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Critique de Woland


Woland
31 décembre 2007
"Un tueur si proche" n'est pas un roman mais une tentative de reconstitution de l'affaire Ted Bundy qui secoua l'Amérique des années 70 et 80.
C'est surtout une tentative de réponse à la question : "Qui était Ted Bundy ?" par une femme qui l'a bien connu et de qui il entendait bien que, après son emprisonnement et son exécution, elle rédigeât son "portrait."
Mais ce n'est qu'une tentative car il est impossible de répondre à pareille interrogation. Bundy lui-même l'ignorait même si, dans ses rares moments de sincérité, il s'est essayé lui aussi à dénoncer le "vampire" qui dormait en lui et se réveillait cycliquement pour assassiner des jeunes femmes répondant toutes au même schéma physique - celui de Stéphanie Brooks, l'étudiante aisée avec laquelle il était sorti à la fin des années 60 et qui avait fini par le laisser tomber parce que leurs origines sociales étaient trop différentes.
Deux facteurs ont permis à Théodore Robert Bundy de se créer une place bien spéciale dans la confrérie des serial killers :
1) tout d'abord, il fut l'un des premiers cas authentifiés comme tel par le FBI ;
2) ensuite, il était remarquablement intelligent et, si les choses avaient été différentes, s'il n'avait pas souffert de cette fracture interne et abyssale, il aurait eu toutes les chances de devenir un avocat, voire un magistrat en renom.
Bien qu'il ait été un formidable manipulateur, il est tout aussi certain que Bundy, de temps à autre, a laissé émerger la terreur que lui inspirait son double démoniaque. Il est d'ailleurs très révélateur de constater que, en fin de parcours, après sa seconde évasion, il choisit d'émigrer en Floride, état où il encourrait la peine de mort s'il se faisait prendre. Certains ont prétendu - assez stupidement, à mon avis - que c'était parce qu'il était sûr d'y avoir toujours beau temps mais il faut tout de même rester sérieux lorsqu'on s'attache à étudier ce genre de personnages : le fait qu'ils soient des "monstres" déclarés "sans conscience" par nombre de psys ne signifie pas pour autant qu'ils soient dépourvus d'inconscient : il semble même que celui-ci soit à l'origine de leur comportement anti-social.
Autre trait choquant chez Bundy : sa séduction qui était réelle. Au reste, Bundy n'a jamais eu de problème pour rencontrer et courtiser les membres du sexe dit faible. Bien au contraire. Il vécut même en couple avec Meg Anders qui refusa longtemps de croire à sa culpabilité. Au pied de la chaise électrique, Carol Ann Boones entendait l'épouser. Comme son esprit, sa sexualité semble avoir été compartimentée : d'un côté, l'homme tendre et charmeur, peu égoïste en amour ; de l'autre, le violeur qui ne pouvait jouir qu'en étranglant.
Avec le temps, on en est arrivé à penser que la clef du mystère résidait dans les trois premiers mois du séjour de Ted sur cette terre, mois qu'il passa seul dans une maternité, sa mère ayant dû le quitter pour aplanir le terrain auprès de sa famille et surtout de son terrible père.
D'autres estiment que l'on doit tout rejeter sur l'éducation de Ted : celui-ci fut élevé dans l'idée que son grand-père était son père et que sa mère, Louise, était en fait sa soeur.
Enfin, personne n'a jamais réussi à expliquer pourquoi Ted Bundy décrivait toujours son grand-père comme un homme charmant et affectueux alors qu'il avait tout du tyran domestique. Ce vieil homme très rigoriste mêlait déjà le diacre austère et l'amateur de pornographie : en somme, rien d'une bonne image paternelle, si l'on y regarde bien.
Quoi qu'il en soit, l'ouvrage de Rule, qui ne tombe jamais dans les descriptions gratuites, est une bonne approche de cette affaire qui fit couler beaucoup d'encre jusqu'au 24 janvier 1989, date à laquelle Ted Bundy fut exécuté.
Pour en savoir un peu plus et trouver d'autres titres d'ouvrages sur la question :
http://www.tueursenserie.org/Portraits/Bundy/Bundy.htm
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