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c'est le 5eme livre de Rumiz que je lis. Il a été traduit par Béatrice Vierne. Si un coq saluait le soleil depuis le Peloponnese. Ah! Patras. Patrick Leigh Fermor. j' ait lu un de ses livres sur sa ballade jusqu'en turquie jusqu'au mont Athos dans la nuit et le vent.
Les coqs Grecs, les Alpes dinariques modifient l'usage du monde. L'aspromonte qui est le grand phare de plus en plus féminin rencontre les Dieux en exil. Comme dans une caisse à savon, j'ai franchi le seuil invisible de la raison. le logos paraît retrouver un sens. Dans les jardins de Cappadoce, loin d'où règne le mensonge ou reignait les anachorètes enracinés dans leurs églises rupestres. Hendecasillable un neverin noires comme des dos de cachalots comme le Sinai l'Ucka, la porte du milieu. j'entends les ovlades sauter hors de l'eau.
La Méditerranée est une mer de montagnards. peuplee de bergers devenus des capitaines de vaisseau avec le bruit de la bora. La montagne navigue sur la Semmering. La Bora fendait le bois comme une lame. Avec des loirs en folie avec une inclinaison excessive, elles sont née des menbres . de Tom Asparsyte et de Medee. Uun beau non-lieu
, ou on se fait plumer. , couronne d'épines.. Il pleuvait des fleurs acacia . Il aime parler de la grande Guerrea à nous de pédaler en austro- hongrois comme des chevaux qui dorment debout. Frigoli Haider serrait des paluches. La faim noire ne me cherche paske pense à un voyage au Maroc. l'été, c'est trop fatiguant. Prends l'Anabase.
ll suffit qu'un hélicoptère tombe pour qu'on ait des funérailles nationales. Les récits de chasse de Léon Tolstoi. Il manque une carte de Claudio Magris. La Jurka de mon père. Ryszard Kapuscinki entre en fibrillation. Je garde en souvenir les gens du voyage qui nous interrogèrent au col du Brener pour savoir où était l'Italie, j'étais avec des copains, c'était donc au moins 20 ans avant ce livre, mais j'étais en voiture. Les plats à la Arcimboldo semblent prolonger l'hiver. l'avocat de l'ours, travailler sur l'ours c'est travailler dans le social. Ortles, il faut se priver de toute distraction et rester seul. le roi des infiltres du signor K sur le pont de Mostar. je repense à Milan et au départ du train pour Brindisi, les gens qui montent par les fenêtres. le leonardo de Vinci brinquebale. La vieille route de Goethe ou Otzi joue à la momie. Gemutlich ouate. Les routent chantent écrivait Chatwin. J'ai du mal à imaginer le parcours.
Les montagnes ont commence à naviguer. Spluga, le pas des ours avec sa toppling comme Bouvier. Refuge antiatomique de l'armée suisse. le sachertorte le pequod flotte sur la mer-archeozoique vers le canton
de Schwyz. Dans le trou du saint gothard. Les bois de robiniers du Tessin, un autre shangri-la. les tempêtes de sable du taklamakan. Kapellmeister. je pense à un voyage au Maroc. le soir tombe sur la Padanie ou à Mississippi sur le Po.
Les camaldules jouent à la bristola. Igoumenitsa je m'en souviens pas. Je me rappelle seulement la mer qui me semblait noire et l'Albanie.
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Pour les passionnés des Alpes, notamment Italiennes, Paolo Rumiz invite ses lecteurs sur 16 grands itinéraires de la Slovénie ( Ljubljana) aux Apennins, à réaliser à pied à cheval ou en Topolino.

Parti pour s'échapper du monde, et revenu avec un pavé de 461 pages aux caractères serrés, il faut en avoir des choses à dire !
Paolo Rumiz, en décapant les Alpes, puis les Apennins, des vieux clichés, avec ce regard obstiné du journaliste besogneux, a laissé une trace, de près d'un million de signes pour dessiner " La légende des montagnes qui naviguent". Cette navigation terrestre loin de vous plomber devient un enchantement, au fil du temps le pavé s'allège !

