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Isabelle Saint-Martin (II) (Traducteur)
EAN : 9782749912295
491 pages
Michel Lafon (10/06/2010)
3.48/5   107 notes
Résumé :
Pat vient d'épouser Tom. Elle rêve de jardins de roses, de réceptions chics chez les familles huppées d'Atlanta. Deux mois plus tard, tous ses espoirs sont réduits à néant : son époux est accusé d'avoir sauvagement assassiné ses propres parents...
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J'ai commencé ce livre sans appréhension particulière. Un thriller ? j'adore…
Mais bon sang, après une centaine de pages, j'ai commencé à rechigner.
Ce style d'écriture, comment dire, c'est ardu, rempli de détails (indiquer tous les prénoms des protagonistes par exemple), genre rapport de police avec des faits bruts additionnés des témoignages de l'un, de l'autre sur le même sujet.
Cela m'a semblé froid, journalistique, interminable et surtout redondant car on passe en revue chaque détail. L'auteur fait son enquête et retranscrit. Point .

Ann Rule ? voici ce que j'ai trouvé : Née en 1935 dans le Michigan, c'est une romancière américaine, ancienne policière. Elle consacre un livre à Ted Bundy, le tueur en série qu'elle a cotoyé dans sa vie de tous les jours. Ainsi elle commençe sa carrière d'écrivain qui compte près de trente ouvrages : des romans policiers réels, autrement dit des « true crime » genre littéraire anglo-saxon très populaire, étroitement apparenté au journalisme.

Dans ce livre, elle se penche sur le cas de Patricia Vann Radcliffe Taylor Allanson (vous voyez le nombre de prénoms/noms ?). Une manipulatrice, égoïste qui arrive à avoir ce qu'elle désire par tous les moyens y compris le meutre. Une histoire vraie.

Bon, je persévère. Cela se passe mieux dans les chapitres suivants qui décrivent la rencontre de ses parents, sa naissance, sa jeunesse, son éducation.
Rebelote, on retombe dans le rapport policier : après le procès de Tom, c'est celui de Pat. Et c'est reparti dans les longueurs…
Je continue. J'ai envie de savoir la vérité. Qui dans cette cave a tué les parents de Tom ?

Voilà, un livre que j'ai mis beaucoup de temps à lire. Mon impression est mitigée. Des chapitres intéressants et d'autres lourds et brouillons.

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* documentaire judiciaire

Avant d'être écrivain, Ann Rule est inspectrice de police, puis journaliste d'enquête pour les affaires criminelles. Elle a également travaillé comme bénévole pour une ligne d'assistance au suicide auprès du célèbre Ted Bundy. L'arrestation de ce tueur en série lui inspire son premier roman documentaire : “Un tueur si proche”. La force des livres de Ann Rule c'est que tous sont inspirés de faits vécus et, lorsque c'est possible, elle interview chaque personne concernée par le crime qui a eu lieu, et parfois réactualise l'histoire lors d'une réédition.

Dans “Une petite fille très gâtée”, nous est racontée par différentes personnes au fil du temps, l'histoire bien réelle de Patricia Vann Taylor Allanson: Pat a toujours obtenu ce qu'elle désirait, de ses parents, de ses amoureux, de ses filles, … Ce statut d'enfant gâté lui forge un caractère manipulateur qui influencera toute sa vie, et celles des autres.

Après un premier mariage raté, elle épouse début 1970 Tom Allanson un maréchal-ferrant. Avec lui, elle rêve d'acheter près d'Atlanta, un grand domaine avec chevaux, plantations, etc. Malheureusement, peu de temps après leur achat, Tom est accusé d'avoir tué son père et sa mère. Ce qui semble un fait-divers nous entraîne dans une saga qui, on se doute, ne fait que commencer.

L'écriture est sans fioriture, directe, un peu didactique et ça peut sembler un peu long parfois. On continue de lire car cette histoire est tellement invraisemblable qu'on se dit que ce n'est pas possible ! Mais oui, ne dit-on pas que la réalité dépasse la fiction ? J'ai bien aimé mais j'aurais préféré une version condensée. 660 pages c'est un peu trop.
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Une expression dit "J'aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où...". Tous les personnages que l'on retrouve dans ce très gros bouquin d'Ann Rule (ex-policière et enquêtrice) auraient beaucoup mieux fait de se casser une jambe le jour où ils ont rencontré la jeune et jolie Patricia Vann Radcliffe, à commencer par son mari Tom Allanson.

