Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vécu cette lecture de la même manière que j'écoute une chanson pour la première fois : durant les deux premiers chapitres, je me suis dit que je ne savais pas si j'aimais ou pas. Ensuite, vient le moment dans la chanson pendant lequel je me dis qu'elle commence à me plaire et qu'elle plaira à d'autres. Puis, peut arriver celui pendant lequel je pense que j'aime cette mélodie. Et quand c'est la fin de la chanson, j'aimerais qu'elle continue, le final est une apothéose. C'est ce que j'ai ressenti avec "
Pour que la mort ne crie pas victoire".
L'histoire se passe pendant la guerre de 14/18, dans un village des Vosges, La Harpaille. Un petit homme de un mètre quarante, qui cumule les disgrâces physiques, qui parle alsacien, concentre les peurs et les haines du village. C'est un rebouteux qui fait de l'ombre à Désiré, le vétérinaire. Ce dernier va profiter de l'arrivée des Allemands pour faire disparaître son concurrent. Cependant, il a oublié de prendre en compte l'amitié d'Octave pour le "Petit homme" le forgeron apprécié de tous. Celui-ci est au front lorsque les faits se passent...
Pendant les deux tiers du livre, le texte est brut. C'est-à-dire que l'auteur ne dit pas si tel personnage est bon ou mauvais, s'il faut l'aimer ou pas. Il vous dit ce qui se passe et vous vous faites votre opinion. Quand un personnage meurt, sa mort est décrite, tout simplement.
Alexis Ruset ne vous dit pas s'il faut être triste ou pas. C'est vraiment une force de ce livre, je me suis attachée à des personnages, sans m'en apercevoir. le lecteur se fonde sur des actes pour éprouver des sentiments positifs ou négatifs envers ceux qui les commettent. Ce n'est que dans la dernière partie, que l'auteur parle vraiment de sentiments. Tout cela contribue à créer une tension dans le récit, mais aussi à une ascension des sentiments pour atteindre un final qui étreint le coeur.
Il m'a fallu deux chapitres pour entrer dans l'écriture de l'auteur, mais ensuite, je me suis laissé emporter. le style est recherché, mêlé à du patois vosgien (qui est traduit en bas de page😀). L'auteur s'amuse avec la langue française. Voici des exemples : "Il n'était pas devin, lire dans le marc de café n'était pas sa tasse de thé." Ou "Embobinées par ses boniments, elles s'arrachaient les médailles religieuses qu'il vendait sans scrupule à leur crédulité." Ou encore, cette phrase qui m'a amusée :"C'est lui qui avait accroché la carcasse au travail à ferrer, porter celle du réprouvé est pour lui un moyen de se décarcasser."
Ce livre dépeint la vie pendant la guerre, que ce soit au front ou à l'arrière. Il parle de jalousie, de rejet de la différence, de cupidité, de haine, de vengeance, de l'horreur de la guerre, de la vie dans les tranchées; mais aussi de remords, de justice, de réhabilitation, de solidarité, d'amitié, d'amour et de bonté. Et tout cela en seulement 216 pages.
Je remercie beaucoup le site Simplement pro et les Éditions Zinedi pour l'envoi de ce service presse.
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