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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
c'est le 5eme livre de Rumiz que je lis. Il a été traduit par Béatrice Vierne. Si un coq saluait le soleil depuis le Peloponnese. Ah! Patras. Patrick Leigh Fermor. j' ait lu un de ses livres sur sa ballade jusqu'en turquie jusqu'au mont Athos dans la nuit et le vent.
Les coqs Grecs, les Alpes dinariques modifient l'usage du monde. L'aspromonte qui est le grand phare de plus en plus féminin rencontre les Dieux en exil. Comme dans une caisse à savon, j'ai franchi le seuil invisible de la raison. le logos paraît retrouver un sens. Dans les jardins de Cappadoce, loin d'où règne le mensonge ou reignait les anachorètes enracinés dans leurs églises rupestres. Hendecasillable un neverin noires comme des dos de cachalots comme le Sinai l'Ucka, la porte du milieu. j'entends les ovlades sauter hors de l'eau.
La Méditerranée est une mer de montagnards. peuplee de bergers devenus des capitaines de vaisseau avec le bruit de la bora. La montagne navigue sur la Semmering. La Bora fendait le bois comme une lame. Avec des loirs en folie avec une inclinaison excessive, elles sont née des menbres . de Tom Asparsyte et de Medee. Uun beau non-lieu
, ou on se fait plumer. , couronne d'épines.. Il pleuvait des fleurs acacia . Il aime parler de la grande Guerrea à nous de pédaler en austro- hongrois comme des chevaux qui dorment debout. Frigoli Haider serrait des paluches. La faim noire ne me cherche paske pense à un voyage au Maroc. l'été, c'est trop fatiguant. Prends l'Anabase.
ll suffit qu'un hélicoptère tombe pour qu'on ait des funérailles nationales. Les récits de chasse de Léon Tolstoi. Il manque une carte de Claudio Magris. La Jurka de mon père. Ryszard Kapuscinki entre en fibrillation. Je garde en souvenir les gens du voyage qui nous interrogèrent au col du Brener pour savoir où était l'Italie, j'étais avec des copains, c'était donc au moins 20 ans avant ce livre, mais j'étais en voiture. Les plats à la Arcimboldo semblent prolonger l'hiver. l'avocat de l'ours, travailler sur l'ours c'est travailler dans le social. Ortles, il faut se priver de toute distraction et rester seul. le roi des infiltres du signor K sur le pont de Mostar. je repense à Milan et au départ du train pour Brindisi, les gens qui montent par les fenêtres. le leonardo de Vinci brinquebale. La vieille route de Goethe ou Otzi joue à la momie. Gemutlich ouate. Les routent chantent écrivait Chatwin. J'ai du mal à imaginer le parcours.
Les montagnes ont commence à naviguer. Spluga, le pas des ours avec sa toppling comme Bouvier. Refuge antiatomique de l'armée suisse. le sachertorte le pequod flotte sur la mer-archeozoique vers le canton
de Schwyz. Dans le trou du saint gothard. Les bois de robiniers du Tessin, un autre shangri-la. les tempêtes de sable du taklamakan. Kapellmeister. je pense à un voyage au Maroc. le soir tombe sur la Padanie ou à Mississippi sur le Po.
Les camaldules jouent à la bristola. Igoumenitsa je m'en souviens pas. Je me rappelle seulement la mer qui me semblait noire et l'Albanie.
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Pour les passionnés des Alpes, notamment Italiennes, Paolo Rumiz invite ses lecteurs sur 16 grands itinéraires de la Slovénie ( Ljubljana) aux Apennins, à réaliser à pied à cheval ou en Topolino.

Parti pour s'échapper du monde, et revenu avec un pavé de 461 pages aux caractères serrés, il faut en avoir des choses à dire !
Paolo Rumiz, en décapant les Alpes, puis les Apennins, des vieux clichés, avec ce regard obstiné du journaliste besogneux, a laissé une trace, de près d'un million de signes pour dessiner " La légende des montagnes qui naviguent". Cette navigation terrestre loin de vous plomber devient un enchantement, au fil du temps le pavé s'allège !

L'ouvrage est « condensé » en 16 chapitres, 8 pour balayer les Alpes puis 8 pour les Apennins, deux livres en un. Écrivain voyageur, il vous ballade, et vous séduit, il s'empare de vous et ne vous lâche plus avant la pose du chapitre suivant.
Les trois chapitres que j'évoque donnent une idée de cette chevauchée.
"De la mer à la Drave", la Slovénie, le chapitre s'ouvre sur un bref aperçu des multiples guerres qui ont émaillés son histoire : "On hissait le drapeau blanc, fini ? Çà paraissait impossible". Rêve ou cauchemar, les slovènes firent le tour complet des nationalités européennes. Mais c'est où ce pays ?