L'ouvrage est « condensé » en 16 chapitres, 8 pour balayer les Alpes puis 8 pour les Apennins, deux livres en un. Écrivain voyageur, il vous ballade, et vous séduit, il s'empare de vous et ne vous lâche plus avant la pose du chapitre suivant.
Les trois chapitres que j'évoque donnent une idée de cette chevauchée.
"De la mer à la Drave", la Slovénie, le chapitre s'ouvre sur un bref aperçu des multiples guerres qui ont émaillés son histoire : "On hissait le drapeau blanc, fini ? Çà paraissait impossible". Rêve ou cauchemar, les slovènes firent le tour complet des nationalités européennes. Mais c'est où ce pays ?

La suite comme un hommage à Brautigan, nous promène parmi des ours insaisissables, trop nombreux, ingérables, solitaires et individualistes, gourmands insatiables ( cf citations). On abandonnera les plantigrades pour découvrir la vraie personnalité de Jörg Haider très bon grimpeur, mais "sa belle prestance s'alliait à une moralité douteuse" p 52.
On retrouvera au long de ce récit cette lucidité du journaliste peu enclin à édulcorer ses critiques.
"De Chiavenna au Tessin", Paolo Rumiz nous invite à prendre la mesure du sol, celui qui nous porte, jusqu'aux vallées les plus profondes, et découvrir l'étendue vivante du sous sol, gangrené de tunnels, qui affleurent par endroits, avec les grondements sourds de ces monstres mécaniques, qui pour être restés trop longtemps sous terre viennent vous terrifier, tel " le hurlement de la mer archéozoïque" p159.
C'est un autre visage de la suisse que hennit notre cheval errant, une modernité qui s'accommode mal des zones retirées, comme si les Alpes suisses formaient la plaine du Pô.

Le canton qui a donné naissance au pays, le canton de Schwyz, a voté à 70% contre l'Europe. En Suisse l'on dit « si tu n'est pas sage je t'envoie dans le canton de Schwyz ».p 164.
Depuis le col enneigé de la Furka, "je lis, que 150 mercédes vont et viennent tous les jours entre la France et la Suisse, toujours les mêmes, elles appartiennent à la mafia. La police le sait , mais ne peut rien faire". p 168 .

La Suisse mérite sans aucun doute la palme de l'ambiguïté, c'est du moins le sentiment qui se dégage du pavé lancé par Paolo Rumiz, dans un Léman de bon sentiments, la vache qui rit aux étrangers meurtris.

Échappons aux monstres des tunnels, à la caporalato ( exploitation des immigrés) et préparons nos carcasses à affronter les Apennins, et esquiver une chaîne d'ouvrages gigantesques.
Il fallait repartir de zéro, retrouver les fossés, les impasses, éviter les embrouilles avec le moyen de transport le plus lent qu'il fut, une guimbarde pour attelage, un solide bijou de technologies, née en 1936, la Topolino Fiat »la souris », capable de rouler comme l'Oural par + ou – 30°, dépassant rarement les 30km à l'heure (l'Oural la moto mythique de Sylvain Tesson).
"De Savone au val Trébia" le 1er chapitre dans les Apennins.
Pas de concessions aux lignes droites, aux ronds-points, choisir la via buissonnière, à la recherche des routes perdues, Paolo Rumiz, fait appel à un guide sorti des monts chauves, un berger, esthète, aquarelliste et amoureux de la petite reine, Albano Marcarini est ce personnage démodé, qui seul peut traverser les Apennins sans croiser un gendarme ou une autoroute.
Albano Marcarini dans "la brouillasse du col de Faiallo, fait le point à l'aveuglette, un guide de 1896 à la main" ! Ce livre est à l'image de Marcarini , changer de braquet, voir, s' imprégner avant qu'il ne soit trop tard, la nature sauvage démultipliée encore là pour ceux qui savent couper le contact.
Après la lecture de ce récit exceptionnel, je ne regarderai plus mon Marcarini de la même façon. Ce vélo sur mesure d'une trentaine d'années, me semble encore digne d'aller flâner aux Apennins, et fuir la modernité ou l'éprouver.
C'est avec un talent fou que Paolo Rumiz se déploie dans ce pavé ; merci à masse critique de rendre ce livre accessible, la traduction est pleine d'humour, humour grinçant pour toutes les absurdités déployées par les hommes. Il nous parle beaucoup de l'aveuglement des élites comme des biens pensants.
Il nous fait découvrir des personnages hors du temps.
A lire sans chercher une suite logique aux chapitres, ils sont indépendants.
Bravo à masse critique et à Arthaud, pour cette belle navigation.