A peine un mois après leur mariage (qui débute le récit), les ennuis commencent pour Alan. Il se brouille avec ses parents, les relations s'aggravent, dégénèrent et amèneront Tom en prison pour quelques années.

Voici un extrait significatif (du début du livre):

"Pat et Tom voulurent se créer un monde parfait. Pourtant, au coeur de ce paradis se tapissaient les démons de la jalousie et de la fureur, de l'adultère, de l'inceste, du viol et même du meurtre, sinistres et violentes intrusions du monde réel. Tous deux avaient des attaches familiales trop puissantes pour ne pas entacher leur engagement amoureux. Des profondeurs, les affronts passés remontaient sans cesse et s'amplifiaient au lieu de s'atténuer. La fierté, tel ce kudzu (vigne à l'apparence inoffensive) qui recouvrait la terre desséchée,  ne formait qu'une cicatrice sur de graves et douloureuses blessures jamais guéries. Vouloir démêler l'histoire de leurs existences revient à suivre les circonvolutions verdoyantes de cette vigne parasite qui finit par tuer tout ce qui vit dessous et l'alimente."

Nul doute, le kudzu, c'est Pat qui va causer la perte de tous ceux qui l'approchent, famille, amis, relations de travail. Pat a été une petite fille très gâtée par ses parents et ses grands-parents. Elle a très vite compris qu'elle pouvait avoir tout ce qu'elle désirait en manipulant les gens, en mentant, en faisant des crises d'hystérie, en se faisant plaindre (elle se faisait passer pour quelqu'un de très malade), en amadouant les gens,...

Un autre extrait (qui explique le comportement du personnage principal, à la fin du livre) :

"Depuis sa plus tendre enfance, elle se mettait dans tous ses états quand les choses ne se passaient pas comme elle le voulait. Dès que Patty pleurait, les adultes lui cédaient sur tout. Elle grandit, persuadée que c'était ainsi qu'il fallait se comporter. Elle se prenait pour un être extraordinaire, et ce n'étaient pas sa mère ni ses tantes en adoration devant elle qui auraient pu l'en dissuader. Jamais elle n'entendait le mot "non".
Durant son enfance et son adolescence, elle ne cessa de mentir, de voler, de manipuler, de séduire et de trahir. Elle voulait de l'amour et du bonheur, elle voulait de l'argent et tout ce que l'argent peut acheter, et elle trouvait en général quelqu'un pour les lui donner. Sinon, elle s'arrangeait pour les obtenir quand même. Rien ni personne ne comptait plus. Elle ne voyait en son entourage que des moyens de parvenir à ses fins.
Au début, ça fonctionnait parce qu'on l'aimait. Ensuite, ce fut parce qu'on redoutait ses colères et sa langue acérée. A la fin, sans doute ne pouvait-on plus se résoudre à voir les crimes qu'elle commettait de peur de se sentir tout aussi responsable .
Jamais Pat ne s'est sentie responsable de sa vie. Il y avait toujours quelqu'un pour la prendre en charge. Au premier accroc, quelqu'un venait à son secours.
Si elle fut un fardeau pour beaucoup, elle était loin d'être folle. Tout au plus s'en donnait-elle parfois l'air, lorsque cela pouvait servir ses objectifs. Mais ce n'était qu'un rôle parmi tant d'autres.
En revanche, on peut dire qu'elle a souffert de troubles de la personnalité..."

Ce qui me fait peur, c'est que je connais pas mal d'enfants qui me font penser à cette petite fille trop gâtée et je me demande comment ils vont grandir, comment ils vont évoluer, s'ils pourront s'épanouir dans un monde qui leur est déjà hostile...