La suite comme un hommage à Brautigan, nous promène parmi des ours insaisissables, trop nombreux, ingérables, solitaires et individualistes, gourmands insatiables ( cf citations). On abandonnera les plantigrades pour découvrir la vraie personnalité de Jörg Haider très bon grimpeur, mais "sa belle prestance s'alliait à une moralité douteuse" p 52.
On retrouvera au long de ce récit cette lucidité du journaliste peu enclin à édulcorer ses critiques.
"De Chiavenna au Tessin", Paolo Rumiz nous invite à prendre la mesure du sol, celui qui nous porte, jusqu'aux vallées les plus profondes, et découvrir l'étendue vivante du sous sol, gangrené de tunnels, qui affleurent par endroits, avec les grondements sourds de ces monstres mécaniques, qui pour être restés trop longtemps sous terre viennent vous terrifier, tel " le hurlement de la mer archéozoïque" p159.
C'est un autre visage de la suisse que hennit notre cheval errant, une modernité qui s'accommode mal des zones retirées, comme si les Alpes suisses formaient la plaine du Pô.

Le canton qui a donné naissance au pays, le canton de Schwyz, a voté à 70% contre l'Europe. En Suisse l'on dit « si tu n'est pas sage je t'envoie dans le canton de Schwyz ».p 164.
Depuis le col enneigé de la Furka, "je lis, que 150 mercédes vont et viennent tous les jours entre la France et la Suisse, toujours les mêmes, elles appartiennent à la mafia. La police le sait , mais ne peut rien faire". p 168 .

La Suisse mérite sans aucun doute la palme de l'ambiguïté, c'est du moins le sentiment qui se dégage du pavé lancé par Paolo Rumiz, dans un Léman de bon sentiments, la vache qui rit aux étrangers meurtris.

Échappons aux monstres des tunnels, à la caporalato ( exploitation des immigrés) et préparons nos carcasses à affronter les Apennins, et esquiver une chaîne d'ouvrages gigantesques.
Il fallait repartir de zéro, retrouver les fossés, les impasses, éviter les embrouilles avec le moyen de transport le plus lent qu'il fut, une guimbarde pour attelage, un solide bijou de technologies, née en 1936, la Topolino Fiat »la souris », capable de rouler comme l'Oural par + ou – 30°, dépassant rarement les 30km à l'heure (l'Oural la moto mythique de Sylvain Tesson).
"De Savone au val Trébia" le 1er chapitre dans les Apennins.
Pas de concessions aux lignes droites, aux ronds-points, choisir la via buissonnière, à la recherche des routes perdues, Paolo Rumiz, fait appel à un guide sorti des monts chauves, un berger, esthète, aquarelliste et amoureux de la petite reine, Albano Marcarini est ce personnage démodé, qui seul peut traverser les Apennins sans croiser un gendarme ou une autoroute.
Albano Marcarini dans "la brouillasse du col de Faiallo, fait le point à l'aveuglette, un guide de 1896 à la main" ! Ce livre est à l'image de Marcarini , changer de braquet, voir, s' imprégner avant qu'il ne soit trop tard, la nature sauvage démultipliée encore là pour ceux qui savent couper le contact.
Après la lecture de ce récit exceptionnel, je ne regarderai plus mon Marcarini de la même façon. Ce vélo sur mesure d'une trentaine d'années, me semble encore digne d'aller flâner aux Apennins, et fuir la modernité ou l'éprouver.
C'est avec un talent fou que Paolo Rumiz se déploie dans ce pavé ; merci à masse critique de rendre ce livre accessible, la traduction est pleine d'humour, humour grinçant pour toutes les absurdités déployées par les hommes. Il nous parle beaucoup de l'aveuglement des élites comme des biens pensants.
Il nous fait découvrir des personnages hors du temps.
A lire sans chercher une suite logique aux chapitres, ils sont indépendants.
Bravo à masse critique et à Arthaud, pour cette belle navigation.

http://alter1fo.com/chevauchee-topolino-alpes-italiennes-16-itineraires-110785
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Les Alpes, une chaîne de montagnes que huit nations se partagent. Entre celles qui ont tendance à l'oublier, celles qui y entretiennent un certain traditionalisme, celles qui la creusent, la percent, la détruisent et celles qui y voient un atout commercial et touristique évident, cette barrière naturelle de 1200 km a de quoi s'en faire.
Touchée de plein fouet par le changement climatique, la désertification, les désastres engendrés par les barrages et les tunnels routiers, cette chaîne n'en reste pas moins un lieu de légendes et d'histoire, peuplée heureusement de quelques irréductibles marginaux, poètes et révoltés gardant l'esprit de leur vallée.