http://alter1fo.com/chevauchee-topolino-alpes-italiennes-16-itineraires-110785
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Les Alpes, une chaîne de montagnes que huit nations se partagent. Entre celles qui ont tendance à l'oublier, celles qui y entretiennent un certain traditionalisme, celles qui la creusent, la percent, la détruisent et celles qui y voient un atout commercial et touristique évident, cette barrière naturelle de 1200 km a de quoi s'en faire.
Touchée de plein fouet par le changement climatique, la désertification, les désastres engendrés par les barrages et les tunnels routiers, cette chaîne n'en reste pas moins un lieu de légendes et d'histoire, peuplée heureusement de quelques irréductibles marginaux, poètes et révoltés gardant l'esprit de leur vallée.

C'est vers eux que le journaliste Paolo Rumiz va aller pour cueillir l'essence de ces habitants et de cette nature merveilleuse. Voyage chaotique, intemporel, véritable palimpseste d'expériences vécues, rêvées et de guerres qui se sont achevées, de combat avortés ou réussis et de vies qui ont filées.
Puis on aborde la colonne vertébrale de l'Italie, les Apennins, négligées en faveur des Alpes alors qu'elles parcourent le pays du Nord au Sud et sont source d'énergie pour le pays entier.
Rumiz a l'art de dégoter des personnalités fortes et atypiques tout en décriant une civilisation devenue folle, incapable aujourd'hui d'apprécier, de connaître pleinement la nature, sa faune et flore, sa beauté, sa richesse.
L'ouvrage est foisonnant, captivant et n'est qu'un exemple de ce qui se passe actuellement partout dans le monde et pas seulement dans les Alpes, pour de perfides raisons politiques, économiques et nationales.
A lire, à garder, merci Babelio et les éditions Arthaud pour cette découverte.
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Si "pour voyager il ne sert à rien de quitter son fauteuil, qu'il suffit de lire des livres", en voici un tout indiqué. Le candidat au périple se laissera embarquer avec enthousiasme dans la vieille guimbarde de Paolo Rumiz pour franchir cols et vallées, puisque c'est celui que propose ce voyageur impénitent dans son dernier ouvrage. Voyage à thème, comme ce journaliste italien à la plume experte les affectionne, pour dépeindre personnages et paysages de rencontre.

Le thème de la légende des montagnes qui naviguent, c'est la quête de l'authentique. Thème qu'on pourrait d'ailleurs appliquer à plusieurs des ouvrages de ce reporter qui n'avait pas craint en d'autre temps d'affronter le danger des zones de guerre et témoigner des comportements humains, entre héroïsme et exactions.

L'authentique, ce vieux fonds d'humanité, ne se trouve certes pas dans le tumulte de la civilisation urbaine moderne où des zombis connectés - on ne sait trop à quoi ou à qui, eux-mêmes le savent-ils quand ce n'est certainement plus avec leur vis-à-vis - évaluent le degré de bonheur à leur pouvoir d'achat. L'authentique, Paolo Rumiz va le chercher dans le visage sillonné de rides, le regard pénétrant de ceux qui ont choisi de s'accrocher au flanc de la montagne, de bavarder avec les marmottes et faire croire que la montagne vit encore en dehors des stations surpeuplées, quand la neige qui se fait parfois désirer, réchauffement climatique oblige, veut bien leur autoriser le frisson de la glisse.

