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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À Wilmington, le 30 juin 1996, Anne-Marie Fahey, secrétaire chargée du planning du gouverneur du Delaware, toujours ponctuelle, consciencieuse et soucieuse de ses proches n'a plus donné de ses nouvelles et a déserté son appartement depuis trois jours. Fait plus alarmant, elle n'est pas venue dîner, comme convenu, avec son fiancé Mike, le samedi soir.
L'inspection, par sa soeur, de son appartement, dévoile quelques détails qui ne peuvent concorder avec le souci maniaque qu'Anne-Marie apportait à son intérieur. Elle découvre une enveloppe renfermant des lettres de Thomas J. Capano dont elle ignorait totalement le lien qui l'unissait à sa soeur. le sac main de la disparue traîne dans la cuisine. Sa voiture est là, stationnée dans la rue. L'attente angoissante vient se confondre avec l'impossibilité de croire qu'elle a réellement disparu ou, fait inenvisageable, qu'elle ne soit plus vivante. Et pourtant…

Dans cet ouvrage, récit minutieusement documenté, Ann Rule présente le fruit de ses investigations au sujet de l'affaire Anne-Marie Fahey. Après une brève description historique et économique du tout petit État du Delaware, dont Wilmington est la plus grande localité, elle remonte aux sources pour analyser le passé des victimes et du manipulateur. Elle nous démontre ainsi que des prédispositions existent, qu'un terrain d'enfance accidenté chez les victimes favorise leur capture dans la toile d'araignée tissée implacablement et intelligemment par le tortionnaire. Ceci expliquera à quel point il est facile pour le prédateur de ferrer certaines proies.

Dès les années cinquante, Irlandais et Italiens se sont installés à Wilmington.
Anne-Marie, petit dernière d'une famille irlandaise, n'avait que neuf ans au décès de sa mère. le père alcoolique a précipité la famille dans la déchéance, les problèmes financiers se sont accumulés assombrissant durement l'enfance d'Annie.
À 30 ans Anne-Marie est pleine de vie mais cache des moments d'angoisse et sa vulnérabilité est bien dissimulée derrière son sourire éclatant. Elle tente de guérir auprès d'un psychologue les marques des traumatismes creusées par son père qui la rabaissait en la traitant « de laideron et d'obèse ». Ces qualificatifs injustes et inappropriés ont engendré une fausse et dramatique vision d'elle-même découlant sur une anorexie et un mal-être.
Côté italien, il y a les Capano dont le père maçon est rapidement passé entrepreneur et a prospéré, devenant une référence pour ses fils. Tom, l'aîné, le fils brillant, charismatique et prometteur devient la fierté de la famille en embrassant le métier d'avocat. Il assoit sa notoriété en accédant à une position influente dans la ville. Marié et père de famille, il a besoin de maîtresses qu'il choisit en fonction de leur passé chaotique et sur lesquelles il accomplit un lent travail pour les convaincre de son attachement. Il se sert de son argent pour faire preuve de générosité et ainsi créer une dépendance financière. Il détecte leurs faiblesses, leur manque de confiance en elles et crée une dépendance affective en répondant à leur besoin d'amour, de reconnaissance. Il devient leur confident privilégié. En parallèle, il se place en victime afin d'être pardonné d'avance dès que les relations dérapent et lui échappent. Il les déstabilise en permanence.
Ces femmes, rencontrées par Ann Rule, témoignent de la terrible emprise que Tom avait sur elles et du degré de manipulation, poussé à l'extrême, dont il était capable. Son obsession du contrôle est abominable, terrifiante.

