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Le dévoreur de soleil tome 1 sur 5
EAN : 9791028104252
792 pages
Bragelonne (11/03/2020)
4.14/5   118 notes
Résumé :
Ce n’était pas sa guerre.

Toute la galaxie se rappelle le héros qui a repoussé l’invasion extraterrestre. Mais on se souvient aussi du monstre qui a détruit un soleil, oblitérant des milliards de vies humaines – dont celle de l’Empereur lui-même, en outrepassant ses ordres.
Pourtant, Hadrian n’était ni un héros, ni un monstre. Il n’était même pas soldat.
Fuyant son père et un destin de tourmenteur, Hadrian devient le prisonnier d’un mon... >Voir plus
Que lire après Le dévoreur de soleil, tome 1 : L'empire du silenceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Un premier tome de 788 pages qui prend le temps, parfois un peu trop, de planter un univers riche et complexe que ce premier volet dévoile prudemment.
Au moment où s'ouvre le récit, Hadrian Marlowe est un homme connu sous de multiples noms dans tout l'empire interstellaire, certains prestigieux et d'autres, comme celui du Dévoreur de Soleil, qui témoignent plutôt d'actions condamnables. Et de condamnation, il en est justement question puisque Hadrian s'apprête à être pendu pour ses crimes.
Le carnet sur lequel il écrit s'adresse directement au lecteur.
Hadrian se confesse, raconte son enfance auprès d'un père autoritaire, son intérêt pour les études et son conflit avec son jeune frère pour la succession du trône. Il nous entraîne dans l'espace, sur d'autres planètes et d'autres civilisations avec toujours, en toile de fond, l'omniprésente catastrophe à venir dans son extraordinaire autobiographie.

Christopher Ruocchio nous embarque dans une sacrée aventure qui promet d'être longue et mouvementée. Il construit un personnage tout en nuances, dont les actions d'éclat et de bravoure sont aussitôt éclipsées par des déconvenues issues d'erreurs stratégiques ou de coups du sort.
J'ai beaucoup aimé son caractère. Les autres personnages bénéficient également d'une psyché complexe où l'ambivalence prime.
L'univers d'Hadrian évolue en même temps que l'âge du personnage. Son rôle en tant que jeune aristocrate dans un empire où le Maître domine plusieurs galaxies nous offre une vision partielle mais intéressante du point de vue politique et des rapports de force.
Son goût pour les études et les langues notamment permet d'éviter l'écueil d'un récit fondé sur de seules batailles épiques. Hadrian, en effet, a soif de connaissance des autres espèces. Ce trait de caractère amène une histoire riche en interprétations sur tous les plans : individus, société, religion et politique.
L'action est cependant présente, notamment avec les combats de gladiateurs dans lesquels des esclaves sont jetés en pâture dans l'arène pour succomber sous le joug des soldats dans une parodie de reconstitution de scènes d'anciennes guerres.
Le genre du récit est assez original.
Il apparaît rapidement que l'histoire prend place longtemps après notre époque puisque la Terre est morte et son souvenir brandie comme un symbole par la religion en place. Une religion au premier abord assez dure et tranchante. Ses membres font régner la terreur, soumettant les citoyens à la question de l'Inquisition. Tout est prétexte à crier au blasphème.
La découverte et la présence d'autres êtres dans la galaxie est d'autant plus rapidement considérée comme une menace et les extra-terrestres transformés en esclaves. Seuls les Pâles, une espèce humanoïde, résistent à l'Empire et la menace de la guerre, présente dès le début devient de plus en plus menaçante au fur et à mesure de la lecture.
Le roman mélange les genres. Les voyages dans l'espace côtoient le maniement de l'épée.
J'ai été surprise plus d'une fois lorsque des références surgies de notre histoire me ramenaient régulièrement à notre univers, que ce soient les noms d'auteurs célèbres ou certaines grandes batailles ayant marqué notre histoire. C'est vraiment un récit intriguant.
J'ai trouvé le rythme assez inégal, notamment sur les cent premières pages qui ont bien failli me faire décrocher de ma lecture, mais dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé et je lirai la suite avec plaisir.
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Lu en VO.