La légende des montagnes qui naviguent est un récit de voyage. 8000 km au travers des Alpes. Il prend tour à tour des allures de fresque picturale, de roman historique, de diatribe politique ou de confidence superstitieuse quand son parcours l'entraîne dans les errements brumeux des vieilles légendes. Paolo Rumiz n'est jamais autant exaucé dans ses intentions que lorsque son étape lui donne l'occasion de rencontrer un des derniers mohicans qui, une fois la méfiance pacifiée, deviendra prolixe à lui conter la petite histoire dans la grande, du temps où le locataire de la montagne devait tirer sa subsistance de son troupeau, cohabiter avec l'ours et le loup, du temps aussi où les visées impérialistes des nations riveraines donnaient de la mouvance aux frontières.

Mais en leitmotiv de chaque chapitre, son ouvrage veut surtout être un plaidoyer écologique. Un blâme est décerné à cette espèce qui reste sourde aux avertissements que lui lance la nature meurtrie, comme par exemple la catastrophe du Vajont en 1953. Cette espèce qui s'entête dans la quête perpétuelle des plaisirs, fermant les yeux au désastre qu'elle provoque, car un "désastre qui dure des décennies ne fait pas sensation."

Seulement voilà, j'ai appris récemment un terme de vocabulaire qui me fera passer pour instruit. Ce terme c'est cinétose. Plus connu sous l'expression de mal des transports. Je vais quand même avouer pour conclure que 8000 kilomètres sur les routes de montagne, en passager d'une vieille guimbarde qui semble aller au gré des lubies de son guide, sans autre fil conducteur que faire admirer le paysage et dire leur nostalgie aux vieux qui déplorent le bon temps d'avant, ça peut faire languir le fond de la botte italienne. Là où se termine le voyage. 460 pages d'un parcours erratique dans les lacets des routes de montagne, cela aurait mérité quelques raccourcis, même si l'air y est pur sous la voute étoilée. Une carte eût aussi été la bienvenue pour se situer dans la myriade de noms de pays, de village qui émaillent ce récit. Heureusement qu'il y a "gougueule", c'est ti pas comme ça que vous l'appelez celui qui dirige vot' vie maintenant à vous autres qui êtes connectés dans la vallée ?
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J'aime les livres d'écrivains voyageurs. le travail d'écriture est là, le voyage aussi. L'auteur nous emmène sur les petites routes, nous fait grimper les sentiers. Nous passons les cols, traversons les villages, enjambons les rivières, prêtons l'oreille au bruissement des arbres. Des Dolomites, aux Apennins en passant par les Alpes, de Trieste à Nice, de la Ligure à la Calabre, les noms de villages, les petites phrases poétiques et enchantées chantent et tintent joyeusement à l'oreille du lecteur : Castelpizzuto (Châteaupointu) Buenalbergo ( Bonneauberge ) Rupecanina ( Rochecanine), Alpe de la luna.
Les rencontres sont nombreuses et fascinantes. Ainsi ce violoncelliste célèbre retourne jouer de son instrument, vieux de quatre siècles dans la forêt même dont est issu l'arbre qui a servi à sa fabrication.
« La moitié de la forêt joue, répète ces vibrations comme si elle les savait par coeur. Elle reconnaît la voix de son ancêtre. »
Et encore parmi tant d'autres, Ginetto qui se construit une église tout seul en récupérant des pierres médiévales d'une ancienne construction.
Les choix économiques, barrages hydro-électriques, tunnels, autoroutes, voies ferrées ont entamé la montagne, l'ont fragilisée et dégradé un environnement longtemps préservé. Cela n'empêche pas les amoureux de nature et de solitude de s'établir pour quelques temps, quelques années dans des villages isolés, de retrouver les gestes simples et ancestraux. Ils font parler les pierres et les chemins et nous révèlent les mémoires de ceux qui nous ont précédés : L'Italie des villages est une véritable mine lorsque les histoires singulières croisent la grande Histoire.
A bord de Merina, la fantasque Topolino , Paolo Rumiz nous offre un hymne à la lenteur et au vagabondage.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Arthaud pour cette belle découverte.
« Bel paese che il Santerno bagna, che parla tosco in terra di Romagna. » (Le beau pays que baigne le Santerno, qui parle le toscan en terre de Romagne.)

