette lecture. Il évoque sa propre famille, son épouse et sa fille trisomique. Il ne tait pas ses doutes, ni ses peurs ou interrogations. Son roman graphique est, outre l'adaptation d'un roman, la mise en image d'une situation complexe qui s'enlise parfois mais n'en finit pas d'évoluer. Les peurs de l'auteur prennent la forme d'une silhouette menaçante qui domine la ville, mais son pendant bénéfique, une sorte de cerf à la ramure feuillue, n'est jamais loin, illustrant que l'espoir d'une cohésion est encore possible.
L'oeuvre de Jérôme Ruillier est un magnifique recueil de témoignages, un travail historique sincère et un message d'espoir vibrant. Si la France Black-Blanc-Beur de 1998 a fait long feu, on peut toujours espérer la construction d'une France bigarrée, fière de ses origines diverses et revendiquant le droit à la différence
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Ils vivent parmi nous mais ont peu d'occasions de porter à notre connaissance leurs mémoires d'immigrants, leurs souvenirs d'immigration, leurs espoirs satisfaits, leurs espoirs déçus, leurs voyages, leurs retrouvailles désenchantées avec l'époux (mal) installé, leurs luttes, leurs nouvelles vies, leurs possibles futurs.

Jérôme Rullier adapte le livre "Mémoires d'immigrés" de Yamina Benguigui. Les chapitres se succèdent et l'on suit les témoignages d'hommes, de mères, d'anciens enfants issus de l'immigration algérienne. Souvent amers, nostalgiques, apaisés ou résignés, ils sont toujours dignes et humains.
L'auteur s'est également autorisé à insérer des planches dans lesquelles il nous parle de lui, de ses échanges avec Yamina Benguigui, de sa propre expérience familiale aussi.

Il en ressort un album instructif, pédagogique, sur une histoire qui mêle intimement France et Algérie. Les vagues d'immigration pour pallier la pénurie de main d'oeuvre, la guerre d'Algérie et ses conséquences en France métropolitaine, le massacre de Charonne du 17 octobre 1962, les mariages arrangés pour le plus grand malheur des jeunes épouses, les apprentissages de la langue, de la recherche d'emploi, des us et coutumes. Les discriminations aussi.
Un beau recueil de témoignages, assez émouvant.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Adapter les "mémoires d'immigrés" de Yamina Benguigui en bande dessinée, peut sembler inutile. Il y avait eu le livre et le film. Mais c'était il y a 14 ans, et depuis, de l'eau à couler sous les ponts et l'image des immigrés a été considérablement déformée par de nombreux discours xénophobes.
Cette adaptation en bande dessinée, par un auteur dont le discours de partage et de tolérance à toujours été au coeur de ses productions, est un magnifique et troublant témoignage de ce qui est un des hontes de notre république.
Comme dans le film, nous partageons les témoignages émouvants et révoltants de ces hommes, de ces femmes, qui ont été parqués dans des zones insalubres, comme des pestiférés, pour la plupart coupés de leur famille, travaillant comme des bêtes de somme pour une misère et sans aucune considération, mais aussi de leurs enfants tiraillés entre un héritage lourd à porter, révolte et fureur de vivre.
Mais ce que Jérôme Ruillier apporte de plus avec son dessin au trait simple, représentant tous ses personnages avec des têtes de nounours, c'est un sentiment d'universalité. Nous sommes tous humains, égaux devant la souffrance, le mépris des autres, la bêtise, la peur et l'incompréhension. En nous proposant cette relecture en 2011, l'auteur continue à faire un acte militant, fort et sensible, dans une période à l'avenir incertain.
"Les Mohamed" appuie là où ça fait mal mais avec générosité et quand Jérôme Ruillier ajoute sa touche très personnelle en faisant un parallèle entre l'intégration (heu... l'exclusion) de tous ces travailleurs et celle de sa fille trisomique dans l'école de son quartier, il nous rappelle que le racisme, l'ignorance, l'intolérance sont nichés partout.
La fin :
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Passionnante, instructive, cette bande dessinée fait réfléchir en nous offrant le témoignage de nombreux immigrés maghrébins venus en France pour y travailler en tant qu'ouvrier, chez Renault notamment.

On y découvre des motivations souvent identiques (motifs économiques) mais des points de vue variés, à propos du retour au pays, de l'attachement à la France, de la question de la nationalité, de l'intégration...

On réalise les conditions de misère extrême dans lesquelles ces hommes et ces femmes ont vécu, des bidonvilles insalubres, entourés de barbelés, la promiscuité avec huit hommes par chambre, le travail harassant. Des années de sacrifice conclues parfois par "l'aide au retour", les quelques milliers de francs pour cacher l'expulsion de ces travailleurs devenus indésirables.

Les pères, les mères, les enfants, tous nous font part de leur vision des choses, de leurs questionnements, de leur détresse, de leur colère. C'est bouleversant, marquant. le dessin, avec les personnages au visage zoomorphe, est bien adapté au propos. Sobre, efficace.

Un livre indispensable.
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Le titre "Les Mohamed" évoque cet amalgame dans lequel on peut enfermer sous un seul prénom des individus uniques. Grâce au pouvoir suggestif de l'image, le lecteur est amené à partager une écoute presque intime de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, dans une émouvante modestie, racontent comment il (elle) est arrivé(e) en France, comment il s'y est fait une vie. Ce que je garde surtout présent à l'esprit, après cette première lecture, c'est le courage avec lequel chacun fait face à la réalité pour tenter de construire et choisir son avenir. Merci à Jérôme Ruillier. Merci à Yamina Benguigui. Je vais lire son livre sans tarder.
Lien : http://www.traverseesafricai..
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Essentiel
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