Même si ce bouquin est considéré comme un thriller, ce n'est pas un thriller comme on a l'habitude d'en lire. Ann Rule raconte les faits avec beaucoup de détails (qui peuvent paraitre parfois inutiles) qui font de ce bouquin une brique de 650 pages. C'est long, très long mais bien mené.

Le roman est divisé en 8 parties. Dans chaque partie, un proche de "l'héroïne" témoigne de ses rapports avec elle et, tout au long du récit, les différents personnages interviennent pour témoigner.

J'espère ne pas vous en avoir trop dit et  vous avoir donné envie de lire ce très gros bouquin. Pour ma part, si j'ai souvent pesté sur la longueur du récit, je suis content d'être allé jusqu'au bout et d'avoir "enquêté" en même temps que l'auteur sur les faits et gestes de celle qui est finalement devenue une criminelle.
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Pat est une femme bien particulière. Au début de ce "roman", nous la découvrons amoureuse de Tom, qu'elle épouse costumée comme Scarlett O'Hara.
La vie de Pat est une suite d'évènements plus ou moins sous contrôle- le sien- et on découvrira au fil des pages combien cette femme séduit, manipule, se joue des uns et des autres à sa guise.
Le livre se présente en fait comme une longue enquête, suite au meurtre des parents de Tom.
L'auteure analyse les faits, les états d'âme, les secrets de famille, les mystères tout au long de ces 657 pages. Intéressant, mais bien trop long à mon goût et franchement il m'a été difficile de ne pas éprouver d'agacement: cette femme ne mérite pas ce si long roman!
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Tout commence dans les années 1970 aux Etats-Unis, Atlanta.

Pat Radcliffe, jeune femme divorcée,trentenaire, mère de trois enfants est la fille chérie de Maggy et Clifford Radcliffe. Elle fait la connaissance de Tom Allanson, maréchal ferrant, en instance de divorce. Tom est le fils de Walter et Carolyn Allanson, et le petit fils de Walt et Nona, riches propriétaires terriens.....

Le cadre est idyllique, Pat est très belle, elle épouse son prince charmant, ils s'installent dans une très belle propriété...

Seulement, le conte de fée s'arrête là.

L'envers du décor est terrible...

Pat ment comme elle respire, elle veut tout et est prête à tout pour obtenir ce qu'elle désire. Elle n'a aucun scrupule à manipuler et ruiner ceux qu'elle aime. Tout va pour le mieux, quand la petite fille gâtée obtient ce qu'elle veut mais... dans le cas contraire, elle tape du pied et la vie de ses proches devient un enfer, enfin, pour ceux qui ont la chance de rester en vie... Nous côtoyons un esprit dérangé, et qui pourtant ne relève pas à mon sens de la psychiatrie... Pat est parfaitement consciente de ce qu'elle fait.

Ann Rule, nous raconte l'histoire du début et on assiste à toute l'affaire, on découvre ce que l'esprit machiavélique de cette femme a pu inventer pour arriver à ses fins, et l'on se demande jusqu'où un être humain, peut aller, pour obtenir ce qu'il veut ? Dans cette histoire, aucune limite.

L'auteur nous dit au sujet de Pat :

"Quand elle était petite, il lui suffisait de trépigner un peu pour que tout le monde soit à ses pieds. Devenue adulte, elle appliquait la même méthode en piquant ses crises de fureur".

Je m'interroge : cette famille trop aimante, a-t-elle crée un véritable monstre, en cédant à tous les caprices de cette petite fille ? ....

Ann Rule, nous démontre une fois encore que la réalité peut dépasser la fiction...

Bonne Lecture


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
À leur rencontre, l'un et l'autre émergeaient des cendres froides de mariages ratés. Âgé de trente ans, Tom en avait six de moins que Pat et avait déjà connu deux unions de courte durée ; quant à elle, elle tentait d'en oublier une qui lui avait donné l'impression d'un piège étouffant. Tous deux avaient toujours rêvé du parfait amour et, contre toute attente, ils semblaient l'avoir trouvé l'un avec l'autre bien que, au moins en apparence, ils n'aient en commun qu'une puissante passion sexuelle.