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L'écrivain-voyageur Paolo Rumiz nous fait parcourir les montagnes italiennes : les Alpes, qui séparent l'Italie de l'Autriche, de la Suisse et de la France, puis les Apennins qui sont la colonne vertébrale du pays. Au total, slalomant de vallée en vallée, il va effectuer des milliers de kilomètres de Trieste et l'extrême pointe de la Calabre.
Mais c'est bien plus qu'une relation de voyage qu'il nous livre là : c'est un livre de rencontres et de réflexions sur son pays. Et des rencontres il en fera : des vétérans de 14-18, le leader autrichien Jörg Haider « croquemitaine du populisme alpin », des agriculteurs protégeant la nature et leu terroir, un luthier, l'alpiniste Walter Bonatti, le grand reporter Kapuscinski et tant d'autres, mais tous des hommes et des femmes libres défendant une culture et un art de vivre en danger. Et le regard sur l'Italie de l'homme en colère Paolo Rumiz n'est pas tendre.
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Il a fallu une dizaine d'années pour que La légende des montagnes qui naviguent soit enfin traduite en français et éditée chez Arthaud. Voilà une formidable occasion de découvrir Paolo Rumiz, journaliste à La Reppublica, écrivain-voyageur qui a affronté les risques de la guerre dans l'ex-Yougoslavie, mais aussi relié Trieste, sa ville, à Vienne puis à Istanbul, chaque fois à vélo.
Ici, il se lance dans une immense aventure : explorer l'épine dorsale européenne constituée par les Alpes et les Apennins. « Parti pour m'échapper du monde, j'ai fini, au contraire, par en trouver un autre : à ma grande surprise, mon voyage s'est transformé en révélation d'un univers vivant et secret. Je l'ai décrit avec rage et émerveillement. Émerveillé par la beauté fabuleuse du paysage humain et naturel, mis en rage par le pouvoir qui n'en tient aucun compte. »
En effet, ce livre va beaucoup plus loin qu'une description des paysages. Bien sûr, ils sont détaillés avec talent et cela donne souvent envie d'aller découvrir aussi des lieux très isolés et ignorés par les touristes. Surtout, le voyage est émaillé de tellement de rencontres, de contacts avec les humains qui vivent ou tentent de faire vivre ces montagnes, que la lecture n'est pas fastidieuse. Il a fallu de temps à autre se référer à des cartes pour visualiser le parcours mais ce n'est pas toujours nécessaire tant l'aventure est riche et variée.
Le style de Paolo Rumiz est riche, enlevé, évocateur, précis et toutes les anecdotes, rappels historiques et réflexions qui émaillent son récit, m'ont beaucoup intéressé, m'apprenant énormément. Depuis la Croatie où il doit expliquer que c'est ici que les Alpes commencent, jusqu'à la pointe sud de la botte italienne, l'auteur se déplace la plupart du temps à pied, à vélo ou dans ce fameux Topolino, Fiat 500 de 1953, affectueusement appelée Nerina. « Sur le marché, c'est celle qui se rapproche le plus de la mule. » Dans la dernière partie, elle est un véritable personnage avec ses humeurs, ses qualités et ses faiblesses.
En Slovénie, les déplacements des ours sont à l'ordre du jour car les Slovènes sont fous des abeilles dont le miel intéresse beaucoup cet animal très répandu. À Ljubljana qu'il qualifie de Prague miniature, il constate la xénophobie, ce populisme centriste qui conduit à l'américanisation ou à l'hyper-traditionalisme.
S'il passe en Autriche, il revient en Italie pour évoquer la catastrophe du Vajont, ce barrage qui a cédé le 9 octobre 1963, emportant deux mille personnes, saccageant aussi le plus grand bassin de la Vénétie. Les Dolomites sont là et il les explore, revient en arrière, désorientant un peu le lecteur avant de franchir le col du Brenner.
