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Diniz Galhos (Traducteur)
EAN : 9791032907504
430 pages
L'Observatoire (08/01/2020)
4.41/5   692 notes
Résumé :
PALESTINE, 1990. Isra, 17 ans, préfère lire en cachette et s’évader dans les méandres de son imagination plutôt que de s’essayer à séduire les prétendants que son père a choisis pour elle. Mais ses rêves de liberté tournent court : avant même son dix-huitième anniversaire, la jeune fille est mariée et forcée de s’installer à Brooklyn, où vivent son époux et sa nouvelle famille.

La tête encore pleine de chimères adolescentes, Isra espère trouver aux Ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (149) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le silence d'Isra résonne le silence de toutes les femmes soumises aux diktats de coutumes et religions et qui paient au prix fort une vie réduite à rien.

Isra n'a que dix-sept ans en Palestine quand sa mère la marie de force à Adam. le jeune couple immigre en Amérique auprès de la mère d'Adam, Farida. Isra n'était alors qu'une enfant qui aimait lire et rêver à un grand amour. Malgré ses envies de s'acclimater à sa nouvelle vie, rien ne lui sourira. L'amour ne sera pas au rendez-vous et elle n'enfantera que de filles au grand désespoir de sa nouvelle famille. Progressivement, Isra va sombrer plus bas que terre partagée entre les traditions et l'envie d'une autre vie pour ses filles. Sarah, la soeur d'Adam sera la lumière de cette histoire à travers sa lucidité et ses ailes déployées. Les livres seront pour ces deux amies le pont vers des rêves plus cléments, réveillant une imagination et une fascination des plus salvatrices.

Ce roman oscille entre la vie d'Isra et des années plus tard de Deya, l'aînée de ses filles.
Etaf Rum décrit ici avec un réalisme effrayant et effarant les barrières et prisons qui s'abattent dés la naissance sur une fille arabe prise aux pièges dans les marasmes d'une religion dépassée et toxique. Les mères ici n'ont qu'un but, marier leur fille avec le premier venu, ne plus les revoir et souhaiter un fils à qui reviendra tous les droits, y compris celui de battre et de museler sa femme.

Ce roman est un coup de coeur. Il m'a chamboulée tant il est inimaginable de voir que de telles coutumes sont encore à la mode. Que l'amour et la liberté n'ont aucune valeur dans certains pays. J'ai eu mal au ventre durant toute ma lecture tant ce livre m'a oppressée. Ces hommes qui utilisent leur femme pour cuisiner, enfanter, élever les enfants, accuser de brimades et de coups ces femmes innocentes. C'est d'une réalité glaçante. J'espère que ce livre permettra à de nombreuses jeunes filles de trouver le courage et la force de sortir de ce carcan aliénant.

Impensable et inoubliable, un livre qui saigne, qui hurle, qui fait mal, qui marque.
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Isra, Sarah, Deya, trois Palestiniennes confrontées à la tradition qui a fait d'elles des enfants traitées différemment de leurs frères parce que nées filles. Trois jeunes femmes éduquées dans la croyance qu'elles sont des créatures honteuses et sans valeur qui méritent d'être battues. Des futures épouses et mères, dressées à être totalement dépendantes d'hommes — pères, frères ou maris — qui peuvent aller jusqu'à les tuer sans que leur famille et leur communauté n'y trouvent à redire. Pourtant Isra, Sarah, et Deya vont avoir le courage, au péril de leur vie, de tenter de se libérer de cet épouvantable carcan. Pour elles, pour leurs filles, pour toutes les générations de femmes à venir. Une libération où la lecture et les études, elles l'ont bien compris, sont essentielles. Largement autobiographique un roman que je termine attristée et révoltée contre tant de violence faite aux femmes, et qui m'a fait prendre conscience, si besoin en était, à quel point le chemin de l'égalité homme-femme est encore long.
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Plantons déjà le décor, dans les grandes lignes:
Entre la Palestine des années 1990 aux années 2000
aux Etats-Unis. le récit se déploie sur plus de vingt-ans...à travers trois générations de femmes...

Un grand coup de coeur pour ce premier roman...avec des résonances
autobiographiques; Un hommage à la littérature et au courage incroyable de toutes les femmes écrasées, empêchées dans leur liberté et leurs capacités...