C'est vers eux que le journaliste Paolo Rumiz va aller pour cueillir l'essence de ces habitants et de cette nature merveilleuse. Voyage chaotique, intemporel, véritable palimpseste d'expériences vécues, rêvées et de guerres qui se sont achevées, de combat avortés ou réussis et de vies qui ont filées.
Puis on aborde la colonne vertébrale de l'Italie, les Apennins, négligées en faveur des Alpes alors qu'elles parcourent le pays du Nord au Sud et sont source d'énergie pour le pays entier.
Rumiz a l'art de dégoter des personnalités fortes et atypiques tout en décriant une civilisation devenue folle, incapable aujourd'hui d'apprécier, de connaître pleinement la nature, sa faune et flore, sa beauté, sa richesse.
L'ouvrage est foisonnant, captivant et n'est qu'un exemple de ce qui se passe actuellement partout dans le monde et pas seulement dans les Alpes, pour de perfides raisons politiques, économiques et nationales.
A lire, à garder, merci Babelio et les éditions Arthaud pour cette découverte.
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Il a fallu une dizaine d'années pour que La légende des montagnes qui naviguent soit enfin traduite en français et éditée chez Arthaud. Voilà une formidable occasion de découvrir Paolo Rumiz, journaliste à La Reppublica, écrivain-voyageur qui a affronté les risques de la guerre dans l'ex-Yougoslavie, mais aussi relié Trieste, sa ville, à Vienne puis à Istanbul, chaque fois à vélo.
Ici, il se lance dans une immense aventure : explorer l'épine dorsale européenne constituée par les Alpes et les Apennins. « Parti pour m'échapper du monde, j'ai fini, au contraire, par en trouver un autre : à ma grande surprise, mon voyage s'est transformé en révélation d'un univers vivant et secret. Je l'ai décrit avec rage et émerveillement. Émerveillé par la beauté fabuleuse du paysage humain et naturel, mis en rage par le pouvoir qui n'en tient aucun compte. »
En effet, ce livre va beaucoup plus loin qu'une description des paysages. Bien sûr, ils sont détaillés avec talent et cela donne souvent envie d'aller découvrir aussi des lieux très isolés et ignorés par les touristes. Surtout, le voyage est émaillé de tellement de rencontres, de contacts avec les humains qui vivent ou tentent de faire vivre ces montagnes, que la lecture n'est pas fastidieuse. Il a fallu de temps à autre se référer à des cartes pour visualiser le parcours mais ce n'est pas toujours nécessaire tant l'aventure est riche et variée.
Le style de Paolo Rumiz est riche, enlevé, évocateur, précis et toutes les anecdotes, rappels historiques et réflexions qui émaillent son récit, m'ont beaucoup intéressé, m'apprenant énormément. Depuis la Croatie où il doit expliquer que c'est ici que les Alpes commencent, jusqu'à la pointe sud de la botte italienne, l'auteur se déplace la plupart du temps à pied, à vélo ou dans ce fameux Topolino, Fiat 500 de 1953, affectueusement appelée Nerina. « Sur le marché, c'est celle qui se rapproche le plus de la mule. » Dans la dernière partie, elle est un véritable personnage avec ses humeurs, ses qualités et ses faiblesses.
En Slovénie, les déplacements des ours sont à l'ordre du jour car les Slovènes sont fous des abeilles dont le miel intéresse beaucoup cet animal très répandu. À Ljubljana qu'il qualifie de Prague miniature, il constate la xénophobie, ce populisme centriste qui conduit à l'américanisation ou à l'hyper-traditionalisme.
S'il passe en Autriche, il revient en Italie pour évoquer la catastrophe du Vajont, ce barrage qui a cédé le 9 octobre 1963, emportant deux mille personnes, saccageant aussi le plus grand bassin de la Vénétie. Les Dolomites sont là et il les explore, revient en arrière, désorientant un peu le lecteur avant de franchir le col du Brenner.
Souvent, il compare ce qu'il voit en Autriche avec le laisser-aller italien, saluant ces services publics qui fonctionnent. Il rappelle l'histoire de l'homme des glaciers, Õtzi, découvert par Helmut Simon. Bolzano l'a réclamé et obtenu, évinçant Herr Simon qui sera enfin réhabilité.
C'est à vélo qu'il escalade le Stelvio pour écouter la montagne. Malgré ses 48 virages : « La beauté qui nous domine enlève bien deux pour cent à la pente, c'est un aimant qui nous tire vers le haut. » Hélas, le réchauffement climatique qu'il constate avec les glaciers disparus ou considérablement réduits, est alarmant : « La terre ravagée depuis des décennies ? Un désastre qui dure des décennies ne fait pas sensation. »
Bien sûr, il passe par la France et tire encore le signal d'alarme pour sauver nos vallées alpines du trafic routier qui reprend de plus belle. À Chamonix, son guide constate : « C'est la catastrophe. Trop d'eau, trop de dégel, trop de chaleur. » Puis il nous conduit du Grand Paradis jusqu'à Nice. Qualifiant le col de la Cayolle d' « ultime Roncevaux des cyclistes », il nous égratigne quand il voit un panneau annonçant Les Grandes Alpes : « On sait bien que les Français font toujours les choses en grand. »
Il n'oublie pas de parler des loups, de l'élevage, de la désertification, de la haine des étrangers dans certaines vallées, de l'indispensable présence de femmes venues de l'est pour soigner les personnes âgées. Toutes ces montagnes qu'il voit bouger au-dessus des nuages préservent une vie en train de disparaître. L'autoroute qu'il fuit comme la peste, vide des territoires entiers mais Paolo Rumiz donne vraiment envie de sauver ces paysages encore marqués par le passage d'Hannibal jusqu'à cette mer Ionienne surchauffée qui marque la fin du voyage.