Tom était fort comme un bœuf, et Pat menue et fragile, souvent malade. Il était maréchal-ferrant, elle n'aimait que les travaux manuels délicats, tels que la broderie et la peinture. Il était allé à l'université, alors qu'elle avait interrompu ses études secondaires pour se marier une première fois. Il était calme et apaisant quand elle semblait parfois anxieuse, craintive.

Peu importait. Il n'avait qu'à lui ouvrir les bras pour qu'elle vienne se réfugier au creux de sa force. Il lui disait toujours :

— N'oublie pas, chaton, « tout vient à point à qui sait attendre », et pour moi rien ne passe avant toi. Je t'aime plus que tout au monde.

À quoi elle répondait de sa voix de petite fille, malgré ses trente-six ans :

— Je t'aime, mon chaton. Je t'aime.

Pat Taylor connaissait Tom depuis des années avant de « sortir » avec lui. À l'instar de sa famille - ses parents, le colonel en retraite Clifford Radcliffe et sa femme, Maggy ; ses enfants, Susan, Deborah et Ronnie -, elle était profondément impliquée dans le monde des concours hippiques d'Atlanta. Les écuries Radcliffe abritaient quelques-uns des plus beaux chevaux de la région. Pat, qui vivait avec ses parents, enseignait l'équitation à une clientèle distinguée, et ses deux filles avaient remporté de nombreux prix.

Tom Allanson avait travaillé avec eux et leur avait vendu de la nourriture pour chevaux lorsqu'il était employé chez Ralston Purina. Fils d'un avocat, il s'était destiné un temps à devenir vétérinaire. C'était un ami de la famille de Pat, sans plus, mais toutes les femmes qui le voyaient travailler torse nu, ses muscles luisant de sueur, ne pouvaient que le remarquer. Rien de plus facile pour lui que de ferrer, les champions de l'écurie Radcliffe, de puissants chevaux Morgan, en soulevant leurs pieds au creux de la main, comme s'il s'agissait d'agneaux.

À l'automne 1973, une suite d'événements permit à Tom et à Pat de se rapprocher. Elle était libre de tout engagement ; alors que lui, en plein divorce d'avec sa deuxième femme, cherchait un endroit où passer quelque temps. Les Radcliffe, qui disposaient de toute la place voulue dans leur ranch de Tell Road à East Point, au sud d'Atlanta, l'y invitèrent. Il pouvait dormir sur le canapé du bureau contre de petits services auprès de leurs chevaux.

Aux yeux d'un pragmatique, leur union tombait à pic ; aux yeux d'un romantique, elle était inéluctable. Quoi qu'il en soit, Tom Allanson et Pat Taylor passèrent bientôt tout leur temps libre ensemble. Il aimait tout en elle, qui ne cessait de le surprendre. Pourtant, il ne savait à peu près rien de sa vie avant leur rencontre et s'en moquait. De son côté, elle était au contraire d'une insatiable curiosité et l'interrogeait sans cesse sur sa famille et sur les femmes qu'il avait aimées avant elle.

Bien qu'il soit encore marié, ce fut pour eux une période d'un romantisme extraordinaire. Tom n'en revenait pas : non seulement il avait eu la chance de rencontrer Pat, mais en plus elle lui rendait son amour ! Il ne craignait qu'une chose : la perdre à cause de sa mauvaise santé. Ainsi, lorsqu'elle fut hospitalisée à la suite d'un de ses évanouissements, il ne put quitter son chevet tant il se désolait, tenant sa petite main pâle dans sa large paume. Chaque fois qu'elle se réveillait, elle trouvait une rose sur son oreiller et Tom auprès d'elle, qui la contemplait les yeux pleins de larmes.

Elle n'en essaya pas moins de le décourager, le prévenant qu'elle n'était pas faite pour lui, qu'il méritait une « femme complète », l'implorant de considérer la vérité en face.

— Ce n'est pas moi qu'il te faut, sanglotait-elle. Je ne pourrai jamais te donner d'enfant... j'ai subi une hystérectomie. Je ne suis plus qu'une vieille femme qui porte une cicatrice au ventre. Personne ne peut vouloir de moi.

Il ne l'en aimait que davantage. Il ne voulait pas d'autres enfants ; avec elle, ils élèveraient les deux qu'il avait eus d'un précédent mariage et, bien sûr, son fils à elle, Ronnie, encore adolescent.