Souvent, il compare ce qu'il voit en Autriche avec le laisser-aller italien, saluant ces services publics qui fonctionnent. Il rappelle l'histoire de l'homme des glaciers, Õtzi, découvert par Helmut Simon. Bolzano l'a réclamé et obtenu, évinçant Herr Simon qui sera enfin réhabilité.
C'est à vélo qu'il escalade le Stelvio pour écouter la montagne. Malgré ses 48 virages : « La beauté qui nous domine enlève bien deux pour cent à la pente, c'est un aimant qui nous tire vers le haut. » Hélas, le réchauffement climatique qu'il constate avec les glaciers disparus ou considérablement réduits, est alarmant : « La terre ravagée depuis des décennies ? Un désastre qui dure des décennies ne fait pas sensation. »
Bien sûr, il passe par la France et tire encore le signal d'alarme pour sauver nos vallées alpines du trafic routier qui reprend de plus belle. À Chamonix, son guide constate : « C'est la catastrophe. Trop d'eau, trop de dégel, trop de chaleur. » Puis il nous conduit du Grand Paradis jusqu'à Nice. Qualifiant le col de la Cayolle d' « ultime Roncevaux des cyclistes », il nous égratigne quand il voit un panneau annonçant Les Grandes Alpes : « On sait bien que les Français font toujours les choses en grand. »
Il n'oublie pas de parler des loups, de l'élevage, de la désertification, de la haine des étrangers dans certaines vallées, de l'indispensable présence de femmes venues de l'est pour soigner les personnes âgées. Toutes ces montagnes qu'il voit bouger au-dessus des nuages préservent une vie en train de disparaître. L'autoroute qu'il fuit comme la peste, vide des territoires entiers mais Paolo Rumiz donne vraiment envie de sauver ces paysages encore marqués par le passage d'Hannibal jusqu'à cette mer Ionienne surchauffée qui marque la fin du voyage.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Voilà un récit de voyage hors-norme, par sa longueur, son ambition, le nombre de pays et de cultures traversés : de la Croatie à l'Italie en passant par la Slovénie, l'Autriche, la Suisse, la France, Paolo Rumiz traverse les Alpes et surtout les Appenins, la colonne vertébrale de l'Italie, sa chaîne montagneuse de coeur.  En vélo, à pied, en moto (mythique) Topolino Fiat, il parcourt 8000 km et ne cesse d'écrire au cours de son périple. Il multiplie aussi les rencontres, des "anonymes" qui lui racontent la montagne et ses secrets, comme des plus connues, l'écrivain Mario Rigoni Stern, étonnamment vert malgré ses quatre-vingt printemps bien tassés ou, plus bizarre, l'ancien chef autrichien d'extrême-droite, Jorg Haider. Rumiz peut profiter de ces rencontres grâce à son statut de journaliste. En chemin,il raconte l'histoire, la grande Histoire liée aux Alpes et aux Appenins, la Grande Guerre qui piégea certaines populations entre Autriche et Italie, ou les résistants, les passeurs de la Deuxième Guerre mondiale, par exemple. Mais ce qui l'intéresse surtout, c'est l'environnement, l'écologie, il veut défendre ses montagnes comme symboles de vie ou de mort pour le monde entier : si la montagne se porte bien, les villes et les plaines iront bien aussi. Or les tunnels, la vitesse, la désertification, les inondations, les sécheresses, les désordres climatiques engagent un pronostic vital pour tous. Heureusement il existe des lieux de vie, de calme, de spiritualité qui peuvent encore sauver les choses et Rumiz se plaît à les évoquer ans les situer précisément, pour les épargner.