L'empire du silence est le récit fait, alors qu'il croupit en prison, 1500 ans plus tard, de ses premiers pas en tant qu'adulte d'Hadrian Marlowe, à la fois adulé et honni parce que pour gagner une guerre, il a fait sauter un soleil, tuant au passage son empereur et quatre milliards de ses concitoyens, et gagnant le redoutable surnom de Dévoreur de soleil. Dans un univers très influencé par les gréco-romains (alors qu'il ne s'agit pas d'une uchronie) et Frank Herbert, où l'empire Sollan règne sur un quart de milliard de mondes et où la religion est toute-puissante, où les Hoplites ont des lances à plasma et les chevaliers des épées en matière exotique, il va faire son Conan / Kvothe, passant d'une existence privilégiée à l'état de vagabond, puis de gladiateur, de tuteur, de traducteur, avant de finir mercenaire (si, si). le tout sur fond de guerre contre des extraterrestres remettant certains dogmes religieux en question, les Cielcin.

Le style de l'auteur est franchement bon, les personnages principaux attachants et l'univers a « de la gueule » et de l'ambition, mais ce tome 1 a certains défauts qui peuvent gêner certaines catégories de lecteurs : roman très verbeux (mais tout en restant prenant et marquant), trop inspiré par des auteurs antérieurs, mélange des genres qui peut gêner, livre sans doute trop soft-SF pour certains, trop (science-)Fantasy pour les uns, trop Science-Fiction pour les autres, trop commercial pour beaucoup et peut-être trop noir dans certains cas. Pourtant, même si ces défauts sont réels (ou au moins, je le répète, pour certains profils de lecteurs), il n'en reste pas moins qu'une fois refermé, L'empire du silence laisse une bonne impression globale, et surtout que certains de ces problèmes ont été corrigés dans le tome 2, qui est un roman vraiment impressionnant aussi bien sur le fond que sur la forme. Bref, c'est, très sincèrement, un cycle à découvrir, qui, clairement, ne prendra toute sa dimension qu'à partir du tome 2, à mon sens.

Ce qui précède n'est qu'un résumé : j'ai consacré à ce livre une très longue critique (même par rapport à mes standards habituels), que je vous invite à découvrir sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Avec ce roman, vous plongez dans le journal d'Hadrien Marlowe, héritier du monde de de la préfecture de Meidua. Chaque chapitre commence au présent, puis Hadrian déroule ses souvenirs. Pressentant que son père va le destituer au profit de son jeune frère, Hadrian envisage de s'enfuir. Il a soif de connaissance et voue une admiration sans borne à son tuteur et mentor Gibson, qui lui a tout appris. Il lui doit cette envie d'apprendre sur l'univers qui l'entoure et sur les créatures qui le peuple. Il souhaite donc devenir scholiaste, comme Gibson.

L'univers proposé par Christopher Ruocchio est tellement riche, mais se lit avec une facilité déconcertante. Les pages se tournent en perdant la notion du temps, tellement happé par l'histoire. J'avoue avoir parfois du mal à imaginer certains univers, mais je n'ai pas eu cette difficulté ici, bien au contraire. Vous n'avez qu'envie d'en savoir plus, l'auteur réussi à nous donner l'envie d'en apprendre plus, partageant la soif de connaissance de son protagoniste !
Le récit sous forme de journal, nous permet d'avoir la vision du Hadrian ayant l'expérience de l'ancien et le récit du jeune Hadrian, commettant des erreurs de jeunesse. La balance est parfaitement maîtrisée. Dès les premières pages, nous savons quel est l'avenir d'Hadrien, et nous avons cet effet de spoile à plusieurs reprises, mais sans nous en donner de détails. Bref, comment résister à l'envie d'avancer dans la lecture après certaines révélations distillées et parfaitement dosée.