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Paolo Rumiz est un écrivain-voyageur, un journaliste de la Repubblica natif de Trieste (1947) . Il a également écrit L'Ombre d'Hannibal et Aux frontières de l'Europe que j'ai beaucoup aimés et qui sont des récits de voyage.

La Légende des montagnes qui naviguent raconte l'exploration des Alpes le plus souvent à vélo sur huit itinéraires de la Dalmatie à Nice en passant par l'Autriche et la Suisse. L'auteur en huit étapes descendra la botte italienne sur les Appenins à bord d'une Topolino bleue.

L'écrivain triestin commence son périple aux portes de Trieste dans les montagnes de Dalmatie.
Entre Slovénie et Croatie, il connaît les toponymes en italien, les frontières fluctuantes, auberges habsbourgeoises, kiosques post-communistes. Son voyage est imprégné d'un passé que j'ignore, je me suis perdue dans les cols et les lacs et les souvenirs de guerre. Quelle est cette armée perdue en 1915? L'effondrement plus récent de la Yougoslavie ne facilite en rien le repérage.
En revanche toutes les histoires d'ours me plaisent, surtout quand les ours nagent jusqu'aux îles ou quand ils volent le miel.
C'est un voyage à vélo ou à pied, loin des destinations touristiques à la rencontre des autochtones. Interrogation sur les identités après le démantèlement de la Yougoslavie et l'adhésion de la Slovénie à l'Europe :
Il passe alors en Autriche par "la tanière de Jörg Haider, gouverneur de Carinthie et croquemitaine du populisme alpin" qu'il va rencontrer. En ce début du XXIème siècle, il s'attarde sur cette montée de la démagogie et de la xénophobie, non seulement en Autriche mais aussi en Italie. Ce thème sera récurrent dans l'ouvrage.
Il décrit la vie des alpages, équilibre séculaire mis en danger par les aménagements hydrauliques et raconte la catastrophe du barrage Vajont (1963), dans les montagnes qui naviguent il sera beaucoup question d'eau! je découvre une montagne insolite , milieu fragile et menacé qui se referme sur lui-même.
C'est aussi l'occasion de très belles rencontres : avec l'écrivain Mario Rigoni Stern, des alpinistes ou Mauro Corona, alpiniste et sculpteur qui lui offre un couteau. Histoire d'alpinistes. Histoire de bois, de luthiers..
Je pense au film sorti récemment La Symphonie des arbres de Hans Lukas Hansen où un luthier de Crémone était à la recherche de l'arbre idéal pour construire un Stradivarius parfait dans les forêts bosniennes.
Histoires de trains, de trains italiens parfois négligés, de trains autrichiens, et surtout d'un train modèle suisse. Histoires de tunnels ferroviaires suisses et aussi de tunnels qu'on aménage sans concertation avec les riverains. Incendie du tunnel du Mont Blanc (1999)

Histoires de glaciers malades, de changement climatique....
J'ai lu avec un plaisir immense ce récit qui soulève des questions très actuelles et qui nous promène dans ces montagnes magnifiques.

la deuxième partie de la Légende des montagnes qui naviguent se déroule dans les Apennins de Savone au Capo Sud, à l'extrême sud de la Calabre.
En contrepoint, il va chercher à suivre la colonne vertébrale de l'Italie en suivant sa crête, il part

Et pour moyen de transport : une Topolino 1953 bleue, une voiture de collection, qui suscite curiosité et sympathie partout où il va passer. Ce roadtrip est presque une histoire d'amour entre lui et sa voiture qui va imprimer son rythme particulier, et ses limites (elle prend l'eau). Il sera beaucoup question de pannes, de réparations qui imposeront des étapes imprévues et des rencontres.
Les rencontres sont inattendues comme celle de la baleine des Apennins, fossile bien sûr mais inspirante. Autres mastodontes : les éléphants d'Hannibal . Hannibal sera un personnage récurrent au cours de cette expédition ainsi que Frédéric II. Cette montagne que les humains désertent est une sorte de bout du monde
"
C'est aussi le domaine du loup, et celui des bergers et des agneaux.
Si les montagnes sont désertées, les auberges sont chaleureuses
On y joue de la musique : on y apprend que la cornemuse en serait originaire. Les souvenirs historiques racontent la dernière guerre, les partisans, les Américains mais aussi un passé plus ancien des guerres napoléoniennes
L'Antiquité a laissé des noms puniques :

Il traverse aussi des villages remaniés par Mussolini où le souvenir du Duce est encore honoré avec boutiques de gadgets fascistes. L'auteur note avec humour
"Il nous suffit de savoir que, par un perfide retour des choses Mussolini repose dans la via Giacomo Matteotti; locataire de sa propre victime"
Dans les Marches, il passe par les monts Sybillins, quel beau nom, qui évoque la Sibylle, les mystères, les forces cosmiques des orages, les ermitages et les couvents, Camaldules et Padre Pio... on approche du Gargano.
.
Nous voici revenus aux eaux souterraines, comme au début de l'aventure, à ces eaux que le tunnel du TGV a volée, à l'eau qui manque...à l'exode rural. parce que la désertification des Apennins est aussi le thème principal.
J'ai pris 13 pages de notes tant j'ai été enchantée de cette lecture. Incapable maintenant de tout restituer.
Vers la fin, quand il traverse la Basilicate et la Calabre j'espère croiser des routes que nous avons parcourues en juin 2019. En vain. En revanche il détecte ce que nous n'avions pas pu voir ni entendre : l'ombre de la n'drangheta et les rapports sociaux
Un beau livre à ranger à côté de ceux de Fermor, de Chatwyn, Durrelln de Lacarrière, et de son compatriote triestin Magris.


Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Écrire pour qu'on n'oublie pas toutes ses belles figures, tel est le fil rouge que Paulo Rumiz à la fois, journaliste, linguiste, ethnologue, historien, géographe suit dans ce très bel ouvrage.

Certaines constantes structurent son propos et se répètent, c'est un fil d'Ariane qui aide à se repérer et à ne pas se perdre dans un récit foisonnant et qui demande une bonne dose de concentration au lecteur. Les voici selon moi : la toponymie, la présence des morts le lien avec eux surtout la nuit, la place ambiguë du hasard, la découverte in -situ des vestiges concrets en général grâce à des rencontres provoquées ou suscitées, l'eau, les fleuves, les guerres.

Paulo Rumiz raconte ses nombreuses visites toujours guidées , il aime parcourir les routes mythiques, utiliser les cartes anciennes les guides touristiques ou les récits de voyage anciens.

Il est rarement seul dans ses multiples pérégrinations, il est accompagné d'un expert, er va à la rencontre de hautes figures locales.

Je me suis étendu sur la description de sa manière de faire, car elle constitue pour moi son originalité et une grande réussite dans un exercice de mémoire, mêlant les lieux ici grandioses des Alpes et les Apennins, l'histoire et l'adaptation des hommes à leur territoire singulier, adaptation perdue de vue aujourd'hui.

Ces sujets me passionnent et j'ai éprouvé beaucoup de plaisir tout au long de ma lecture.

"Il faut parler des lieux dans leur langue " nous dit l'auteur, c'est le coeur de son oeuvre et je vous encourage à découvrir comment il y arrive, et sur le fond à enrichir vos connaissances d'un monde alpestre fort méconnu dans toutes ses dimensions.

Pour terminer mon propos, je me permets de citer les thèmes qui me sont apparus comme les mieux traités et susceptibles de changer notre regard, c'est au fond ce que je cherche le plus en tant que lecteur, encore plus sur le compte-rendu d'un voyage spatio-temporel dans le réel, sur un petit morceau de notre planète. le silence à son importance, sa couleur, sa sonorité particulière, tout au long du récit.
- L'oralité, la parole captée, restituée tient une place centrale et le choix de l'auteur va vers des personnes qui parlent et agissent :
" Parler sans agir est une limite grave pour ne pas dire un mal " nous confie Paulo Rumiz".

- le génie propre des montagnards et aussi la fatuité des italiens en particulier, des villes et des plaines qui ont perdu le sens du territoire sont les leitmotivs du livre,
- nous vivons le crépuscule de l'Europe, le pastoralisme est en déclin partout sauf en Autriche et en Suisse déplore Paulo Rumiz car la plaine pompe toute l'énergie de la montagne la pille sans vergogne et la blesse profondément de par l'impact des grandes infrastructures.
- le sacré a également toute sa place et sa vibration particulière ressentie dans certains sanctuaires ou comportements de personnes rencontrées m'a également beaucoup touché.

C'est donc un ouvrage, pas facile d'accès, sans doute trop foisonnant mais aussi très original, pour moi c'est une très belle découverte, je ne m'y attendait pas et je me risque à lui prédire un immense succès.

Pour conclure, sur son côté magistral, et vous donner envie de vous y plonger, laissez vous raconter comme jamais :

-L'éboulement d'une montagne tel le Vajont,
-La rencontre des trépassés célèbres ou anonymes sur des lieux marqués à jamais,

-Le trajet en Topolino dans les Apennins jusqu'à l'extrême sud de la botte italienne, au point où cette voiture mythique devient la patronne du récit son propriétaire avait prévenu Paulo : "
Cette voiture est comme une mule, avec elle la mémoire des personnes rencontrées se met en marche ".