L'auteure a scruté les moindres replis du comportement pervers, narcissique et manipulateur. Elle montre comment il a réussi une ingérence totale dans la vie de ses proies. Rien ne lui échappait. Il avait un potentiel destructeur glaçant. À la manière d'un grand reportage, comme un compte-rendu exhaustif de l'enquête et du procès, elle nous emporte inexorablement dans cet engrenage effrayant.
Cette lecture a été, à bien des moments, très éprouvante car ce pervers-là est vraiment exceptionnel de machiavélisme. Il réveille des mauvais souvenirs lorsqu'on a été au contact de certaines personnes de ce genre même si celles-ci sont moins diaboliques. Elles ne semblent pas aussi rares qu'on le dit car dès qu'on aborde le sujet, tout le monde en a un exemple dans sa famille. Les psychologues conseillent la fuite, mais elle n'est pas toujours possible. Sur certains points, l'attitude des victimes est aussi incompréhensible et révèle à quel point l'emprise est totale et bien souvent définitive. de plus l'entourage est complètement impuissant pour intervenir dans ce genre de relation…
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Ann Rule est une très bonne conteuse, et même si on sait dès le début le triste dénouement pour Anne-Marie Fahey, j'ai découvert avec beaucoup d'intérêt cette histoire que je ne connaissais pas.
Malgré le côté un peu voyeuriste de ce genre d'écrit (je suis évidemment allée voir les articles de presse de l'époque sur internet), l'autrice a la qualité de dresser un compte rendu précis et détaillé des familles impliquées, de leurs relations, et dans la mesure du possible, de la personnalité des protagonistes.
Une lecture quelque peu angoissante avec un homme excessivement manipulateur malgré un aspect extérieur très politiquement correct et une victime qui essayait de s'extirper de ses griffes.
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Si le lecteur s'attend à dévorer un thriller – qu'il soit domestique ou sauvage – il fait fausse route, car Ann Rule n'est pas romancière, son matériau est le true crime, c'est-à-dire le fait divers récent ou ancien, et inscrit dans la mémoire collective de l'opinion publique. L'auteure enquête, rencontre des témoins, consulte des archives, interroge des policiers ou des médecins, des avocats ou des amis des victimes, fournit un travail colossal pour tenter de comprendre pourquoi un meurtre a été commis. Toujours au plus près des déclarations ou pièces du dossier, Ann Rule ne s'autorise aucune digression ou supputation, n'émet aucun avis personnel, ce qui donne à ses récits une véracité journalistique parfois aride car dépourvue du moindre effet littéraire. Pour autant, elle possède un style, un art de la mise en forme qui rendent sa lecture haletante et intéressante.


Dans Et ne jamais la laisser partir, elle revient sur la disparition d'Anne-Marie Fahey le 30 juin 1996. Son corps n'a jamais été retrouvé. Son meurtrier condamné à mort n'a pas été exécuté. A ceux qui s'offusquent que l'on puisse éprouver une « fascination morbide » pour le fait divers, je rappelle qu'il montre l'état d'une société, il raconte la vie telle qu'elle est et non telle qu'elle devrait être ; il est également « une soupape par laquelle s'échappe la vapeur brûlante de l'actualité, de la cruauté sociale » selon Elfriede Jelinek qui n'est pas reporter pour l'hebdomadaire "Le nouveau détective".


Je précise également que le travail d'Ann Rule rend toujours hommage, souvent justice aux victimes traînées dans la boue des investigations, trop souvent traitées comme coupables ou responsables de ce qui leur est arrivé. Dans cet opus j'ai particulièrement apprécié la première partie, qui situe les faits, décrit longuement Wilmington et l'Etat du Delaware où règne une mentalité étriquée. L'auteure relate également l'ascension sociale des Capano, immigrés italiens pauvres venus chercher la liberté et la fortune aux Etats-Unis. Ensuite, la relation entre Thomas Capano et Anne-Marie est disséquée, ainsi que les lents mécanismes d'une mise sous emprise. Les proies de Capano ont toutes en commun leur intelligence, leur obédience catholique (levier de la culpabilité) ainsi qu'un trait de caractère déterminant : elles désirent toutes faire le bonheur des autres avant le leur. Ayant grandi dans des foyers ravagés par la misère et l'alcoolisme, elles font profil bas et certaines sont affligées du syndrome nommé par les psys « l'enfer du plaire » dans lequel un individu craignant de ne pas être à la hauteur et de ne jamais en faire assez, sacrifie ses propres besoins et envies et se refuse à fixer la moindre limite à ce qu'il subit. Les nombreuses maîtresses de Capano – alors que chacune d'entre elles se croit unique dans sa vie – sont crédules, gentilles, patientes, soumises et l'on ne fait jamais appel à leur compassion en vain, il suffit au meurtrier de jouer à merveille au petit malheureux.


La seconde partie de l'ouvrage m'a moins intéressée car il s'agit du procès relaté pratiquement in extenso et compte tenu de la gravité des faits, c'est long, très long... Anne-Marie est morte comme tant de femmes, d'avoir voulu se libérer de son persécuteur.
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Une excellente écriture,
un bon maintient du lecteur qui ne se lasse pas durant toute la lecture.
j'ai beaucoup apprécié ce livre
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