Intrigues, complots et guerres des peuples, un subtil mélange pour un roman parfaitement maîtrisé. J'ai refermé cette brique de presque 900 pages, sans avoir ressenti de longueur, et j'ai juste réservé le tome 2 auprès de ma médiathèque. J'attends avec impatience qu'il soit restitué très vite par son lecteur actuel !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Grâce à la masse critique organisée par Babelio en mars, j'ai pu recevoir ce tome 1 du Dévoreur de Soleil de Christopher Ruocchio. Pourquoi ce roman faisait-il parti de ma sélection? Parce que la couverture absolument magnifique m'a attirée, parce que le résumé était des plus alléchants. Et quand je l'ai reçu en avance, j'ai eu la surprise de voir que ce beau bébé faisait près de 800 pages! Et j'avoue que ça m'a fait peur... à juste titre!

Hadrian, notre héros, est en prison. Il a fait de grandes et de terribles choses comme avoir détruit le soleil de tout un système. Mais comment en est-il arrivé là? Il va nous conter son histoire, en commençant par le début, par ses origines, ses rencontres, ses aventures, ses mésaventures, entre autres!

Je me suis beaucoup attachée à Hadrian. C'est un personnage très travaillé et complexe mais extrêmement humain avec ses forces et ses faiblesses, ses bonnes et ses mauvaises actions. C'est ce que j'ai aimé chez lui. Un personnage que j'ai appris à connaître en étant au plus proche de lui, en suivant son évolution. Et il risque de me réserver encore bien des surprises par la suite, j'en suis sûr! Il va encore plus évoluer. Je veux absolument savoir ce qu'il va devenir, de pourquoi et comment il a pu détruire toute une étoile; de découvrir un peu plus les Cielcins, ces ennemis conquérants que tout le monde craint; de rencontrer cet empereur tellement cité, sous la coupe de la Fondation... il y a encore tellement à apprendre dans les prochains tomes!

Le roman est écrit à la première personne. On est ainsi dans la tête du personnage principal et cela nous permet d'être très proche de lui, de s'attacher plus facilement à lui. Pour ce qui est de l'univers, c'est INCROYABLE, DINGUISSIME, FOU, ÉTRANGE! Mais quelle imagination de la part de l'auteur! Une tuerie! C'est un space opera et c'est vrai que je n'ai pas non plus l'habitude de ce genre, du moins en littérature. C'est franchement surprenant et même moderne ici. C'est un peu comme si on mélangeait Star Wars, 300 et Gladiator, avec notamment plein de références et même des éléments/mots incongrus à tel point que je me demandais ce que ça faisait dans l'histoire (kébab, barbe à papa, motos, drones, des références à des auteurs littéraires et philosophes ayant vraiment existé...) d'où une certaine modernité. Et l'histoire dépeinte est en quelque sorte notre futur. C'est très difficile à expliquer. L'histoire se déroulerait des millénaires après notre époque, la Terre n'existe plus à cause de ce que l'Humanité lui a infligée (un écho de ce qui pourrait arriver si on ne fait rien en l'état actuel des choses), qui reste un rêve, vénérée comme une déesse dont on espère le retour. le rythme est extrêmement lent, il ne faut pas s'attendre à de l'action à gogo comme je le croyais au vu du résumé. Tout tourne autour de la politique, de l'économie, de l'aspect militaire, entre intrigues et complots et bien d'autres choses. C'est super complexe, tellement riche et d'une densité folle. Ah oui, c'est du costaud! La lecture n'est vraiment pas facile! J'ai eu énormément de mal à entrer dans l'histoire, surtout que le vocabulaire n'est pas du tout facile (d'ailleurs, je n'ai réalisé que vers la fin, qu'il y avait un lexique pour comprendre le vocabulaire utilisé et des notes pour en apprendre plus sur les mondes cités ou rencontrés dans l'histoire ainsi que sur les personnages). Il m'a fallu un très très long temps d'adaptation, de familiarisation pour pleinement apprécier ma lecture. Mais il n'empêche que c'était assez long dans l'ensemble et que j'ai quand même peiné à avancer.