Un grand merci à Masse Critique pour m'avoir permis de découvrir à la fois l'auteur et cet ouvrage passionnant.
Bonne lecture !
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E la montagna va…
Dans le prologue de son périple de 8 000 kilomètres à travers l'arc alpin et les Apennins effectué entre 2003 et 2006, à pied, en vélo, en train, en Fiat Topolino et en zigzag, Paolo Rumiz, journaliste au quotidien romain La Repubblica, présente son voyage dans les grandes lignes, apéritif goûteux avant le plat roboratif qui s'ensuit sur plus de 400 pages. Dès l'entame, l'écrivain convoque quelques grands noms de la littérature voyageuse, Patrick Leigh Fermor, Nicolas Bouvier et parle de son sentiment montagnard conforté par les rencontres avec Gaston Rébuffat et Georges Livanos, tous deux alpinistes, comme lui, du bord de mer et hantés par le vent. Puis le voyage géographique débute (non sans allusion à l'incipit du roman d'Italo Calvino) avec la recherche du départ des Alpes qui n'est mentionné dans aucun guide. Peut-être est-ce l'endroit nommé Vrata, en Croatie, dans les Alpes dinariques que l'auteur atteint après une rude montée ? Identifier le col éponyme relève du jeu de piste et, de détour en tangente, Paolo Rumiz ricoche dans Vrata sur un flot d'incertitude. Personne ne sait lui répondre précisément. Qu'importe ! L'histoire est ensuite convoquée de vive-voix, à travers la mémoire du dernier témoin de la Grande Guerre, décédé depuis, à l'âge de cent-dix ans, bien « obligé de déménager » en fin de compte, selon ses propres dires. Quand, une autre fois, en vélo, Paolo Rumiz remonte le long de l'Isonzo, ce fleuve d'émeraude, il en profite pour narrer les aventures vagabondes de l'ourse Vida, parcourant des milliers de kilomètres en quatre mois à la barbe de tous ses surveillants patentés, zoologues, gardes-chasses et consorts, faisant fi des autoroutes et autres barrières létales. Les histoires amusantes, émouvantes, surprenantes, captivantes vont s'égrener au fil de trajectoires géographiques souvent absconses pour le lecteur francophone qui navigue dans le texte à l'estime, ignorant autant la toponymie, l'histoire et les territoires traversés. Les rencontres étonnent, Jörg Haider, l'homme de fer, Ötzi, l'homme du Similaun ; elles enthousiasment quand l'auteur retrouve le grand écrivain Mario Rigoni Stern, sur le haut plateau d'Asagio. S'épanouissent alors la mémoire, les mots, la vie et un supplément d'âme. Neuf pages de bonheur défilent, impossibles à résumer tant tout cela coule d'une source vivifiante, murmurant des secrets d'humus et d'éternité. Comme si cela ne suffisait pas, Paolo Rumiz va rencontrer le grand écrivain et journaliste polonais Ryszard Kapuściński (1932-2007) peu de temps avant son décès, petit homme d'aspect banal d'une force de caractère inouïe, grand reporter approchant les brasiers humains avec empathie, humilité et clairvoyance.
Au mitan du livre, Rumiz tourne la page des Alpes et ouvre son récit sur les Apennins, dans une traversée de Ligurie en Calabre, en Fiat Topolino millésimée 1953. L'auteur croise les lieux, les mémoires, les histoires et délivre un message de résistance à la mondialisation connectée, égoïste et suicidaire. Les mondes de Rumiz sont en sursis, déjà nimbés d'oubli, sombrant dans les replis d'ombre des montagnes désertifiées, pulsant d'infimes éclats d'une lumière magnifique dans le vide sidéral des nuits étoilées.
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L'auteur, italien, journaliste, reporter de guerre, a sillonné le monde.
Il souhaite cette fois parcourir les Alpes italiennes dans leur longueur ainsi que les Apennins. Avec lenteur.
A pied, à vélo, en voiture, il souhaite prendre le temps de s'arrêter, de faire des rencontres et d'apprendre des habitants qu'il rencontre, l'histoire des lieux. Il n'hésite donc pas à faire un détour pour rencontrer un vieux qui lui raconte ce qui s'est passé au village.
Il voit des villages vidés de leurs habitants, partis vers la modernité, des vallées sans électricité. Il regrette tellement la construction de tunnels qui percent les montagnes et dont les environs ont perdu leur âme et leurs habitants. Des travaux qui ont défiguré la montagne.
Nous suivons les traces d'Hannibal, il évoque Hitler, les nazis, Mussolini, les guerres, nous remet en mémoire qu'un énorme barrage a lâché il y a de nombreuses années, emportant tout sur son passage. Rien n'a été reconstruit.
Pour sillonner les Apennins il choisit d'acheter d'occasion une vieille Topolino des années 1950, qui montera allègrement les cols et suscite des échanges avec les amoureux de cette petite reine qui attire la sympathie et le sourire. Malheureusement elle prend l'eau et lors d'un sérieux orage l'eau s'infiltre partout, les sièges sont trempés. L'éponge, trouvée sous le siège du passager lors de l'achat et qui l'intriguait, trouve alors sa raison d'être.
Des rencontres, il en fera de très nombreuses, souvent étonnantes, pleines de charme et de spontanéité, parfois à point nommé lorsqu'il se trouve en mauvaise posture.
L'écriture est légère et souvent teintée d'humour, d'un amoureux de la nature et qui regrette tellement qu'on la dénature, la maltraite. Même si de très nombreux endroits cités ne nous disent rien, ce n'est pas grave, il ne faut pas s'arrêter là. La lecture est agréable et on est véhiculé dans la Topolino, lentement, on prend le temps d'admirer les paysages à couper le souffle.
J'aurais apprécié une carte, même succincte, pour me situer. J'aurais aimé suivre l'itinéraire emprunté, visualiser les lieux.
C'est un gros livre mais on ne s'ennuie pas car il fourmille d'anecdotes intéressantes et souvent attachantes.
J'avais beaucoup apprécié "Dans la nuit et le vent" de Patrick Fermor. "La légende des montagnes qui naviguent" est un peu dans le même esprit, nous fait voyager et découvrir que nous avons la grande chance de vivre dans une nature qui ne cesse de nous émerveiller, pour peu qu'on prenne le temps de la parcourir avec lenteur.
Merci à Babelio de m'avoir fait découvrir l'auteur que je ne connaissais pas, et son livre que j'ai apprécié.
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Les Alpes et leur petite soeur moins connue mais tout aussi remarquable, les Apennins, forment une double « épine dorsale » en forme de « S » dont l'Europe a beaucoup à apprendre. Paolo Rumiz, journaliste et écrivain-voyageur italien, les a parcourues en tous sens, sur plus de huit mille kilomètres et en a tiré un récit qui nous emmène hors des chemins touristiques, vers ce que les hommes et les vallées ont de plus authentique :