Pat et sa famille représentaient désormais tout pour Tom. Ils lui avaient donné un toit et l'amour, alors que personne ne voulait de lui. La mère de Pat, Maggy, était la femme la plus gentille qu'il ait jamais rencontrée ; elle aurait fait n'importe quoi pour aider ses enfants et ses petits-enfants. De même, il respectait le colonel pour sa belle carrière militaire. Il finit par implorer Pat de l'épouser dès que son divorce serait prononcé.

Pat ne pouvait supporter aucune pression, pas plus que les dissensions ou les déceptions. Lorsqu'elle confia ses plus chers désirs à Tom, il se rendit compte qu'elle n'en demandait pas trop, mais qu'en revanche elle y tenait beaucoup. Alors il promit de lui offrir une vie si heureuse et si paisible qu'elle recouvrerait la santé.
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"Un meurtre, quel qu'il soit, semble toujours un acte insensé. Mais ce double meurtre le paraissait plus qu'aucun autre. Deux notables d'East Point étaient morts, et leur fils en prison. On ne connaissait à ce dernier aucun antécédent criminel ; il ne se droguait pas, ne sortait pas. Il venait de se marier, d'acquérir une magnifique plantation ; il avait bonne réputation au sein de sa profession. C'était un brave homme, aimable et gentil. Nul n'avait jamais rien trouvé à redire sur lui, à part ses parents et son ex-femme. Pourquoi Tom Allanson renoncerait-il à tout cela sur un simple coup de sang ?
Même son attitude durant le long trajet de retour de Zebulon semblait l'exonérer de toute tendance à la colère. A vrai dire, il n'avait pas montré beaucoup d'émotion. Ses parents étaient morts quelques heures auparavant, pourtant, les trois inspecteurs ne l'avaient pas vu verser une larme, entendre émettre la moindre plainte.
Ils ne comprenaient pas."
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Zebulon, le siège du comté de Pike, à soixante-quinze kilomètres au sud d'Atlanta, est à peine plus large qu'une place de village, avec ses quatre rues et quelques maisons alentour. Comme de nombreuses autres petites villes de cette région de la Géorgie, elle est peuplée d'innombrables pins, de cornouillers, de magnolias et de chênes. Leurs branches forment une voûte feuillue qui conserve la chaleur moite, une véritable serre où poussent toutes sortes de plantes dont l'ombre n'offre, par les étouffantes journées d'été, qu'une promesse illusoire de répit. Sous ses allures de vigne vierge apparemment inoffensive, le kudzu profite de cet environnement qui lui convient à merveille pour recouvrir le sol orange, étouffant tout sur son passage de parasite.

Le tribunal de Zebulon est un bâtiment de brique rouge surmonté d'un clocher d'albâtre blanc qui scintille sous le ciel bleu. Magnolias, érables et chênes en ornent la pelouse, et ses quatre entrées sont flanquées de géraniums rouge sang en pots de pierre. Un monument aux morts de pierre grise occupe un angle du terrain adjacent ; il fut érigé en l'honneur de dix-sept garçons blancs morts pendant la Seconde Guerre mondiale, dont deux de la famille Marshall, deux de la famille Pressley et un de la famille Pike. Un seul nom apparaît dans la colonne réservée aux GENS DE COULEUR, en bas à droite. E. R. Parks reste séparé des autres, même sur la plaque saluant les héros.

Les entreprises installées en face du tribunal se cachent derrière des façades contiguës, quoique totalement différentes les unes des autres et de hauteurs variables : un dépôt de vêtements, quelques boutiques de souvenirs, un magasin d'ameublement, une quincaillerie. Le Reporter, l'hebdomadaire de Zebulon, a ses bureaux au bout du pâté de maisons. On trouve tous les vingt mètres, sur les trottoirs, des distributeurs de Coca-Cola et de Dr Pepper. Les véhicules, essentiellement des pickup, se garent en diagonale, et un chien jaune se balade tranquillement sur la chaussée le plus souvent déserte.