En bref, j'ai bien aimé ma lecture qui est super originale, l'univers est juste dinguissime mais c'est hyper nébuleux et complexe! Il m'a fallu énormément de temps avant d'être à l'aise avec l'histoire, avec les personnages, avec le vocabulaire, avec le style de l'auteur et encore, c'est un bien grand mot! Il y a beaucoup de longueurs, c'était long. Mais j'ai quand même envie de connaitre la suite et de retrouver Hadrian.

Je remercie grandement Babelio et les éditions Bragelonne pour l'envoi et la découverte de ce premier roman prometteur.
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J'ai commencé ce roman en étant complètement hypée par les avis dithyrambiques glanés çà et là sur différents blogs de SF : lauréat du prix Hellfest et acquis par de nombreux éditeurs, l'univers serait un habile mélange entre Dune et Warhammer 40K, etc. J'ajouterai pour ma part la caste des Métabarons de Jodorowsky, Hypérion (la civilisation mystérieuse qui bâtit des tunnels, les « extras » rebelles, etc) et même l'Assassin Royal, de Robin Hobb. On peut même y trouver certains éléments qui rappellent Star Wars (les épées en « matière haute », qui ressemblent à des sabre lasers), les armes biologiques des xénobites (le serpent blanc foreur qu'injectent les Cielcins)...Ces influences assumées en font un univers intéressant, plein de possibilités scénaristiques. Ce sont ces nombreux mystères (surtout ceux liés aux extraterrestres) qui donnent envie d'en savoir plus et de poursuivre la lecture, en dépit des lourdeurs qui la plombent… car ce roman a les défauts de ses références.

