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Critique de Lindenbroock


Bien que s'adressant en priorité aux enfants, cet album peut être lu par tous tant il véhicule un message universel. Les esprits chagrins le trouveront probablement trop consensuel mais il n'est pas utile de leur prêter attention.

A peine entré dans l'album, vous serez conquis par la bouille toute ronde et terriblement expressive de Waluk, un ourson blanc qui vient d'être abandonné par sa mère. Sa vie pourrait s'arrêter là mais le petit ours va être tiré de sa tanière par un besoin des plus irrépressibles, la faim. Et le voilà parti en quête de nourriture. Les péripéties s'enchaînent avec jubilation, la chasse aux oeufs restant un moment d'anthologie. C'est frais (forcément !) et pétillant.

Mais parlons des auteurs. Songez que le défi était de taille. Relater les aventures d'une tribu d'ours blanc sur la banquise immaculée durant 46 planches ne ressemble pas à une balade de santé. Pas question de laisser s'installer une quelconque monotonie. le public enfantin est exigeant et Ana Miralles respectueuse de ses lecteurs. On lui connaissait déjà une grande conscience du trait et une incroyable faculté à coucher la sensualité sur le papier (lire « Djinn » ou encore le dernier « Muraqqa' »). Elle nous prouve ici qu'elle sait jouer sur d'autres registres.

D'abord, la dessinatrice fait preuve d'une grande maîtrise graphique tant sur le plan de la mise en scène que dans la justesse des attitudes et des expressions animalières. Ensuite, elle fait littéralement vivre la banquise. Glace, rocher, sérac, trou de phoque, iceberg, installations humaines habitent le paysage. Au-delà du dessin, ses couleurs offrent une multitude de variations de bleu, de gris mais aussi de jaune ou de rouge, le tout cohabitant harmonieusement pour donner vie à cet univers inattendu. Enfin, le choix d'un format horizontal se prête parfaitement à la déambulation de nos ours. Il fait la part belle aux panoramas sans écraser nos quadrupèdes.

Ainsi, après vingt pages de promenade glacée, pas une seule seconde d'ennui, bien que vous n'ayez toujours pas croisé le moindre être humain. Cela va venir, rassurez-vous. Car dans cette ambiance un peu bon enfant, il manque à notre ourson un adversaire à sa mesure : l'homme. Mais pas question de relayer d'éternels procès partisans. le scénariste Emilio Ruiz se montre bien plus subtil. Ici, point de chasseurs sanguinaires, bornés et avides de fourrures mais des touristes, des scientifiques ou des employés de la « fourrière ». L'histoire est contemporaine et il est surtout question de la vie quotidienne sur la banquise. On se rend alors compte que la cohabitation homme/ours blanc pose des problèmes qu'il faut bien gérer avec un esprit clair exempt de toute idée pré-conçue.

Pour conclure, il reste à enchanter nos chères têtes blondes. Nos auteurs y parviennent avec intelligence en ce réappropriant le mythe de « Nanook », le Grand Ours Ancestrale. Petit à petit, le récit va basculer vers le conte initiatique et délivrer son message, certes un peu moralisateur, mais bienveillant et magique, toujours avec ces couleurs enchanteresses. Ah ! Qu'elle est belle cette…

?!…

Et puis non ! Je n'en dirais pas plus sur ce bel album. Lisez-le donc !!!
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