On fait connaissance du premier personnage féminin, centre de l'histoire, Isra, jeune fille aimant lire mais devant, étant une fille , se cacher pour le faire...

"- Les Contes des mille et une nuits. C'est celui que je préfère. (...)
- C'est plein de génies et de vizirs, des choses qui n'existent pas. Je préfère les histoires qui parlent de la vraie vie.
-Mais ça parle de la vraie vie, insista Isra. ça parle de la force et de la ténacité des femmes. Personne ne demande à Schéhérazade d'épouser le roi. C'est elle qui se propose, au nom de toutes les femmes, afin de sauver toutes les musulmanes en âge de se marier. Ces histoires qu'elle raconte pendant mille et une nuits, c'est la résistance. Sa voix est une arme, qui illustre le pouvoir extraordinaire des histoires en général, et la force des
femmes en tant qu'individus." (p. 134)

Isra sera mariée de force...De Palestine, elle émigrera, un mari acculé, mis sous pression par une mère terrifiante, gardienne inflexible des traditions les plus oppressantes... L'exploitation de sa belle-fille dévouée à son service, son obligation de faire au plus vite...un héritier...Mais Isra, se dévalorisant, se croyant maudite, ne mettra au monde que des filles !!...
Les pressions, humiliations... seront telles qu'elles mèneront au drame... mais je n'en dirai pas plus....

Le récit se fait à trois voix, alternance de trois générations... de femmes: Isra, sa fougueuse fille, Deya, et Farida, la grand-mère paternelle, mégère absolue !!... sans oublier un quatrième personnage féminin très, Sarah, la jeune tante paternelle de Deya, la première rebelle de cette famille palestinienne, qui s'enfuira pour éviter le mariage arrangé, deviendra libraire... et sera le soutien précieux de Deya, à l'approche du temps, où Deya, à son tour, sera dans l'angoisse de la présentation des prétendants selon les critères de sa grand-mère, qui l'a élevée et qui, au fil de ses années, ne s'est pas adoucie... dans sa rigidité aux règles ancestrales ...

Dans ce quotidien...la seule échappée pour ces femmes recluses, interdites d'exister, est le refuge dans la Lecture, pour tenter de garder la tête hors de l'eau !!

"Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes.
Une blague qui était loin de la faire rire.
"tu sais ce que c'est ton problème ? reprit Sarah.
-Dis-moi.
-Tu ne lis plus.
Je n'ai pas le temps de lire.
- Eh bien, tu devrais en trouver, du temps. ça te ferait beaucoup de bien. " (...)
-Alors lis en secret, comme moi. Ce n'est pas comme ça que tu faisais, en Palestine ?
-Si." Isra se laissa brièvement séduire par cette idée, avant de la rejeter, et sa propre soumission à l'ordre familial la frappa." (p. 208)

Ce qui est frappant toujours dans ces sociétés où les femmes sont des marchandises... les hommes sont terribles... mais les vrais poisons insidieux et toxiques sont les belles-mères, les mères des "Fils".... perdurant avec hargne à maintenir les règles d'enfermement de leurs belles-filles, ayant pourtant , elles-mêmes supporté brimades , dévalorisation, et harcèlement divers...

" Deya la dévisageait, impassible. Farida savait que sa petite-fille ne pouvait comprendre comment le déshonneur pouvait croître, muter et engloutir quelqu'un, ne lui laissant d'autre choix que de transmettre sa honte afin de ne plus être le seul à la supporter" (p. 359)

Mais l'histoire de notre famille palestinienne va devoir ouvrir les horizons, grâce à la détermination farouche de la petite fille, Deya et de sa tante, Sarah, qui lui ouvrira les yeux, lui fera profiter de ses propres expériences traumatisantes....

Un magnifique premier roman bouleversant, révoltant...captivant... qui nous offre un récit haletant... mais aussi, au terme du roman , des lumières d'espoir et de changements inespérés... dont la victoire de Deya , qui est parvenue à fléchir sa grand-mère pour obtenir le droit de s'inscrire à l'Université... [mais pas que...! ]. Une vraie pépite... merveilleusement habillée d'une jaquette très réussie et fortement symbolique { un ensemble de silhouettes féminines, colorées, voilées, de dos...) de Helen Zughaib " Women against the night"...
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Je pense que si j'avais pu mettre plus de 5 étoiles je l'aurai fait. Pourquoi ? Parce que ce roman m'a tout simplement bouleversée. Il n'y a pas d'autre mot pour définir ce que j'ai ressenti à la fin de ma lecture. « le silence d'Isra » est tout simplement un roman effrayant sur l'histoire de ces femmes soumises aux coutumes familiales et diktats religieux qui leur sont imposés tout le long de leur vie.