Hadrian Marlowe est un fils de seigneur déchu, renié par son père. Ce dernier représente le pouvoir dans tout ce qu'il a de plus sévère et patriarcal : gestionnaire d'une planète dont l'économie repose sur un système quasi esclavagiste (des serfs enchainés aux mines qui fournissent les matières radioactives au prix de leur vie), au sein d'un empire hégémonique et guerrier, il est dépositaire d'une longue lignée de « palatins » travaillés par la génétique, ce qui fait d'eux des demi-dieux au-dessus des autres. Non violent et fasciné par les civilisations extraterrestres, élevé par un sage féru de philo qui fait de lui un humaniste, Hadrian renie cet héritage. Il s'oppose à son père, qui le déshérite et l'envoie chez les fanatiques de la Fondation afin qu'il devienne inquisiteur. Pour fuir ce destin, Hadrian s'enfuit… et c'est là que les ennuis commencent. Abandonné par son équipage sur une planète loin de tout après avoir passé de nombreuses décades dans le coma, le fils de seigneur se retrouve tout en bas de l'échelle sociale. Pour survivre, il s'engage comme combattant aux jeux du Colosso…
Hadrian est le prototype de l'antihéros qui subit tout ce qui lui arrive. On sait dès le début, par exemple, qu'il sera responsable de l'extinction d'un soleil, de la disparition de l'empereur de l'humanité et de la mise en esclavage de toute une civilisation. Il n'a pas demandé à faire partie de l'élite de son monde, il tue son premier homme presque par accident, on le force à torturer une noble créature, etc. le récit, narré à la première personne, s'ouvre sur un prologue expliquant que le narrateur est condamné à mort (comme dans Endymion de Dan Simmons) et confère un style intimiste au roman : on est dans la tête d'Hadrian et on suit tout ce qu'il lui arrive, par ses yeux. Cependant, ce mode de narration échoue selon moi à conférer au personnage une aura épique et lui donne plutôt un petit côté pleurnicheur qui n'est pas sans rappeler Fitzchevalerie dans l'Assassin Royal ou Elric de Melniboné (qui reste beaucoup plus cynique). J'avoue être sévère dans mes jugements quant à ce genre de personnages : j'ai trouvé Endymion chouineur, et Fitz plus encore, alors que pour certains lecteurs, le procédé a fonctionné. Mais ici, le récit à la première personne me semble assez mal maitrisé, et donne l'impression qu'Hadrian se regarde beaucoup le nombril. Littéralement, puisqu'il se décrit lui-même très souvent : « mes cheveux noirs me fouettent le visage », « je me fendis de ce demi-sourire si caractéristique des Marlowe, ressemblant ainsi à mon père »… etc), donnant l'impression au lecteur qu'il passe son temps à s'observer dans un miroir. A contrario, les autres personnages, eux, sont peu décrits. Certains semblent être juste là pour ajouter un peu de tragique au personnage d'Hadrian (Cat…) et d'autres sont parfaitement incompréhensibles dans leurs motivations (Crispin, que j'ai imaginé comme Mordred dans l'Excalibur de Boorman) D'autres font un peu office de faire-valoir (Switch) On a parfois l'impression d'être face à un Gary-Sue avec Hadrian, un héros qui incarne un peu tous les fantasmes de l'auteur : à la fois extrêmement intello et très guerrier, noble et beau, plaisant aux femmes, mais incapable de le voir, assassin/ennemi public n°1 malgré lui, souvent sous-estimé par ses ennemis qui s'en mordent les doigts par la suite. Ses nombreux et larmoyants états d'âme sont décrits sur des pages et des pages, alors qu'on brûle d'en savoir plus Calagah, la Fondation ou les Cielcins (qui, malheureusement, ont très vite perdu leur aura menaçante en se faisant mater très facilement par les humains, alors qu'ils sont supposés être inexpugnables). L'histoire progresse très lentement, lestée par mini-épisodes qui font peu ou pas avancer l'intrigue et semblent même pouvoir se lire indépendamment. Chaque partie possède son ambiance propre, et aurait presque pu faire un roman à part : la première partie à Delos où l'on découvre Hadrian en tant qu'héritier d'une famille froide et patricienne, la seconde dans les bas-fonds d'Emesh, la troisième en tant que combattant dans l'arène (qui a fait dire à certains que le roman était un mélange entre Dune et Gladiator, alors qu'au final, cette partie est relativement courte), la quatrième centrée sur son amitié-et-plus-si-affinités avec la savante étrangère Valka (qui ralentit fortement le roman) et enfin le coup d'accélérateur final, plutôt bienvenu. J'ai retrouvé les défauts de narration et de construction qui plombent souvent les sagas tirées de franchises, comme Drizzt ou Malus Darkblade : des séries qui, bénéficiant tout de suite de l'énorme force de frappe des mastodontes derrière eux, se passent volontiers de travail éditorial. Une imposante annexe à la fin du roman, comportant glossaire, « astrographie » et présentation des familles palatines, le tout présenté sous la plume d'un savant « scholiaste », confirme que l'auteur a sans doute privilégié le world-building à l'intrigue ou la narration.