« Je vais tenter de vous faire savoir ce qui se passe à l'intérieur de l'arche, de la montagne authentique, celle qui reste toujours loin des projecteurs, de ce rideau battu par les tempêtes auquel se cramponne un équipage de petits grands héros de la Résistance aux agressions de la mondialisation. Un voyage à travers six nations dans la partie alpine et d'une intimité toute italienne dans celle qui a trait aux Apennins ».

Dans une première partie consacrée aux Alpes, l'auteur, parti de la côte adriatique en Croatie, se promène en Italie à pied ou le plus souvent, à vélo, et mène quelques incursions en Autriche, en Suisse et en France. Il rencontre de nombreux personnages, dont certains sont des figures connues, comme l'alpiniste-écrivain italien Mauro Corona, l'écrivain Mario Rigori Stern, ou le célèbre alpiniste Walter Bonatti, aujourd'hui décédé, tandis que d'autres tiennent à leur anonymat ; tous ont en commun un combat acharné pour la préservation de la nature.

Tout au long de son périple, Paolo Rumiz regrette que les italiens ne regardent plus la nature, et pire, ne la voient même plus. Dans l'avion survolant les Alpes, l'auteur est stupéfié par la beauté de l'Europe qu'il découvre au-dessous de lui. Mais il constate que la majorité de ses compatriotes ne s'émerveillent pas devant un paysage : « Ils n'ont aucune idée de ce que sont ce lac de lumière et ces montagnes. le peuple des restoroutes et des téléphones portables n'est pas proche du territoire ».

Constat amer, qui en augure d'autres. Paolo Rumiz évoque l'imminence d'une « grande peur climatique » et regrette que les mots ne suffisent pas à alerter les populations. Les montagnards, eux, le savent bien, qui dénoncent le gaspillage actuel et la fuite en avant qui ne peut plus durer. L'industrie du ski représente un désastre écologique, les canons à neige se multiplient tandis que l'eau vient à manquer; les glaciers disparaissent à vue d'oeil et l'homme n'en tient pas compte.

Certains font pourtant preuve de davantage de bon sens que d'autres : ainsi, en Suisse, il est interdit de construire des remontées mécaniques en dessous de 1800 mètres, puisqu'on sait que la neige permettant leur exploitation sera insuffisante. Dans le Val Bavona, situé dans le Tessin, des hommes ont renoncé à l'électricité gratuite qui leur était offerte : « L'endroit le plus sombre des Alpes » résiste depuis longtemps aux sirènes de la modernité, préservant ainsi son territoire et son authenticité. Mais même la Suisse, bonne élève, a des reproches à se faire…

Après quelques jours en France sur la route des Grandes Alpes, Paolo Rumiz se rend à Nice où il est victime d'un vol à la tire qui le conduit à rentrer dans le « Bel paese, le beau pays « ch'Appennin parte, e'l mar circonda e l'Alpe », selon Pétrarque, « le pays que divisent les Apennins et qu'entourent la mer et les Alpes ».

C'est un reportage effectué pour le journal italien La Reppublica qui a donné l'idée à l'auteur de parcourir les Apennins. Il avait en effet décrit le « travail de Cyclope » des héros du quotidien qui creusaient un tunnel ferroviaire entre Bologne et Florence pour permettre le passage d'un train à grande vitesse. Ce reportage avait fait l'objet de réactions de lecteurs dénonçant les nombreux dégâts pour l'environnement dus au percement de tunnels partout en Italie et en particulier dans les Apennins.

Pour ce second voyage, Paolo Rumiz déniche une authentique petite Topolino, datant de 1954. Une voiture dont la lenteur et l'identité qu'elle véhicule, sont parfaites pour favoriser les rencontres. Nous découvrons alors les Apennins « déserts et inconnus », chaîne de montagne qui constitue « un labyrinthe aussi fascinant qu'infini ». Paolo Rumiz et Nerina (la Topolino) nous emmènent alors de la Ligurie jusqu'au Capo Sud, point le plus méridional de Calabre, pour un voyage inédit.