Ce livre est dense, bourré d'anecdotes, de personnages, de diversions. Habituée au style plus direct d'un Sylvain Tesson ou de Jean-Christophe Rufin, je me suis parfois ennuyée et, je l'avoue, j'ai lu plusieurs pages en diagonale. Cependant, je ne doute pas que de nombreux lecteurs amateurs du genre l'apprécieront.

Merci à Babelio et aux éditions Arthaud pour l'envoi de ce livre.
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Paolo Rumiz s'intéresse dans ce voyage aux montagnes. Les Alpes tout d'abord, dont il cherche le début, quelque part en Croatie, mais personne ne semble savoir où ces fichues montagnes commencent. Il traverse ensuite plusieurs pays, avec le fil rouge de la chaîne montagneuse, des endroits secrets, le moins fréquentés possibles, qui ont gardé quelque chose d'une rudesse, d'un isolement d'origine, même si cela devient de plus en plus une gageure. L'Italie, la Suisse, un petit crochet par la France...le tout à une allure lente, pour avoir le temps de voir, de faire des rencontres.

Puis un deuxième périple, dans les Apennins, pour essayer de retrouver une Italie loin des circuits touristiques, dans un véhicule qui prenne le temps et qui éveille des souvenirs et de la sympathie, une voiture des années 50, une Topolino (sur les photos, cela ressemble un tout petit peu à une 2CV). Une voiture qui va forcément connaître quelques ennuis mécaniques, qui n'est pas étanche, ce qui oblige à des arrêts lorsqu'il pleut trop fort, qui bien sûr n'est pas climatisée. La conduire nécessite une dépense physique non négligeable. le voyage peut être une aventure de chaque instant.

Paolo Rumiz fait dans son voyage un inventaire de façons de vivre, de cultures en train de disparaître ou qui ont déjà disparues. de villages qui se vident, de régions qui se meurent. Une Italie qui cède de plus en plus aux sirènes de la mondialisation, en sacrifiant toutes les spécificités, toutes les habitudes séculaires, tout ce qui faisait son charme en somme. le récit de Paolo Rumiz est habité par la nostalgie de ce qui a été, ce qui s'est construit pendant des siècles, des lieux habités d'histoire et de souvenirs, qui disparaissent, s'effacent en quelques années. Un désir d'amnésie semble pousser désormais ses concitoyens dans une fuite en avant.

Un beau voyage, que le lecteur est heureux de pouvoir faire, avec pour guide un passionné, un connaisseur, qui nous montre des endroits dans lesquels on arriverait sans doute pas tout seul. Qui donne envie de partir sur les routes, en prenant son temps, sans trop de préparation, sans listes d'incontournables à voir à tout prix, sans appareil photo, pour rester disponible à ce qui arrive, pour pouvoir se consacrer à l'instant, sans vouloir à tout prix le planifier et le fixer autrement que par la souvenir.
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Attention c'est un livre qui date un peu, enfin tout est relatif, mais quand même, les articles ont été écrit par P Rumiz pour les journaux dans les années 2003 à 2006. Mais qu'importe car ils mettent déjà l'accent sur les changements que connaissent les territoires de montagne, en Italie, en Suisse, en Autriche et en France. Et aujourd'hui les choses n'ont fait qu'empirer.
Paolo Rumiz a entrepris un voyage de 7000 Km le long des Alpes et des Apennins, son voyage l'emporte du golfe de Kvarner jusqu'au bout de la botte italienne.
Les Alpes pas de problème, je voyais bien les paysages, les lieux, les vallées, les sommets. Par contre les Apennins c'était plus nébuleux pour moi malgré plusieurs séjours en Italie ça ne me parlait pas vraiment.