J'ai dit au départ que ce roman avait les défauts de ses qualités, mais c'est aussi vrai dans l'autre sens. le travail colossal sur l'univers, fignolé dans ses moindres détails, favorise l'immersion du lecteur et attise sa curiosité. En dépit de ses nombreuses longueurs et lourdeurs, on se retrouve embarqué à tourner les pages, désireux d'en savoir plus. Enfin, les personnages sont sympathiques. Hadrian, qui a toujours besoin d'une présence maternante dans sa vie pour lui dire quoi faire (Gibson, sa mère, Cat, Switch, Valka...), a ce petit côté héros de shônen japonais qui le rend attachant et fait oublier ses éclats de morgue palatin (le fait qu'il se fasse régulièrement molester y est aussi pour beaucoup) On s'inquiète un peu pour lui tout en sachant qu'il ne peut rien lui arriver de plus grave que la mort d'un side-kick (à qui on n'a pas le temps de s'attacher aux personnages secondaires, de toute façon) L'auteur évite le syndrome du rôliste et le « male-gaze » par ce biais, mais également par la présence surprenante de nombreux protagonistes « queer ». La mère d'Hadrian, pour commencer, qui préfère les femmes aux hommes et fait résidence à part de son époux (ce qui lui évite d'être une « Dame Jessica » de plus). le meilleur ami d'Hadrian dans le Colosso, Switch, ancien prostitué au service de seigneurs pédophiles, le comte Balian, qui est marié à un homme… l'hétérosexualité d'Hadrian lui-même est régulièrement mise en question par les autres personnages, ce qui est plutôt rafraichissant pour un héros de space opera ! Je me suis d'ailleurs attendue à un coming-out d'Hadrian jusqu'à l'arrivée de Valka, la savante rebelle dont il va plus ou moins tomber amoureux (je dis plus ou moins, parce qu'au final on ne sait pas vraiment : pudeur masculine oblige !).
Malheureusement, cette relation m'a paru plutôt indigeste : Valka passe son temps à le frapper et à l'insulter en langue exotique entre deux verres de vin extraterrestre, tout en collectionnant les amants. On sent bien que ce personnage a été construit de manière à éviter tous les écueils dans lesquels un auteur pourrait tomber en dépeignant le love-interest de son protagoniste. Mais au final, cela en fait juste un personnage énervant et une histoire d'amour ennuyeuse, qui a en plus l'inélégance d'occuper au moins un tiers du bouquin (sur près de mille pages) J'avais hâte qu'Hadrian passe enfin enfin à autre chose et parte réaliser son destin, comme l'auteur nous l'annonce de manière plus ou moins subtile tout au long du roman, à coup d'annonces grandiloquentes (« si vous cherchez un moment – le moment – auquel suspendre le reste de ma vie, c'est celui-ci. Sur cette côte dentelée en marge du monde, par une nuit où le feu régnait et tombait du ciel, je trouvais un objectif », p. 747) le ton général du roman est celui-là, théâtral et exagéré. Certains passages frisent le ridicule par leur maladresse (sans jamais tout à fait y succomber), mais d'autres sont d'authentiques moments de gloire rappelant la grandeur d'un Hypérion, ce qui laisse entrevoir un auteur très prometteur (si le succès ne lui monte pas à la tête), comme cet extrait que j'aime beaucoup : « Les poètes rendent les combats spatiaux romantiques ; les opéras holographiques en font des représentations son et lumière. Même vue de l'intérieur, une bataille n'a rien d'un spectacle. de loin, la guerre n'est que lumière et silence » p. 745)