Etaf Rum nous raconte le destin de trois générations de femmes palestiniennes : Isra, Farida et Deya.

En 1990, Isra jeune palestinienne de 17 ans n'a pas le choix lorsque sa famille l'oblige à se marier avec Adam et l'envoie à Brooklyn vivre au sein de sa belle-famille. Malgré tout, jeune fille rêveuse grâce aux livres qu'elle lit en cachette, elle veut encore croire que l'amour existe ainsi qu'au bonheur qui va avec. Malheureusement, Isra va vite déchanter et perdre une à une ses illusions du rêve américain. Par sa belle-mère Farida, hautement attachée aux traditions archaïques, elle sera immédiatement soumise à la tyrannie et à la pression étouffante de devoir donner naissance à un fils. Adam, son mari ne fera rien pour l'aider car comble du déshonneur, Isra ne met au monde que des filles, dont Deya, sa fille ainée qu'elle rêve de sauver de ce destin déjà écrit pour elle.
Petit à petit, la jeune fille autrefois rêveuse va vivre cloitrée, recluse, silencieuse par la force des choses. Seule lueur dans ce monde de ténèbres, les livres que lui donne Sarah, sa belle-soeur révoltée et rebelle au sort qu'on lui réserve également.

En 2008, dix-huit ans plus tard, Deya est arrivée en âge de se marier et sa grand-mère, Farida y veille ! Il est grand temps de lui chercher un prétendant.
La jeune fille aura-t-elle le courage de s'extraire de cette fatalité et de ce carcan familiale ? Écartelée entre la tradition et sa soif de liberté, Deya prendra elle la bonne décision pour sa vie future ?

Dans ce magnifique premier roman, Etaf Rum décrit avec une force incroyable et un réalisme effrayant le combat que doivent livrer certaines femmes pour vivre libres et sortir de ces coutumes absolument révoltantes qu'elles soient religieuses ou familiales. Et ceci encore de nos jours !
C'est tout simplement un coup de poing que l'on reçoit en pleine face : captivante de bout en bout, il est tout simplement impossible de lâcher ce livre.

Mais c'est également un poignant hommage aux livres et à la littérature. Oui j'en suis sûre les livres peuvent sauver. Outre qu'ils nous font voyager, rêver, rire, pleurer… ils peuvent cela aussi ! Lorsque l'on a y a complètement accès, ils font partis de nous…. en tous les cas ils font partis de moi.

Véritable ode aux femmes et à la lecture, ce roman est à lire absolument parce que cette histoire est tout simplement inoubliable une fois lue même si vous en ressortez totalement chamboulée.

Puisse t-il être lu et servir à toutes ces jeunes filles afin de les aider à sortir du sort qui les attends encore de nos jours !
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3 voix, 3 époques et une même condition : se taire et obéir.
Un seul rôle : servir et enfanter (des garçons de préférence), seule voie possible offerte à Farida, Isra et Deya, 3 femmes palestiniennes émigrées à New York, soumises au poids de leur culture et des traditions.
La première arrivée (et à se raconter) est Farida, mère de Sarah et d'Adam et belle-mère d'Isra, seconde et principale narratrice de ce texte intense. Mariée à 17 ans en Palestine par ses parents à un homme qu'elle a vu 2 fois et qui l'emmène dans la foulée vivre à Brooklyn, elle n'est que réserve et silence. Totalement soumise mais aspirant à l'amour et la liberté, ses désillusions seront à la hauteur de ses attentes à son arrivée en Amérique. Seuls les livres sauront combler son besoin d'ailleurs (tout comme ils seront également les compagnons de route de Sarah et de Deya).
Deya est la fille aînée d'Isra , elle est celle par qui les questions arrivent et la dernière à se dévoiler. Farida, sa grand-mère, cherche absolument à la marier alors qu'elle aspire à aller à l'université. Mais américaine par le sol et palestinienne par la culture, arrivera-t-elle à se faire entendre ?
J'ai dévoré ce roman polyphonique en un après-midi, totalement fascinée par l'histoire de ces femmes. J'ai frémi avec elles et aimé leurs velléités d'indépendance. J'ai espéré (parfois vainement), j'espère encore. Un très beau roman. Puissant. Une nécessité.
Un coup de coeur.