Mon regret ? Ne plus avoir sous la main l'équivalent du fabuleux atlas que j'avais enfant, celui du Reader Digest qui à l'époque m'a fait voyager partout, l'Europe était mon terrain de jeux et j'ai passé bien des heures penchée sur les doubles pages à la taille démesurée ( il faut dire que j'étais petite et gringalette ) je me suis vengée sur ma tablette.
Vous êtes prêt pour le voyage ?
Un mot d'abord des moyens de circulation, à pied évidement, en vélo, et plus insolite en Topolino de 1954 « Sur le marché, c'est celle qui se rapproche le plus de la mule. » dit Paolo Rumiz
Tout commence dans les Alpes en Slovénie, surprenant voyage dans un pays qui n'attire pas l'attention et que les pages de Rumiz m'ont donné envie de découvrir même si le penchant des slovènes va plus vers les ours que vers les étrangers.
On navigue, car c'est bien de navigation qu'il s'agit, entre le pays des loups, des ours et du miel, le Tessin italien, les sommets avec Walter Bonatti un guide idéal dans les Alpes ou Mario Rigoni Stern qui devait disparaitre peu après.
Ce début de voyage m'a enchanté et a ravivé des journées en montagne, des cueillettes de fleurs, des photos de sommets, des vallées presque inconnues, des glaciers et de somptueux coups de soleil.
Une belle randonnée dans les Alpes que j'ai parcouru au fil des années et le récit de Rumiz a réveillé bien des souvenirs pour moi.

On croise des musiciens, des experts, des gardiens d'auberges de montagne, il est à Chamonix juste avant que ne soit décidé la réouverture aux poids lourds après la catastrophe du tunnel du Mont Blanc, entrainant la catastrophe écologique qui sévit aujourd'hui si vous avez écouté les dernières constations sanitaires sur la vallée de l'Arve.
l évoque la catastrophe du Vajont en 1963 qui tua 2000 personnes et anéantit une partie de la Vénétie.
Ces Alpes où la neige est de plus en plus rare, où les stations plongent dans un marasme économique et écologique.

On croise Õtzi l'homme des glaciers découvert par Helmut Simon, avec autour de cette découverte un peu de ce qu'à connu chez nous la Grotte Chauvet et les enjeux médiatiques qui s'y rattachent.
Les Apennins c'est différent, je ne me sentais pas en pays connu. Ces montagnes nécessitent la lenteur, la recherche d'une certaine harmonie. Les lieux ont été parfois saccagés, parfois épargnés, les témoignages sont là pour appuyer les propos.
Et puis les Apennins vivent encore dans l'ombre d'Hannibal.
Traverser ces montagnes « sans croiser un gendarme ou une autoroute » cela tient d'une gageure. On peut lire les marques sur le paysage de la désertification, du manque d'eau, l'installation de la « grande peur climatique »
Paolo Rumiz déniche une Topolino, datant de 1954. Un véhicule pour se faire instantanément des amis. La sienne prend l'eau, a des ratés mais avance vaille que vaille.
On s'enfonce dans « un labyrinthe aussi fascinant qu'infini » qui va des côtes ligures jusqu'au bout du bout de la Calabre.

On navigue dans des villages déserts, uniquement habité de vieillards et de leurs auxiliaires de vie, Paolo Rumiz rivalise d'anecdotes pour faire oublier la tristesse des lieux.
Vous pensez que cela va vous plomber le moral ? Et bien pas du tout, l'humour de l'auteur est là, et puis il y a ces personnages hors du temps qui enchantent le récit.
Certains noms de lieu ne parlent pas à nos oreilles françaises et la magie d'internet est là pour combler le vide
n journal de voyage plein de surprises, sans GPS mais avec carte. Des sites hors des itinéraires touristiques, où la cuisine est savoureuse et les villages dépeuplés.

Un livre par un écrivain de la lenteur, pour les fous de voyage, de montagne, de protection des territoires, d'écologie.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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