Je ne sais pas encore si je vais continuer cette saga. Les quelques mystères soulevés en passant dans ce tome I (mais pas suffisamment mis en avant à mes yeux) me pousseraient à continuer. Les autres tomes coûtant très cher (25 euros l'un!), j'attendrai sans doute qu'ils sortent en poche. Je pense néanmoins que cette saga peut plaire à beaucoup de lecteurs (c'est déjà le cas d'ailleurs, au vu des ventes et des critiques), surtout ceux qui aiment la fantasy et les univers épiques. Fans de SF très mature ou de textes minimalistes, en revanche, passez votre chemin !
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critiques presse (1)
Syfantasy
19 juillet 2021
L’Empire du Silence est un bon roman introductif à une saga qui semble prometteuse. Hadrian Marlowe est touchant et ses instants de gloire et de souffrance nous interpellent grâce à un style particulièrement intime. A la lecture, nous avons envie de comprendre son histoire et les raisons qui l’ont poussé à trahir son empire. Mais encore plus que le personnage, l’univers dans son ensemble nous fait rêver, entre science-fiction et fantasy. Je recommande chaudement ce livre et j’attends avec impatience l’arrivée du tome 2 !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivons dans des histoires, dans lesquelles nous sommes soumis à des phénomènes qui dépassent les mécanismes de l'espace et du temps. La peur et l'amour, la mort, la colère et la sagesse font autant partie de notre univers que la lumière et la gravitation. Les anciens les appelaient les dieux, car nous sommes leurs créatures, modelés par leurs vents. Tamisez les sables de tous les mondes, examinez tous les grains de poussière de l'espace, vous ne trouverez aucun atome de peur, pas un gramme d'amour, de drame, ni de haine. Et pourtant, ils sont là, aussi incertains et invisibles que le plus petit quantum, mais tout aussi réels. Et comme ces quanta, ils sont gouvernés par des principes qui nous dépassent.
Quelle est notre réponse à ce chaos?
Nous bâtissons un empire plus grand que tous ceux qui ont été. Nous ordonnons l'univers, nous modelons la nature extérieure pour qu'elle corresponde à des lois intérieures. Nous faisons de notre Empereur un dieu afin qu'il nous protège et commande au chaos de la nature. La civilisation est une prière: avec les actions adéquates, pensons-nous, il sera possible d'apporter la paix et le calme que désire ardemment tout cœur décent. La nature résiste, cependant, car même dans le cœur d'une ville comme Meidua, même sur un monde aussi civilisé que Delos, il reste possible pour un jeune homme de prendre le mauvais virage et de se retrouver devant les mauvaises personnes. Aucune prière n'est parfaite. Aucune ville.
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"Le futur n'arrive qu'en temps et en heure, mais les scholiastes nous apprennent qu'il y a de nombreux avenirs possibles, et que c'est la déferlante des vagues du temps et des possibilités contre un interminable présent qui fait le monde. Ce n'est donc pas le futur qui est présent dans le Temps éphémère, mais les futurs. La liberté _ de penser et d'action _ est garantie parce que l'avenir ne l'est pas. Il n'y a pas de prophéties, seulement des probabilités. Pas le destin, seulement le hasard. Le présent n'est pas le moment où nous vivons, mais ce que nous faisons."
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Il me baptisa Hadrian, un nom ancien qui n'évoquait plus rien, à part ces hommes qui l'avaient porté avant moi. Un prénom d'empereur, idéal pour diriger et être suivi.
Les prénoms sont dangereux, une malédiction qu'il faut mériter et fuir à la fois. J'ai eu une longue vie, plus longue que celles que garantissent les thérapies géniques des Grandes Maisons de la pairie, et j'ai porté de nombreux noms. Pendant la guerre, j'ai été Hadrian le Demi-mortel, Hadrian l'Immortel. Après la guerre, j'ai été le Dévoreur de soleil. Pour les pauvres gens de Borosevo, j'étais Had le myrmidon. Pour les Jaddiens, j'étais Al Neroblis. Pour les Cielcins, j'étais Oimn Belu, voire pire. J'ai été de nombreuses choses: soldat et serviteur, capitaine et captif, sorcier, savant et à peine mieux qu'un esclave. Mais avant cela, j'ai été un fils.
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Ils trouvaient étrange qu’aucune autre espèce ne crie dans les ténèbres, n’émette des ondes radio et du bruit dans le Noir infini. La vérité, nous la découvrîmes lorsque nos longs navires sillonnèrent les océans de la nuit pour planter nos drapeaux sur des rivages lointains. Et elle était simplissime. Nous étions les premiers.
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La mort d’un homme, avait écrit un roi de l’ancien temps, est perçue comme une tragédie, mais un génocide ne peut être appréhendé qu’à travers des statistiques.
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