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critiques presse (1)
Actualitte
08 décembre 2020
Dès les premières pages, nous sommes prévenu·e·s : nous n’avons jamais rien lu de semblable. Et pour cause, cette histoire, fortement inspirée de la vie de l’autrice Etaf Rum, n’a jamais été contée, car cela aurait été vécu comme le déshonneur le plus absolu.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
C’était un jour froid et nuageux, empli d’un parfum d’arbre humide et d’un faible relent difficile à cerner. Les gaz d’échappement, peut-être. Ou une odeur de chats errants. L’un des arômes de Brooklyn qu’elle sentait souvent au cours du trajet à pied, long de neuf blocs, entre chez elle et l’arrêt de bus. Il y avait un gobelet de café vide près du caniveau, en carton bleu et blanc, écrasé, souillé de boue. Elle lut la phrase imprimée en lettres dorées – RAVIS DE VOUS SERVIR ! – et soupira. Impossible de s’imaginer un homme avoir l’idée d’une pareille phrase. Non, c’était sûrement une femme qui l’avait trouvée. 
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 Pendant tant d’années, elle avait cru que si une femme était assez dévouée, assez obéissante, elle pouvait espérer gagner l’amour d’un homme. Mais à présent qu’elle s’était remise à lire, elle découvrait une nouvelle forme d’amour. Un amour qui naissait au fond d’elle-même, un amour qu’elle éprouvait lorsqu’elle lisait toute seule à la fenêtre. Et grâce à cet amour, elle commençait à croire, pour la première fois de toute son existence, qu’en fin de compte, elle valait quelque chose. 
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- Les Contes des mille et une nuits. C'est celui que je préfère. (...)

- C'est plein de génies et de vizirs, des choses qui n'existent pas. Je préfère les histoires qui parlent de la vraie vie.

-Mais ça parle de la vraie vie, insista Isra. ça parle de la force et de la ténacité des femmes. Personne ne demande à Schéhérazade d'épouser le roi. C'est elle qui se propose, au nom de toutes les femmes, afin de sauver toutes les musulmanes en âge de se marier. Ces histoires qu'elle raconte pendant mille et une nuits, c'est la résistance. Sa voix est une arme, qui illustre le pouvoir extraordinaire des histoires en général, et la force des femmes en tant qu'individus. (p. 134)
Commenter  J’apprécie          200
-ça n'a rien d'étrange, répliqua Sarah. Ce sont les personnes les plus seules qui aiment le plus lire.
- C'est pour ça que tu aimais lire ? Parce que tu te sentais seule ?
- Quelque chose dans ce goût-là. Sarah regarda de nouveau par la fenêtre. " ça été très dur de grandir dans cette famille, d'être traitée différemment de mes frères parce que j'étais une fille, de me réveiller tous les jours en sachant que mes perspectives d'avenir étaient si limitées. (...) c'était bien plus que de la solitude. Je me dis parfois que c'était aussi l'opposé, la sensation qu'il y avait trop de monde autour de moi, trop de liens imposés: il y avait aussi en moi un désir d'isolement pour pouvoir réfléchir par moi-même. (p. 231)
Commenter  J’apprécie          140
Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes. Une blague qui était loin de la faire rire.
"tu sais ce que c'est ton problème ? reprit Sarah.
-Dis-moi.
-Tu ne lis plus.
Je n'ai pas le temps de lire.
- Eh bien, tu devrais en trouver, du temps. ça te ferait beaucoup de bien. " (...)
-Alors lis en secret, comme moi. Ce n'est pas comme ça que tu faisais, en Palestine ?
-Si." Isra se laissa brièvement séduire par cette idée, avant de la rejeter, et sa propre soumission à l'ordre familial la frappa. (p. 208)
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- Les Optimistes, Rebecca Makkai, 10/18, 9,60 € - Le silence d'Isra, Etaf Rum, Pocket, 8,20 € - Les fleurs sauvages, Holly Ringland, Le Livre de Poche, 8,70 €
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