Dans le centre de L'Italie, l'auteur traverse des villages déserts, où survivent des personnes âgées laissées aux bons soins des « badanti », ces auxiliaires de vies venues des pays de l'Est, sans lesquelles le troisième âge italien serait entièrement livré à lui-même. Il nous décrit des régions éloignées du tourisme, la Maiella, le Molise, nous livrant toutes sortes d'anecdotes glanées au gré de ses rencontres. Il est question des Phéniciens, des Etrusques, des Sannites et de tant d'autres peuples encore, de religion, de superstition, jusqu'à l'arrivée au Sud, dans une chaleur torride et une atmosphère de fin du monde : plus d'eau, des habitants qui fuient et quelques témoins d'une époque passée, des résistants encore et toujours, comme ce guide « descendu du ciel » qui voit le massif de l'Aspromonte comme « une ressource fabuleuse pour les jeunes de bonne volonté ». Et qui invite Paolo Rumiz à revenir : « Vous verrez des merveilles. Des fleuves de lumière, des villages abandonnés, des maquis impénétrables, des cascades. Et un beau peuple, trop seul ».

Publié en 2007 en Italie, « La légende des montagnes qui naviguent » raconte deux voyages effectués en 2003 et 2006. Il vient seulement d'être traduit en français. le récit de Paolo Rumiz est d'un grand intérêt pour toute personne qui s'intéresse à la montagne, à la nature, à l'écologie. On apprend énormément en lisant ce récit qui se déguste par petites touches, au rythme de chapitres à lire indépendamment les uns des autres : une mine d'informations géographiques, historiques, toponymiques… et humaines. Et de grandes leçons à retenir, avec des catastrophes oubliées comme la tragédie du Vajont …

Grande richesse, la capacité d'émerveillement de Paolo Rumiz est intacte et son récit nous enseigne que le dépaysement est à notre portée, chez nous, si l'on veut ouvrir les yeux. Loin du tourisme de masse, tant de belles régions s'offrent à nous : il ne nous reste plus qu'à les découvrir et surtout, à les protéger.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Arthaud pour cette lecture en avant-première.
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Homme de voyage, homme de culture, homme de découverte, l'écrivain voyageur triestin décide cette fois de partir à la découverte des Alpes entre Suisse, Italie, Autriche et France. Il roule, marche, fait du vélo, escalade selon les moments. Il recherche les vallées perdues et les hommes qui ont su conserver leur épaisseur en échappant au modernisme forcené. Quelques scènes sont exceptionnelles comme le concert de violoncelle au milieu de la forêt ou la visite du site du Vajont où un glissement de terrain, plutôt le glissement d'un morceaux de montagne dans le lac de retenue causa 1900 morts. Un chapitre un peu décalé est consacré à sa rencontre avec Jorg Haider avec lequel il part en montagne.

Paolo Rumiz recherche ce qui est encore vivant, ce qui va peut être disparaitre, des traces de vie qui s'inscrivent dans l'histoire de l'Europe : les hommes oeuvrent de leur main, que ce soit à la tonte des moutons ou au violoncelle et savent raconter des histoires qui remontent à des temps anciens. Il recueille ses traces, il recueille les espoirs que quelque chose d'autre, d'autres valeurs, d'autres intérêts, d'autres priorités, d'autres façons de voir le monde et son rapport au monde subsistent, espérant qu'il en reste une graine qui saura peut être éclore à nouveau. La critique de la folie de mesure du monde, de la rentabilité et du progrès technologique, nouvelles divinités, est toujours présente.

La partie la plus touchante selon moi est la seconde consacrée au territoire inconnu de Appenins, cette longue bande de montagne qui s'étale tout le long de la botte italienne. Au volant d'une Fiat Topolino de 1953 il zigzague dans une Italie des oubliés, loin des métropoles, des plaines et des plages. Il découvre un monde austère et rugueux où vivent des italiens tenaces et résistants, un monde qui se dépeuple et vieillit et où des auxiliaires de vie d'Europe de l'est viennent s'occuper personnes âgés qui restent et une monde où la mémoire d'Hannibal est toujours présente.

Avant il y avait un monde partout avec de l'humanité, des vies souvent dures, aujourd'hui les humains ne veulent plus/ ne peuvent plus y vivre : parce que c'est trop dur, parce que les rendements agricoles ne sont pas assez bons, parce que les jeunes rêvent de la ville, parce que les gouvernements avaient besoin de main d'oeuvre pour l'industrie et qu'il fallait forcer les paysans à émigrer, parce que c'est tellement plus facile de rouler sur l'autoroute, de profiter des avantages des plaines, parce que ces paysans âpres, ces maisons sans confort, c'était le passé...

Mais ne pourrait-on pas permettre plus de diversité et n'avoir pas qu'une seule boussole pour nos société, d'être plus attentifs et plus respectueux de la nature.
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