À la recherche d'une ville typique du Sud pour y tourner Murder in Coweta County, avec Andy Griffith et Johnny Cash, les producteurs de Hollywood choisirent Zebulon. Ce fut aussi le cas de Pat Taylor et Tom Allanson lorsqu'ils voulurent vivre un fantasme bien particulier. Ils y arrivèrent en 1973, encore amants, puis s'y installèrent et s'y marièrent. Pat était une femme mince aux yeux d'émeraude et à l'épaisse chevelure bouclée ; Tom, un homme de haute taille au teint mat. Elle était jolie, il était beau, et tous deux semblaient s'aimer d'un amour assez fort pour surmonter tous les obstacles. Pat devait décrire ses sentiments dans un message qu'elle rédigea à l'adresse de Tom au dos de leur photo de mariage.

Nous sommes unis pour la vie et nous ne faisons plus qu'un. Qu'y a-t-il de plus beau pour deux âmes humaines que d'être unies pour la vie, de s'épauler dans le travail, de compter l'une sur l'autre en cas de besoin, de se consoler l'une l'autre dans les moments de chagrin, de se porter secours dans la difficulté, de rester à jamais ensemble avec nos souvenirs et notre amour fusionnel pour nous soutenir... Je crois qu'en aimant mon Tom je me rapproche du paradis... Quand je suis venue à toi, mon Tom, je me suis remise entre tes mains, de tout mon corps, de tout mon cœur, de toute mon âme. Tu es mon amour et je t'appartiens en tout ; ce doux lien est plus fort qu'aucune serrure, qu'aucun barreau. Je ne quitterai jamais ton cœur pour rêver d'autre chose, car j'ai trouvé en mon Tom le « but de ma quête »... Mon corps s'épanouit de toutes ses veines [sic] car je suis la Pat à Tom. Voyez, j'ai laissé derrière moi celle que j'étais et dépouillé mon ancienne vie feuille après feuille...

Comme elle disait.

Sur les bases de ce parfait amour, Pat et Tom voulurent se créer un monde parfait. Pourtant, au cœur de ce paradis se tapissaient les démons de la jalousie et de la fureur, de l'adultère, de l'inceste, du viol et même du meurtre, sinistres et violentes intrusions du monde réel. Tous deux avaient des attaches familiales trop puissantes pour ne pas entacher leur engagement amoureux. Des profondeurs, les affronts passés remontaient sans cesse et s'amplifiaient au lieu de s'atténuer. La fierté, tel ce kudzu qui recouvrait la terre desséchée, ne formait qu'une cicatrice sur de graves et douloureuses blessures jamais guéries. Vouloir démêler l'histoire de leurs existences revient à suivre les circonvolutions verdoyantes de cette vigne parasite qui finit par tuer tout ce qui vit dessous et l'alimente.
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"L'intention de nuire explicite suppose une prémiditation délibérée et illicite de prendre la vie d'un semblable, manifestée par des circonstances extérieures démontrables.

L'intention de nuire est dite implicite lorsque n'apparaissent pas de provocations excessives et que toutes les circonstances du meurtre reposent sur la malveillance et la corruption." Loi de l'État de Géorgie
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"Nul ne sait d'ou proviennent exactement les troubles de la personnalité. Selon la plupart des psychiatres, ils ne sont pas présents à la naissance mais s'installent dès les premières années de la vie. Normalement un enfant de trois ou quatre ans commence à comprendre que ses actes peuvent causer du chagrin à ses parents, à un autre enfant ou à un animal... que les autres êttres souffrent eux aussi. C'est là que procède le développement de la conscience, cette petite voix qui prévient les humains que certains actes sont cruels et vont à l'encontre des régles de leur société. C'est la conscience qui provoque le sentiment de culpabilité, émotion beaucoup calomniée, pourtant vitale pour le développement de l'humanité.

Les enfants maltraités et humiliés ont en général trop à faire pour essayer de survivre, sans pouvoir en même temps laisser "grandir" leur conscience ou franchir les premiers pas de la reconnaissance. De même, sans doute, un enfant qu'on ne reprend et ne punit jamais passera-t-il à côté du processus de développement de sa conscience." p.658
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