Le livre s'ouvre sur ce jour de la Saint-Valentin – en 1989 – où
Salman Rushdie reçoit un appel téléphonique d'une journaliste lui annonçant que l'Ayatollah Khomeini venait de lancer contre lui une fatwa (décret religieux) suite à la publication de son dernier ouvrage,
Les Versets sataniques. Les réactions vives de la communauté musulmanes ne se font pas attendre. Condamné à mort pour son irrespect envers le prophète Mahomet, l'écrivain est dans l'obligation de vivre caché durant de longues années. Sa tête mise à prix, la police britannique détache une équipe pour assurer sa protection au quotidien.
En accord avec le titre donné à son autobiographie –
Joseph Anton, prénoms de Conrad et
Tchekhov, nouvelle identité qu'il endossera pendant une dizaine d'années garantissant sa sécurité –, l'auteur s'exprime à la troisième personne. Une prise de distance nécessaire afin de narrer au mieux son histoire et qui fait de lui un personnage, une sorte de double.
Salman Rushdi revient sur ses origines, son enfance en Inde, sa famille, son départ pour l'Angleterre avec son père, ses brillantes études, ses premiers pas professionnels dans la publicité, et sa quête d'écriture, ses inspirations, son premier succès littéraire avec son livre
Les enfants de Minuit. Extrêmement sincère, il évoque sans tabou l'ivrognerie de son père, les nombreuses femmes qui traversent sa vie, les maladies qui se déclarent autour de lui, ses angoisses, ses doutes, ses emportements... des détails qui alourdissent considérablement les propos et entraînent inévitablement l'ennui.
Il met en évidence les conséquences et la violence engendrée liées à la publication des Versets sataniques à travers le monde entier ; les assassinats de traducteurs et d'éditeurs et attentats perpétués dans les librairies, sa rencontre et le soutien d'écrivains, d'artistes et de hauts dignitaires de nationalités différentes, la difficulté de voir son fils Zafar, les changements de domicile fréquents, l'effroyable impression de se sentir prisonnier, ses relations avec les policiers qui le surveillent nuit et jour, son rapport à l'écriture, sa vie amoureuse durant cette période... le lecteur chemine avec lui sur ce parcours tortueux de 1989 à 2001.
Une autobiographie foisonnante remplie d'anecdotes de tout ordre (des plus légères aux plus bouleversantes), de lieux, de situations, de personnes connus et moins connus, d'intime, d'universel... Dans ce livre,
Salman Rushdie se livre tout entier père, fils, amant, écrivain, apostat, athéiste, immigré. Un témoignage essentiel pour la liberté d'expression.
J'avoue que
Joseph Anton m'est tombé des mains à plusieurs reprises au cours de ma lecture. La profusion de détails et de noms, des passages longs et ennuyeux, ma méconnaissance de l'oeuvre littéraire de
Salman Rushdie ont entraîné de nombreux sauts de pages.
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